28.08.2013 Views

Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Chapitre 7<br />

Dans le cadre d’une deuxième étude menée <strong>chez</strong> <strong>les</strong> Autochtones <strong>du</strong> nord <strong>du</strong> Manitoba, Williams et<br />

Gloster (1999) ont soutenu que 51 % des femmes interviewées (taille de l’échantillon = 242 femmes)<br />

ont déclaré avoir consommé de l’alcool pendant une ou plusieurs grossesses. Ils ont aussi rapporté que<br />

39 % d’entre el<strong>les</strong> avaient fait usage d’autres drogues, 10 % avaient inhalé des solvants et 61 % avait<br />

fumé des cigarettes pendant une ou plusieurs grossesses. En s’appuyant sur ces constatations, <strong>les</strong> auteurs<br />

ont conclu que le taux de consommation d’alcool et de drogues pendant la grossesse des femmes<br />

<strong>autochtones</strong> <strong>du</strong> nord <strong>du</strong> Manitoba est « assez élevé ».<br />

D’autre part, le plan de recherche de cette étude n’incluait pas, pour <strong>les</strong> besoins de comparaison, un<br />

groupe type de femmes non <strong>autochtones</strong> ou de femmes <strong>autochtones</strong> d’une région différente <strong>du</strong> Canada<br />

(Tait, 2003). Par conséquent, même si <strong>les</strong> chercheurs allèguent que la consommation d’alcool et de<br />

drogues pendant la grossesse est élevée, ils ne nous donnent aucune précision en quoi ou par rapport à<br />

quoi cette consommation est supérieure. Conscients de ce manque d’échantillon de référence, Williams<br />

et Gloster (1999) essaient de compenser cette lacune méthodologique en comparant leurs constatations<br />

à une étude américaine ayant examiné la grossesse et la consommation d’alcool. Dans cette étude (CDC,<br />

1997), seulement 16 % des femmes enceintes ayant participé à l’enquête ont rapporté avoir consommé<br />

de l’alcool pendant leur grossesse. Selon Williams et Gloster, ces données peuvent raisonnablement être<br />

comparées aux 51 % des femmes <strong>autochtones</strong> de leur étude qui ont bu pendant leur grossesse.<br />

Même si cette approche peut, au premier abord, sembler simple et correcte, ce type de comparaison<br />

d’études croisées peut présenter bien des problèmes. En effet, on fait valoir que ce type de comparaison,<br />

loin d’être valide, s’avère plutôt une utilisation théorique de données statistiques par <strong>les</strong> auteurs dans le<br />

but de faire ressortir un point en particulier, notamment le fait que ce taux de consommation de drogues<br />

et d’alcool pendant la grossesse <strong>chez</strong> <strong>les</strong> femmes <strong>autochtones</strong> <strong>du</strong> nord <strong>du</strong> Manitoba est « assez élevé »<br />

(Tait, 2003).<br />

L’utilisation de données statistiques à des fins rhétoriques n’est pas une nouvelle façon de faire dans <strong>les</strong><br />

domaines de la recherche médicale où <strong>les</strong> chercheurs présentent des données non concluantes et<br />

simplement suggestives de directions ou d’orientations possib<strong>les</strong> pour des interventions, comme des<br />

services et des programmes communautaires. C’est particulièrement vrai dans le cas des maladies<br />

« évitab<strong>les</strong> » comme le SAF et <strong>les</strong> EAF, des champs où <strong>les</strong> chercheurs voient dans la présentation de leurs<br />

constatations la possibilité d’influencer sur le plan de la prévention et de l’intervention <strong>les</strong> décideurs ou<br />

<strong>les</strong> dirigeants, <strong>les</strong> organismes de financement, <strong>les</strong> services professionnels de la santé et des services sociaux<br />

et <strong>les</strong> collectivités loca<strong>les</strong>. Il n’en reste pas moins que, dans le cas d’une étude comme celle de Williams<br />

et Gloster, ce qui est source de complications, c’est que le plan de leur étude ne leur donne pas la<br />

possibilité d’obtenir toutes <strong>les</strong> données nécessaires, suffisantes, pour corroborer bon nombre des allégations<br />

qu’ils ont faites dans leur exposé (Tait, 2003).<br />

L’étude de Williams et Gloster est fondée sur de l’information obtenue au cours d’entrevues d’une <strong>du</strong>rée<br />

de 5 à 10 minutes (dans certains cas, avec l’aide d’un interprète cri) avec des Autochtones. Au cours de<br />

cette courte période, on a recueilli des données démographiques, de l’information sur la consommation<br />

d’alcool et de drogue pendant la grossesse et sur la connaissance de la participante des risques liés à la<br />

consommation d’alcool pendant la grossesse. Outre le fait que <strong>les</strong> personnes devaient remplir des<br />

questionnaires à la hâte, sans parler d’autres problèmes évidents, comme la difficulté qu’avaient <strong>les</strong><br />

participantes de se rappeler si el<strong>les</strong> avaient consommé de l’alcool pendant une grossesse remontant à<br />

127

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!