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Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Chapitre 5<br />

au ministère des Affaires indiennes, cherchant à savoir pour quelle raison <strong>les</strong> enfants qui passaient une<br />

grande partie de l’année au pensionnat n’étaient pas encore capab<strong>les</strong> de lire et d’écrire dans la langue<br />

coloniale (Milloy, 1999). Beaucoup d’autres questions <strong>les</strong> inquiétaient, plus particulièrement la fréquence<br />

à laquelle <strong>les</strong> enfants s’enfuyaient des pensionnats; <strong>les</strong> rumeurs que ceux-ci mouraient de faim, étaient<br />

surmenés et victimes d’abus; et encore plus inquiétant, le taux de mortalité élevé parmi <strong>les</strong> élèves (Furniss,<br />

1992; Kelm, 1996; Miller, 1996; Milloy, 1999). En dernière extrémité, certaines famil<strong>les</strong> et collectivités<br />

étaient forcées d’assister en spectateurs impuissants à la transformation de générations d’enfants innocents<br />

en victimes d’abus physique, sexuel et émotionnel graves (Milloy, 1999).<br />

Étant donné l’importance <strong>du</strong> pouvoir que le gouvernement colonial exerçait sur <strong>les</strong> Autochtones, <strong>les</strong><br />

parents ne pouvaient pas faire grand-chose pour empêcher qu’on leur enlève leurs enfants et qu’on <strong>les</strong><br />

envoie au pensionnat. Malgré cela, dans l’ensemble <strong>du</strong> Canada, de nombreux parents ont tenté de<br />

s’opposer à ce que leurs enfants aillent au pensionnat, ce qui n’a suscité que peu de compassion de la<br />

part <strong>du</strong> gouvernement et des Églises concernées. Dans bien des cas, retenir <strong>les</strong> enfants voulait dire que<br />

des sanctions, des pénalités et parfois de la violence étaient exercées contre <strong>les</strong> parents (Deiter, 1999;<br />

Furniss, 1992; Grant, 1996; Miller, 1996; Milloy, 1999). Certains d’entre eux ont même été sanctionnés<br />

par de la prison (Grant, 1996; Miller, 1996; Milloy, 1999). Des parents <strong>autochtones</strong> ont écrit aux<br />

principaux des pensionnats et aux représentants <strong>du</strong> gouvernement, leur demandant de libérer leurs<br />

enfants <strong>du</strong> pensionnat ou, tout au moins, de surveiller étroitement leurs conditions de santé et de<br />

sécurité (Grant, 1996; Kelm, 1996; Miller, 1996; Milloy, 1999).<br />

Certains questionnaient directement le personnel des pensionnats au sujet des problèmes que leurs<br />

enfants éprouvaient, alors que d’autres leur envoyaient des aliments traditionnels pour qu’ils puissent<br />

combattre <strong>les</strong> infections et la maladie, qu’ils reliaient au régime alimentaire déficient (Haig-Brown,<br />

1988; Furniss, 1992; Knockwood et Thomas, 1992; Grant, 1996; Kelm, 1996; Miller, 1996; Milloy,<br />

1999). En général, <strong>les</strong> efforts des parents <strong>autochtones</strong> n’ont eu que très peu d’effets. Qui plus est, le<br />

départ des enfants s’est pro<strong>du</strong>it à un moment où de nombreuses collectivités subissaient el<strong>les</strong>-mêmes<br />

des problèmes de santé et des problèmes sociaux graves, comme la famine, ainsi qu’une désintégration<br />

accélérée sur le plan social et économique. Ces nombreuses difficultés ont grandement contribué à<br />

renforcer l’incapacité d’agir et de résister des parents et des collectivités <strong>autochtones</strong> à l’enlèvement et au<br />

placement de leurs enfants (Miller, 1996).<br />

A l’apogée <strong>du</strong> régime des pensionnats, approximativement 75 % des enfants <strong>autochtones</strong>, de même<br />

qu’un grand nombre d’enfants métis et inuits, entre 6 et 15 ans, ont fréquenté <strong>les</strong> pensionnats (Fournier<br />

et Crey, 1997; Armitage, 1995). Ils y séjournaient pendant environ dix mois par année, et un grand<br />

nombre d’entre eux étaient envoyés loin de leur collectivité. Cet éloignement causait beaucoup de<br />

difficultés aux parents qui voulaient rendre visite à leurs enfants, ne leur laissant d’autre moyen de<br />

communication que la correspondance. Bien souvent, le personnel lisait <strong>les</strong> lettres écrites par <strong>les</strong> élèves<br />

afin de s’assurer que ceux-ci ne se plaignaient pas de la qualité des soins et de l’enseignement (Haig-<br />

Brown, 1988; Miller, 1996; Milloy, 1999). De toute manière, pour bien des famil<strong>les</strong>, il n’était pas<br />

possible de s’exprimer par écrit, ce qui signifiait qu’il n’existait que très peu de communication entre <strong>les</strong><br />

parents et <strong>les</strong> enfants <strong>du</strong>rant l’année scolaire.<br />

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