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Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Chapitre 5<br />

été malade après avoir mangé cela ... J’avais l’habitude de cacher la viande dans ma<br />

poche et de la jeter. Je disais aux Soeurs d’examiner la viande, qu’elle était pourrie, mais<br />

el<strong>les</strong> me répondaient qu’elle ne l’était pas et que je devais la manger. Les Soeurs ne<br />

mangeaient pas le même type d’aliments qu’el<strong>les</strong> nous donnaient. Si nous n’avions pas<br />

mangé notre gruau au déjeuner, on nous le redonnait pour le dîner, et même pour le<br />

souper, et nous n’avions rien d’autre à manger tant qu’on ne l’avait pas mangé entièrement.<br />

(Cité dans Milloy, 1999 : 143). 17<br />

De 1910 à 1932, le régime des pensionnats a pris rapidement de l’expansion; <strong>les</strong> modifications à la Loi<br />

sur <strong>les</strong> Indiens ont ren<strong>du</strong> la fréquentation scolaire obligatoire pendant au moins dix mois de l’année pour<br />

<strong>les</strong> enfants des Premières Nations âgés de six ans. Vers 1930, dans l’ensemble <strong>du</strong> Canada,<br />

approximativement 75 % de tous <strong>les</strong> enfants <strong>autochtones</strong>, de même qu’un nombre significatif d’enfants<br />

métis et inuits, âgés entre sept et quinze ans, ont fréquenté ces institutions (Fournier et Crey, 1997).<br />

Les principes qui guidaient le fonctionnement des pensionnats consistaient à étouffer toute manifestation<br />

de la culture et de la particularité autochtone. Dès que <strong>les</strong> enfants <strong>autochtones</strong> étaient admis au pensionnat,<br />

<strong>les</strong> traits distinctifs de leur apparence physique ainsi que <strong>les</strong> caractéristiques culturel<strong>les</strong> (p. ex. <strong>les</strong> vêtements,<br />

<strong>les</strong> cheveux longs) 18 étaient éradiqués et remplacés par des marques distinctives de la société européenne<br />

(Fiske, 1996; Gresko, 1986; Haig-Brown, 1988; Miller, 1987; 1996). De même, on assignait à chaque<br />

enfant un numéro d’identification et un nom européen, et on lui interdisait de parler sa langue maternelle.<br />

Des punitions sévères étaient infligées aux élèves qui résistaient et désobéissaient (Fournier et Crey,<br />

1997; Miller, 1996).<br />

Dans de nombreux cas, <strong>les</strong> pensionnats étaient aménagés dans des bâtiments de fortune, construits à la<br />

hâte, ce qui démontrait clairement la grande obsession <strong>du</strong> gouvernement fédéral concernant la dimension<br />

économique de l’é<strong>du</strong>cation des Indiens (Graham, 1997; Milloy, 1999). Les rapports indiquent que <strong>les</strong><br />

bâtiments des pensionnats étaient généralement surpeuplés, mal ventilés et manquaient d’équipement<br />

de sécurité, tel<strong>les</strong> des sorties de secours. Ces aspects, s’ajoutant au fait que <strong>les</strong> enfants <strong>autochtones</strong><br />

étaient surmenés et mal nourris, ont contribué à rendre ces endroits très insalubres, favorab<strong>les</strong> à la<br />

propagation d’infections et de maladies généralisées (Kelm, 1996).<br />

La pratique <strong>du</strong> confinement absolu des élèves était cause d’infections comme la tuberculose, la gale, la<br />

grippe, la pneumonie et la coqueluche qui se propageaient rapidement dans <strong>les</strong> dortoirs des pensionnats<br />

(Armitage, 1995; Feehan, 1996; Grant, 1996; Kelm, 1996; Miller, 1996; Graham, 1997; Milloy, 1999).<br />

La charge microbienne très élevée des maladies sévissant dans de nombreux pensionnats a eu pour<br />

conséquence d’entraîner la mort d’un grand nombre d’enfants. Le taux de mortalité dans <strong>les</strong> pensionnats<br />

était si élevé vers la fin <strong>du</strong> dix-neuvième siècle et le début <strong>du</strong> vingtième siècle que le gouvernement<br />

17 A l’enquête de Williams Lake, une personne expliqua <strong>les</strong> raisons pour <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> elle s’était enfuie à deux reprises.<br />

18 Dans bon nombre de cultures <strong>autochtones</strong>, <strong>les</strong> cheveux d’une personne revêtent une grande signification<br />

symbolique; le rasage des cheveux au moment de l’admission au pensionnat a suscité un grand sentiment de honte et<br />

d’humiliation, une détérioration <strong>du</strong> sentiment d’identité indivi<strong>du</strong>elle et collective de ces enfants <strong>autochtones</strong> (Grant,<br />

1996).<br />

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