Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ... Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Chapitre 8 [TRADUCTION] Même si les patientes ayant abusé de l’alcool sont presque trois fois plus susceptibles d’avoir eu précédemment des rapports avec les services sociaux ou des services psychiatriques, il y a quelques autres différences importantes dans les antécédents médicaux de ces deux groupes [groupe ayant consommé de l’alcool et groupe de contrôle]. Des premières comparaisons ont montré que les antécédents obstétriques des buveuses excessives étaient considérablement moins favorables que ceux du groupe de référence; le groupe de consommatrices d’alcool ... s’est révélé deux fois plus susceptible d’avoir des antécédents d’avortements spontanés à répétition (deux ou trois consécutifs). Quant aux types d’interruption de grossesse et d’autres mortalités foetales ou en fin de période de grossesse (mort-né et décès néonatal), ils n’étaient pas plus fréquents dans le groupe de consommation d’alcool (Sokol, Miller et coll., 1980 : 137-138). Dans le cas des patientes qui abusaient de l’alcool, on a trouvé qu’elles étaient deux fois plus susceptibles de tabagisme et qu’elles avaient presque trois fois plus tendance à être des fumeuses invétérées, comparativement aux patientes non consommatrices excessives d’alcool. Il était aussi plus fréquent qu’elles abusent d’autres drogues, en comparaison au groupe de contrôle et on avait identifié en clinique chez les femmes consommatrices d’alcool des problèmes psychosociaux (Sokol, Miller et coll., 1980). Sokol et ses collaborateurs (1980) ont estimé à 2, 5 % (5 enfants sur 204) le nombre d’enfants à risque d’être affectés du SAF dans le cas de grossesse où l’abus d’alcool a été confirmé, comparativement à aucun enfant dans le groupe de contrôle. On peut mettre en doute la validité de cette estimation, vu que les variables confusionnelles relevées, associées à l’abus d’alcool, n’ont pas été vérifiées par des analyses statistiques valides. Les auteurs ont aussi constaté que les bébés nés d’une mère ayant abusé de l’alcool avaient une insuffisance de poids plus marquée à la naissance que ceux des groupes de comparaison, même s’il n’y avait pas de différence quant au nombre de semaines de grossesse. Bien que les bébés nés d’une mère buveuse excessive soient à risque élevé de décès néonatal et de mortalité périnatal (risque relatif = 1, 8 et 1, 3 respectivement), ces données n’étaient pas statistiquement significatives. En 1983, Streissguth et ses collaborateurs (1983) ont publié des constatations obtenues d’une étude comparative ayant analysé les habitudes-types de consommation d’alcool et de tabagisme pendant la grossesse chez deux cohortes de femmes recevant des soins prénataux à Seattle, Washington. Le premier groupe a été interviewé au milieu des années 1970, au moment où on a commencé à soulever dans les publications médicales les risques de la consommation excessive d’alcool pendant la grossesse. La deuxième cohorte a été interviewée en 1980-1981, une période où les messages de santé publique visant à mettre les femmes au courant des risques de consommation d’alcool pendant la grossesse étaient largement diffusés aux États-Unis. Toutes les femmes ont été interviewées avant leur sixième mois de grossesse. La majorité des femmes faisant partie de cette étude étaient de race blanche, mariées, de classe moyenne, mais tout de même, les caractéristiques démographiques de ces groupes donnaient une représentation assez étendue. Les chercheurs ont trouvé que le nombre de femmes ayant déclaré s’être abstenues de consommer de l’alcool pendant leur grossesse avait triplé au cours de cette période de six ans entre les études. Cinquante-cinq pour cent des femmes ont rapporté au moment de leur première consultation prénatale s’être abstenues. De façon significative, un nombre considérablement plus petit de femmes enceintes ont dit avoir abusé de l’alcool (AA > 1) au moment de leur première consultation prénatale et aucun changement significatif n’a été relevé concernant le nombre de femmes buveuses excessives d’alcool 162

Chapitre 8 au moment de la grossesse. Streissguth et ses collaborateurs ont aussi fait état d’une diminution du nombre de femmes ayant fait part de leur consommation de cinq verres ou plus au cours d’une seule occasion; toutefois, il n’y avait pas de changement au niveau de la consommation excessive irrégulière autour du moment de la conception. Dans le cadre de son étude, Streissguth a fait une constatation intéressante, à savoir que même si les femmes avaient diminué leur consommation de vin (40 %) et de boissons fortes (50 %) après avoir appris leur état de grossesse, elles avaient cependant moins tendance à cesser de boire de la bière (30 %). Streissguth et ses collaborateurs (1983) expliquent que ce pourcentage inférieur de femmes ayant réduit la consommation de bière vient sans doute du fait que certaines femmes ne considèrent pas la bière comme une boisson alcoolisée au même titre que les autres ou que les consommatrices de bière représentent sans doute une population différente de celle des consommatrices de vin et de boisson forte. Des données obtenues dans le cadre de cette étude indiquent que les femmes buvant de la bière peuvent appartenir à un groupe peu scolarisé et à des groupes désavantagés sur le plan socio-économique. Les femmes qui ont réduit leur consommation d’alcool pendant la grossesse en nombre plus élevé étaient des femmes plus âgées et ayant fait des études avancées. Parmi la cohorte de 1980-1981, la proportion de consommatrices excessives d’alcool est restée constante; par contre, la consommation excessive irrégulière d’alcool pendant la grossesse a diminué significativement au cours de la période de six ans, tout comme la consommation d’alcool fort. Pendant cette même période de six ans, le nombre de buveuses excessives et de femmes dont la consommation excessive était irrégulière pendant le premier trimestre de la grossesse est resté stable. Malheureusement, les auteurs de cette étude n’ont pas fourni d’autre information sur le lien entre les niveaux de consommation abusive d’alcool pendant la grossesse et le statut ethnique, le statut socio-économique, l’âge, le niveau de scolarisation et la situation de famille, ce qui aurait permis de mieux préciser la situation des femmes à risque plus élevé. Bon nombre d’études préliminaires sur la grossesse et les problèmes de dépendance aux substances psychoactives ont permis de constater que beaucoup de femmes avaient diminué ou avaient complètement cessé de consommer de l’alcool et d’autres substances psychoactives pendant leur grossesse. Un certain pourcentage de ces femmes l’ont fait sans avoir recours à un programme d’aide ou d’intervention, soit en raison de réactions physiologiques indésirables à l’alcool ou du souci manifesté à l’égard du foetus en cours de développement (Smith, Lancaster et coll., 1987). Dans de nombreuses études, les femmes faisant partie du groupe des buveuses excessives avaient diminué leur consommation d’alcool sans intervention. A titre d’exemple, Little et ses collaborateurs (1976) rapportent que 40 % des consommatrices excessives d’alcool (>0,5 onces d’alcool absolu par jour) avaient diminué leur consommation d’alcool une fois arrivées au huitième mois de grossesse. Little et Streissguth (1978), ayant mené une étude rétrospective, ont découvert que 51 % des femmes alcooliques (n = 41) ont réduit leur consommation d’alcool pendant leur grossesse. Quant à Fried et ses collaborateurs (1980), ils ont rapporté à la suite de leur étude une diminution de la consommation d’alcool après le troisième trimestre de la grossesse, s’établissant dans le cas des femmes ayant un niveau bas de consommation à 30 %, et de celles ayant un niveau modéré à 12 % et les buveuses excessives à 18 %. 163

Chapitre 8<br />

au moment de la grossesse. Streissguth et ses collaborateurs ont aussi fait état d’une diminution <strong>du</strong><br />

nombre de femmes ayant fait part de leur consommation de cinq verres ou plus au cours d’une seule<br />

occasion; toutefois, il n’y avait pas de changement au niveau de la consommation excessive irrégulière<br />

autour <strong>du</strong> moment de la conception.<br />

Dans le cadre de son étude, Streissguth a fait une constatation intéressante, à savoir que même si <strong>les</strong><br />

femmes avaient diminué leur consommation de vin (40 %) et de boissons fortes (50 %) après avoir<br />

appris leur état de grossesse, el<strong>les</strong> avaient cependant moins tendance à cesser de boire de la bière (30 %).<br />

Streissguth et ses collaborateurs (1983) expliquent que ce pourcentage inférieur de femmes ayant ré<strong>du</strong>it<br />

la consommation de bière vient sans doute <strong>du</strong> fait que certaines femmes ne considèrent pas la bière<br />

comme une boisson alcoolisée au même titre que <strong>les</strong> autres ou que <strong>les</strong> consommatrices de bière<br />

représentent sans doute une population différente de celle des consommatrices de vin et de boisson<br />

forte. Des données obtenues dans le cadre de cette étude indiquent que <strong>les</strong> femmes buvant de la bière<br />

peuvent appartenir à un groupe peu scolarisé et à des groupes désavantagés sur le plan socio-économique.<br />

Les femmes qui ont ré<strong>du</strong>it leur consommation d’alcool pendant la grossesse en nombre plus élevé<br />

étaient des femmes plus âgées et ayant fait des études avancées.<br />

Parmi la cohorte de 1980-1981, la proportion de consommatrices excessives d’alcool est restée constante;<br />

par contre, la consommation excessive irrégulière d’alcool pendant la grossesse a diminué significativement<br />

au cours de la période de six ans, tout comme la consommation d’alcool fort. Pendant cette même<br />

période de six ans, le nombre de buveuses excessives et de femmes dont la consommation excessive était<br />

irrégulière pendant le premier trimestre de la grossesse est resté stable. Malheureusement, <strong>les</strong> auteurs de<br />

cette étude n’ont pas fourni d’autre information sur le lien entre <strong>les</strong> niveaux de consommation abusive<br />

d’alcool pendant la grossesse et le statut ethnique, le statut socio-économique, l’âge, le niveau de<br />

scolarisation et la situation de famille, ce qui aurait permis de mieux préciser la situation des femmes à<br />

risque plus élevé.<br />

Bon nombre d’études préliminaires sur la grossesse et <strong>les</strong> problèmes de dépendance aux substances<br />

psychoactives ont permis de constater que beaucoup de femmes avaient diminué ou avaient complètement<br />

cessé de consommer de l’alcool et d’autres substances psychoactives pendant leur grossesse. Un certain<br />

pourcentage de ces femmes l’ont fait sans avoir recours à un programme d’aide ou d’intervention, soit<br />

en raison de réactions physiologiques indésirab<strong>les</strong> à l’alcool ou <strong>du</strong> souci manifesté à l’égard <strong>du</strong> foetus en<br />

cours de développement (Smith, Lancaster et coll., 1987). Dans de nombreuses études, <strong>les</strong> femmes<br />

faisant partie <strong>du</strong> groupe des buveuses excessives avaient diminué leur consommation d’alcool sans<br />

intervention. A titre d’exemple, Little et ses collaborateurs (1976) rapportent que 40 % des<br />

consommatrices excessives d’alcool (>0,5 onces d’alcool absolu par jour) avaient diminué leur<br />

consommation d’alcool une fois arrivées au huitième mois de grossesse. Little et Streissguth (1978),<br />

ayant mené une étude rétrospective, ont découvert que 51 % des femmes alcooliques (n = 41) ont<br />

ré<strong>du</strong>it leur consommation d’alcool pendant leur grossesse. Quant à Fried et ses collaborateurs (1980),<br />

ils ont rapporté à la suite de leur étude une diminution de la consommation d’alcool après le troisième<br />

trimestre de la grossesse, s’établissant dans le cas des femmes ayant un niveau bas de consommation à<br />

30 %, et de cel<strong>les</strong> ayant un niveau modéré à 12 % et <strong>les</strong> buveuses excessives à 18 %.<br />

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