Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...
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Chapitre 8 Godel et ses collaborateurs (1992) ont fait part de leurs constatations dans une population du Nord à propos du tabagisme, de la consommation de caféine et d’alcool pendant la grossesse. La majorité des femmes participant à leur étude étaient 56 Inuites (35 %), 38 Autochtones (24 %), 31 femmes métis (19 %) et 37 femmes de race blanche (23 %). Les femmes inuites et indiennes étaient plus susceptibles que les autres d’être des buveuses excessives irrégulières, et cela, en dépit du fait que la proportion globale de femmes consommant de l’alcool n’indiquait aucune divergence statistique entre les groupes raciaux. Les femmes indiennes, inuites et les femmes métissées avaient davantage tendance au tabagisme (64 %), comparativement aux femmes de race blanche (32 %). Godel et ses collaborateurs ont toutefois constaté que le tabagisme et la consommation d’alcool n’étaient déclarés qu’en partie. Résumé Les études préliminaires sur le SAF et les EAF ont clairement déterminé les groupes autochtones en Amérique du Nord comme des groupes à risque. Bien que les groupes étudiés aient été sélectionnés comme sujets de recherche parce que leur consommation abusive d’alcool était considérée comme très élevée, cette dimension n’a pas été reflétée dans l’analyse de la problématique dans son ensemble (Tait, 2003). A titre d’exemple, en 1992, dans le cadre d’un sous-comité gouvernemental relevant du ministre de la Santé et du Bien-être social, on a indiqué que, même s’il n’y avait pas de données officielles à l’échelle nationale sur le SAF ou les EAF, on pouvait estimer que le taux de fréquence du SAF dans la population générale se situait entre un et deux cas par mille naissances d’enfant vivant (Godel, Pabst et coll., 1992). Par contre, d’après le témoignage d’experts auprès du sous-comité, on établissait que « chez les Autochtones du Canada, le taux de fréquence du SAF était exceptionnellement élevé » (1992 : 4). Dans les études de recherche préliminaires, l’incidence du SAF était attribuée à deux causes, notamment la composition biologique (génétique) des Autochtones et les facteurs culturels ayant contribué au taux élevé de consommation d’alcool. Fait intéressant, ce qui est appelé « facteurs culturels », comme « des attitudes culturelles à l’égard de la consommation d’alcool », n’a pas grand-chose à voir avec les cultures autochtones, mais relève bien plus de facteurs historiques comme l’oppression colonialiste et la marginalisation socio-économique (Tait, 2003). De plus, dans les études ayant trait aux femmes autochtones et non autochtones, si le statut socioéconomique avait été considéré comme variable associée à l’identité ethnique, peut-être que celle-ci serait alors devenue beaucoup moins importante comme variable prise en compte pour l’identification des femmes à risque (Tait, 2003). Études récentes sur la consommation d’alcool et la grossesse Dans les études préliminaires sur la consommation d’alcool et la grossesse on a élevé de nombreux « facteurs de risque » liés à la grossesse et à l’abus de substances psychoactives, facteurs qui ont été établis dans d’autres études pendant la dernière décennie. En 1990, dans le cadre d’une recension des publications sur la prévention associée aux effets de l’alcoolisation, Waterson et Murray-Lyon (1990) ont relevé dans cette analyse documentaire que les facteurs du risque de donner naissance à un enfant affecté par des effets de l’exposition prénatale à l’alcool mentionnés le plus fréquemment englobaient notamment la consommation excessive d’alcool, le statut socio-économique inférieur, un âge plus avancé, le tabagisme et un divorce ou une séparation. 172
Chapitre 8 Dans le cadre d’une deuxième recension d’études publiées, Barbour (1990) indique que les chercheurs ont observé une diminution marquée tant du côté de la fréquence de consommation d’alcool que de la quantité d’alcool consommée par les femmes enceintes. Par contre, les femmes ayant commencé à boire avant d’être enceintes – leur consommation d’alcool étant devenue une habitude ancrée – ont plutôt tendance à continuer à consommer de l’alcool pendant leur grossesse. Les facteurs associés à la consommation d’alcool pendant la grossesse que Barbour a relevés comprenaient l’usage du tabac, les pressions sociales et le statut professionnel, le fait d’être célibataire, divorcée ou séparée, d’avoir un conjoint alcoolique ou que le père de l’enfant à naître était alcoolique. Tel qu’indiqué précédemment, le fait d’être Autochtone a aussi été relevé comme facteur de risque (Asante, 1981; Aase, 1981; Godel, Pabst et coll., 1992). Étant donné le large éventail des caractéristiques attribuées aux femmes enceintes à risque de donner naissance à un enfant affecté du SAF ou des EAF, les chercheurs au début des années 1990 n’ont pas établi clairement quels facteurs s’appliquaient spécifiquement aux femmes enceintes qui consommaient de l’alcool pendant leur grossesse, par opposition aux femmes qui n’en prenaient pas, ni quelles femmes étaient à risque plus élevé de donner naissance à un enfant affecté par des effets liés à l’alcool (Barbour, 1990). La suite de cette étude documentaire permettra d’analyser les écrits publiés pendant la dernière décennie tout en accordant une attention particulière à la façon dont la notion de « comportement à risque » chez la femme enceinte a évolué au cours de cette période. Facteurs permissifs et déclencheurs [TRADUCTION] Sans une explication de la façon dont les facteurs permissifs contribuent à créer un milieu biologique qui augmente ou diminue la susceptibilité aux effets de l’alcool, l’identification de ce type de facteurs se bornerait simplement à reconnaître que la buveuse excessive ne vit pas en vase clos. En décrivant ces conditions personnelles et celles du milieu en fonction de leurs conséquences biologiques, un modèle comme celui qui est proposé présente une explication heuristique de la façon dont ces facteurs engendrent les conditions suffisantes qui agissent en corrélation avec l’alcool pour donner naissance à un enfant atteint du SAF (Abel, 1998a : 159). Abel (1998a) soutient que le taux d’occurrence assez bas du SAF chez les buveuses excessives indique que la consommation d’alcool est une cause indubitable, mais non suffisante, du SAF. Pour mieux comprendre, il a élaboré un modèle qui identifie des facteurs comportementaux, sociaux et environnementaux prédisposants appelés « conditions permissives » qui provoquent une réaction différentielle ou distinctive à l’alcool à qui on attribue l’occurrence ou la non-occurrence du SAF/ou des EAF. À la différence de la plupart des autres chercheurs, Abel pousse son analyse plus loin, en essayant de mieux saisir de quelle façon ces conditions permissives engendrent ou « provoquent » les changements physiologiques nécessaires à l’accroissement de la vulnérabilité aux effets toxiques de l’alcool. Il écrit : [TRADUCTION] Les études épidémiologiques se concentrent généralement sur l’identification des facteurs permissifs associés à une condition particulière. Plus souvent qu’autrement, ces études épidémiologiques « à boîte noire » n’expliquent pas la façon dont ces conditions se rapportent au problème analysé. A moins que les conditions en 173
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Godel et ses collaborateurs (1992) ont fait part de leurs constatations dans une population <strong>du</strong> Nord à<br />
propos <strong>du</strong> tabagisme, de la consommation de caféine et d’alcool pendant la grossesse. La majorité des<br />
femmes participant à leur étude étaient 56 Inuites (35 %), 38 Autochtones (24 %), 31 femmes métis<br />
(19 %) et 37 femmes de race blanche (23 %). Les femmes inuites et indiennes étaient plus susceptib<strong>les</strong><br />
que <strong>les</strong> autres d’être des buveuses excessives irrégulières, et cela, en dépit <strong>du</strong> fait que la proportion<br />
globale de femmes consommant de l’alcool n’indiquait aucune divergence statistique entre <strong>les</strong> groupes<br />
raciaux. Les femmes indiennes, inuites et <strong>les</strong> femmes métissées avaient davantage tendance au tabagisme<br />
(64 %), comparativement aux femmes de race blanche (32 %). Godel et ses collaborateurs ont toutefois<br />
constaté que le tabagisme et la consommation d’alcool n’étaient déclarés qu’en partie.<br />
Résumé<br />
Les études préliminaires sur le SAF et <strong>les</strong> EAF ont clairement déterminé <strong>les</strong> groupes <strong>autochtones</strong> en<br />
Amérique <strong>du</strong> Nord comme des groupes à risque. Bien que <strong>les</strong> groupes étudiés aient été sélectionnés<br />
comme sujets de recherche parce que leur consommation abusive d’alcool était considérée comme très<br />
élevée, cette dimension n’a pas été reflétée dans l’analyse de la problématique dans son ensemble (Tait,<br />
2003). A titre d’exemple, en 1992, dans le cadre d’un sous-comité gouvernemental relevant <strong>du</strong> ministre<br />
de la Santé et <strong>du</strong> Bien-être social, on a indiqué que, même s’il n’y avait pas de données officiel<strong>les</strong> à<br />
l’échelle nationale sur le SAF ou <strong>les</strong> EAF, on pouvait estimer que le taux de fréquence <strong>du</strong> SAF dans la<br />
population générale se situait entre un et deux cas par mille naissances d’enfant vivant (Godel, Pabst et<br />
coll., 1992). Par contre, d’après le témoignage d’experts auprès <strong>du</strong> sous-comité, on établissait que « <strong>chez</strong><br />
<strong>les</strong> Autochtones <strong>du</strong> Canada, le taux de fréquence <strong>du</strong> SAF était exceptionnellement élevé » (1992 : 4).<br />
Dans <strong>les</strong> études de recherche préliminaires, l’incidence <strong>du</strong> SAF était attribuée à deux causes, notamment<br />
la composition biologique (génétique) des Autochtones et <strong>les</strong> facteurs culturels ayant contribué au taux<br />
élevé de consommation d’alcool. Fait intéressant, ce qui est appelé « facteurs culturels », comme « des<br />
attitudes culturel<strong>les</strong> à l’égard de la consommation d’alcool », n’a pas grand-chose à voir avec <strong>les</strong> cultures<br />
<strong>autochtones</strong>, mais relève bien plus de facteurs historiques comme l’oppression colonialiste et la<br />
marginalisation socio-économique (Tait, 2003).<br />
De plus, dans <strong>les</strong> études ayant trait aux femmes <strong>autochtones</strong> et non <strong>autochtones</strong>, si le statut socioéconomique<br />
avait été considéré comme variable associée à l’identité ethnique, peut-être que celle-ci<br />
serait alors devenue beaucoup moins importante comme variable prise en compte pour l’identification<br />
des femmes à risque (Tait, 2003).<br />
Études récentes sur la consommation d’alcool et la grossesse<br />
Dans <strong>les</strong> études préliminaires sur la consommation d’alcool et la grossesse on a élevé de nombreux<br />
« facteurs de risque » liés à la grossesse et à l’abus de substances psychoactives, facteurs qui ont été établis<br />
dans d’autres études pendant la dernière décennie. En 1990, dans le cadre d’une recension des publications<br />
sur la prévention associée aux effets de l’alcoolisation, Waterson et Murray-Lyon (1990) ont relevé dans<br />
cette analyse documentaire que <strong>les</strong> facteurs <strong>du</strong> risque de donner naissance à un enfant affecté par des<br />
effets de l’exposition prénatale à l’alcool mentionnés le plus fréquemment englobaient notamment la<br />
consommation excessive d’alcool, le statut socio-économique inférieur, un âge plus avancé, le tabagisme<br />
et un divorce ou une séparation.<br />
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