Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ... Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Chapitre 8 Chacune de ces études a relevé qu’un pourcentage de femmes avaient déclaré avoir accru leur consommation d’alcool. A titre d’exemple, Little et ses collaborateurs (1976) ont rapporté dans leur étude que 36 % des femmes avaient révélé avoir augmenté leur consommation d’alcool pendant leur grossesse. Dans le cadre d’autres études, le pourcentage des femmes ayant accru leur consommation d’alcool se situait quelque part entre 3 et 7 % (Little et Streissguth, 1978; Weiner, Rosett et coll., 1983). Vitéz et ses collaborateurs (1984) ont indiqué que les deux tiers des femmes participantes à leur étude et faisant partie du groupe s’étant abstenues de consommer de l’alcool ont déclaré être devenues alcooliques après leur grossesse. Ces constatations, que la documentation n’a pour ainsi dire pas explorées, laissent supposer des facteurs de risque potentiel d’augmentation du niveau de consommation d’alcool, notamment la possibilité associée au fait d’être enceinte, ou des facteurs liés au fait de donner naissance et d’avoir un enfant, peuvent représenter un facteur de risque d’augmentation du niveau de consommation d’alcool ou d’abus d’alcool dans le cas de femmes en particulier (Tait, 2003). Malheureusement, la raison motivant des femmes à boire de plus en plus pendant leur grossesse n’a pas été approfondie et analysée dans ces études. Smith et ses collaborateurs (1987) ont interviewé 267 femmes ayant demandé des soins prénataux à Grady Memorial Hospital à Atlanta, en Georgie, entre février 1980 et septembre 1983. Les femmes ont été réparties en deux groupes en fonction de leur consommation d’alcool, celles « ayant cessé de consommer » (n = 50) et celles « ayant continué de boire de l’alcool » (n = 96). On a aussi formé un groupe de contrôle correspondant ayant rapporté s’abstenir d’alcool pendant la grossesse (n = 121). Les participantes étaient principalement afro-américaines (94 %), de statut socio-économique inférieur (revenu moyen de 372, 47 $/mois) et célibataires (65 %), ce qui était représentatif de la population de cet hôpital recourant à des soins prénataux. Les femmes appartenant aux groupes consommant de l’alcool ne différaient pas de celles du groupe de contrôle quant à leur consommation de boissons contenant de la caféine, à leur tabagisme et à l’usage de marijuana pendant leur grossesse. Les femmes qui buvaient de l’alcool avaient davantage tendance à s’associer à des hommes eux-mêmes buveurs, ce qui correspondait à 93 % des femmes ayant rapporté que le père de l’enfant à naître prenait également de l’alcool. Seulement 68 % des femmes non consommatrices d’alcool ont déclaré que le père consommait de l’alcool. Les femmes prenant de l’alcool indiquaient plus souvent que le père du bébé à naître faisait usage de drogue illicite. Smith et ses collaborateurs précisaient : [TRADUCTION] « Plus la probabilité de consommation d’alcool chez d’autres membres de la famille est grande, plus il devient probable que le comportement lié à la consommation d’alcool du groupe de buveuses invétérées soit fortement influencé par les attitudes familiales à l’égard de la consommation d’alcool » (1987 : 308). Entre les femmes ayant continué à consommer de l’alcool et celles ayant cessé de le faire, Smith et ses collaborateurs (1987) n’ont relevé aucune différence quant à la race, au revenu, à l’âge, au statut matrimonial, au rang social, à la consommation de boissons contenant de la caféine ou au tabagisme, à l’usage de marijuana ou d’autres drogues. Les femmes ayant continué à prendre de l’alcool étaient plus susceptibles d’avoir eu une mère ayant fait une consommation excessive d’alcool et des frères et soeurs buveurs d’alcool eux aussi. Smith et ses collaborateurs affirment : 164

Chapitre 8 [TRADUCTION] Une des constatations les plus déconcertantes de cette étude réside dans le taux de fréquence très élevé de consommation excessive d’alcool du côté maternel, relevé dans la déclaration sur les antécédents familiaux des femmes ayant continué à boire pendant leur grossesse. En ce moment-ci, on n’en sait que très peu au sujet des effets à long terme de l’exposition prénatale à l’alcool, particulièrement en ce qui a trait au développement de problèmes chroniques liés à l’alcool à l’âge adulte. Bien qu’il soit impossible de déterminer combien de ces sujets ont été exposés à l’alcool en cours de développement prénatal, il est évident qu’il s’agit là d’une dimension à approfondir dans de futures études de recherche (1987 : 308). Smith et ses collaborateurs (1987) ont rapporté que 14 % des femmes ayant consommé de l’alcool pendant leur grossesse avaient également une histoire de maladie liée à l’alcool – une ou plusieurs maladies liées à l’alcool, notamment la gastrite alcoolique, un état hallucinatoire ou delirium tremens, une pancréatite ou le syndrome cérébral organique. La prévalence de pathologie liée à l’alcool n’était pas significativement différente parmi les femmes qui ont continué à prendre de l’alcool et celles qui ont cessé de le faire. De plus, en ce qui a trait à la prise de poids pendant la grossesse, les femmes des groupes ayant consommé de l’alcool n’indiquaient pas de différence entre elles; par contre, il y avait un plus grand nombre de femmes parmi celles ayant continué à boire qui avaient des antécédents d’accouchement prématuré antérieur (8, 7 % comparativement à 23, 3 %) et de bébés ayant un poids insuffisant à la naissance (12, 2 % comparativement à 25 %). Les femmes ayant continué à consommer de l’alcool ont déclaré avoir commencé plus jeunes à boire que les femmes ayant cessé de le faire. Cependant, les deux groupes n’indiquaient pas de différence quant à la fréquence d’éclipse, de perturbations sociales causées par un comportement lié à l’abus d’alcool, du nombre d’épisodes d’ivresse pendant la grossesse ou de la quantité d’alcool consommée à l’époque où la première entrevue pour les besoins de l’étude a été menée (Smith et coll., 1987). Les femmes ayant continué à boire correspondaient plus aux critères établis par le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (American Psychiatric Association, Équipe de travail Nomenclature et Statistiques, 1980) en ce qui a trait à la dépendance à l’alcool, aux symptômes manifestés dans un cas de consommation ou d’alcoolisme pathologique, de dysfonctionnement social ou de manifestations physiologiques (Smith et coll., 1987). Ces constatations laissent entrevoir que les femmes ayant des problèmes liés à la consommation chronique d’alcool nécessitent une programmation et des services spéciaux, répondant à leurs besoins et tenant compte de la gravité de leur problème d’abus d’alcool. Smith et ses collaborateurs (1987) mettent en garde contre la généralisation de leurs constatations à l’ensemble des femmes, étant donné que le groupe sélectionné pour mener l’étude était composé principalement de femmes afro-américaines, à faible revenu. Serdula et ses collaborateurs (1991) ont mené une étude de 1985 à 1988, à partir d’une population de base dans 21 états américains; cette étude a reposé sur les autodéclarations de femmes enceintes et non enceintes à propos de leur consommation d’alcool. Ils ont constaté que la prévalence de consommation d’alcool pendant la grossesse avait diminué de 38 % chez les femmes enceintes. Toutefois, la consommation d’alcool des femmes enceintes est restée très élevée dans deux groupes, celui des fumeuses ainsi que celui des femmes non mariées. Aucune diminution d’alcool n’a été rapportée au cours de 165

Chapitre 8<br />

[TRADUCTION] Une des constatations <strong>les</strong> plus déconcertantes de cette étude réside<br />

dans le taux de fréquence très élevé de consommation excessive d’alcool <strong>du</strong> côté maternel,<br />

relevé dans la déclaration sur <strong>les</strong> antécédents familiaux des femmes ayant continué à<br />

boire pendant leur grossesse. En ce moment-ci, on n’en sait que très peu au sujet des<br />

effets à long terme de l’exposition prénatale à l’alcool, particulièrement en ce qui a trait<br />

au développement de problèmes chroniques liés à l’alcool à l’âge a<strong>du</strong>lte. Bien qu’il soit<br />

impossible de déterminer combien de ces sujets ont été exposés à l’alcool en cours de<br />

développement prénatal, il est évident qu’il s’agit là d’une dimension à approfondir<br />

dans de futures études de recherche (1987 : 308).<br />

Smith et ses collaborateurs (1987) ont rapporté que 14 % des femmes ayant consommé de l’alcool<br />

pendant leur grossesse avaient également une histoire de maladie liée à l’alcool – une ou plusieurs<br />

maladies liées à l’alcool, notamment la gastrite alcoolique, un état hallucinatoire ou delirium tremens,<br />

une pancréatite ou le syndrome cérébral organique. La prévalence de pathologie liée à l’alcool n’était pas<br />

significativement différente parmi <strong>les</strong> femmes qui ont continué à prendre de l’alcool et cel<strong>les</strong> qui ont<br />

cessé de le faire. De plus, en ce qui a trait à la prise de poids pendant la grossesse, <strong>les</strong> femmes des groupes<br />

ayant consommé de l’alcool n’indiquaient pas de différence entre el<strong>les</strong>; par contre, il y avait un plus<br />

grand nombre de femmes parmi cel<strong>les</strong> ayant continué à boire qui avaient des antécédents d’accouchement<br />

prématuré antérieur (8, 7 % comparativement à 23, 3 %) et de bébés ayant un poids insuffisant à la<br />

naissance (12, 2 % comparativement à 25 %).<br />

Les femmes ayant continué à consommer de l’alcool ont déclaré avoir commencé plus jeunes à boire<br />

que <strong>les</strong> femmes ayant cessé de le faire. Cependant, <strong>les</strong> deux groupes n’indiquaient pas de différence<br />

quant à la fréquence d’éclipse, de perturbations socia<strong>les</strong> causées par un comportement lié à l’abus d’alcool,<br />

<strong>du</strong> nombre d’épisodes d’ivresse pendant la grossesse ou de la quantité d’alcool consommée à l’époque<br />

où la première entrevue pour <strong>les</strong> besoins de l’étude a été menée (Smith et coll., 1987). Les femmes ayant<br />

continué à boire correspondaient plus aux critères établis par le Manuel diagnostique et statistique des<br />

troub<strong>les</strong> mentaux (American Psychiatric Association, Équipe de travail Nomenclature et Statistiques,<br />

1980) en ce qui a trait à la dépendance à l’alcool, aux symptômes manifestés dans un cas de consommation<br />

ou d’alcoolisme pathologique, de dysfonctionnement social ou de manifestations physiologiques (Smith<br />

et coll., 1987).<br />

Ces constatations laissent entrevoir que <strong>les</strong> femmes ayant des problèmes liés à la consommation chronique<br />

d’alcool nécessitent une programmation et des services spéciaux, répondant à leurs besoins et tenant<br />

compte de la gravité de leur problème d’abus d’alcool. Smith et ses collaborateurs (1987) mettent en<br />

garde contre la généralisation de leurs constatations à l’ensemble des femmes, étant donné que le groupe<br />

sélectionné pour mener l’étude était composé principalement de femmes afro-américaines, à faible revenu.<br />

Ser<strong>du</strong>la et ses collaborateurs (1991) ont mené une étude de 1985 à 1988, à partir d’une population de<br />

base dans 21 états américains; cette étude a reposé sur <strong>les</strong> autodéclarations de femmes enceintes et non<br />

enceintes à propos de leur consommation d’alcool. Ils ont constaté que la prévalence de consommation<br />

d’alcool pendant la grossesse avait diminué de 38 % <strong>chez</strong> <strong>les</strong> femmes enceintes. Toutefois, la<br />

consommation d’alcool des femmes enceintes est restée très élevée dans deux groupes, celui des fumeuses<br />

ainsi que celui des femmes non mariées. Aucune diminution d’alcool n’a été rapportée au cours de<br />

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