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Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Chapitre 6<br />

Dès 1947, le Conseil canadien <strong>du</strong> Bien-être et l’Association canadienne des travailleurs sociaux stipulent<br />

que <strong>les</strong> enfants <strong>autochtones</strong> qui sont « négligés » par leurs parents ne bénéficient donc pas de la protection<br />

accordée aux enfants non <strong>autochtones</strong> selon la législation sociale (Fournier et Crey, 1997). Ils condamnent<br />

à la fois le retrait de tout enfant autochtone, négligé ou non, et leur placement dans un pensionnat, et<br />

<strong>les</strong> pratiques d’adoption existant dans <strong>les</strong> communautés <strong>autochtones</strong>. En 1951, on amende la Loi sur <strong>les</strong><br />

Indiens, qui stipulait que toute loi d’application générale en vigueur au niveau provincial, devait aussi<br />

s’appliquer aux réserves, à moins qu’elle ne soit en conflit avec des traités, qui sont des lois fédéra<strong>les</strong><br />

(Fournier et Crey, 1997). Le gouvernement transfère en outre la responsabilité de la santé, <strong>du</strong> bien-être<br />

et des services d’é<strong>du</strong>cation <strong>autochtones</strong> aux provinces, mais il reste responsable financièrement <strong>du</strong> statut<br />

des Autochtones. Dans cet accord, <strong>les</strong> provinces reçoivent un paiement garanti par Ottawa pour chaque<br />

enfant autochtone qui devient pupille légale de l’État. Les statistiques démontrent qu’en 1959 seulement<br />

1 % des enfants pupil<strong>les</strong> de l’État étaient Autochtones, chiffre qui grimpe entre 30 et 40 % à la fin des<br />

années 1960 (Fournier et Crey, 1997; MacDonald, 1995).<br />

Pendant <strong>les</strong> années 1960, <strong>les</strong> services de Bien-être et d’aide à l’enfance se sont concentrés en général sur<br />

la prévention de « la négligence de l’enfant », insistant ainsi sur <strong>les</strong> attributs moraux des parents – des<br />

mères en particulier – et sur l’obligation et l’amélioration des soins portés aux enfants au sein de la<br />

famille (Swift, 1991). Cependant, « la négligence » dans le cas des famil<strong>les</strong> <strong>autochtones</strong> était nettement<br />

liée aux questions de pauvreté, et aux autres problèmes de comportements sociaux que <strong>les</strong> travailleurs<br />

sociaux plaçaient dans la catégorie des services « nécessaires pour fournir des soins suffisants ». Cependant,<br />

l’amélioration des soins au sein de la famille autochtone ne constituait pas une priorité, et <strong>les</strong> politiques<br />

provincia<strong>les</strong> d’aide à l’enfance n’incluaient pas de services de thérapie préventive, alors qu’el<strong>les</strong> <strong>les</strong> offraient<br />

aux famil<strong>les</strong> non <strong>autochtones</strong>.<br />

Dans de nombreux cas, le manque de ressources – comme l’absence d’eau courante, de chasse d’eau<br />

dans <strong>les</strong> toilettes, ou de réfrigérateur – suffisait pour qu’un enfant autochtone soit placé sous la tutelle de<br />

l’état, c’est-à-dire qu’il devienne pupille de l’État (Fournier et Crey, 1997). Il en allait de même lorsque<br />

la mère biologique était absente et que son enfant était placé dans un foyer d’accueil ou adopté, selon <strong>les</strong><br />

traditions. Le modèle typique d’intervention mis en vigueur par <strong>les</strong> travailleurs sociaux consistait à<br />

enlever un enfant autochtone en « situation de crise sévère » de sa famille et de son milieu et de présenter<br />

le cas au tribunal pour obtenir un ordre de garde pour l’enfant, qui était ensuite placé dans un foyer<br />

d’accueil en dehors de la réserve. De plus, comme il n’existait pas de services de réunification des<br />

famil<strong>les</strong> sur <strong>les</strong> réserves, <strong>les</strong> travailleurs sociaux choisissaient l’adoption ou un foyer nourricier à long<br />

terme pour <strong>les</strong> enfants <strong>autochtones</strong> séparés de leurs parents. Par conséquent, <strong>les</strong> enfants <strong>autochtones</strong><br />

ont vécu des périodes beaucoup plus longues dans <strong>les</strong> foyers nourriciers que leurs homologues non<br />

<strong>autochtones</strong> (MacDonald, 1995).<br />

Les Autochtones, en rétrospective, voient cette période tout à fait différemment que <strong>les</strong> travailleurs<br />

sociaux non <strong>autochtones</strong>, <strong>les</strong> parents d’accueil et adoptifs et <strong>les</strong> gouvernements. Il est maintenant clair<br />

que cette époque n’a pas été tout à fait une période où l’on était « inquiets » au sujet des enfants<br />

<strong>autochtones</strong> « négligés », comme le suggère la littérature de travail social, mais plutôt une sorte de<br />

génocide culturel qui a pris la relève des pensionnats, et qui a facilité la destruction systématique des<br />

famil<strong>les</strong> <strong>autochtones</strong> et de leurs structures socia<strong>les</strong> ( Fournier et Crey, 1997). Ce placement massif<br />

d’enfants, outre <strong>les</strong> graves traumatismes qu’il a provoqués <strong>chez</strong> <strong>les</strong> famil<strong>les</strong> concernées, a aussi fortement<br />

menacé la survie des communautés des Premières Nations, dont un très grand nombre d’enfants avaient<br />

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