Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ... Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Chapitre 8 le délirium tremens, des hospitalisations psychiatriques, l’anémie, les carences alimentaires, les tremblements, les saignements et hémorragie gastro-intestinale liés à l’alcool, l’épilepsie et les troubles épileptiques. Poole (1997) a aussi observé d’autres répercussions sur la santé associées à l’usage de drogues injectables, notamment la dysfonction sexuelle, l’infertilité, les irrégularités menstruelles, le cancer lié à l’alcool, l’hypertension, une maladie respiratoire obstructive, des déficits cognitifs liés à l’alcool et le VIH qui s’ajoutent aux problèmes de santé affectant déjà les femmes aux prises avec l’abus de substances psychoactives. Poole (1997) fait remarquer que les femmes développent toute une pléiade de conséquences négatives pour la santé, résultant de la consommation et de l’abus d’alcool ainsi que d’autres drogues, pendant une période plus courte et des niveaux de consommation moins élevés que les hommes. Quant à Abel (1998a) il précise que les femmes alcooliques sont généralement émaciées, ayant un poids de grossesse très bas et une prise insuffisante de poids à la grossesse. Dans le cadre d’une étude, on a constaté en fait que quatre femmes enceintes avaient perdu du poids pendant leur grossesse (Abel, 1982). Même si on présume au point de départ que tous les alcooliques souffrent de carence alimentaire, cette supposition s’applique le plus souvent à des alcooliques des groupes socio-économiquement défavorisés (Abel, 1998a; Salaspuro, 1993). Abel (1998a) indique que l’alimentation sous-optimale est un facteur de provocation du SAF, étant donné que, s’il y a carence, les réserves en nutriments nécessaires pour répondre aux besoins de la croissance foetale et pour conserver la mère en bonne santé sont diminuées. Il ajoute : [TRADUCTION] Dans le cas de l’alcoolisme, la nutrition est compromise, étant donné que l’alcool a une teneur énergétique élevée et remplace d’autres sources en énergie du régime alimentaire. De la même façon que les facteurs nutritionnels ne peuvent pas être uniquement à l’origine du SAF, la consommation d’alcool ne peut pas non plus causer à elle seule son occurrence. Les deux presque invariablement sont associés (Abel, 1998a : 176). La consommation d’alcool, outre le fait qu’elle contribue à réduire la consommation alimentaire, peut aussi limiter l’absorption des nutriments. Ceci signifie que même si l’apport en éléments nutritifs n’est pas diminué, la concentration des nutriments absorbés peut être réduite dans le sang de la mère et ne pas être potentiellement disponible pour la transmission au placenta (Abel, 1998a). Lex fait observer que la dépendance physique à l’alcool a des effets négatifs sur la santé reproductive féminine, notamment l’aménorrhée, le cycle anovulaire, le dysfonctionnement lutéinique, l’atrophie de l’ovaire, l’interruption spontanée de la grossesse et une ménopause précoce (1990 dans Roberts et Nanson, 2000). Roberts et Nanson évoquent l’idée qu’en raison de ces problèmes de santé « les femmes ayant des problèmes graves de dépendance à l’égard de l’alcool peuvent être moins susceptibles d’enfanter et de mener un enfant affecté à terme, tandis que celles qui boivent avec excès de façon épisodique (souvent des femmes plus jeunes), mais qui sont sobres entre ces beuveries, risquent fort de donner naissance à un enfant affecté » (2000 : 10; Lex, 1990). 180

Âge, parité 34 et planification familiale Chapitre 8 Abel (1999a) signale que les femmes ayant donné naissance à des enfants affectés du SAF ne sont pas simplement une variation au sein de la population générale des buveurs; elles représentent le groupe qui permet de préciser le risque lié au SAF. L’âge de la mère et l’augmentation de la parité ont été déterminés à partir de rapports de cas et d’études épidémiologiques sur les facteurs de risque du SAF (Abel, 1998a; 1988; Jacobson, Jacobson and Sokol, 1996; May, 1991; Sokol, Ager, Martier, Debanne, Ernhart et coll., 1986; Astley et coll., 2000a; 2000b). Ces constatations sont directement liées aux résultats des études qui attribuent aux femmes un risque plus élevé si elles ont donné antérieurement naissance à un enfant affecté (Abel, 1998a; Clarren, 1998); de plus, les constatations montrent que les frères et soeurs plus jeunes sont plus atteints, subissent encore plus d’effets que les aînés si la mère continue à consommer de l’alcool à un niveau élevé pendant la grossesse (Abel, 1998a; 1988; Majewski, 1993; May, 1991; Streissguth, 1997). Abel (1998a) fait remarquer que les chercheurs n’ont pas été en mesure de déterminer si, dans ces cas-là, le facteur de risque le plus important est l’âge plus avancé de la mère ou la parité accrue. Par ailleurs, les études expérimentales sur animal montrent que l’âge maternel est le facteur de risque le plus significatif (Abel et Dintcheff, 1984; 1985; Vohees, Rauch et Hitzermaun, 1988). La question à savoir si les futures mères adolescentes sont moins susceptibles de donner naissance à des enfants affectés du SAF ou des EAF que les futures mères plus âgées ne fait l’objet d’exploration que récemment dans les publications sur le SAF (Abel, 1998a). Dans une étude récente de Barr et Streissguth (2001) on a examiné 1439 grossesses; les auteurs ont constaté que 36 femmes de ce nombre avaient donné naissance à un enfant souffrant des problèmes associés au spectre des troubles dûs à l’alcoolisation foetale (Fetal Alcohol Spectrum Disorder ou FASD). 35 9 des 36 mères étaient adolescentes (âgées de moins de 20 ans) au moment où elles ont donné naissance à leur enfant et 16 de ces 36 nourrissons étaient des premiers-nés. Barr et Streissguth (2001) ont émis l’idée que, pour cet échantillon, filtrer les participantes dans le but de limiter le champ de recherche aux mères multipares plus âgées n’aurait pas contribué à améliorer la classification des enfants présumés à risque de STAF. Malgré cela, l’étude a permis de constater que les mères d’enfants affectés de troubles du spectre de l’atteinte d’alcoolisme foetal (STAF) ayant rapporté 34 Parité fait référence au nombre d’enfants vivants auxquels une femme a donné le jour. 35 Barr et Streissguth utilisent le terme de « spectre des troubles dûs à l’alcoolisation foetale » (STAF) comme une notion globale, dite « parapluie », couvrant les personnes affectées des manifestations les plus identifiables d’anomalies congénitales liées à l’alcool qui peuvent être diagnostiquées comme syndrome d’alcoolisation foetale (SAF), effets de l’alcool sur le foetus (EAF), trouble neurologique du développement lié à l’alcool ou encéphalopathie foetale causée par l’exposition à l’alcool. Ces formes de STAF sont différenciées principalement par les traits du visage existants ou absents; cependant, il peut y avoir des anomalies du développement comme l’apprentissage fonctionnel à l’indépendance, la déficience de l’attention et les problèmes de mémoire, la distractibilité, les problèmes d’apprentissage, le manque de jugement et les troubles de motricité fine (manuelle) et globale (Barr et Streissguth, 2001; Streissguth et O’Malley, 2000). 181

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le délirium tremens, des hospitalisations psychiatriques, l’anémie, <strong>les</strong> carences alimentaires, <strong>les</strong><br />

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épileptiques. Poole (1997) a aussi observé d’autres répercussions sur la santé associées à l’usage de drogues<br />

injectab<strong>les</strong>, notamment la dysfonction sexuelle, l’infertilité, <strong>les</strong> irrégularités menstruel<strong>les</strong>, le cancer lié à<br />

l’alcool, l’hypertension, une maladie respiratoire obstructive, des déficits cognitifs liés à l’alcool et le<br />

VIH qui s’ajoutent aux problèmes de santé affectant déjà <strong>les</strong> femmes aux prises avec l’abus de substances<br />

psychoactives.<br />

Poole (1997) fait remarquer que <strong>les</strong> femmes développent toute une pléiade de conséquences négatives<br />

pour la santé, résultant de la consommation et de l’abus d’alcool ainsi que d’autres drogues, pendant<br />

une période plus courte et des niveaux de consommation moins élevés que <strong>les</strong> hommes. Quant à Abel<br />

(1998a) il précise que <strong>les</strong> femmes alcooliques sont généralement émaciées, ayant un poids de grossesse<br />

très bas et une prise insuffisante de poids à la grossesse. Dans le cadre d’une étude, on a constaté en fait<br />

que quatre femmes enceintes avaient per<strong>du</strong> <strong>du</strong> poids pendant leur grossesse (Abel, 1982). Même si on<br />

présume au point de départ que tous <strong>les</strong> alcooliques souffrent de carence alimentaire, cette supposition<br />

s’applique le plus souvent à des alcooliques des groupes socio-économiquement défavorisés (Abel, 1998a;<br />

Salaspuro, 1993). Abel (1998a) indique que l’alimentation sous-optimale est un facteur de provocation<br />

<strong>du</strong> SAF, étant donné que, s’il y a carence, <strong>les</strong> réserves en nutriments nécessaires pour répondre aux<br />

besoins de la croissance <strong>foetale</strong> et pour conserver la mère en bonne santé sont diminuées. Il ajoute :<br />

[TRADUCTION] Dans le cas de l’alcoolisme, la nutrition est compromise, étant donné<br />

que l’alcool a une teneur énergétique élevée et remplace d’autres sources en énergie <strong>du</strong><br />

régime alimentaire. De la même façon que <strong>les</strong> facteurs nutritionnels ne peuvent pas être<br />

uniquement à l’origine <strong>du</strong> SAF, la consommation d’alcool ne peut pas non plus causer<br />

à elle seule son occurrence. Les deux presque invariablement sont associés<br />

(Abel, 1998a : 176).<br />

La consommation d’alcool, outre le fait qu’elle contribue à ré<strong>du</strong>ire la consommation alimentaire, peut<br />

aussi limiter l’absorption des nutriments. Ceci signifie que même si l’apport en éléments nutritifs n’est<br />

pas diminué, la concentration des nutriments absorbés peut être ré<strong>du</strong>ite dans le sang de la mère et ne<br />

pas être potentiellement disponible pour la transmission au placenta (Abel, 1998a).<br />

Lex fait observer que la dépendance physique à l’alcool a des effets négatifs sur la santé repro<strong>du</strong>ctive<br />

féminine, notamment l’aménorrhée, le cycle anovulaire, le dysfonctionnement lutéinique, l’atrophie de<br />

l’ovaire, l’interruption spontanée de la grossesse et une ménopause précoce (1990 dans Roberts et Nanson,<br />

2000). Roberts et Nanson évoquent l’idée qu’en raison de ces problèmes de santé « <strong>les</strong> femmes ayant des<br />

problèmes graves de dépendance à l’égard de l’alcool peuvent être moins susceptib<strong>les</strong> d’enfanter et de<br />

mener un enfant affecté à terme, tandis que cel<strong>les</strong> qui boivent avec excès de façon épisodique (souvent<br />

des femmes plus jeunes), mais qui sont sobres entre ces beuveries, risquent fort de donner naissance à<br />

un enfant affecté » (2000 : 10; Lex, 1990).<br />

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