Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ... Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Chapitre 8 particulièrement celles des Premières Nations, en ce qui concerne les services de recherche, de prévention, d’identification et d’intervention, ce qui a contribué à susciter la perception que les Autochtones en général sont plus à risque que d’autres groupes (Tait, 2003). Dans une étude menée auprès des femmes amérindiennes vivant dans des réserves du sud-ouest des États-Unis, Aase (1981) a conclu que ce groupe est plus particulièrement susceptible et risque de donner naissance à des enfants affectés. Cet auteur a répertoirié quatre catégories de risques : des facteurs culturels, des habitudes-types de consommation d’alcool, des variables démographiques et des facteurs physiologiques. On a identifié cinq facteurs culturels : 1. Des attitudes culturelles généralement permissives à l’égard de la consommation d’alcool; 2. L’ostracisme de certaines personnes ayant fait une consommation vraiment excessive d’alcool, entraînant l’isolement social de ce groupe à risque élevé et par ricochet, une augmentation possible de leur consommation d’alcool; 3. Des couples d’alcooliques s’encourageant mutuellement dans leur consommation et leurs enfants manifestant de plus en plus une propension accentuée à abuser de l’alcool à un âge plus avancé; 4. Un grand nombre de personnes alcooliques démontrant peu de motivation à adopter la sobriété, ainsi que des programmes de rétablissement n’obtenant des résultats positifs que de façon marginale auprès de ce sous-groupe; et 5. Des services de rétablissement visant principalement les hommes alcooliques, ayant pour résultat que des dispositions spéciales adaptées aux femmes, comme des installations séparées, des services de garde et des conseillères, ne sont que rarement mises en place. D’autres facteurs de risque comme la dynamique familiale et l’identité culturelle ont été également relevés par Aase : [TRADUCTION] Les familles indiennes sont sujettes à être nombreuses et interdépendantes; le sentiment d’identité indienne est généralement une source de très grande fierté et de solidarité. Malheureusement, certaines de ces influences unificatrices peuvent aussi exercer une énorme pression sur la population, suscitant une attitude de conformisme, particulièrement chez les jeunes gens, les amenant à faire précocement l’expérience de la consommation d’alcool, devenue une activité de groupe (1981 : 154). En raison de nombreux facteurs, les habitudes-types de consommation d’alcool ont été décrites comme des habitudes différentes de celles constatées ailleurs aux États-Unis. Tout d’abord, la prohibition de l’alcool imposée dans de nombreuses communautés des Premières Nations a incité des membres de la communauté à s’adonner régulièrement à des épisodes de « consommation excessive » pendant deux ou trois jours aux limites des villes, aboutissant à l’ivresse, à une intoxication grave (Aase, 1981). Alors que Aase (1981) cite des constatations d’études de recherche indiquant qu’on relève chez les femmes 168

Chapitre 8 amérindiennes des niveaux inférieurs de consommation d’alcool comparativement aux autres femmes américaines, elle soutient que la femme amérindienne qui consomme de l’alcool boit généralement avec excès, ce qui est corroboré notamment par le nombre de décès liés à l’alcool – vingt fois plus élevé chez les groupes amérindiens que dans la population en général. Quant aux autres facteurs démographiques liés au risque définis par Aase (1981) ils démontrent que la population amérindienne est plus jeune (âge médian d’environ 16, 5 ans) que la population en général, que l’âge de procréation commence généralement à un âge plus précoce et que la durée de la période d’enfantement se prolonge à un âge plus avancé, ce qui a pour effet une durée plus longue de procréation et un taux plus élevé de fécondité (plus de deux fois plus élevé que la moyenne nationale américaine). Aase écrit : [TRADUCTION] L’association d’une durée plus longue de la période d’enfantement, d’une fécondité plus élevée, d’un comportement-type de consommation excessive irrégulière d’alcool et d’une possible consommation abusive d’alcool commençant à un âge plus précoce peut contribuer au fait qu’il y ait dans le cas de certaines femmes amérindiennes un plus grand nombre d’années de procréation où elles sont à risque de problèmes liés à l’alcool. Cette constatation combinée à ce qui semble ressortir des études effectuées auprès des femmes comme une incidence grave d’abus de l’alcool chez certaines femmes ayant pour conséquence des niveaux très élevés d’exposition à l’alcool pour le foetus fournit au minimum une base théorique pour redouter un risque accru du SAF chez les enfants amérindiens (1981 : 154). En dernier lieu, Aase (1981) mentionne des facteurs de risque possibles sur le plan physiologique, notamment un rythme accéléré de dégradation de l’alcool chez les Amérindiens, des différences d’ordre métabolique et une déficience en zinc chez les femmes alcooliques. Dans le cadre d’une étude effectuée en Colombie-Britannique et au Yukon sur le SAF, Smith et ses collaborateurs (1981) ont identifié 76 cas de SAF, des enfants ayant tous une histoire confirmée de forte exposition à l’alcool pendant la grossesse. Cinquante-neuf patients avaient une mère autochtone. Mise à part cette confirmation de forte exposition à l’alcool du foetus pendant la grossesse, Smith et ses collaborateurs n’ont donné aucune autre information sur les mères. Dans le cadre de leur évaluation du nombre élevé d’enfants autochtones identifiés par leur étude, ils indiquent que la « susceptibilité raciale » aux effets tératogènes de l’alcool peut avoir exercé une influence; ils font également mention des voies différentes de dégradation métabolique de l’alcool ainsi que des effets probablement délétères de l’acétaldéhyde au lieu de l’alcool comme facteurs ayant des répercussions importantes sur les femmes autochtones et leurs descendants. Par ailleurs, la « susceptibilité raciale », comme nous l’avons présentée précédemment, est une notion très difficile à appliquer et à évaluer; la plupart des chercheurs scientifiques l’ont rejetée comme explication valable dans leurs études de recherche sur la consommation d’alcool. Quant à des facteurs comme les différentes variables physiologiques pouvant influer sur l’issue de la grossesse, ils n’ont pas encore été confirmés, étant donné que les chercheurs ne sont pas encore arrivés à bien les comprendre. 169

Chapitre 8<br />

amérindiennes des niveaux inférieurs de consommation d’alcool comparativement aux autres femmes<br />

américaines, elle soutient que la femme amérindienne qui consomme de l’alcool boit généralement avec<br />

excès, ce qui est corroboré notamment par le nombre de décès liés à l’alcool – vingt fois plus élevé <strong>chez</strong><br />

<strong>les</strong> groupes amérindiens que dans la population en général.<br />

Quant aux autres facteurs démographiques liés au risque définis par Aase (1981) ils démontrent que la<br />

population amérindienne est plus jeune (âge médian d’environ 16, 5 ans) que la population en général,<br />

que l’âge de procréation commence généralement à un âge plus précoce et que la <strong>du</strong>rée de la période<br />

d’enfantement se prolonge à un âge plus avancé, ce qui a pour effet une <strong>du</strong>rée plus longue de procréation<br />

et un taux plus élevé de fécondité (plus de deux fois plus élevé que la moyenne nationale américaine).<br />

Aase écrit :<br />

[TRADUCTION] L’association d’une <strong>du</strong>rée plus longue de la période d’enfantement,<br />

d’une fécondité plus élevée, d’un comportement-type de consommation excessive<br />

irrégulière d’alcool et d’une possible consommation abusive d’alcool commençant à un<br />

âge plus précoce peut contribuer au fait qu’il y ait dans le cas de certaines femmes<br />

amérindiennes un plus grand nombre d’années de procréation où el<strong>les</strong> sont à risque de<br />

problèmes liés à l’alcool. Cette constatation combinée à ce qui semble ressortir des<br />

études effectuées auprès des femmes comme une incidence grave d’abus de l’alcool <strong>chez</strong><br />

certaines femmes ayant pour conséquence des niveaux très élevés d’exposition à l’alcool<br />

pour le foetus fournit au minimum une base théorique pour redouter un risque accru<br />

<strong>du</strong> SAF <strong>chez</strong> <strong>les</strong> enfants amérindiens (1981 : 154).<br />

En dernier lieu, Aase (1981) mentionne des facteurs de risque possib<strong>les</strong> sur le plan physiologique,<br />

notamment un rythme accéléré de dégradation de l’alcool <strong>chez</strong> <strong>les</strong> Amérindiens, des différences d’ordre<br />

métabolique et une déficience en zinc <strong>chez</strong> <strong>les</strong> femmes alcooliques.<br />

Dans le cadre d’une étude effectuée en Colombie-Britannique et au Yukon sur le SAF, Smith et ses<br />

collaborateurs (1981) ont identifié 76 cas de SAF, des enfants ayant tous une histoire confirmée de forte<br />

exposition à l’alcool pendant la grossesse. Cinquante-neuf patients avaient une mère autochtone. Mise<br />

à part cette confirmation de forte exposition à l’alcool <strong>du</strong> foetus pendant la grossesse, Smith et ses<br />

collaborateurs n’ont donné aucune autre information sur <strong>les</strong> mères. Dans le cadre de leur évaluation <strong>du</strong><br />

nombre élevé d’enfants <strong>autochtones</strong> identifiés par leur étude, ils indiquent que la « susceptibilité<br />

raciale » aux effets tératogènes de l’alcool peut avoir exercé une influence; ils font également mention<br />

des voies différentes de dégradation métabolique de l’alcool ainsi que des effets probablement délétères<br />

de l’acétaldéhyde au lieu de l’alcool comme facteurs ayant des répercussions importantes sur <strong>les</strong> femmes<br />

<strong>autochtones</strong> et leurs descendants.<br />

Par ailleurs, la « susceptibilité raciale », comme nous l’avons présentée précédemment, est une notion<br />

très difficile à appliquer et à évaluer; la plupart des chercheurs scientifiques l’ont rejetée comme explication<br />

valable dans leurs études de recherche sur la consommation d’alcool. Quant à des facteurs comme <strong>les</strong><br />

différentes variab<strong>les</strong> physiologiques pouvant influer sur l’issue de la grossesse, ils n’ont pas encore été<br />

confirmés, étant donné que <strong>les</strong> chercheurs ne sont pas encore arrivés à bien <strong>les</strong> comprendre.<br />

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