Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...
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Chapitre 7 plus de vingt ans, il y a beaucoup d’autres difficultés rattachées à ce type d’entretien. A titre d’exemple, du nombre de femmes (51 %) ayant rapporté avoir bu pendant une ou plusieurs grossesses, il n’y a pas eu d’enquête quant au nombre de femmes ayant consommé de l’alcool avant de savoir qu’elles étaient enceintes et celui des femmes ayant cessé de boire une fois qu’elles ont appris leur état de grossesse. Il s’agit là d’une question clé pour mieux comprendre la problématique de la consommation d’alcool pendant la grossesse, non seulement dans le cas des femmes autochtones, mais également dans celui des femmes en général (Tait, 2003). En plus, comme on a tenu compte de témoignages rétrospectifs de consommation d’alcool pendant la grossesse, un certain pourcentage de femmes ayant participé à l’étude de Williams et Gloster ont déclaré avoir bu pendant une grossesse remontant à une époque où les risques de consommation d’alcool pendant la grossesse étaient inconnus ou venaient seulement d’être découverts par des études de recherche médicale. Cette constatation ressort de l’information recueillie auprès de femmes et d’hommes ayant répondu à cette étude qui ont révélé leur consommation d’alcool, ou la consommation de la conjointe pendant la grossesse. Du nombre des témoignages rétrospectifs sur la grossesse des femmes qui, au moment de l’étude, avaient plus de 40 ans (n = 126), 82 % de ces femmes ont rapporté avoir consommé de l’alcool pendant une ou plusieurs grossesses, comparativement à 42 % des femmes appartenant à la cohorte du groupe d’âge des moins de 40 ans. Ces données sont très différentes de celles de l’étude américaine Center for Disease Control (CDC) à laquelle Williams et Gloster ont fait référence aux fins de comparaison. L’étude CDC (1997) a analysé la consommation d’alcool chez les femmes enceintes pendant la période de 1991 à 1995, une période où les risques de consommation d’alcool pendant la grossesse étaient fortement publicisés aux États-Unis. L’étude CDC n’était pas non plus une étude rétrospective, ayant été effectuée au moment où les femmes participant à l’étude étaient enceintes et, par le fait même, rendant plus probable que les participantes sous-déclarent leur consommation d’alcool (se reporter à l’exemple, Jacobson, Jacobson, Sokol, Martier, Ager et coll., 1991). Dans le cadre de leur analyse, Williams et Gloster n’ont pas su reconnaître que les femmes autochtones pouvaient être probablement plus enclines à faire part avec précision de leur consommation d’alcool, même pendant leur grossesse, en raison d’une constatation encore plus généralisée chez les Autochtones que chez les non Autochtones que l’abus et la consommation d’alcool est un problème de santé et un problème social au sein de leur société. Étant donné cette reconnaissance collective de l’existence du problème, il semble plus acceptable dans certains cas pour les femmes autochtones ayant des problèmes de dépendance à l’égard des substances psychoactives de parler ouvertement de leur consommation ou de leur abus de substances psychoactives (Tait, 2003). 27 27 Le but de ces propos n’est pas de laisser croire que toutes les femmes autochtones ont l’impression de pouvoir parler ouvertement et librement d’un problème d’abus de substances psychoactives. Bon nombre de celles qui sont affligées par des problèmes d’abus des substances psychoactives ont plutôt l’impression d’être stigmatisées par leur famille et les membres de leur communauté, de même que par le public en général. Elles ont donc des réticences à parler de leur consommation. Par contre, depuis deux décennies, du fait qu’il y a une sensibilisation accrue et une sensibilité suscitée par des programmes de lutte contre les dépendances chez les Autochtones et une volonté de la part des communautés de traiter ces problèmes de dépendance, bon nombre de femmes autochtones ayant des problèmes de consommation excessive de substances se sentent plus libres, en sécurité, et n’hésitent pas à admettre leur dépendance aux substances psychoactives, à parler de ce problème et à s’y attaquer. 128
Chapitre 7 En fait, beaucoup d’Autochtones sont d’avis que d’avouer publiquement dans un environnement thérapeutique des problèmes d’abus d’alcool peut être bénéfique pour amorcer un processus de rétablissement. Cette attitude est différente de celle de la population générale canadienne; en effet, les personnes, particulièrement les femmes, sont plus susceptibles de croire qu’elles seront stigmatisées si elles admettent, quel que soit le contexte, qu’elles abusent de l’alcool. Des campagnes de promotion de santé publique fortement publicisées transmettant le message que n’importe quelle quantité d’alcool consommée pendant la grossesse est dommageable au développement du foetus ont beaucoup contribué à accroître la stigmatisation associée à la consommation abusive d’alcool de la femme et à influencer probablement la sous-déclaration de nombreuses femmes quant à leur consommation d’alcool (Tait, 2003). Dans le cadre de son étude documentaire faisant la recension des écrits publiés dans le domaine de la recherche sur la prévalence de la consommation d’alcool avant ou pendant la grossesse, Abel (1998a) a constaté que les femmes européennes et australiennes, ainsi que les femmes canadiennes et américaines, indiquent presque le même taux de consommation d’alcool. Dans les études américaines et canadiennes, le taux de prévalence de la consommation d’alcool avant ou pendant la grossesse est respectivement de 68 % et de 49 %. Ce taux se rapproche beaucoup de celui de 51 % rapporté dans l’étude de Williams et Gloster (1999), ce qui indiquerait, selon toute vraisemblance, que le taux de consommation d’alcool pendant la grossesse chez les femmes autochtones ayant participé à l’étude est équivalent à celui des Nord-Américaines, de même qu’à celui ressortant de constatations à l’échelle internationale. Cependant, une question reste en suspens, à savoir pour quelle raison Williams et Gloster ont décidé de comparer les données de leur étude à celles d’une étude indiquant que les femmes autochtones du Nord du Manitoba seraient quatre fois plus susceptibles de consommer de l’alcool pendant leur grossesse que celles de la population en général. Bon nombre d’études, comme celle de Williams et Gloster (1999), ayant analysé la prévalence de la consommation d’alcool pendant la grossesse ne rapportent pas de données sur l’issue de la grossesse, notamment le taux de SAF et des EAF chez les bébés nés par suite des grossesses étudiées. Par conséquent, des constatations indiquant que 51 % des femmes participant à l’étude ont bu pendant leur grossesse ne devraient pas être automatiquement interprétées comme l’indication d’un taux élevé de SAF ou des EAF. De plus, il ne faudrait pas non plus considérer le manque de connaissance du côté des participantes en ce qui a trait à la relation entre la consommation d’alcool pendant la grossesse et les conséquences ou issue de la grossesse comme une indication automatique de comportement à « risque élevé » chez les participantes. Dans l’étude de Williams et Gloster, on présume qu’en répondant affirmativement à la déclaration suivante, « qu’un niveau de consommation d’alcool modéré peut être sans risque pendant une grossesse » et « la consommation d’alcool du père peut affecter biologiquement le bébé à naître » (1999 : 836), il y a là indication que les participantes et les conjoints ne connaissent pas les risques liés à la consommation d’alcool pendant la grossesse ou sont mal informés à ce sujet. Williams et Gloster laissent manifestement entendre que, dans le cadre de leur étude, une réponse affirmative à l’un ou l’autre des énoncés précédents indique que les participantes peuvent adopter un comportement à risque attribuable à leurs idées fausses. Par contre, des chercheurs dans le domaine médical s’accordent à dire de façon générale qu’un niveau de consommation d’alcool modéré peut être 129
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enceintes et celui des femmes ayant cessé de boire une fois qu’el<strong>les</strong> ont appris leur état de grossesse. Il<br />
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pendant la grossesse, non seulement dans le cas des femmes <strong>autochtones</strong>, mais également dans celui des<br />
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En plus, comme on a tenu compte de témoignages rétrospectifs de consommation d’alcool pendant la<br />
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avoir bu pendant une grossesse remontant à une époque où <strong>les</strong> risques de consommation d’alcool<br />
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médicale. Cette constatation ressort de l’information recueillie auprès de femmes et d’hommes ayant<br />
répon<strong>du</strong> à cette étude qui ont révélé leur consommation d’alcool, ou la consommation de la conjointe<br />
pendant la grossesse.<br />
Du nombre des témoignages rétrospectifs sur la grossesse des femmes qui, au moment de l’étude, avaient<br />
plus de 40 ans (n = 126), 82 % de ces femmes ont rapporté avoir consommé de l’alcool pendant une ou<br />
plusieurs grossesses, comparativement à 42 % des femmes appartenant à la cohorte <strong>du</strong> groupe d’âge des<br />
moins de 40 ans. Ces données sont très différentes de cel<strong>les</strong> de l’étude américaine Center for Disease<br />
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(1997) a analysé la consommation d’alcool <strong>chez</strong> <strong>les</strong> femmes enceintes pendant la période de 1991 à<br />
1995, une période où <strong>les</strong> risques de consommation d’alcool pendant la grossesse étaient fortement<br />
publicisés aux États-Unis. L’étude CDC n’était pas non plus une étude rétrospective, ayant été effectuée<br />
au moment où <strong>les</strong> femmes participant à l’étude étaient enceintes et, par le fait même, rendant plus<br />
probable que <strong>les</strong> participantes sous-déclarent leur consommation d’alcool (se reporter à l’exemple,<br />
Jacobson, Jacobson, Sokol, Martier, Ager et coll., 1991).<br />
Dans le cadre de leur analyse, Williams et Gloster n’ont pas su reconnaître que <strong>les</strong> femmes <strong>autochtones</strong><br />
pouvaient être probablement plus enclines à faire part avec précision de leur consommation d’alcool,<br />
même pendant leur grossesse, en raison d’une constatation encore plus généralisée <strong>chez</strong> <strong>les</strong> Autochtones<br />
que <strong>chez</strong> <strong>les</strong> non Autochtones que l’abus et la consommation d’alcool est un problème de santé et un<br />
problème social au sein de leur société. Étant donné cette reconnaissance collective de l’existence <strong>du</strong><br />
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de dépendance à l’égard des substances psychoactives de parler ouvertement de leur consommation ou<br />
de leur abus de substances psychoactives (Tait, 2003). 27<br />
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ouvertement et librement d’un problème d’abus de substances psychoactives. Bon nombre de cel<strong>les</strong> qui sont affligées par<br />
des problèmes d’abus des substances psychoactives ont plutôt l’impression d’être stigmatisées par leur famille et <strong>les</strong> membres<br />
de leur communauté, de même que par le public en général. El<strong>les</strong> ont donc des réticences à parler de leur consommation.<br />
Par contre, depuis deux décennies, <strong>du</strong> fait qu’il y a une sensibilisation accrue et une sensibilité suscitée par des programmes<br />
de lutte contre <strong>les</strong> dépendances <strong>chez</strong> <strong>les</strong> Autochtones et une volonté de la part des communautés de traiter ces problèmes<br />
de dépendance, bon nombre de femmes <strong>autochtones</strong> ayant des problèmes de consommation excessive de substances se<br />
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