Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Chapitre 8 une consommation d’alcool quotidienne et des épisodes de consommation d’alcool excessive peu nombreuses ou nulles en fait de fréquences faisaient partie du groupe de mères plus âgées d’enfants affectés de STAF. Bien que l’association d’un âge plus avancé et d’une consommation d’alcool quotidienne puisse correspondre plutôt à un effet causé par l’âge, une autre interprétation possible, c’est que le nombre de verres par jour rapporté par ces femmes ait été sous-estimé. Une autre dimension importante à prendre en considération consisterait à examiner le niveau de risque encouru par les adolescentes enceintes, notamment le nombre d’années de consommation d’alcool pour chacune d’elles et la gravité des problèmes de consommation d’alcool. À titre d’exemple, au sein de certaines sous-populations où le taux de consommation d’alcool est élevé, des adolescentes âgées de 19 ans peuvent avoir des antécédents de consommation d’alcool qui remontent aussi loin que de 5 à 10 ans (Tait, 2003). Abel indique par ailleurs que, si l’ingestion d’alcool, spécialement la consommation excessive irrégulière d’alcool, était l’unique facteur dans l’étiologie du SAF, le nombre d’années de consommation d’alcool ne devrait pas être un paramètre important : [TRADUCTION] ... en ce qui concerne le foetus, cela n’a pas grande importance que sa mère ait bu deux ans ou douze ans avant de devenir enceinte ... l’unique facteur important étant la quantité d’alcool à laquelle le foetus a été exposé pendant la grossesse. A venir jusqu’à maintenant, il n’y a pas d’études cliniques ou épidémiologiques traitant de cette question à propos des adolescentes, mais, tel qu’indiqué précédemment, les femmes plus âgées sont à risque plus élevé dans le cas du SAF que les femmes jeunes. Quant à savoir si le facteur explicatif de cette susceptibilité plus élevée réside dans le fait que la consommation d’alcool s’étale sur une plus longue période, qu’un niveau comparable de consommation d’alcool résulte en une alcoolémie supérieure, qu’il y a développement d’une [maladie] liée à l’alcool comme la cirrhose (Majewski, 1981) ou d’autres facteurs n’a pas encore été déterminé (Abel, 1998a : 166). Selon Abel, il reste que l’âge plus avancé et la parité plus élevée peuvent être des facteurs provocateurs dans le cas du SAF et des EAF, étant donné la relation entre l’âge de la personne et ses antécédents d’alcoolisme (Abel, 1998a). Abel écrit : [TRADUCTION] Plus la période de consommation abusive d’alcool d’une femme est longue, plus graves peuvent être les complications potentielles d’ordre médical (Ashley, et coll., 1977). Qui plus est, un enfant né d’une mère plus âgée peut être davantage prédisposé au SAF, étant donné qu’il est exposé à un indice biologique d’exposition (alcoolémie) plus élevé in utero que ses frères et soeurs plus vieux l’ont été. Cet indice d’exposition supérieur peut, à son tour, être affecté par une diminution de l’eau corporelle (Church, et coll., 1990), par une augmentation de la tolérance à l’égard de la consommation d’alcool maternelle, par la présence de problèmes médicaux liés à la consommation d’alcool maternelle encore plus graves et ainsi de suite, le tout interagissant avec une exposition continue à l’alcool (1998a : 178). 36 36 Se reporter aussi à Khera, 1987; Majewski, 1981; Sanchis et coll., 1987. 182

Chapitre 8 Abel (1998a) ajoute que l’accroissement de la parité est lié à une concentration supérieure de collagène et d’élastine utérines, une condition pouvant potentiellement diminuer le débit sanguin au produit de conception, provoquant l’hypoxie foetale (Robertson et Manning, 1974; Woessner, 1963) et, par conséquent, l’exacerbation de l’incidence de l’alcool. Quoi qu’il en soit, l’âge plus avancé de la mère semble être le facteur de risque le plus important (Abel, 1998a). Concernant la planification familiale, Astley et ses collaborateurs (2000b) ont constaté qu’au total, les 80 mères enceintes de l’étude ont donné naissance à 272 enfants. 73 % de ces grossesses ont été des naissances non planifiées. Dans le cadre de son étude qualitative de l’expérience des femmes en matière de consommation de substances psychoactives et de grossesse, Tait (2000a) a constaté que les femmes à « risque élevé » résidant au Manitoba révélaient une incidence très faible d’usage de méthodes anticonceptionnelles, même si elles étaient assez bien informées et avaient accès à certains types de moyens contraceptifs. Voici les raisons qu’elles invoquaient pour ne pas faire usage de moyens de contraception: problèmes à négocier avec leur partenaire l’emploi d’un préservatif (condom), un partenaire absolument opposé à toute forme de contraception, difficulté à se rappeler de prendre la pilule anticonceptionnelle en raison du chaos de leur vie, effets secondaires associés à la prise de la pilule et DeproProvera® (notamment la nausée, le gain ou la perte de poids, des menstruations prolongées, des changements d’humeur et la dépression), crainte liée à l’usage d’un dispositif intra-utérin, la croyance d’être infertile. Du nombre de ces femmes faisant partie de l’étude, on a observé que certaines avaient eu une ligature des trompes parce qu’elles étaient incapables de cesser la consommation d’alcool ou de drogues et qu’elles ne voulaient pas donner naissance à un enfant affecté. D’autres femmes de l’étude essayaient activement de devenir enceintes ou étaient indifférentes à la possibilité de le devenir malgré le fait qu’elles connaissaient l’existence des risques liés à leur consommation abusive de substances psychoactives. Facteurs psychologiques Des études ont permis d’établir que des femmes ayant donné naissance à un enfant affecté du syndrome d’alcoolisation foetale (Astley et coll., 2000b), des femmes ayant continué de s’adonner à une consommation d’alcool excessive pendant leur grossesse (Astley et coll., 2000b) ainsi que des femmes enceintes en traitement pour abus ou problème de dépendance aux substances psychoactives (Howell et Chasnoff, 1999; Howell, Heiser and Harrington, 1999; Poole, 1997) ont un taux de fréquence élevé de comorbidité psychiatrique. Ce type de comorbidité a souvent pour conséquence la récidive et l’abandon prématuré du traitement, ce qui a des conséquences négatives pour la mère et l’enfant (Miles, Svikis et coll., 2001; Svikis, Gorenstein et coll., 1998). Nanson (1997) indique qu’il est très rare qu’une femme veuille porter atteinte à son enfant; par contre, l’abus de substances psychoactives et la maladie mentale peuvent obscurcir l’esprit d’une femme, faire en sorte que des actions néfastes pour leur enfant leur semblent raisonnables. Miles et ses collaborateurs (2001) font remarquer que jusqu’à présent, on n’en sait que très peu au sujet du profil psychologique des consommatrices abusives de substances psychoactives enceintes; les études menées sur ce sujet (Svikis, Gorenstein et coll., 1998; Ingerscoll, Lu et coll., 1995; Knisely, Barker et coll., 2000) visaient essentiellement la dépendance à la cocaïne et aux opiacés. 183

Chapitre 8<br />

une consommation d’alcool quotidienne et des épisodes de consommation d’alcool excessive peu<br />

nombreuses ou nul<strong>les</strong> en fait de fréquences faisaient partie <strong>du</strong> groupe de mères plus âgées d’enfants<br />

affectés de STAF.<br />

Bien que l’association d’un âge plus avancé et d’une consommation d’alcool quotidienne puisse<br />

correspondre plutôt à un effet causé par l’âge, une autre interprétation possible, c’est que le nombre de<br />

verres par jour rapporté par ces femmes ait été sous-estimé. Une autre dimension importante à prendre<br />

en considération consisterait à examiner le niveau de risque encouru par <strong>les</strong> ado<strong>les</strong>centes enceintes,<br />

notamment le nombre d’années de consommation d’alcool pour chacune d’el<strong>les</strong> et la gravité des problèmes<br />

de consommation d’alcool. À titre d’exemple, au sein de certaines sous-populations où le taux de<br />

consommation d’alcool est élevé, des ado<strong>les</strong>centes âgées de 19 ans peuvent avoir des antécédents de<br />

consommation d’alcool qui remontent aussi loin que de 5 à 10 ans (Tait, 2003). Abel indique par<br />

ailleurs que, si l’ingestion d’alcool, spécialement la consommation excessive irrégulière d’alcool, était<br />

l’unique facteur dans l’étiologie <strong>du</strong> SAF, le nombre d’années de consommation d’alcool ne devrait pas<br />

être un paramètre important :<br />

[TRADUCTION] ... en ce qui concerne le foetus, cela n’a pas grande importance que<br />

sa mère ait bu deux ans ou douze ans avant de devenir enceinte ... l’unique facteur<br />

important étant la quantité d’alcool à laquelle le foetus a été exposé pendant la grossesse.<br />

A venir jusqu’à maintenant, il n’y a pas d’études cliniques ou épidémiologiques traitant<br />

de cette question à propos des ado<strong>les</strong>centes, mais, tel qu’indiqué précédemment, <strong>les</strong><br />

femmes plus âgées sont à risque plus élevé dans le cas <strong>du</strong> SAF que <strong>les</strong> femmes jeunes.<br />

Quant à savoir si le facteur explicatif de cette susceptibilité plus élevée réside dans le fait<br />

que la consommation d’alcool s’étale sur une plus longue période, qu’un niveau<br />

comparable de consommation d’alcool résulte en une alcoolémie supérieure, qu’il y a<br />

développement d’une [maladie] liée à l’alcool comme la cirrhose (Majewski, 1981) ou<br />

d’autres facteurs n’a pas encore été déterminé (Abel, 1998a : 166).<br />

Selon Abel, il reste que l’âge plus avancé et la parité plus élevée peuvent être des facteurs provocateurs<br />

dans le cas <strong>du</strong> SAF et des EAF, étant donné la relation entre l’âge de la personne et ses antécédents<br />

d’alcoolisme (Abel, 1998a). Abel écrit :<br />

[TRADUCTION] Plus la période de consommation abusive d’alcool d’une femme est<br />

longue, plus graves peuvent être <strong>les</strong> complications potentiel<strong>les</strong> d’ordre médical (Ashley,<br />

et coll., 1977). Qui plus est, un enfant né d’une mère plus âgée peut être davantage<br />

prédisposé au SAF, étant donné qu’il est exposé à un indice biologique d’exposition<br />

(alcoolémie) plus élevé in utero que ses frères et soeurs plus vieux l’ont été.<br />

Cet indice d’exposition supérieur peut, à son tour, être affecté par une diminution de<br />

l’eau corporelle (Church, et coll., 1990), par une augmentation de la tolérance à l’égard<br />

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avec une exposition continue à l’alcool (1998a : 178). 36<br />

36 Se reporter aussi à Khera, 1987; Majewski, 1981; Sanchis et coll., 1987.<br />

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