Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ... Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Chapitre 7 avoir cru que leur enfant avait été épargné en dépit de leur consommation d’alcool. Cette façon de voir peut avoir influé directement sur leur décision de boire pendant des grossesses subséquentes, de même qu’elle a pu influencer la perception de femmes plus jeunes de leur entourage, enceintes pour la première fois. Nombre des études plus anciennes sur le SAF et des EAF ont donné très peu d’information sur les mères des enfants évalués, notamment la perception des femmes concernant la consommation d’alcool et la grossesse. Malheureusement, dans le cas où les chercheurs ont décidé de recueillir de l’information sur les mères, ils se sont principalement concentrés sur la catégorisation raciale (Tait, 2003). D’autres facteurs importants, comme le comportement ou les habitudes-types de consommation d’alcool des mères ou des données d’information sociodémographique, mis à part la race, ont été réduits au minimum (Abel, 1998b). En 1989, Bray et Anderson ont mené une évaluation de l’épidémiologie du SAF chez les Autochtones au Canada. Ils ont commencé par poser deux questions : « S’agit-il d’une pure coïncidence si les Indiens figurent dans les diverses études de cas ou y a-t-il des raisons de croire que la prévalence du SAF est accrue chez les enfants autochtones? Y a-t-il des indications épidémiologiques démontrant de façon probante que les populations autochtones sont plus fréquemment affectées du SAF? » (Bray et Anderson, 1989 : 42). Les points soulevés précédemment faisaient partie des préoccupations qui ont été abordées par Bray et Anderson dans le cadre de leur collecte de données épidémiologiques avant 1989. La difficulté des études sur le SAF et des EAF à appliquer des critères diagnostiques normalisés à l’égard du SAF, des critères établis pour l’ensemble des cultures, constitue une question clé soulevée par Bray et Anderson. Ils déclarent : [TRADUCTION] Étant donné que les traits anthropomorphiques des enfants indiens différent généralement de ceux des enfants de race blanche, il est sujet à caution que d’utiliser comme critère diagnostique les traits distinctifs du visage. De la même façon, l’évaluation d’ordre éducatif dans l’ensemble des cultures, particulièrement l’utilisation des tests pour mesurer le quotient intellectuel (QI) dans le cadre de l’évaluation des troubles du SNC comme critère, requiert une attention spéciale (1989 : 44). Dans le cadre de leur évaluation, Bray et Anderson (1989) dénoncent le manque de travaux de recherche publiés au Canada sur la prévalence du SAF dans les populations non autochtones, ce qui, en raison de cette lacune, rend difficile, sinon impossible, de faire des comparaisons soutenables entre les taux de prévalence chez les Autochtones et les non Autochtones et de tirer des conclusions à l’égard de taux de prévalence élevés. Ce problème semble persister au Canada jusqu’à maintenant, les études épidémiologiques sur le SAF et des EAF de la dernière décennie visant principalement les groupes autochtones ou des régions géographiques ayant une forte concentration d’Autochtones (Tait, 2003). Au moment de la rédaction de l’article de Bray et Anderson, seulement deux études épidémiologiques sur le SAF et des EAF chez les Autochtones avaient été menées au Canada, rendant ainsi les arguments invoqués à l’égard du taux de prévalence non concluants. Bray et Anderson soulignent que ces deux études ont été menées auprès de sous-groupes d’Autochtones vivant dans la région de la côte ouest du Canada. Ils poursuivent en affirmant : 118

Chapitre 7 [TRADUCTION] Les investigations peuvent elles-mêmes manquer de subtilité méthodologique et donc, légitimer un conservatisme scientifique en acceptant prima facie le taux de prévalence ... Les Autochtones ne devraient pas être stigmatisés par une condition sanitaire (un état de santé) comme le SAF qui est difficile à établir avec des données absolues et qui peut avoir des incidences négatives dans la collectivité autochtone. Avant de conclure que le SAF est prédominant chez les Autochtones, la prudence est de rigueur (1989 : 44, accentuation ajoutée). Par ailleurs, Bray et Anderson ajoutent qu’on ne devrait qu’en partie attribuer aux problèmes méthodologiques le taux de prévalence gonflé et que les études peuvent signaler un problème dans certaines populations autochtones. Si les études indiquent un risque accru, elles sous-entendent alors une nouvelle question qu’il faut poser : « Quels sont les facteurs qui pourraient contribuer au fait que les femmes autochtones au Canada courent plus de risque de donner naissance à des enfants atteints du SAF? » (Bray et Anderson, 1989 : 44). La question de la détermination du risque dans le cadre de la prévention du SAF commence ordinairement par une évaluation de la consommation excessive d’alcool auprès de la femme enceinte. Bray et Anderson (1989) mettent en garde contre la supposition que les femmes autochtones sont plus susceptibles que les femmes non autochtones d’être des buveuses excessives. Ils soulignent qu’aucune donnée objective n’existe concernant les habitudes ou comportements-types de consommation excessive d’alcool et les styles de consommation alcoolique des femmes autochtones au Canada en âge d’avoir des enfants. Encore de nos jours, cette allégation exprimée en 1989 reste vraie. Les études épidémiologiques ne sont pas concluantes en ce qui a trait à l’importance du risque auquel les femmes autochtones font face relativement à l’abus de l’alcool et l’issue défavorable de la grossesse. Bray et Anderson expliquent que les Autochtones au Canada sont collectivement très diversifiés sur le plan de la culture, de la langue, du lieu géographique et de la consommation d’alcool. Ils recommandent donc qu’une stratégie d’information spécialement adaptée à chaque communauté et portant sur les habitudes de consommation d’alcool des femmes autochtones soit mise en oeuvre. Cette stratégie, selon eux, « contribuerait à établir une base de données solide pour évaluer si on doit mettre sur pied un programme de prévention ciblant l’abus d’alcool et si une investigation concernant le taux de prévalence du SAF vaut la peine d’être menée » (Bray et Anderson, 1989 : 44). Au coeur de cette recherche, on devrait analyser la façon dont la situation socio-économique est reliée au risque encouru par les femmes autochtones et leur enfant à l’égard d’une issue défavorable de la grossesse et du SAF (Tait, 2003). En conclusion, Bray et Anderson écrivent : [TRADUCTION] Si le taux de prévalence du SAF chez les Indiens du Canada était accepté sans examen minutieux, le SAF pourrait être considéré comme un problème de santé publique d’importance majeure. Si c’était le cas, la mise en place de politiques et l’affectation de ressources pourrait être mal dirigées vers des programmes axés sur des efforts généralisés en matière de prévention du SAF. Étant donné les lacunes des données à partir desquelles le taux de prévalence a été établi, l’investigation pourrait représenter un gaspillage de ressources humaines et financières (1989 : 44-45). 119

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avoir cru que leur enfant avait été épargné en dépit de leur consommation d’alcool. Cette façon de voir<br />

peut avoir influé directement sur leur décision de boire pendant des grossesses subséquentes, de même<br />

qu’elle a pu influencer la perception de femmes plus jeunes de leur entourage, enceintes pour la première<br />

fois. Nombre des études plus anciennes sur le SAF et des EAF ont donné très peu d’information sur <strong>les</strong><br />

mères des enfants évalués, notamment la perception des femmes concernant la consommation d’alcool<br />

et la grossesse. Malheureusement, dans le cas où <strong>les</strong> chercheurs ont décidé de recueillir de l’information<br />

sur <strong>les</strong> mères, ils se sont principalement concentrés sur la catégorisation raciale (Tait, 2003). D’autres<br />

facteurs importants, comme le comportement ou <strong>les</strong> habitudes-types de consommation d’alcool des<br />

mères ou des données d’information sociodémographique, mis à part la race, ont été ré<strong>du</strong>its au minimum<br />

(Abel, 1998b).<br />

En 1989, Bray et Anderson ont mené une évaluation de l’épidémiologie <strong>du</strong> SAF <strong>chez</strong> <strong>les</strong> Autochtones<br />

au Canada. Ils ont commencé par poser deux questions : « S’agit-il d’une pure coïncidence si <strong>les</strong> Indiens<br />

figurent dans <strong>les</strong> diverses études de cas ou y a-t-il des raisons de croire que la prévalence <strong>du</strong> SAF est<br />

accrue <strong>chez</strong> <strong>les</strong> enfants <strong>autochtones</strong>? Y a-t-il des indications épidémiologiques démontrant de façon probante<br />

que <strong>les</strong> populations <strong>autochtones</strong> sont plus fréquemment affectées <strong>du</strong> SAF? » (Bray et Anderson, 1989 : 42).<br />

Les points soulevés précédemment faisaient partie des préoccupations qui ont été abordées par Bray et<br />

Anderson dans le cadre de leur collecte de données épidémiologiques avant 1989.<br />

La difficulté des études sur le SAF et des EAF à appliquer des critères diagnostiques normalisés à l’égard<br />

<strong>du</strong> SAF, des critères établis pour l’ensemble des cultures, constitue une question clé soulevée par Bray et<br />

Anderson. Ils déclarent :<br />

[TRADUCTION] Étant donné que <strong>les</strong> traits anthropomorphiques des enfants indiens<br />

différent généralement de ceux des enfants de race blanche, il est sujet à caution que<br />

d’utiliser comme critère diagnostique <strong>les</strong> traits distinctifs <strong>du</strong> visage. De la même façon,<br />

l’évaluation d’ordre é<strong>du</strong>catif dans l’ensemble des cultures, particulièrement l’utilisation<br />

des tests pour mesurer le quotient intellectuel (QI) dans le cadre de l’évaluation des<br />

troub<strong>les</strong> <strong>du</strong> SNC comme critère, requiert une attention spéciale (1989 : 44).<br />

Dans le cadre de leur évaluation, Bray et Anderson (1989) dénoncent le manque de travaux de recherche<br />

publiés au Canada sur la prévalence <strong>du</strong> SAF dans <strong>les</strong> populations non <strong>autochtones</strong>, ce qui, en raison de<br />

cette lacune, rend difficile, sinon impossible, de faire des comparaisons soutenab<strong>les</strong> entre <strong>les</strong> taux de<br />

prévalence <strong>chez</strong> <strong>les</strong> Autochtones et <strong>les</strong> non Autochtones et de tirer des conclusions à l’égard de taux de<br />

prévalence élevés. Ce problème semble persister au Canada jusqu’à maintenant, <strong>les</strong> études<br />

épidémiologiques sur le SAF et des EAF de la dernière décennie visant principalement <strong>les</strong> groupes<br />

<strong>autochtones</strong> ou des régions géographiques ayant une forte concentration d’Autochtones (Tait, 2003).<br />

Au moment de la rédaction de l’article de Bray et Anderson, seulement deux études épidémiologiques<br />

sur le SAF et des EAF <strong>chez</strong> <strong>les</strong> Autochtones avaient été menées au Canada, rendant ainsi <strong>les</strong> arguments<br />

invoqués à l’égard <strong>du</strong> taux de prévalence non concluants. Bray et Anderson soulignent que ces deux<br />

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