Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ... Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

28.08.2013 Views

Chapitre 8 financières similaires, avoir des problèmes d’abus de substances comparables, le rôle de l’État ou des services sociaux dans leur vie était beaucoup moins important étant donné qu’elles occupaient un emploi ou que leur partenaire subvenait à leurs besoins. Une fois qu’une femme trouvait un emploi, rapidement elle devenait inadmissible à recevoir le soutien qui lui était dispensé auparavant comme bénéficiaire de l’aide sociale, même si elle était encore aux prises avec des difficultés importantes. Les femmes ayant une situation financière plus avantageuse, un niveau de scolarisation supérieur, étaient moins susceptibles de suivre un programme de traitement de problèmes de dépendance que les femmes plus pauvres ou étant moins scolarisées. À la différence des femmes bénéficiaires de l’aide sociale, les femmes dont le revenu était supérieur craignaient moins l’intervention des services d’aide ou de protection de l’enfance qui prennent prétexte des problèmes d’abus de substances pyschoactives pour retirer la garde des enfants. Quant aux femmes recevant de l’aide sociale, elles invoquaient comme principale raison de ne pas suivre de traitement de la toxicomanie, ou de ne pas demander de soins prénataux, la crainte que les services de protection de l’enfance appréhendent leur enfant ou le placent à la naissance... l’ordre d’appréhension au moment de la naissance (Tait, 2000a). D’autres considérations importantes pour certaines femmes ayant fait l’objet de l’étude de Tait (2000a) particulièrement des femmes autochtones, comprenaient la situation géographique et l’environnement. bien que les femmes autochtones vivent dans toutes les régions du Manitoba, un pourcentage élevé d’entre elles réside dans des collectivités rurales isolées, rendant la prestation des services particulièrement difficile. Certaines de ces collectivités ont une incidence élevée d’abus d’alcool, un problème intimement lié à la pauvreté chronique, au chômage endémique ainsi qu’aux répercussions négatives découlant de la colonisation. Tait a rapporté que les femmes enceintes vivant dans des collectivités éloignées étaient réticentes à l’idée de laisser leur communauté pour suivre un programme de traitement de la toxicomanie. La plupart des collectivités métisses et des non-inscrits ne bénéficient pas d’intervenants dans leur communauté en matière de traitement de la toxicomanie qui peuvent dispenser de la relation d’aide; les services de post-cure ou de suivi au traitement en toxicomanie sont pratiquement inexistants dans la plupart des collectivités rurales et des collectivités éloignées. Résumé Au cours de la dernière décennie, des études portant sur la consommation d’alcool et la grossesse ont essayé de plus en plus de déterminer les caractéristiques des femmes à risque élevé de donner naissance à un enfant affecté par l’alcoolisation foetale. Bien qu’il y ait encore une controverse au sujet des niveaux de consommation d’alcool « sans risque » pour la femme enceinte, des chercheurs ont allégué que les femmes à risque constituaient une population très précise, principalement les femmes ayant un problème de dépendance à l’alcool et les femmes s’adonnant à une consommation excessive irrégulière, notamment des buveuses irrégulières chroniques. Généralement ces femmes sont en mauvaise santé, marginalisées socialement, et elles ont donné auparavant naissance à des enfants affectés. Beaucoup de ces mères dont les enfants ont subi des effets liés à l’alcool décèdent prématurément de causes liées à l’alcool. Des chercheurs ont de plus en plus été à même de constater que des facteurs comme le tabagisme, l’âge, la parité, la planification familiale, la détresse psychologique et des facteurs environnementaux, notamment la pauvreté et la situation géographique, sont d’importants facteurs qui se joignent à la consommation abusive d’alcool pour entraîner une issue défavorable de la grossesse. 188

Chapitre 8 Des auteurs comme Abel (1998a) soutiennent que la fréquence assez peu élevée du SAF dans le groupe des buveuses excessives démontre que la consommation d’alcool, tout en étant une cause inhérente au SAF, n’est pas une explication suffisante. Pour cette raison, il recommande que d’autres études de recherche soient menées concernant le croisement entre des conditions comme la pauvreté chronique et la consommation abusive d’alcool dans le cas des femmes enceintes afin de mieux saisir l’occurrence du SAF et des EAF. Études récentes sur la consommation d’alcool et la grossesse chez les populations autochtones [TRADUCTION] Traditionnellement dans les sociétés autochtones, les femmes ont occupé une place importante, gagnant le respect et l’estime des autres membres en raison de leur rôle comme gardiennes, protectrices de la culture. Même si, dans l’ensemble du pays, les responsabilités qu’on leur confiait au quotidien variaient selon la culture, leur rôle comme dispensatrices de soins attentifs aux enfants et comme éducatrices était universel, très respecté et appuyé par les coutumes et les règles de conduite de la localité. De nos jours, les femmes exercent les mêmes responsabilités, mais souvent, le soutien familial, social et communautaire fait défaut. En l’absence d’un réseau de soutien solide entourant la femme à risque, principalement en raison de ses antécédents personnels et familiaux ou de son problème de dépendance, celle-ci sera portée à consommer de l’alcool pendant sa grossesse (Van Bibber, 1997 : 33). Pendant la dernière décennie, il y a eu moins d’études portant en particulier sur les Autochtones en Amérique du Nord. La plupart de ces études visaient à établir des taux de fréquence du SAF (Habbick, Nanson et coll., 1996; William et Gloster, 1999), et on n’y a pas essayé d’établir systématiquement les facteurs de risque. Dans de nombreux cas, les Autochtones étaient considérés comme un sous-groupe dans le cadre d’une recherche fondée sur une population urbaine ou rurale plus vaste (Godel, Pabst et coll., 1992; Poole, 2000; Tait, 2000a). Habbick et ses collaborateurs (1996) ont analysé la fréquence du SAF en Saskatchewan sur une période de vingt ans. 86 % (n = 178) des personnes diagnostiquées étaient Autochtones. Du nombre de 207 cas, 149 avaient été placés en famille d’accueil à un moment donné tandis qu’un grand nombre d’entre eux avaient vécu dans de nombreux foyers nourriciers. Seulement 25, 6 % vivaient avec leurs parents biologiques; par contre, les auteurs ne donnent pas une ventilation ethnique de ce groupe. De l’ensemble des bébés venant au monde annuellement au Saskatchewan, 15 à 20 % naissent de femmes autochtones; cependant, dans le cadre de cette étude, 86 % des enfants atteints du SAF étaient Autochtones, indiquant par le fait même une surreprésentation importante des cas autochtones. Habbick et ses collaborateurs (1996) fournissent des explications possibles du taux de fréquence supérieur, notamment les influences culturelles, les comportements-types de consommation et d’abus d’alcool, l’âge de procréation plus avancé de la mère au moment où l’abus de l’alcool est susceptible d’être plus critique et « peut-être » des influences métaboliques et alimentaires. 189

Chapitre 8<br />

Des auteurs comme Abel (1998a) soutiennent que la fréquence assez peu élevée <strong>du</strong> SAF dans le groupe<br />

des buveuses excessives démontre que la consommation d’alcool, tout en étant une cause inhérente au<br />

SAF, n’est pas une explication suffisante. Pour cette raison, il recommande que d’autres études de recherche<br />

soient menées concernant le croisement entre des conditions comme la pauvreté chronique et la<br />

consommation abusive d’alcool dans le cas des femmes enceintes afin de mieux saisir l’occurrence <strong>du</strong><br />

SAF et des EAF.<br />

Études récentes sur la consommation d’alcool et la grossesse <strong>chez</strong> <strong>les</strong> populations <strong>autochtones</strong><br />

[TRADUCTION] Traditionnellement dans <strong>les</strong> sociétés <strong>autochtones</strong>, <strong>les</strong> femmes ont<br />

occupé une place importante, gagnant le respect et l’estime des autres membres en raison<br />

de leur rôle comme gardiennes, protectrices de la culture. Même si, dans l’ensemble <strong>du</strong><br />

pays, <strong>les</strong> responsabilités qu’on leur confiait au quotidien variaient selon la culture, leur<br />

rôle comme dispensatrices de soins attentifs aux enfants et comme é<strong>du</strong>catrices était<br />

universel, très respecté et appuyé par <strong>les</strong> coutumes et <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> de con<strong>du</strong>ite de la localité.<br />

De nos jours, <strong>les</strong> femmes exercent <strong>les</strong> mêmes responsabilités, mais souvent, le soutien<br />

familial, social et communautaire fait défaut. En l’absence d’un réseau de soutien solide<br />

entourant la femme à risque, principalement en raison de ses antécédents personnels et<br />

familiaux ou de son problème de dépendance, celle-ci sera portée à consommer de<br />

l’alcool pendant sa grossesse (Van Bibber, 1997 : 33).<br />

Pendant la dernière décennie, il y a eu moins d’études portant en particulier sur <strong>les</strong> Autochtones en<br />

Amérique <strong>du</strong> Nord. La plupart de ces études visaient à établir des taux de fréquence <strong>du</strong> SAF (Habbick,<br />

Nanson et coll., 1996; William et Gloster, 1999), et on n’y a pas essayé d’établir systématiquement <strong>les</strong><br />

facteurs de risque. Dans de nombreux cas, <strong>les</strong> Autochtones étaient considérés comme un sous-groupe<br />

dans le cadre d’une recherche fondée sur une population urbaine ou rurale plus vaste (Godel, Pabst et<br />

coll., 1992; Poole, 2000; Tait, 2000a).<br />

Habbick et ses collaborateurs (1996) ont analysé la fréquence <strong>du</strong> SAF en Saskatchewan sur une période<br />

de vingt ans. 86 % (n = 178) des personnes diagnostiquées étaient Autochtones. Du nombre de 207 cas,<br />

149 avaient été placés en famille d’accueil à un moment donné tandis qu’un grand nombre d’entre eux<br />

avaient vécu dans de nombreux foyers nourriciers. Seulement 25, 6 % vivaient avec leurs parents<br />

biologiques; par contre, <strong>les</strong> auteurs ne donnent pas une ventilation ethnique de ce groupe.<br />

De l’ensemble des bébés venant au monde annuellement au Saskatchewan, 15 à 20 % naissent de<br />

femmes <strong>autochtones</strong>; cependant, dans le cadre de cette étude, 86 % des enfants atteints <strong>du</strong> SAF étaient<br />

Autochtones, indiquant par le fait même une surreprésentation importante des cas <strong>autochtones</strong>. Habbick<br />

et ses collaborateurs (1996) fournissent des explications possib<strong>les</strong> <strong>du</strong> taux de fréquence supérieur,<br />

notamment <strong>les</strong> influences culturel<strong>les</strong>, <strong>les</strong> comportements-types de consommation et d’abus d’alcool,<br />

l’âge de procréation plus avancé de la mère au moment où l’abus de l’alcool est susceptible d’être plus<br />

critique et « peut-être » des influences métaboliques et alimentaires.<br />

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