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Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Chapitre 5<br />

A partir de 1830, le ministère des Affaires indiennes 15 nouvellement formé s’est montré disposé à<br />

considérer que tous <strong>les</strong> Autochtones – hommes, femmes et enfants – pouvaient être civilisés et que,<br />

collectivement, ils recevraient toute l’attention nécessaire dans le but d’améliorer leur vie (Milloy, 1999).<br />

Cependant, à la suite <strong>du</strong> Rapport de la Commission Bagot, le ministère a donc décidé que <strong>les</strong> Autochtones<br />

a<strong>du</strong>ltes ne pourraient faire que des « progrès » limités vers l’atteinte de l’objectif fixé. Afin de maximiser<br />

le potentiel d’assimilation des Autochtones, le ministère a décidé qu’on accorderait la priorité aux enfants<br />

<strong>autochtones</strong>. Cette décision était fondée sur la croyance que <strong>les</strong> enfants possédaient une identité plus<br />

influençable qui pourrait être forgée par l’é<strong>du</strong>cation colonialiste. Ainsi, ce sont <strong>les</strong> enfants <strong>autochtones</strong>,<br />

plutôt que leurs parents, que <strong>les</strong> dirigeants de l’État ont retenu comme la préoccupation centrale des<br />

stratégies d’assimilation (Grant, 1996; Graham, 1997; Milloy, 1999; Miller et Danziger, 2000). On<br />

avait l’impression que <strong>les</strong> a<strong>du</strong>ltes <strong>autochtones</strong>, particulièrement <strong>les</strong> Aînés, représentaient une menace<br />

dans le cadre de cette stratégie d’assimilation, étant donné que leur mode de vie traditionnel autochtone<br />

était plutôt considéré comme des reliques de cultures moribondes et d’une race en voie de disparition,<br />

n’ayant aucune fonction, ni aucune valeur dans ce Canada nouvellement constitué (Miller, 1996; Fournier<br />

et Crey, 1997; Milloy, 1999).<br />

Le retrait des enfants des collectivités <strong>autochtones</strong> pour <strong>les</strong> é<strong>du</strong>quer dans des pensionnats, là où ils<br />

seraient influencés profondément, complètement imprégnés des valeurs et de la culture européennes, a<br />

constitué une première stratégie adoptée par <strong>les</strong> politiques colonialistes dans le but de christianiser (le<br />

but de l’Église) et d’assimiler (le but <strong>du</strong> gouvernement) <strong>les</strong> Autochtones (Miller, 1987; 1989; 1996; Ing,<br />

1991; Furniss, 1992; Armitage, 1995; Feehan, 1996; Grant, 1996; Milloy, 1999; Johansen, 2000). Par<br />

ailleurs, dès 1858, le ministère des Affaires indiennes et <strong>les</strong> Églises constatent que le système des éco<strong>les</strong><br />

in<strong>du</strong>striel<strong>les</strong> est complètement inefficace à faire progresser l’assimilation. Cet insuccès est attribué en<br />

partie à des difficultés concernant <strong>les</strong> inscriptions et aux fugueurs ainsi que, de façon encore plus<br />

importante, au comportement des finissants de ces éco<strong>les</strong>. Milloy relève <strong>les</strong> points suivants :<br />

[TRADUCTION] Encore plus problématique ... était le comportement des finissants.<br />

A leur retour dans leur collectivité, supposément socialement réé<strong>du</strong>qués comme des<br />

non Autochtones, ils retombaient dans leur culture, récidivaient. Ils n’avaient pas été<br />

contaminés par le zèle, l’application au travail, et ils n’ont pas joué de rôle prépondérant<br />

dans le développement communautaire ... Dans leur analyse de la situation, <strong>les</strong><br />

commissaires [de la commission Bagot], « extrêmement découragés », n’ont pas jeté le<br />

blâme de cet échec sur <strong>les</strong> éco<strong>les</strong>, mais bien sur <strong>les</strong> conditions des réserves dans <strong>les</strong>quel<strong>les</strong><br />

ces finissants retournaient (1999 : 18).<br />

Le ministère a particulièrement blâmé l’influence des parents et des Aînés pour expliquer la « récidive »<br />

des finissants (Miller, 1987; Furniss, 1992; Grant, 1996; Milloy, 1999).<br />

15 Le ministère des Affaires indiennes a été créé en 1830 par Sir George Murray, le Secrétaire d’État pour <strong>les</strong> colonies<br />

sous la tutuelle <strong>du</strong> gouvernement de l’Empire britannique. L’établissement <strong>du</strong> ministère a été un changement radical dans<br />

le cadre de la politique déjà ancienne relative aux Premières Nations <strong>du</strong> Haut et <strong>du</strong> Bas-Canada mise en vigueur par le<br />

gouvernement impérial au moment de la Proclamation en 1763. Le ministère a reçu la mission d’améliorer le sort des<br />

collectivités <strong>autochtones</strong> en favorisant « par tous <strong>les</strong> moyens possib<strong>les</strong> l’avancement de la connaissance et de l’é<strong>du</strong>cation<br />

religieuse de façon générale <strong>chez</strong> <strong>les</strong> tribus indiennes » (Murray, 1830 dans Milloy, 1999 : 11).<br />

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