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Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Chapitre 5<br />

offertes à leurs enfants (Knockwood et Thomas, 1992; Armitage, 1995; Miller, 1996; Milloy, 1999).<br />

Toutefois, leur motif pour faire ces pressions était très différent des mobi<strong>les</strong> <strong>du</strong> gouvernement canadien<br />

et de l’Église. Pour de nombreux dirigeants <strong>autochtones</strong> et leurs collaborateurs, <strong>les</strong> pensionnats étaient<br />

considérés comme un mécanisme grâce auquel ils pourraient acquérir des connaissances sur <strong>les</strong> coutumes<br />

et <strong>les</strong> pratiques de la société des pionniers en expansion rapide (Miller, 1987; 1996; Furniss, 1992;<br />

Knockwood, 1992; Grant, 1996; Graham, 1997; Miller et Danziger, 2000). Par contre, ils ne s’attendaient<br />

pas, ni ne voulaient, comme partie intégrante de cette démarche é<strong>du</strong>cative que leurs enfants soient<br />

assimilés à la société coloniale (Miller, 1987; 1996; Milloy, 1999; Miller et Danziger, 2000); c’est un des<br />

points que <strong>les</strong> dirigeants et <strong>les</strong> membres des collectivités <strong>autochtones</strong> ont soulevé auprès <strong>du</strong> gouvernement<br />

et des dirigeants des Églises et sur lequel ils <strong>les</strong> ont affrontés pendant toute la période des pensionnats<br />

(Deiter, 1999).<br />

É<strong>du</strong>cation traditionnelle autochtone<br />

La structure <strong>du</strong> programme scolaire et la nature très méthodique, rigide, institutionnelle, de l’é<strong>du</strong>cation<br />

dispensée par <strong>les</strong> pensionnats allaient à l’encontre des formes traditionnel<strong>les</strong> de l’é<strong>du</strong>cation autochtone.<br />

En effet, l’é<strong>du</strong>cation traditionnelle sur tout le territoire des Premières Nations s’appuyait en général sur<br />

des valeurs comme le respect, l’humilité, le partage, la compassion et la collaboration (Grant, 1996). Les<br />

Aînés étaient <strong>les</strong> premiers é<strong>du</strong>cateurs des enfants pendant la période pré-contact et jusqu’à ce que le<br />

gouvernement canadien ait établi une législation exigeant que <strong>les</strong> enfants <strong>autochtones</strong> fréquentent <strong>les</strong><br />

éco<strong>les</strong> colonia<strong>les</strong> (Johnston, 1988; Ing, 1991; Knockwood et Thomas, 1992; Grant, 1996; Miller,<br />

1996; Milloy, 1999). L’observation, l’écoute et l’apprentissage constituaient <strong>les</strong> moyens d’enseignement<br />

de base mis de l’avant pour <strong>les</strong> besoins de l’apprentissage traditionnel (Miller, 1996). Ces apprentissages<br />

qu’on faisait faire aux enfants étaient axés sur des compétences pragmatiques, des capacités à caractère<br />

culturel, nécessaires pour participer au mode de vie de la collectivité. L’é<strong>du</strong>cation ainsi que l’enseignement<br />

des connaissances et l’acquisition des habiletés dans <strong>les</strong> pensionnats étaient bien souvent de peu d’utilité<br />

pour <strong>les</strong> élèves une fois de retour dans leur collectivité (Haig-Brown, 1988; Bull, 1991; Knockwood et<br />

Thomas, 1992; Feehan, 1996; Grant, 1996; Miller, 1996; Milloy, 1999).<br />

Au Canada, on parlait beaucoup de langues <strong>autochtones</strong>; el<strong>les</strong> étaient déterminantes pour expliquer la<br />

façon dont <strong>les</strong> Autochtones percevaient et communiquaient avec le monde où ils vivaient. À titre<br />

d’exemple, <strong>les</strong> récits constituaient un des outils d’apprentissage communs dans le cadre de l’é<strong>du</strong>cation<br />

traditionnelle et ces contes étaient inventés et modifiés pour mieux faire saisir <strong>les</strong> aspects de la vie<br />

quotidienne et <strong>les</strong> valeurs culturel<strong>les</strong> (Haig-Brown, 1988; Ing, 1991; Furniss, 1992; Knockwood et<br />

Thomas, 1992; Grant, 1996). En interdisant aux élèves de parler leur langue autochtone, <strong>les</strong> pensionnats<br />

ont constitué non seulement une menace à la transmission des langues <strong>autochtones</strong> aux jeunes générations,<br />

mais également à la transmission des connaissances culturel<strong>les</strong> et pragmatiques au moyen d’approches<br />

comme cel<strong>les</strong> des récits. L’attaque menée par <strong>les</strong> pensionnats contre <strong>les</strong> langues <strong>autochtones</strong> a contribué<br />

à établir une distance entre <strong>les</strong> parents et leurs enfants ainsi qu’entre <strong>les</strong> Aînés et la jeune génération qui<br />

fréquentait ces éco<strong>les</strong> (McLeod, 1998).<br />

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