Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Chapitre 7 [TRADUCTION] ... les patientes buveuses excessives sont presque trois fois plus susceptibles d’avoir eu des soins psychiatriques antérieurs ou des consultations avec le service social; il n’y avait que quelques autres différences dans les antécédents médicaux entre les deux groupes. Par contre, la comparaison initiale a révélé que les antécédents obstétriques des femmes consommatrices excessives d’alcool étaient beaucoup plus graves que les femmes du groupe de référence. Étant donné que les buveuses excessives avaient eu précédemment plusieurs grossesses, on a limité la comparaison à des patientes ayant des antécédents de grossesse. En contrôlant ainsi la gravidité, on a observé que le groupe de consommatrices d’alcool étaient deux fois plus susceptibles d’avoir une histoire d’avortement à répétition (trois ou plus consécutifs, avortements spontanés à répétition). De plus, on a relevé une augmentation de 1, 5 fois d’interruptions de grossesse et d’autres bébés de petit poids lors de naissance précédente; on compte aussi dans le groupe de femmes consommatrices d’alcool 4 fois plus d’incidences d’anomalie du foetus lors de grossesses précédentes (1980 : 138). En conclusion, Sokol et ses collaborateurs (1980) font remarquer que les études prospectives de cohortes qui effectuent des adaptations aux variables confusionnelles, comme leur propre étude, ne sont jamais achevées et par conséquent, les inférences à l’égard de l’étiologie doivent être interprétées avec circonspection et être considérées comme des suppositions. Par ailleurs, ils ajoutent qu’en dépit de ses lacunes méthodologiques, l’étude démontre nettement que le taux de prévalence du SAF établi par leur étude n’est que « la partie émergée de l’iceberg ». Le Programme de surveillance des anomalies congénitales du Center for Disease Control (CDC) (1993), qui s’appuie sur les données fournies par les permis de sortie des nouveaux-nés dans les hôpitaux (enfants vivants et des enfants morts-nés), a recueilli des données sur le taux de fréquence du SAF chez les nouveaux-nés depuis 1979. De 1979 à 1992, un total de 1782 cas de SAF ont été rapportés sur 9 057 624 naissances, un taux de 0, 2 cas par 1000 naissances. L’augmentation du taux de fréquence a été établie comme suit, passant de 0, 1 cas par 1000 naissances en 1979 à environ 0, 4 cas par 1000 naissances en 1991, ce qui est l’indication d’une augmentation sur le plan du dépistage et du signalement des cas par les médecins ou d’une véritable recrudescence de la fréquence des cas. Dans un autre rapport du CDC publié en 1993, on rapportait 126 cas sur 188 905 nouveaux-nés, un taux de 0, 67 cas par 1000 naissances. Globalement, pendant la période de 1979 à 1993, on a donc relevé 2032 cas sur 9 434 560 nouveaux-nés, un taux de 0, 22 cas par 1000 naissances (CDC, 1995). Pourtant, comme on ne connaît pas la sensibilité, ni la spécificité, des données du programme de surveillance des anomalies congénitales, il est donc difficile d’interpréter l’augmentation de la fréquence du SAF. En essayant d’établir une estimation plus juste de la prévalence du SAF dans une population définie, le CDC a réuni les données du Metropolitan Atlanta Congenital Defects Program (MACDP) et du Metropolitan Atlanta Developmental Disabilities Surveillance Program (MADDSP) concernant les enfants nés à Atlanta entre 1981 et 1989 (CDC, 1997). Pendant cette période de l’étude, les deux programmes combinés ont identifié 92 enfants affectés possiblement du SAF; la prévalence observée au moment de la flambée de cas de SAF se situait à 10 cas par 1000 naissances d’enfant vivant. 138

Chapitre 7 A partir des données recueillies en 1990 par la National Institute on Drug Abuse (NIDA) House-hold Survey [ [TRADUCTION] enquête auprès des ménages menée par l’institut national de l’abus des drogues], les chercheurs ont estimé que du nombre approximatif de 60 millions de femmes en âge de procréer (15 à 44 ans) visées par l’enquête aux États-Unis, 50, 8 % ont consommé de l’alcool, 29 % ont fumé des cigarettes, 6, 5 % ont consommé de la marijuana, 0, 9 % de la cocaïne et 8, 0 % un type de drogue illicite au cours du mois précédant l’entretien dans le cadre de cette étude (National Institute on Drug Abuse, 1991). Un certain nombre d’études ont tenté d’évaluer les changements survenus en matière de consommation d’alcool pendant la grossesse. Serdula et ses collaborateurs (1991) ont analysé des données portant sur 38 244 femmes (âgées entre 18 et 45 ans) ayant été sélectionnées au hasard dans 21 états américains, sur une période de 4 ans, commençant en 1985. Dans l’ensemble, 429 (25 %) femmes sur les 1712 femmes enceintes et 19 903 (55 %) femmes sur les 36 057 femmes non-enceintes ont rapporté avoir consommé de l’alcool au cours du mois précédent. Même si la prévalence de consommation d’alcool chez les femmes enceintes a constamment décliné, passant de 32 % en 1985 à 20 % en 1988, le nombre médian de verres par mois consommés par les femmes enceintes consommatrices d’alcool n’a pas changé. Dans le cadre d’une autre étude américaine (Day, Richardson et coll., 1990) sur les femmes enceintes, les chercheurs ont constaté que 44 % des femmes considérées comme des buveuses excessives avant de devenir enceintes avaient sensiblement diminué leur consommation pendant leur grossesse, mais par contre, étaient revenues à un niveau de consommation d’alcool équivalent à celui prégrossesse après leur accouchement. Autres pays Bon nombre d’études épidémiologiques portant sur le SAF et les EAF ont été menées à l’extérieur de l’Amérique du Nord. Dans le cadre d’une étude visant à appuyer l’établissement d’un instrument normalisé pour évaluer les symptômes associés au SAF, tous les bébés nés de femmes inscrites depuis 1970 à un traitement de l’alcoolisme à Budapest en Hongrie, ayant donné naissance à un enfant après le 1er janvier 1964, ont été évalués. Du nombre de 301 enfants visés par cette étude, 25 cas ont répondu aux critères diagnostiques généraux du SAF (une incidence de 83 cas par 1000 naissances), tous ces enfants ayant été confirmés être nés de mères consommatrices d’alcool pendant leur grossesse (Vitez, Koranyi et coll., 1984). La population échantillon étudiée n’était pas représentative de la population générale, étant donné que ces femmes étaient toutes inscrites à un traitement de l’alcoolisme. Dans une lettre publiée en 1985, Palmer a rapporté l’incidence du SAF dans un hôpital à Cape Town, en Afrique du Sud. Pendant la période de 12 mois s’étalant de juillet 1984 à la fin de juin 1985, un diagnostic de SAF a été établi dans le cas de 14 bébés, une incidence de 1 cas pour 281 nouveaux-nés (3, 6 cas par 1000 naissances). Quant à l’incidence dans le cas des enfants de couleur, elle se situait à 1 cas pour 196 bébés (5, 1 cas par 1000 naissances) et à 1 cas pour 1395 bébés (2, 5 cas par 1000 naissances) chez la population de race noire; les Blancs n’ont pas été évalués à cet hôpital. La majorité de ces femmes venaient de milieux socio économiques défavorisés; cette étude a été effectuée pendant l’apartheid en Afrique du Sud. Dans tous les cas, la consommation excessive d’alcool ou l’abus d’alcool pendant la grossesse par les mères visées a été confirmée; beaucoup de ces femmes ont rapporté n’être 139

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[TRADUCTION] ... <strong>les</strong> patientes buveuses excessives sont presque trois fois plus<br />

susceptib<strong>les</strong> d’avoir eu des soins psychiatriques antérieurs ou des consultations avec le<br />

service social; il n’y avait que quelques autres différences dans <strong>les</strong> antécédents médicaux<br />

entre <strong>les</strong> deux groupes. Par contre, la comparaison initiale a révélé que <strong>les</strong> antécédents<br />

obstétriques des femmes consommatrices excessives d’alcool étaient beaucoup plus graves<br />

que <strong>les</strong> femmes <strong>du</strong> groupe de référence. Étant donné que <strong>les</strong> buveuses excessives avaient<br />

eu précédemment plusieurs grossesses, on a limité la comparaison à des patientes ayant<br />

des antécédents de grossesse. En contrôlant ainsi la gravidité, on a observé que le groupe<br />

de consommatrices d’alcool étaient deux fois plus susceptib<strong>les</strong> d’avoir une histoire<br />

d’avortement à répétition (trois ou plus consécutifs, avortements spontanés à répétition).<br />

De plus, on a relevé une augmentation de 1, 5 fois d’interruptions de grossesse et d’autres<br />

bébés de petit poids lors de naissance précédente; on compte aussi dans le groupe de<br />

femmes consommatrices d’alcool 4 fois plus d’incidences d’anomalie <strong>du</strong> foetus lors de<br />

grossesses précédentes (1980 : 138).<br />

En conclusion, Sokol et ses collaborateurs (1980) font remarquer que <strong>les</strong> études prospectives de cohortes<br />

qui effectuent des adaptations aux variab<strong>les</strong> confusionnel<strong>les</strong>, comme leur propre étude, ne sont jamais<br />

achevées et par conséquent, <strong>les</strong> inférences à l’égard de l’étiologie doivent être interprétées avec<br />

circonspection et être considérées comme des suppositions. Par ailleurs, ils ajoutent qu’en dépit de ses<br />

lacunes méthodologiques, l’étude démontre nettement que le taux de prévalence <strong>du</strong> SAF établi par leur<br />

étude n’est que « la partie émergée de l’iceberg ».<br />

Le Programme de surveillance des anomalies congénita<strong>les</strong> <strong>du</strong> Center for Disease Control (CDC) (1993),<br />

qui s’appuie sur <strong>les</strong> données fournies par <strong>les</strong> permis de sortie des nouveaux-nés dans <strong>les</strong> hôpitaux (enfants<br />

vivants et des enfants morts-nés), a recueilli des données sur le taux de fréquence <strong>du</strong> SAF <strong>chez</strong> <strong>les</strong><br />

nouveaux-nés depuis 1979. De 1979 à 1992, un total de 1782 cas de SAF ont été rapportés sur 9 057<br />

624 naissances, un taux de 0, 2 cas par 1000 naissances. L’augmentation <strong>du</strong> taux de fréquence a été<br />

établie comme suit, passant de 0, 1 cas par 1000 naissances en 1979 à environ 0, 4 cas par 1000<br />

naissances en 1991, ce qui est l’indication d’une augmentation sur le plan <strong>du</strong> dépistage et <strong>du</strong> signalement<br />

des cas par <strong>les</strong> médecins ou d’une véritable recrudescence de la fréquence des cas. Dans un autre rapport<br />

<strong>du</strong> CDC publié en 1993, on rapportait 126 cas sur 188 905 nouveaux-nés, un taux de 0, 67 cas par<br />

1000 naissances. Globalement, pendant la période de 1979 à 1993, on a donc relevé 2032 cas sur 9 434<br />

560 nouveaux-nés, un taux de 0, 22 cas par 1000 naissances (CDC, 1995). Pourtant, comme on ne<br />

connaît pas la sensibilité, ni la spécificité, des données <strong>du</strong> programme de surveillance des anomalies<br />

congénita<strong>les</strong>, il est donc difficile d’interpréter l’augmentation de la fréquence <strong>du</strong> SAF.<br />

En essayant d’établir une estimation plus juste de la prévalence <strong>du</strong> SAF dans une population définie, le<br />

CDC a réuni <strong>les</strong> données <strong>du</strong> Metropolitan Atlanta Congenital Defects Program (MACDP) et <strong>du</strong><br />

Metropolitan Atlanta Developmental Disabilities Surveillance Program (MADDSP) concernant <strong>les</strong><br />

enfants nés à Atlanta entre 1981 et 1989 (CDC, 1997). Pendant cette période de l’étude, <strong>les</strong> deux<br />

programmes combinés ont identifié 92 enfants affectés possiblement <strong>du</strong> SAF; la prévalence observée au<br />

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