Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Chapitre 8 [TRADUCTION] Même si approximativememt 61 % des femmes ont déclaré avoir réduit leur consommation de substances psychoactives pendant une grossesse ou plus ... ce qu’elles croient être une façon d’améliorer l’issue de la grossesse ... nombreuses parmi elles n’ont pas fait la distinction entre le risque potentiel d’un niveau de consommation minimale par opposition à la consommation de grandes quantités de substances psychoactives en un seul épisode (2000a : 50). Aucune des femmes ayant participé à l’étude de Tait n’a rapporté avoir vu une affiche ou une brochure de santé publique qui donnait de l’information sur la consommation excessive irrégulière d’alcool pendant la grossesse. Selon certains auteurs, il est fréquent que des femmes faisant une consommation abusive d’alcool pendant la grossesse soient aussi polytoxicomanes (Lex, 1990; Loebstein et Koren, 1997; Tait, 2000a; Loock, Kinnis, Robinson, Segal, Blatherwick et coll., 1993). Dans certains cas, il s’agit d’une combinaison d’alcool et de substances illicites, comme la cocaïne ou le cannabis; toutefois, il y a eu peu de recherches menées sur l’usage de drogues illicites et de consommation d’alcool pendant la grossesse; par conséquent, on connaît assez peu l’incidence de ce type de polytoxicomanie. Lex soutient que de nombreuses femmes ont des problèmes d’abus de substances psychoactives, sont victimes de violence conjugale y compris d’abus sexuels, et souffrent par conséquent d’un niveau élevé de stress mental. De ce fait leur polytoxicomanie est peut-être due au fait qu’elles essaient de soulager leur détresse mentale et les autres dysfonctionnements de leur famille. Il mentionne également qu’un grand nombre de femmes ayant des problèmes d’abus de substances psychoactives ne sont pas dépistées si elles ont recours aux services de santé mentale; dans ce contexte, on peut leur prescrire des médicaments psychotropes pour traiter leur problème de santé mentale, une médication qui, associée à la dépendance à l’alcool non traitée, augmente le potentiel de développement d’une double dépendance (Lex, 1990 dans Roberts et Nanson, 2000). Génétique En général, dans le cadre de la recherche sur le SAF, des facteurs génétiques sont liés aux différences génétiques entre populations basées sur la race. Selon Abel (1998a), ces considérations ont détourné l’attention des facteurs contributifs socio-économiques et environnementaux à l’origine de la maladie en général, et en particulier, à l’origine du pronostic défavorable de l’enfant dans le cas du SAF. Quoi qu’il en soit, le fait qu’il existe d’autres facteurs ne signifie pas que les prédispositions génétiques individuelles de la mère et du foetus ne sont pas des facteurs contributifs du SAF. Cette observation est corroborée par des rapports d’étude sur des jumeaux, l’un étant affecté du SAF tandis que l’autre est affecté uniquement par des effets partiels (Streissguth et Dehaene, 1993; Streissguth, 1997). De toute façon, la recherche n’a pas encore produit des corrélats spécifiques mettant en relation les prédispositions génétiques et l’issue défavorable de la grossesse liée à l’exposition in utero à l’alcool (Stratton, Howe et coll., 1996). 178

Tabagisme Chapitre 8 Une forte proportion des femmes ayant été reconnues à « risque élevé » d’avoir un enfant souffrant des effets de l’alcoolisation foetale font usage d’autres substances pendant la grossesse, particulièrement de cigarettes (Astley et coll., 2000c). Des études de recherche ont démontré que le tabagisme peut contribuer à une issue défavorable de la grossesse, particulièrement une diminution du poids à la naissance (Abel, 1984). Abel fait remarquer que, même si l’influence simultanée de la consommation d’alcool et du tabagisme peut être examinée statistiquement dans l’intention d’évaluer les effets de chacun, indépendamment l’un de l’autre, il est très difficile de démontrer statistiquement des interactions significatives entre les deux autrement que par stratification, étant donné qu’il n’y a que très peu de sujets dans le cadre d’une étude qui sont des buveurs excessifs et fumant peu ou des consommateurs d’alcool légers et des fumeurs invétérés. Voici ce qu’Abel écrit concernant l’association du statut socioéconomique et du tabagisme : [TRADUCTION] Le tabagisme n’est pas seulement un important facteur permissif dans le cas du SAF, il peut aussi en être la cause dans de très rares cas où il n’est pas associé à la pauvreté. Le lien le plus fréquent entre la pauvreté et le tabagisme réside dans le fait que chacun de ces facteurs fait éclore un milieu biologique commun qui accroît la vulnérabilité à l’action tératogénique de l’alcool (1998a : 175). Selon Abel (1998a) le tabagisme est un facteur permissif car fortement correlé avec la pauvreté (Hogue, Buehler, Strauss et Smith, 1987; Nordstrom, Cnattingius et Haglund, 1993; Polednak, 1991) et avec la consommation d’alcool. Ce qui fait en sorte que le tabagisme est un facteur provocateur du SAF, ce sont les composants des produits du tabac, notamment la nicotine et le monoxyde de carbone, qui ralentissent directement le débit sanguin et diminuent la teneur en oxygène, pouvant causer l’ischémie et l’hypoxémie foetale, une diminution de la disponibilité ou libération des nutriments pour le foetus (Abel, 1984) et favoriser la tératogenèse par la formation de radicaux libres (Abel, 1998a). Abel (1998a) ajoute que le tabagisme peut aussi augmenter le taux de plomb dans le sang (Ernhart, Wolf, Sokol, Brittenham et Erhard, 1985), et par conséquent, accroître les risques se rattachant à cet élément. État de santé général Les femmes qui donnent naissance à des enfants affectés du SAF souffrent de pathologie grave liée à l’alcool (Abel, 1998a; Coles, Smith et coll., 1985). La recherche indique que les trois quarts de ces femmes décéderont dans les cinq ans après la naissance d’un enfant affecté du SAF (Clarren, 1981; Olegard et Sabel, 1979; Streissguth et coll., 1987). La cirrhose du foie est la maladie la plus commune qui affecte ce groupe de patientes, état pathologique associé à une fréquence élevée d’avortement spontané et de prématurés (Abel, 1998a). Les alcooliques souffrant d’une cirrhose sont plus susceptibles de produire une concentration d’acétaldéhyde dans le sang ne pouvant être dépistée que dans le cas de personnes non alcooliques ayant une maladie du foie. Abel (1998a) soutient que bon nombre des effets attribués directement à l’exposition in utero à l’alcool sont plutôt la conséquence des effets combinés de la cirrhose de la mère et de la consommation d’alcool. Outre la cirrhose, les problèmes de santé dont souffrent les mères des enfants affectés du SAF englobent 179

Tabagisme<br />

Chapitre 8<br />

Une forte proportion des femmes ayant été reconnues à « risque élevé » d’avoir un enfant souffrant des<br />

effets de l’alcoolisation <strong>foetale</strong> font usage d’autres substances pendant la grossesse, particulièrement de<br />

cigarettes (Astley et coll., 2000c). Des études de recherche ont démontré que le tabagisme peut contribuer<br />

à une issue défavorable de la grossesse, particulièrement une diminution <strong>du</strong> poids à la naissance (Abel,<br />

1984). Abel fait remarquer que, même si l’influence simultanée de la consommation d’alcool et <strong>du</strong><br />

tabagisme peut être examinée statistiquement dans l’intention d’évaluer <strong>les</strong> effets de chacun,<br />

indépendamment l’un de l’autre, il est très difficile de démontrer statistiquement des interactions<br />

significatives entre <strong>les</strong> deux autrement que par stratification, étant donné qu’il n’y a que très peu de<br />

sujets dans le cadre d’une étude qui sont des buveurs excessifs et fumant peu ou des consommateurs<br />

d’alcool légers et des fumeurs invétérés. Voici ce qu’Abel écrit concernant l’association <strong>du</strong> statut socioéconomique<br />

et <strong>du</strong> tabagisme :<br />

[TRADUCTION] Le tabagisme n’est pas seulement un important facteur permissif<br />

dans le cas <strong>du</strong> SAF, il peut aussi en être la cause dans de très rares cas où il n’est pas<br />

associé à la pauvreté. Le lien le plus fréquent entre la pauvreté et le tabagisme réside dans<br />

le fait que chacun de ces facteurs fait éclore un milieu biologique commun qui accroît la<br />

vulnérabilité à l’action tératogénique de l’alcool (1998a : 175).<br />

Selon Abel (1998a) le tabagisme est un facteur permissif car fortement correlé avec la pauvreté (Hogue,<br />

Buehler, Strauss et Smith, 1987; Nordstrom, Cnattingius et Haglund, 1993; Polednak, 1991) et avec la<br />

consommation d’alcool. Ce qui fait en sorte que le tabagisme est un facteur provocateur <strong>du</strong> SAF, ce sont<br />

<strong>les</strong> composants des pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> tabac, notamment la nicotine et le monoxyde de carbone, qui ralentissent<br />

directement le débit sanguin et diminuent la teneur en oxygène, pouvant causer l’ischémie et l’hypoxémie<br />

<strong>foetale</strong>, une diminution de la disponibilité ou libération des nutriments pour le foetus (Abel, 1984) et<br />

favoriser la tératogenèse par la formation de radicaux libres (Abel, 1998a). Abel (1998a) ajoute que le<br />

tabagisme peut aussi augmenter le taux de plomb dans le sang (Ernhart, Wolf, Sokol, Brittenham et<br />

Erhard, 1985), et par conséquent, accroître <strong>les</strong> risques se rattachant à cet élément.<br />

État de santé général<br />

Les femmes qui donnent naissance à des enfants affectés <strong>du</strong> SAF souffrent de pathologie grave liée à<br />

l’alcool (Abel, 1998a; Co<strong>les</strong>, Smith et coll., 1985). La recherche indique que <strong>les</strong> trois quarts de ces<br />

femmes décéderont dans <strong>les</strong> cinq ans après la naissance d’un enfant affecté <strong>du</strong> SAF (Clarren, 1981;<br />

Olegard et Sabel, 1979; Streissguth et coll., 1987). La cirrhose <strong>du</strong> foie est la maladie la plus commune<br />

qui affecte ce groupe de patientes, état pathologique associé à une fréquence élevée d’avortement spontané<br />

et de prématurés (Abel, 1998a). Les alcooliques souffrant d’une cirrhose sont plus susceptib<strong>les</strong> de pro<strong>du</strong>ire<br />

une concentration d’acétaldéhyde dans le sang ne pouvant être dépistée que dans le cas de personnes<br />

non alcooliques ayant une maladie <strong>du</strong> foie.<br />

Abel (1998a) soutient que bon nombre des effets attribués directement à l’exposition in utero à l’alcool<br />

sont plutôt la conséquence des effets combinés de la cirrhose de la mère et de la consommation d’alcool.<br />

Outre la cirrhose, <strong>les</strong> problèmes de santé dont souffrent <strong>les</strong> mères des enfants affectés <strong>du</strong> SAF englobent<br />

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