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Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Chapitre 5<br />

L’incapacité à communiquer en langue autochtone a établi dans l’immédiat une absence de dialogue et<br />

d’information entre <strong>les</strong> Aînés et <strong>les</strong> jeunes <strong>autochtones</strong>. Ce manque de communication a grandement<br />

diminué la possibilité pour <strong>les</strong> Aînés de gagner le respect des enfants ainsi que de leur apprendre à<br />

respecter leur langue et leur culture. C’est pourquoi <strong>les</strong> jeunes générations sont souvent portées à refuser,<br />

à rejeter tout ce qui est autochtone (Ing, 1991). Nombre d’anciens élèves ont intériorisé <strong>les</strong> sentiments<br />

d’infériorité et de honte qu’ils associent au fait d’être Autochtones, ce qu’ils transmettent aux générations<br />

suivantes. L’incapacité de comprendre leur langue autochtone et de participer aux pratiques culturel<strong>les</strong><br />

ont contribué à ce que ces élèves se sentent coincés entre deux cultures, incapab<strong>les</strong> de bien s’adapter à<br />

l’une ou à l’autre. Les compétences pratiques acquises au pensionnat ne <strong>les</strong> ont préparés qu’à des métiers<br />

inférieurs, dans une société non disposée à <strong>les</strong> accepter en tant qu’égaux.<br />

Contrairement à la rhétorique gouvernementale, l’é<strong>du</strong>cation offerte au pensionnat n’a pas préparé <strong>les</strong><br />

enfants <strong>autochtones</strong> à vivre d’égal à égal avec leurs semblab<strong>les</strong> non <strong>autochtones</strong>, mais ces pensionnats<br />

ont plutôt donné de l’é<strong>du</strong>cation et des compétences faisant en sorte qu’ils restent des colonisés. 19 Dans<br />

de nombreuses collectivités <strong>autochtones</strong>, le retrait des enfants de leur famille a érodé le rôle traditionnel<br />

de la famille élargie et des réseaux fondés sur la parenté. Fournier et Crey soutiennent que cette érosion<br />

a aussi contribué à éliminer <strong>les</strong> sanctions culturel<strong>les</strong> traditionnel<strong>les</strong> appliquées contre l’abus physique et<br />

sexuel. Ils écrivent :<br />

Conclusion<br />

[TRADUCTION] Historiquement, on connaissait dans <strong>les</strong> sociétés <strong>autochtones</strong> le<br />

problème de l’abus sexuel. Cependant, comme l’a rapporté un panel d’experts <strong>autochtones</strong><br />

alors qu’il se déplaçait en 1992 dans la province pour procéder à l’examen de la législation<br />

sociale, le consensus <strong>chez</strong> <strong>les</strong> Premières Nations de la C.-B. faisait que <strong>les</strong> sanctions, <strong>les</strong><br />

lois traditionnel<strong>les</strong> et le système de clan selon <strong>les</strong> différentes Premières Nations<br />

contribuaient en grande partie à l’éliminer ou à le contrôler. Étant donné que <strong>les</strong> lois<br />

« étaient motivées par l’acceptation intériorisée plutôt que par la coercition externe »,<br />

comme l’expliquent <strong>les</strong> auteurs Evan Jacob de la Nation Kwakiutl et Lavina Lightbown,<br />

Aînée Haïda, dans <strong>les</strong> conclusions <strong>du</strong> rapport <strong>du</strong> panel, « el<strong>les</strong> étaient beaucoup plus<br />

contraignantes pour chaque personne » (Fournier et Crey, 1997 : 117).<br />

Les témoignages des anciens élèves au sujet de leur expérience au pensionnat causent une vive affliction<br />

parce qu’ils exposent des faits où des enfants ont été victimes d’actes de violence graves contre leur<br />

identité autochtone et contre leur bien-être physique, psychologique, émotionnel et spirituel. Il existe<br />

des témoignages qui suscitent de l’incré<strong>du</strong>lité et un profond dégoût car ils nous font entrevoir le degré<br />

de gravité de la violence systémique infligée à l’égard d’enfants innocents, de leur famille et de leur<br />

communauté par <strong>les</strong> instances gouvernementa<strong>les</strong> et <strong>les</strong> Églises à qui ces collectivités avaient confié la<br />

garde, <strong>les</strong> soins et la sécurité des enfants qui fréquentaient <strong>les</strong> pensionnats.<br />

19 Comme exemple, on cite l’usage voulant que <strong>les</strong> jeunes fil<strong>les</strong> finissantes des pensionnats étaient placées dans des<br />

famil<strong>les</strong> non <strong>autochtones</strong> pour remplir <strong>les</strong> fonctions d’aide ménagère.<br />

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