Suicide chez les Autochtones au Canada - Fondation autochtone de ...

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28.08.2013 Views

Chapitre 5 propres à cette activité et des effets négatifs potentiels. En centrant les efforts sur la personne, il se peut qu’on ne reconnaisse pas ou qu’on ignore les causes plus profondes des problèmes qui se situent au niveau des conditions sociales ou de crises existentielles ou d’événements du développement antérieurs, par exemple, si la personne a été victime de violence familiale, le comportement d’autres personnes concernées ne sera pas traité par cette intervention particulière. En raison de cette portée limitée, il peut n’y avoir que des incidences restreintes sur une vaste population ou comporter un risque subséquent pour d’autres. Particulariser un groupe vulnérable peut susciter chez ses membres une stigmatisation et, également, faire en sorte que ceuxci seront évincés d’un milieu social environnant susceptible de les aider à conserver les résultats positifs obtenus grâce à l’intervention. En revanche, l’approche centrée sur la population en prévention permet de se pencher sur les causes fondamentales d’un problème de santé associé aux conditions sociales, notamment des attitudes, des modes de vie, des pratiques communes ou répandues qui sont liées à l’éducation des enfants ou l’intégration de populations entières. Cette approche offre la possibilité d’apporter des bienfaits à une vaste population et d’améliorer bien des conditions de vie. Des approches s’adressant au public en général peuvent être plus facilement accueillies étant donné qu’elles ne particularisent pas un groupe spécifique et elles peuvent donner l’impulsion nécessaire pour que des changements s’opèrent chez beaucoup de personnes, ce qui permettra de se renforcer mutuellement dans l’adoption d’un comportement sain. La stratégie dirigée vers la population qui tient compte d’un grand groupe a le principal désavantage que les ressources peuvent être saupoudrées et donc sembler toucher aucun des groupes concernés efficacement. En réalité, on ne peut lui attribuer qu’un bienfait de portée très secondaire et à peu de gens en particulier. La nature moins personnalisée de l’intervention peut aussi susciter chez les personnes et les professionnels un intérêt mitigé. Le risque potentiel chez certains individus peut être difficile à reconnaître et à traiter. C’est pourquoi en raison de l’équilibre entre les risques et les avantages on se trouve devant un dilemne. «[TRAD.] Dans l’optique de la prévention en général de toute une collectivité, chaque personne n’a que peu d’attentes quant aux bienfaits (pour soi) et un faible risque peut facilement l’emporter sur cet avantage personnel restreint » (Rose, 2001:432). Les approches au niveau de la population s’appuient sur une diversité de définitions de la population à laquelle elles s’adressent. Pour les Autochtones, ce qu’on entend par « population visée par ces approches » varie entre une population autochtone globale ou nord-américaine/amérindienne, un groupe autochtone spécifique ou de Premières Nations, la population générale canadienne ou provinciale ou territoriale et même une population régionale ou une seule population communautaire. Le fait de mettre en application des stratégies préventives destinées à chacun de ces niveaux a des incidences ou des répercussions différentes, non seulement en fonction du type et de l’importance des ressources requises pour desservir la population ciblée, mais, plus important encore, en fonction du degré d’engagement politique et de la prise en charge par les Autochtones de l’intervention comme telle. En effet, le degré de participation de la communauau développement et à la mise en application de programmes de prévention peut être un facteur contributif essentiel à leur impact positif. Comme il a été mentionné au chapitre 3, bien des collectivités autochtones ont des groupes démographiques spécifiques chez qui le risque de suicide est plus élevé. En particulier, les jeunes hommes constituent un groupe à risque reconnaissable. De même que, la consommation excessive des substances psychoactives, particulièrement boire beaucoup d’alcool et inhaler des solvants, est un indicateur très significatif d’un risque accru. L’abus des solvants survient généralement chez des préadolescents et est le plus souvent attribuable 98

99 Chapitre 5 à des problèmes personnels et familiaux importants. Le tableau 5-2 présente d’autres facteurs de risque qui peuvent orienter le dépistage et l’intervention. Il n’en reste pas moins que des études épidémiologiques montrent que l’idéation suicidaire et les tentatives de suicide sont si répandues chez les jeunes gens de certaines communautés que le concept de « groupe à risque » peut induire en erreur, peut être trompeur; c’est pourquoi il est impératif d’adopter une approche communautaire plus générale. L’application d’une approche d’ensemble a deux avantages supplémentaires : elle empêche la stigmatisation d’un groupe spécifique de personnes et elle s’intègre aux objectifs globaux du développement communautaire, ce qui aura un effet positif sur la santé mentale de la population entière, tout comme les personnes à risque en bénéficieront. Tableau 5-2) Facteurs de risque et facteurs de protection applicables en prévention du suicide Facteurs de risque Facteurs de protection • sexe masculin • tentative de suicide antérieure • victime de violence· perpétration d’actes de violence • consommation d’alcool • consommation de drogues • inhalation ou usage de solvants • ennuis à l’école • troubles de l’humeur (c.-à-d. dépression majeure) • retrait social • pauvreté • interdépendance perçue parents-enfants et avec la famille • bien-être affectif (particulièrement pour les filles) • réussite scolaire • participation à la vie collective et lien d’appartenance/rapport étroit avec sa communauté Source : American Academy of Child and Adolescent Psychiatry, 2001a; Barney, 2001; Borowsky et coll., 2001; Gould et coll., 1996; Evans, Hawton et Rodham, 2004; Malone et coll., 2000 Programmes efficaces de prévention du suicide Un programme idéal de prévention du suicide destiné aux collectivités autochtones devrait avoir prouvé son efficacité, être parvenu à toucher les groupes à haut risque, être réalisable ou viable en tenant compte des ressources locales et avoir traité les causes immédiates (directes) du suicide, tout comme les causes profondes ou de plus longue durée. Malheureusement, seulement quelques études ont rigoureusement évalué l’efficacité d’un programme de prévention du suicide dans une collectivité quelconque (National Research Council, Goldsmith et Kleinman, 2002; Middlebrook et coll., 2001). Dans de nombreuses populations, le faible taux de fréquence de suicide rend difficile d’évaluer les répercussions des interventions. Dans le cadre de leur examen de travaux de recherche évaluative sur la prévention du suicide au Canada, Breton et ses collaborateurs (1998) ont ressorti seulement 15 recherches dont la plupart avait évalué l’incidence de programmes scolaires sur l’acquisition de connaissances et d’aptitudes. Une grande partie de ces évaluations ont fait état de résultats positifs obtenus grâce à ces programmes; cependant, peu d’études de portée scientifique ont été publiées. Le rapport de Breton et coll., conclut qu’il faudrait plus de recherche évaluative approfondie dont la préoccupation

Chapitre 5<br />

propres à cette activité et <strong>de</strong>s effets négatifs potentiels. En centrant <strong>les</strong> efforts sur la personne, il se peut qu’on<br />

ne reconnaisse pas ou qu’on ignore <strong>les</strong> c<strong>au</strong>ses plus profon<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s problèmes qui se situent <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s<br />

conditions socia<strong>les</strong> ou <strong>de</strong> crises existentiel<strong>les</strong> ou d’événements du développement antérieurs, par exemple, si<br />

la personne a été victime <strong>de</strong> violence familiale, le comportement d’<strong>au</strong>tres personnes concernées ne sera pas<br />

traité par cette intervention particulière. En raison <strong>de</strong> cette portée limitée, il peut n’y avoir que <strong>de</strong>s inci<strong>de</strong>nces<br />

restreintes sur une vaste population ou comporter un risque subséquent pour d’<strong>au</strong>tres. Particulariser un<br />

groupe vulnérable peut susciter <strong>chez</strong> ses membres une stigmatisation et, également, faire en sorte que ceuxci<br />

seront évincés d’un milieu social environnant susceptible <strong>de</strong> <strong>les</strong> ai<strong>de</strong>r à conserver <strong>les</strong> résultats positifs<br />

obtenus grâce à l’intervention.<br />

En revanche, l’approche centrée sur la population en prévention permet <strong>de</strong> se pencher sur <strong>les</strong> c<strong>au</strong>ses<br />

fondamenta<strong>les</strong> d’un problème <strong>de</strong> santé associé <strong>au</strong>x conditions socia<strong>les</strong>, notamment <strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> vie, <strong>de</strong>s pratiques communes ou répandues qui sont liées à l’éducation <strong>de</strong>s enfants ou l’intégration <strong>de</strong><br />

populations entières. Cette approche offre la possibilité d’apporter <strong>de</strong>s bienfaits à une vaste population et<br />

d’améliorer bien <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> vie. Des approches s’adressant <strong>au</strong> public en général peuvent être plus<br />

facilement accueillies étant donné qu’el<strong>les</strong> ne particularisent pas un groupe spécifique et el<strong>les</strong> peuvent<br />

donner l’impulsion nécessaire pour que <strong>de</strong>s changements s’opèrent <strong>chez</strong> be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong> personnes, ce qui<br />

permettra <strong>de</strong> se renforcer mutuellement dans l’adoption d’un comportement sain. La stratégie dirigée vers<br />

la population qui tient compte d’un grand groupe a le principal désavantage que <strong>les</strong> ressources peuvent<br />

être s<strong>au</strong>poudrées et donc sembler toucher <strong>au</strong>cun <strong>de</strong>s groupes concernés efficacement. En réalité, on ne<br />

peut lui attribuer qu’un bienfait <strong>de</strong> portée très secondaire et à peu <strong>de</strong> gens en particulier. La nature moins<br />

personnalisée <strong>de</strong> l’intervention peut <strong>au</strong>ssi susciter <strong>chez</strong> <strong>les</strong> personnes et <strong>les</strong> professionnels un intérêt mitigé.<br />

Le risque potentiel <strong>chez</strong> certains individus peut être difficile à reconnaître et à traiter. C’est pourquoi en<br />

raison <strong>de</strong> l’équilibre entre <strong>les</strong> risques et <strong>les</strong> avantages on se trouve <strong>de</strong>vant un dilemne. «[TRAD.] Dans<br />

l’optique <strong>de</strong> la prévention en général <strong>de</strong> toute une collectivité, chaque personne n’a que peu d’attentes quant<br />

<strong>au</strong>x bienfaits (pour soi) et un faible risque peut facilement l’emporter sur cet avantage personnel restreint »<br />

(Rose, 2001:432).<br />

Les approches <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> la population s’appuient sur une diversité <strong>de</strong> définitions <strong>de</strong> la population à<br />

laquelle el<strong>les</strong> s’adressent. Pour <strong>les</strong> <strong>Autochtones</strong>, ce qu’on entend par « population visée par ces approches »<br />

varie entre une population <strong>au</strong>tochtone globale ou nord-américaine/amérindienne, un groupe <strong>au</strong>tochtone<br />

spécifique ou <strong>de</strong> Premières Nations, la population générale canadienne ou provinciale ou territoriale et<br />

même une population régionale ou une seule population commun<strong>au</strong>taire. Le fait <strong>de</strong> mettre en application<br />

<strong>de</strong>s stratégies préventives <strong>de</strong>stinées à chacun <strong>de</strong> ces nive<strong>au</strong>x a <strong>de</strong>s inci<strong>de</strong>nces ou <strong>de</strong>s répercussions différentes,<br />

non seulement en fonction du type et <strong>de</strong> l’importance <strong>de</strong>s ressources requises pour <strong>de</strong>sservir la population<br />

ciblée, mais, plus important encore, en fonction du <strong>de</strong>gré d’engagement politique et <strong>de</strong> la prise en charge<br />

par <strong>les</strong> <strong>Autochtones</strong> <strong>de</strong> l’intervention comme telle. En effet, le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> participation <strong>de</strong> la commun<strong>au</strong>té <strong>au</strong><br />

développement et à la mise en application <strong>de</strong> programmes <strong>de</strong> prévention peut être un facteur contributif<br />

essentiel à leur impact positif.<br />

Comme il a été mentionné <strong>au</strong> chapitre 3, bien <strong>de</strong>s collectivités <strong>au</strong>tochtones ont <strong>de</strong>s groupes démographiques<br />

spécifiques <strong>chez</strong> qui le risque <strong>de</strong> suici<strong>de</strong> est plus élevé. En particulier, <strong>les</strong> jeunes hommes constituent un<br />

groupe à risque reconnaissable. De même que, la consommation excessive <strong>de</strong>s substances psychoactives,<br />

particulièrement boire be<strong>au</strong>coup d’alcool et inhaler <strong>de</strong>s solvants, est un indicateur très significatif d’un risque<br />

accru. L’abus <strong>de</strong>s solvants survient généralement <strong>chez</strong> <strong>de</strong>s préado<strong>les</strong>cents et est le plus souvent attribuable<br />

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