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Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Chapitre 8<br />

Poole fait observer qu’au premier plan des influences de type psychosocial exercées sur la consommation<br />

d’alcool des femmes et de l’abus d’alcool, il y a le stigmate émanant d’attitudes sociéta<strong>les</strong> à l’égard de la<br />

consommation de substances psychoactives des femmes (1997; Finkelstein, Kennedy et coll., 1997).<br />

Dans la majorité des cas, la femme intériorise ce stigmate sociétal, ce qui suscite <strong>chez</strong> elle un sentiment<br />

de forte culpabilité et de honte s’intensifiant à mesure qu’elle continue à consommer ou à abuser de<br />

l’alcool. Poole ajoute que ce sentiment de culpabilité et de honte sous-tend la crainte, souvent justifiée,<br />

de la femme ayant des problèmes d’abus de substances psychoactives de perdre la garde de ses enfants si<br />

<strong>les</strong> personnes investies de l’autorité en cette matière sont averties de sa consommation de substances<br />

psychoactives (1997; Tait, 2000a).<br />

Perceptions des médecins<br />

Dans le cadre d’une étude menée en 1996 auprès de 500 obstétriciens, pédiatres et omnipraticiens au<br />

Michigan à qui on a demandé de remplir un questionnaire sur le SAF, un tiers des participants a répon<strong>du</strong><br />

que le SAF pouvait résulter de la consommation d’une quantité aussi faible qu’un verre d’alcool par jour<br />

(Abel et Kruger, 1998). Cette croyance persiste, malgré le fait, selon Abel (1998a), qu’il n’y a pas un seul<br />

exemple ou une seule occurrence dans <strong>les</strong> centaines de rapports de cas et d’études cliniques recensés<br />

dans la documentation scientifique où la mère d’un enfant affecté <strong>du</strong> SAF n’était pas alcoolique. Ernest<br />

Abel fait référence aux travaux de recherche <strong>du</strong> Dr. Hans-Ludwig Spohr, un chercheur réputé s’étant<br />

penché sur le SAF :<br />

[TRADUCTION] Dr. Hans-Ludwig Spohr, dont l’expérience clinique acquise sur le<br />

syndrome s’est prolongée pendant plusieurs décennies, a fait remarquer que <strong>les</strong> cliniciens,<br />

alors qu’ils étaient auparavant sceptiques à l’effet que des troub<strong>les</strong> ou des manifestations<br />

comme le syndrome d’alcoolisme foetal puissent exister, ont abandonné leur scepticisme<br />

pour en venir maintenant à diagnostiquer le SAF un peu trop facilement : « De prime<br />

abord, lors <strong>du</strong> dépistage <strong>du</strong> SAF, <strong>les</strong> pédiatres ne pensaient pas qu’il s’agissait d’un<br />

syndrome spécifique. A l’heure actuelle, ils commencent à poser un diagnostic par<br />

association. Ils voient un enfant à l’apparence bizarre, inaccoutumée, ils se rappellent<br />

avoir enten<strong>du</strong> parler <strong>du</strong> SAF, et si quelqu’un fait mention que la mère a l’habitude de<br />

boire, ils posent le diagnostic » (Spohr, 1984 : 153 ; ajout de l’italique) (Abel, 1998a : 7).<br />

Ernest Abel (1998a) soutient que, étant donné l’impression erronée suscitée par le terme « syndrome<br />

d’alcoolisation <strong>foetale</strong> », un grand nombre de cliniciens pensent à présent que même des quantités<br />

minima<strong>les</strong> d’alcool consommées pendant la grossesse peuvent causer le SAF. Les études scientifiques<br />

reflètent aussi cette façon de penser, particulièrement <strong>les</strong> publications sur la consommation d’alcool et<br />

la santé publique, qui font clairement état <strong>du</strong> fait qu’on ne sait pas encore s’il y a des niveaux de<br />

consommation d’alcool sans risque, et s’il y a pendant la grossesse un moment ou un stade de<br />

développement <strong>du</strong> foetus sans risque pour consommer de l’alcool (Funkhouser et Denniston, 1985;<br />

Ser<strong>du</strong>la, Williamson et coll., 1991).<br />

L’alcool peut être perçu par <strong>les</strong> femmes enceintes et <strong>les</strong> prestataires de services comme une substance<br />

psychoactive moins préjudiciable pour le développement <strong>du</strong> foetus (notamment parce que la<br />

consommation d’alcool est légale et que celui-ci est largement consommé par <strong>les</strong> femmes) que la<br />

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