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Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Chapitre 7<br />

Williams et Gloster (1999) ont mené une étude pour évaluer la fréquence <strong>du</strong> SAF dans le nord-est <strong>du</strong><br />

Manitoba. Ils ont passé en revue <strong>les</strong> dossiers d’hospitalisation relatifs à toutes <strong>les</strong> naissances d’enfants<br />

vivants survenues à l’hôpital de Thompson, desservant 50 000 personnes de cette ville <strong>du</strong> nord. Des<br />

chercheurs ont constaté qu’en 1994, <strong>du</strong> nombre total de 745 naissances, 90 cas ont dû rester hospitalisés<br />

pour des évaluations plus poussées en rapport avec le SAF; <strong>les</strong> autres bébés ont été exclus de l’étude,<br />

notamment ceux dont le poids à la naissance était normal, ceux dont le périmètre crânien n’était pas<br />

trop petit, et ceux qui n’avaient pas de retard de développement, ou qui, même en ayant <strong>les</strong> caractéristiques<br />

<strong>du</strong> SAF à la naissance, <strong>les</strong> avaient per<strong>du</strong>es après deux ans de suivi. Quarante et un enfants sur <strong>les</strong> 90 <strong>du</strong><br />

nombre restant ont été examinés par un médecin; <strong>les</strong> 49 autres n’ont pas été examinés en raison des<br />

difficultés à organiser l’examen de suivi dans la collectivité d’origine trop éloignée de certains de ces<br />

enfants (n = 16), d’autres enfants n’ont pas pu être repérés par l’équipe de recherche (n = 8) et enfin, la<br />

collectivité d’origine de certains enfants n’a pas accordé l’autorisation aux pédiatres d’aller <strong>les</strong> visiter (n<br />

= 25). Les auteurs de cette étude font la remarque suivante :<br />

[TRADUCTION] ... Même si l’autorisation n’a pas été sollicitée auprès des collectivités,<br />

une de ces collectivités, mise au courant par d’autres de notre travail, a demandé<br />

spécialement aux pédiatres de ne pas procéder à des évaluations liées au SAF dans la<br />

réserve, en dépit des réaffirmations que la collectivité d’origine des cas de SAF ne serait<br />

pas identifiée (Williams et Gloster, 1999 : 193).<br />

Malgré que <strong>les</strong> auteurs n’aient pas déclaré <strong>les</strong> raisons motivant <strong>les</strong> dirigeants de la collectivité à ne pas<br />

autoriser leurs membres à participer à l’étude, il est probable que cette réticence de la collectivité ait été<br />

causée par bon nombre de facteurs atténuants. Par exemple, dans la province <strong>du</strong> Manitoba, l’Assemblée<br />

des chefs <strong>du</strong> Manitoba a établi un protocole de recherche concernant <strong>les</strong> travaux de recherche en santé<br />

effectués dans <strong>les</strong> réserves de la province. Tout en laissant aux collectivités la liberté de décision en<br />

matière de participation à la recherche, ainsi qu’aux personnes, <strong>les</strong> dirigeants <strong>autochtones</strong> se sont demandés<br />

si le « consentement éclairé » préalable était toujours suffisamment bien expliqué ou entièrement compris<br />

par <strong>les</strong> participants ou <strong>les</strong> collectivités.<br />

Comme dans le passé, bon nombre de collectivités et de personnes <strong>autochtones</strong> se sont senties obligées<br />

de participer aux projets de recherche, <strong>les</strong> dirigeants <strong>autochtones</strong> et leurs commettants sont devenus<br />

beaucoup plus critiques à l’égard <strong>du</strong> processus de recherche, demandant de l’information liée au projet<br />

d’étude dans leur communauté afin de la transmettre à leurs membres. Dans certains cas, <strong>les</strong> collectivités<br />

<strong>autochtones</strong> recommandent que <strong>les</strong> projets de recherche suivent ce qui est maintenant reconnu comme<br />

<strong>les</strong> principes s’appliquant aux méthodologies de recherche et aux résultats obtenus, c’est-à-dire<br />

l’appropriation, le contrôle, l’accessibilité et la possession (ACAP) par <strong>les</strong> collectivités. Certaines<br />

communautés <strong>autochtones</strong> questionnent également la valeur de la recherche, si ces efforts ne donnent<br />

pas lieu à des interventions concrètes contribuant à améliorer la santé et le mieux-être des membres de<br />

leur collectivité (Tait, 2003). Même s’il n’est pas clairement établi que ce sont ces facteurs qui sont à<br />

l’origine <strong>du</strong> refus de la collectivité à participer à l’étude de Williams et Gloster, il convient tout de même<br />

de faire la remarque suivante : contrairement à la société canadienne dominante où <strong>les</strong> personnes sont<br />

dans l’ensemble des acteurs autonomes ayant la liberté de décider de participer ou non à un projet de<br />

recherche en santé, le fait d’accorder son consentement éclairé à une étude de recherche <strong>chez</strong> <strong>les</strong><br />

Autochtones, particulièrement dans le cas des personnes vivant dans une réserve, est plutôt une question<br />

à traiter à la fois d’un point de vue indivi<strong>du</strong>el et d’un point de vue communautaire (Tait, 2003).<br />

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