Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ... Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Chapitre 8 Asante (1981) rapporte une expérience clinique au nord-ouest de la Colombie-Britannique et au Yukon où le SAF a été diagnostiqué chez 74 enfants. Dans le cas de tous ces diagnostics, une histoire d’exposition à l’alcool du foetus due à la consommation d’alcool de la mère a été confirmée. 95 % des mères d’enfants diagnostiqués étaient Autochtones; toutefois, aucun détail n’a été fourni sur le processus de présentation ayant permis de les identifier pour l’étude en question. En raison de cette lacune, il n’est pas possible de préciser si la population à partir de laquelle le groupe de l’étude a été établi était sur-représentée au point de départ par des enfants autochtones. A titre d’exemple, 72 % des enfants chez qui le SAF avait été diagnostiqué étaient, soit au moment de l’étude soit dans une période antérieure, pris en charge par les services sociaux; par contre, Asante ne compare pas cette variable au pourcentage d’enfants autochtones associés au système de placement en foyer d’accueil en général. Bien qu’il ne fasse pas mention de données d’information explicatives, Asante conclut que les femmes autochtones de la région concernée sont à risque très élevé d’avoir des enfants affectés par des effets liés à l’alcool. Asante (1981) indique que le nombre élevé de mères autochtones donnant naissance à des enfants affectés peut être le résultat d’une fréquence supérieure de consommation d’alcool, de consommation excessive irrégulière encore plus fréquente ou également du fait que les femmes non autochtones sont plus discrètes quand elles boivent et qu’elles ont plutôt tendance à boire à la maison (1981). D’un autre côté, Asante n’a pas eu recours à une collecte systématique de données sur les niveaux de consommation d’alcool et sur les comportements ou habitudes-types de consommation chez les femmes autochtones, ni chez leurs semblables non autochtones, dans le but d’appuyer ces allégations. Asante évoque aussi l’idée que des facteurs liés au mode de vie, des facteurs sociaux, économiques et psychologiques peuvent avoir contribué à accroître le risque dans le cas des femmes autochtones. Pourtant, il ne donne pas de détails sur la relation entre ces facteurs et l’abus de l’alcool dans le cas des femmes autochtones enceintes, ni sur la façon dont ces facteurs auraient pu exercer une influence différente de celle qu’ils exercent sur les femmes des autres sous-groupes ethniques qui, d’après lui, ont un taux de prévalence inférieur (p. ex. les femmes de race blanche pauvres et défavorisées) (Tait, 2003). May et Hymbaugh (1983) ont constaté que la répartition du SAF au sein des groupes amérindiens dans le sud-ouest des États-Unis variait selon l’organisation tribale; il existe notamment un nombre inférieur de femmes consommatrices d’alcool dans des tribus hautement structurées et le plus petit nombre de cas d’endommagement du foetus par l’alcool (May, 1991). La prévalence de nombreux enfants affectés du SAF ou des EAF nés de certaines mères représentait une constatation significative. Dans ces collectivités, sur le nombre de mères ayant un enfant affecté, 22, 6 % ont donné naissance à plus d’un enfant affecté (une moyenne de 2, 36 enfants par mère ayant enfanté plusieurs fois). On a fait mention comme facteur de risque potentiel de naissances multiples de bébés affectés du SAF l’ostracisme dont fait l’objet la mère consommatrice abusive d’alcool. May et Hymbaugh (1983) font valoir que les femmes ostracisées par leur communauté migrent aux abords des villes, dans un milieu où leurs seuls amis et compagnons d’infortune sont d’autres alcooliques et où le stigmate social associé au fait de donner naissance à plusieurs enfants affectés du SAF est restreint. Ils ont aussi constaté qu’un pourcentage élevé d’enfants affectés du SAF au sein du groupe de l’étude étaient placés en famille d’accueil (environ 73 %); toutefois, on ne sait pas trop quelle est la signification d’une telle donnée d’information, étant donné que 57 % des enfants du groupe de l’étude, non affectés du SAF, étaient aussi en placement familial au moment de l’étude. Un pourcentage significatif des mères ayant des 170

Chapitre 8 enfants affectés étaient décédées (21 %), et la majorité de ces mères possédaient un dossier comprenant de nombreuses fiches de consultation concernant des problèmes liés à l’alcool, notamment des accidents, des traumatismes et un sevrage alcoolique. Robinson et ses collaborateurs (1987) ont analysé la prévalence du SAF dans une collectivité autochtone isolée en Colombie-Britannique. Dans 46 % des cas de grossesse pris en considération, les mères se sont abstenues de consommer; du total de 54 grossesses, représentant des cas de mères qui prenaient de l’alcool, 32 enfants sur ces 54 ont été déclarés non affectés. 22 enfants étaient susceptibles de recevoir un diagnostic d’anomalies ou de dommages causés par l’exposition du foetus à l’alcool (14 enfants étant affectés du SAF et 8, des EAF). Des 45 mères ayant bu de l’alcool pendant une ou plus d’une grossesse, 14 ont eu un total de 22 enfants affectés du SAF ou des EAF; on attribue 12 (54 %) de ces enfants affectés à 5 de ces femmes (Robinson, Conry et coll., 1987). Ces données corroborent les constatations précédentes de May et Hymbaugh. Robinson et ses collaborateurs ont aussi évoqué le déni et la sousdéclaration d’abus d’alcool par les femmes dans la collectivité comme problèmes méthodologiques. Masis et May (1991) ont mené une étude portant sur une cohorte de femmes Navajo de l’unité de service de la ville de Tuba, qui étaient considérées à risque de donner naissance à un enfant affecté. De cette cohorte de 48 femmes dirigées vers le programme du SAF, 39 femmes « à risque » ont fait partie de l’étude. De ce nombre, 9 femmes ont donné naissance à un enfant affecté du SAF ou des EAF; deux d’entre elles étaient considérées des cas possibles (en attente de diagnostic) à risque de donner naissance à un enfant affecté du SAF ou des EAF et 8 d’entre elles étaient enceintes. La plupart des mères d’enfants affectés du SAF ou des EAF avaient auparavant donné naissance à un certain nombre d’enfants normaux avant d’accoucher d’un enfant affecté. Masis et May (1991) font observer que le plus souvent, les femmes Navajo consomment moins d’alcool que les femmes de la population générale américaine; cependant le fait de boire, et surtout d’abuser de l’alcool, est un problème plutôt centralisé dans une minorité de familles aux prises avec de nombreux autres problèmes sociaux. Bon nombre de ces femmes à risque élevé de donner naissance à des enfants affectés du SAF ou des EAF viennent de ces familles, soit de la famille immédiate ou de la famille élargie où l’abus d’alcool est fréquent, et même normatif. La majorité des mères dans les cas d’enfants affectés du SAF ou des EAF de cette étude avaient des antécédents familiaux connus – enfants adultes de parents alcooliques, en plus d’avoir un conjoint ou des membres de leur belle-famille, ou les deux, alcooliques invétérés. Duimstra et ses collaborateurs (1993) ont fait le compte rendu des résultats d’un projet pilote de surveillance du SAF mené par le Service de santé des Indiens de la région Aberdeen dans quatre collectivités amérindiennes des plaines septentrionales. Même s’il y a peu d’informations sur les mères, le fait qu’on rapporte le placement d’enfants en foyer d’accueil ainsi que l’endroit où la mère a accouché (un hôpital pouvant traiter des grossesses à risque élevé plutôt qu’une maternité ou un centre obstétrique pour grossesse à faible risque) a été l’indication qu’il s’agissait de femmes à risque élevé. Duimstra et ses collaborateurs indiquent également qu’un examen de la mortalité infantile peut aussi contribuer à l’identification des cas de femmes les plus à risque. 171

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enfants affectés étaient décédées (21 %), et la majorité de ces mères possédaient un dossier comprenant<br />

de nombreuses fiches de consultation concernant des problèmes liés à l’alcool, notamment des accidents,<br />

des traumatismes et un sevrage alcoolique.<br />

Robinson et ses collaborateurs (1987) ont analysé la prévalence <strong>du</strong> SAF dans une collectivité autochtone<br />

isolée en Colombie-Britannique. Dans 46 % des cas de grossesse pris en considération, <strong>les</strong> mères se sont<br />

abstenues de consommer; <strong>du</strong> total de 54 grossesses, représentant des cas de mères qui prenaient de<br />

l’alcool, 32 enfants sur ces 54 ont été déclarés non affectés. 22 enfants étaient susceptib<strong>les</strong> de recevoir<br />

un diagnostic d’anomalies ou de dommages causés par l’exposition <strong>du</strong> foetus à l’alcool (14 enfants étant<br />

affectés <strong>du</strong> SAF et 8, des EAF). Des 45 mères ayant bu de l’alcool pendant une ou plus d’une grossesse,<br />

14 ont eu un total de 22 enfants affectés <strong>du</strong> SAF ou des EAF; on attribue 12 (54 %) de ces enfants<br />

affectés à 5 de ces femmes (Robinson, Conry et coll., 1987). Ces données corroborent <strong>les</strong> constatations<br />

précédentes de May et Hymbaugh. Robinson et ses collaborateurs ont aussi évoqué le déni et la sousdéclaration<br />

d’abus d’alcool par <strong>les</strong> femmes dans la collectivité comme problèmes méthodologiques.<br />

Masis et May (1991) ont mené une étude portant sur une cohorte de femmes Navajo de l’unité de<br />

service de la ville de Tuba, qui étaient considérées à risque de donner naissance à un enfant affecté. De<br />

cette cohorte de 48 femmes dirigées vers le programme <strong>du</strong> SAF, 39 femmes « à risque » ont fait partie de<br />

l’étude. De ce nombre, 9 femmes ont donné naissance à un enfant affecté <strong>du</strong> SAF ou des EAF; deux<br />

d’entre el<strong>les</strong> étaient considérées des cas possib<strong>les</strong> (en attente de diagnostic) à risque de donner naissance<br />

à un enfant affecté <strong>du</strong> SAF ou des EAF et 8 d’entre el<strong>les</strong> étaient enceintes. La plupart des mères d’enfants<br />

affectés <strong>du</strong> SAF ou des EAF avaient auparavant donné naissance à un certain nombre d’enfants normaux<br />

avant d’accoucher d’un enfant affecté.<br />

Masis et May (1991) font observer que le plus souvent, <strong>les</strong> femmes Navajo consomment moins d’alcool<br />

que <strong>les</strong> femmes de la population générale américaine; cependant le fait de boire, et surtout d’abuser de<br />

l’alcool, est un problème plutôt centralisé dans une minorité de famil<strong>les</strong> aux prises avec de nombreux<br />

autres problèmes sociaux. Bon nombre de ces femmes à risque élevé de donner naissance à des enfants<br />

affectés <strong>du</strong> SAF ou des EAF viennent de ces famil<strong>les</strong>, soit de la famille immédiate ou de la famille élargie<br />

où l’abus d’alcool est fréquent, et même normatif. La majorité des mères dans <strong>les</strong> cas d’enfants affectés<br />

<strong>du</strong> SAF ou des EAF de cette étude avaient des antécédents familiaux connus – enfants a<strong>du</strong>ltes de<br />

parents alcooliques, en plus d’avoir un conjoint ou des membres de leur belle-famille, ou <strong>les</strong> deux,<br />

alcooliques invétérés.<br />

Duimstra et ses collaborateurs (1993) ont fait le compte ren<strong>du</strong> des résultats d’un projet pilote de<br />

surveillance <strong>du</strong> SAF mené par le Service de santé des Indiens de la région Aberdeen dans quatre collectivités<br />

amérindiennes des plaines septentriona<strong>les</strong>. Même s’il y a peu d’informations sur <strong>les</strong> mères, le fait qu’on<br />

rapporte le placement d’enfants en foyer d’accueil ainsi que l’endroit où la mère a accouché (un hôpital<br />

pouvant traiter des grossesses à risque élevé plutôt qu’une maternité ou un centre obstétrique pour<br />

grossesse à faible risque) a été l’indication qu’il s’agissait de femmes à risque élevé. Duimstra et ses<br />

collaborateurs indiquent également qu’un examen de la mortalité infantile peut aussi contribuer à<br />

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