Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...
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Chapitre 7 Abel (1998a) souligne que des études rétrospectives, des études de prévalence fondées sur la population, des programmes de surveillance passive ainsi que des études de surveillance prospective et active constituent les principales méthodes épidémiologiques mises en application pour évaluer la fréquence de l’occurrence des cas de SAF. Vu que chacune de ces méthodes a son propre biais intrinsèque, Abel recommande qu’on s’assure à l’avance d’écarter la possibilité de convergence ou d’uniformisation entre les études. Cette mesure signifie que, « suivant les méthodes d’application épidémiologique, les chercheurs arriveront à une estimation relativement élevée ou faible de la fréquence de l’occurrence d’un trouble comme le SAF dans n’importe quelle population » (Abel, 1998a : 140). La recension des écrits suivante a pour but de faire l’examen de la documentation épidémiologique ou connexe 25 portant sur l’abus d’alcool chez la femme enceinte ainsi que sur le SAF et les troubles qui lui sont associés. Une attention particulière a été accordée aux études axées sur l’abus d’alcool et la grossesse ainsi que sur le SAF chez les Autochtones en Amérique du Nord. Autant que possible, on a examiné si la documentation dite « grise » fournissait de l’information pertinente au débat sur la question. Cette étude documentaire n’a pas seulement pour objet de transmettre les constatations ou résultats provenant des différentes études analysées, mais également de présenter un point de vue critique sur les écrits scientifiques traitant du SAF en ce qui a trait à leurs méthodes de recherche et aux allégations ou conclusions tirées des résultats obtenus à l’aide de ces méthodes. A titre d’exemple, mentionnons une étude documentaire sur les anomalies congénitales liées à l’alcool qui indique que bon nombre des études n’assurent pas de contrôle sur les variables confusionnelles en évaluant les risques associés à l’abus d’alcool pendant la grossesse. D’après des chercheurs, il serait important pour pouvoir prévoir les comportements-types des femmes en matière de consommation d’alcool de prendre en considération des variables comme : le taux de tabagisme; la prise de médicament avec ordonnance et sans ordonnance; l’état de santé général des femmes; leur alimentation et leur nutrition; le degré de consommation de caféine; l’âge; l’état civil et la situation de famille; la classe sociale; l’identité ethnique (Day, Cottreau et coll., 1993). La prise en compte de ces variables pourraient aussi aider à déterminer les grossesses les plus susceptibles d’aboutir à des EAF. Dans la méthodologie de recherche de n’importe quelle étude traitant des facteurs de risque des EAF, la corrélation entre les variables confusionnelles et l’abus d’alcool est importante, étant donné que c’est en établissant ces relations qu’on peut mieux saisir le risque d’anomalies et le comportement à risque. Le Canada Au Canada, les travaux de recherche portant sur la consommation d’alcool par les femmes enceintes ont surtout traité des femmes autochtones et de leurs enfants, ou des régions géographiques ayant une forte densité de population autochtone (Tait, 2003; par exemple se reporter à Godel, Pabst et coll., 1992; Robinson, Conry et coll., 1987). Ces efforts de recherche sur le SAF et les EAF renforcent une croyance généralement répandue au Canada que les cas d’abus de substances psychoactives se présentent beaucoup 25 Bon nombre d’études fondées sur la pratique utilisant des méthodes de recherche expérimentale et quasiexpérimentale ont cours dans la documentation sur le SAF. Ces études seront passées en revue dans ce chapitre et ailleurs dans le rapport. Quant aux écrits touchant les mécanismes sous-jacents au moyen desquels l’alcool et les substances psychoactives affectent le développement du foetus, y compris les expériences sur les humains et les animaux, ils dépassent le cadre de ce projet. 112
Chapitre 7 plus souvent chez les femmes autochtones que chez leurs semblables non autochtones (Asante et Robinson, 1990; Habbick, Nanson et coll., 1996; Smith, Sandor et coll., 1981). Des chercheurs ont indiqué qu’on a constaté dans des communautés une fréquence de SAF et EAF particulièrement alarmante et dans certains cas, le syndrome d’alcoolisation foetale représente une épidémie en pleine activité (se reporter à Moffatt cité dans Square, 1997 : 59). Les collectivités à « risque élevé » ciblées dans les études de recherche appartiennent toutes à des populations dans des réserves autochtones ou dans des milieux ruraux ou urbains à forte concentration d’Autochtones (Asante et Nelms-Matzke, 1985; Robinson, Conry et coll., 1987; Square, 1997; Williams et Gloster, 1999). Dans le même ordre d’idées, les Amérindiens ont été surreprésentés dans des études réalisées aux États-Unis. Parmi elles, bon nombre désignent l’Alaska ou le sud-ouest des États-Unis comme des régions géographiques à « risque élevé » du SAF en raison de leur vaste population d’Amérindiens (Bowerman, 1997; CDC, 1994; Egeland, Perham-Hester et coll., 1998). Une étude menée en 1981 par Asante (1981) est l’une des études les plus anciennes sur le SAF au Canada. Cette étude a fait état d’observations sur des enfants ayant été soumis à une évaluation clinique et à un suivi pour des problèmes pédiatriques spécifiques ou des problèmes du développement, entre 1972 et 1980, dans le Nord-Ouest de la Colombie-Britannique et le Yukon. Du nombre total (62 %) des mères d’enfants dont le diagnostic établi est le SAF, 59 % sont Autochtones. Même s’il s’agit d’un pourcentage réel, concret, la signification de ce nombre reste imprécise, étant donné que le pourcentage d’enfants autochtones par rapport à l’ensemble de la population dirigée vers l’évaluation clinique n’est pas mentionné par l’auteur. Malgré que celui-ci n’ait pas été en mesure d’estimer le taux de prévalence du SAF en s’appuyant sur les données recueillies pour les besoins de l’étude, il conclut que « le SAF est une cause fréquente et importante d’anomalies physiques, insuffisance développementale, retard du développement et déficience mentale » chez les Autochtones (1981 : 335). Il ajoute que « l’incidence du SAF représenterait un problème plus grand dans cette région et probablement dans d’autres régions du Canada ayant une forte concentration d’Autochtones » (1981 : 335). Asante donne bon nombre de raisons possibles pour expliquer le nombre élevé de mères et d’enfants autochtones dans cette étude. Il énumère deux hypothèses pouvant expliquer la consommation supérieure d’alcool et la fréquence plus élevée de consommation excessive chez les femmes autochtones, même s’il ne fait aucune mention d’études qui pourraient confirmer ces suppositions. Asante indique que la surveillance dont font l’objet les femmes autochtones et leurs enfants (notamment par les services sociaux, les organismes communautaires), à la différence des femmes de race blanche habitant la même région, peut justifier en partie cet écart; l’autre possibilité étant que les femmes de race blanche « boivent plus discrètement à la maison » (1981 : 335). Enfin, il cite des facteurs sociaux, économiques et psychologiques, associés au « mode de vie du Nord », des facteurs contributifs à l’incidence élevée du SAF chez la population autochtone. Il n’entre cependant pas dans le détail, notamment dans la relation entre ces facteurs et l’issue négative de la grossesse. L’article se termine par des recommandations adressées à d’autres projets de recherche épidémiologique, entre autres « le besoin pressant d’informer les femmes en âge d’avoir des enfants, particulièrement les femmes autochtones, sur les effets graves de la consommation d’alcool sur les enfants à naître » (Asante, 1981 : 335). 113
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certains cas, le syndrome d’alcoolisation <strong>foetale</strong> représente une épidémie en pleine activité (se reporter à<br />
Moffatt cité dans Square, 1997 : 59).<br />
Les collectivités à « risque élevé » ciblées dans <strong>les</strong> études de recherche appartiennent toutes à des populations<br />
dans des réserves <strong>autochtones</strong> ou dans des milieux ruraux ou urbains à forte concentration d’Autochtones<br />
(Asante et Nelms-Matzke, 1985; Robinson, Conry et coll., 1987; Square, 1997; Williams et Gloster,<br />
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(Bowerman, 1997; CDC, 1994; Egeland, Perham-Hester et coll., 1998).<br />
Une étude menée en 1981 par Asante (1981) est l’une des études <strong>les</strong> plus anciennes sur le SAF au<br />
Canada. Cette étude a fait état d’observations sur des enfants ayant été soumis à une évaluation clinique<br />
et à un suivi pour des problèmes pédiatriques spécifiques ou des problèmes <strong>du</strong> développement, entre<br />
1972 et 1980, dans le Nord-Ouest de la Colombie-Britannique et le Yukon. Du nombre total (62 %)<br />
des mères d’enfants dont le diagnostic établi est le SAF, 59 % sont Autochtones. Même s’il s’agit d’un<br />
pourcentage réel, concret, la signification de ce nombre reste imprécise, étant donné que le pourcentage<br />
d’enfants <strong>autochtones</strong> par rapport à l’ensemble de la population dirigée vers l’évaluation clinique n’est<br />
pas mentionné par l’auteur. Malgré que celui-ci n’ait pas été en mesure d’estimer le taux de prévalence<br />
<strong>du</strong> SAF en s’appuyant sur <strong>les</strong> données recueillies pour <strong>les</strong> besoins de l’étude, il conclut que « le SAF est<br />
une cause fréquente et importante d’anomalies physiques, insuffisance développementale, retard <strong>du</strong><br />
développement et déficience mentale » <strong>chez</strong> <strong>les</strong> Autochtones (1981 : 335). Il ajoute que « l’incidence <strong>du</strong><br />
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Canada ayant une forte concentration d’Autochtones » (1981 : 335).<br />
Asante donne bon nombre de raisons possib<strong>les</strong> pour expliquer le nombre élevé de mères et d’enfants<br />
<strong>autochtones</strong> dans cette étude. Il énumère deux hypothèses pouvant expliquer la consommation supérieure<br />
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<strong>les</strong> organismes communautaires), à la différence des femmes de race blanche habitant la même région,<br />
peut justifier en partie cet écart; l’autre possibilité étant que <strong>les</strong> femmes de race blanche « boivent plus<br />
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Enfin, il cite des facteurs sociaux, économiques et psychologiques, associés au « mode de vie <strong>du</strong> Nord »,<br />
des facteurs contributifs à l’incidence élevée <strong>du</strong> SAF <strong>chez</strong> la population autochtone. Il n’entre cependant<br />
pas dans le détail, notamment dans la relation entre ces facteurs et l’issue négative de la grossesse.<br />
L’article se termine par des recommandations adressées à d’autres projets de recherche épidémiologique,<br />
entre autres « le besoin pressant d’informer <strong>les</strong> femmes en âge d’avoir des enfants, particulièrement <strong>les</strong><br />
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