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Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Chapitre 6<br />

traditionnels et de connexion avec leur terre » (2000 : 609). Ils suggèrent que <strong>les</strong> problèmes de santé<br />

mentale dépistés <strong>chez</strong> <strong>les</strong> groupes <strong>autochtones</strong> se comprennent mieux dans un cadre qui examine <strong>les</strong><br />

origines socia<strong>les</strong> des maladies. Ce cadre devrait aussi inclure la reconnaissance de la rapidité des<br />

changements sociaux et culturels survenus, qui ont « mis au défi l’identité autochtone et pro<strong>du</strong>it des<br />

différences intergénérationnel<strong>les</strong> dramatiques entre <strong>les</strong> jeunes, <strong>les</strong> a<strong>du</strong>ltes et <strong>les</strong> Aînés » (Kirmayer, Brass<br />

et Tait, 2000 : 613).<br />

Le système des pensionnats est une variable importante dans l’examen des maladies menta<strong>les</strong> et <strong>du</strong><br />

bien-être. La tentative d’assimilation des populations <strong>autochtones</strong> par ce système a entraîné pour eux<br />

des expériences destructives et traumatisantes, y compris la séparation abrupte des enfants et de leurs<br />

famil<strong>les</strong>, de nombreuses pertes, des privations, la brutalité ainsi qu’une brisure dans la transmission des<br />

traditions et de l’identité <strong>autochtones</strong> (Kirmayer, Brass et Tait, 2000). Par exemple, Milloy (1999)<br />

insiste sur le fait que <strong>les</strong> règlements sévères qui régissaient la vie des élèves des pensionnats a pro<strong>du</strong>it un<br />

grand nombre de personnes qui sont maintenant incapab<strong>les</strong> de mener une vie indépendante au sein de<br />

leur communauté, et dans la société dominante.<br />

Ceux qui ont participé à l’étude de Feehan (1995) ont attribué leur incapacité d’exprimer leurs émotions<br />

à leur fréquentation des pensionnats, où, comme forme de résistance, ils avaient pris l’habitude de<br />

cacher leurs sentiments. Haig-Brown (1988) a recueilli des récits similaires dans son travail auprès<br />

d’anciens élèves <strong>du</strong> pensionnat Kamloops en Colombie-Britannique. Dans des témoignages personnels,<br />

<strong>les</strong> anciens élèves de l’institut Mohawk et de l’école Mount Elgin, en Ontario, ont affirmé qu’ils se<br />

retrouvaient culturellement et émotionnellement appauvris à cause de cette expérience (Graham, 1997).<br />

Beaucoup d’anciens élèves ont dit qu’ils étaient incapab<strong>les</strong> d’exprimer des émotions positives et, de ce<br />

fait, qu’ils étaient incapab<strong>les</strong> d’avoir des relations fonctionnel<strong>les</strong> d’a<strong>du</strong>ltes avec des compagnons ou des<br />

membres de leur famille (Royal Commission on Aboriginal Peop<strong>les</strong> [Commission royale sur <strong>les</strong> peup<strong>les</strong><br />

<strong>autochtones</strong>], 1996b).<br />

Une étude américaine suggère que <strong>les</strong> variantes dans <strong>les</strong> réponses des anciens élèves sont probablement<br />

attribuab<strong>les</strong> à l’âge auquel <strong>les</strong> enfants avaient été enlevés de leur milieu. Par exemple la séparation de<br />

l’enfant d’avec ses parents peut causer des dommages selon son âge et la <strong>du</strong>rée de la séparation. Des<br />

effets graves sur <strong>les</strong> enfants âgés de cinq à huit ans engendrent des symptômes émotionnels qui pourraient<br />

ou non être irréversib<strong>les</strong>. Les ado<strong>les</strong>cents ne subissent pas de dommages sérieux irréversib<strong>les</strong> à la suite<br />

d’une séparation avec leurs parents (Colmant, 2000).<br />

En 1991, peu après la première Conférence sur <strong>les</strong> pensionnats pour Autochtones, le terme syndrome des<br />

pensionnats (SP) est apparu comme une catégorie de diagnostic potentiel qui supposait que <strong>les</strong> anciens<br />

élèves partageaient un ensemble de symptômes qui étaient reconnus comme un syndrome. On a pas<br />

accordé au SP une grande importance et la simple suggestion qu’un tel syndrome existait a généré des<br />

critiques féroces de la part d’experts <strong>autochtones</strong> et non <strong>autochtones</strong> et particulièrement de la part de<br />

Roland Chrisjohn (Chrisjohn et Young, 1997). Dans le rapport qu’il a rédigé, le Conseil tribal <strong>du</strong><br />

Cariboo (CTC) (1991) a posé des questions sur le raisonnement derrière ceci et <strong>les</strong> implications<br />

concrétisant l’expérience des anciens élèves. Le CTC et Chrisjohn ont refusé le diagnostic car, selon eux,<br />

stipuler qu’un groupe souffre d’une pathologie ré<strong>du</strong>it l’attention portée à la nature génocidaire des<br />

pensionnats, à l’immoralité de l’endoctrinement religieux et au paternalisme qui a engendré le système<br />

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