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Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Chapitre 5<br />

Pendant <strong>les</strong> dernières années <strong>du</strong> régime des pensionnats, ces derniers ont principalement fonctionné en<br />

tant qu’institutions d’assistance sociale plutôt que comme maisons d’enseignement. Dès 1947, le Conseil<br />

canadien de développement social et l’Association canadienne des travailleurs sociaux soutenaient que<br />

<strong>les</strong> enfants <strong>autochtones</strong> privés de soins ou abandonnés par leurs parents ne bénéficiaient pas de la<br />

protection assurée aux enfants non <strong>autochtones</strong>, en vertu de la législation sociale (Fournier et Crey,<br />

1997). Dans bien des cas, ces pensionnats sont devenus partie intégrante <strong>du</strong> système d’aide sociale<br />

fédéral-provincial en expansion, et hébergeaient des enfants retirés <strong>du</strong> milieu familial pour des raisons<br />

de « négligence ».<br />

Cette notion se basait sur des valeurs non <strong>autochtones</strong>; <strong>les</strong> facteurs sociaux contribuant à la négligence<br />

des enfants étaient généralement définis par <strong>les</strong> agents des Indiens et <strong>les</strong> travailleurs sociaux. Il s’agissait<br />

le plus souvent d’alcoolisme, d’ « illégitimité », de « procréation excessive » et de pauvreté (Milloy,<br />

1999). Contrairement aux stratégies d’aide sociale établies dans <strong>les</strong> collectivités non <strong>autochtones</strong>, qui<br />

visaient à améliorer <strong>les</strong> soins dans le cadre familial, notamment des services de counselling familial<br />

d’ordre préventif, il n’existait pas d’assistance offerte aux famil<strong>les</strong> <strong>autochtones</strong> afin d’améliorer leurs<br />

conditions de vie et de leur laisser la garde des enfants. De cette façon, le système des pensionnats a tracé<br />

la voie vers l’appréhension à grande échelle des enfants <strong>autochtones</strong> sous <strong>les</strong> réformes d’assistance sociale<br />

au cours des décennies suivantes. Une fois de plus, de nombreuses collectivités <strong>autochtones</strong> ont vu le<br />

gouvernement <strong>les</strong> déposséder de leurs enfants.<br />

Attaques contre l’identité et <strong>les</strong> cultures <strong>autochtones</strong><br />

On a établit des liens entre la violence et l’abus sexuel institutionnels – omniprésents pendant toute la<br />

<strong>du</strong>rée <strong>du</strong> régime des pensionnats – et le désordre et la discordance actuelle dans <strong>les</strong> collectivités<br />

<strong>autochtones</strong>. Les tribunaux et l’État canadien ignorent et minimisent généralement l’agression massive<br />

contre l’identité et la culture <strong>autochtones</strong> que <strong>les</strong> élèves ont été forcés de subir pendant leur séjour au<br />

pensionnat. Certains chercheurs ont conclu que cette agression avait été si grave dans <strong>les</strong> pensionnats<br />

qu’on pourrait la considérer de façon plus juste comme une forme de génocide culturel (Haig-Brown,<br />

1988; Grant, 1996; Chrisjohn et Young, 1997). Les attaques contre <strong>les</strong> manifestations officiel<strong>les</strong> de<br />

l’identité et de la culture <strong>autochtones</strong> en sont <strong>les</strong> exemp<strong>les</strong> <strong>les</strong> plus marquants. Les langues <strong>autochtones</strong><br />

ont constitué notamment le point de mire de l’agression <strong>du</strong> gouvernement fédéral, vu qu’il <strong>les</strong> percevait<br />

comme la particularité d’une « culture de recul et de marche arrière »; dans le cadre <strong>du</strong> régime des<br />

pensionnats, le fait qu’un élève parle sa langue autochtone était considéré comme l’une des infractions<br />

<strong>les</strong> plus sévèrement punies (Miller, 1987; 1996; Haig-Brown, 1988; Johnston, 1988; Bull, 1991; Ing,<br />

1991; Knockwood et Thomas, 1992; Feehan, 1996; Grant, 1996; Fournier et Crey, 1997; Graham,<br />

1997; Milloy, 1999; Colmant, 2000; Johansen, 2000).<br />

La suppression intensive des langues et des cultures <strong>autochtones</strong> dans ces pensionnats a eu de graves<br />

répercussions. De nombreuses générations d’Autochtones ont ainsi per<strong>du</strong> la capacité de parler et de<br />

comprendre leur langue (Haig-Brown, 1988; Ing, 1991; Knockwood et Thomas, 1992; Feehan, 1996;<br />

Grant, 1996; Fournier et Crey, 1997; Graham, 1997). Bon nombre de parents, eux-mêmes des victimes<br />

<strong>du</strong> régime des pensionnats, ont refusé d’enseigner leur langue à leurs enfants, étant donné qu’ils avaient<br />

été conditionnés à croire que « parler » et « être » « Indien » étaient des manifestations dont il fallait avoir<br />

honte et qui étaient répressib<strong>les</strong> (Haig-Brown, 1988; Ing, 1991; Knockwood et Thomas, 1992; Feehan,<br />

1996; Grant, 1996).<br />

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