Les Loteries des pays de l'est et leurs jeux - European Lotteries
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Juridique<br />
L’évolution du <strong>pays</strong>age juridique européen<br />
Philippe Vlaemminck, Vlaemminck & Partners<br />
I. L’évolution <strong>de</strong> la réglementation européenne<br />
dans le secteur <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>jeux</strong> d’argent<br />
A. La Cour Européenne <strong>de</strong> Justice<br />
Au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> douze <strong>de</strong>rniers mois, les tribunaux<br />
<strong>de</strong> plusieurs Etats Membres ont<br />
posé à la Cour Européenne <strong>de</strong> Justice<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> questions préjudicielles en matière<br />
<strong>de</strong> <strong>jeux</strong> d’argent. Alors que la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
questions abor<strong>de</strong>nt la cohérence interne<br />
<strong>de</strong> la législation, <strong>de</strong> nouveaux problèmes<br />
sont apparus. Il y a ainsi la question <strong>de</strong><br />
savoir si, dans le cas néerlandais <strong>de</strong> B<strong>et</strong>fair,<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> licences <strong>de</strong> jeu doivent être accordées<br />
conformément à <strong><strong>de</strong>s</strong> normes <strong>et</strong><br />
procédures transparentes <strong>et</strong> non discriminatoires,<br />
un point que l’Avocat Général<br />
BOT discute dans son avis sur l’affaire <strong>de</strong><br />
la Ligua Portuguesa <strong>de</strong> Futebol, mais il y<br />
a aussi la question <strong><strong>de</strong>s</strong> eff<strong>et</strong>s complexes<br />
potentiels du jeu à distance en ce qui<br />
concerne les droits <strong><strong>de</strong>s</strong> joueurs <strong>de</strong> football<br />
<strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> clubs dans le cas belge du Real<br />
Madrid. Ceci démontre clairement que<br />
les conflits juridiques liés aux <strong>jeux</strong> <strong>de</strong> hasard<br />
au sein <strong>de</strong> l’UE requièrent <strong><strong>de</strong>s</strong> solutions<br />
réglementaires claires.<br />
Dans son avis sur l’affaire Placanica,<br />
l’Avocat Général mentionne que les Etats<br />
Membres ont déjà manqué plusieurs occasions<br />
<strong>de</strong> réglementer les services <strong>de</strong><br />
<strong>jeux</strong> <strong>de</strong> hasard au niveau communautaire.<br />
Bien que le commentaire soit étonnant <strong>et</strong><br />
injuste, au vu <strong>de</strong> l’inadéquation <strong><strong>de</strong>s</strong> solutions<br />
proposées par la Commission, cela<br />
prouve que la Cour n’est pas disposée à<br />
<strong>de</strong>venir l’arbitre ultime <strong>de</strong> ce qui <strong>de</strong>vient<br />
un problème politique <strong>de</strong> plus en plus<br />
délicat. Le nombre <strong>de</strong> cas d’infractions,<br />
qui sont déjà très controversés, prouvent<br />
encore davantage qu’il ne s’agit plus là<br />
d’un litige purement juridique mais bien<br />
plutôt un problème politique.<br />
Néanmoins, il convient d’adm<strong>et</strong>tre que,<br />
dans ce domaine, la Cour Européenne a<br />
agi en tenant le plus grand compte <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
sensibilités <strong>et</strong> problèmes en jeu. La Cour,<br />
comme d’habitu<strong>de</strong> <strong>et</strong> dans toute la mesure<br />
du possible, a assumé ses responsabilités<br />
<strong>et</strong> a largement contribué à créer les conditions<br />
perm<strong>et</strong>tant aux Etats Membres <strong>de</strong><br />
comprendre ce qui est possible dans le<br />
contexte même du Traité. De Schindler à<br />
Placanica, la Cour a fixé le cadre juridique<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> services <strong>de</strong> <strong>jeux</strong> <strong>de</strong> hasard dans le<br />
cadre du Traité, ainsi que ses limites.<br />
19<br />
P AN RAMA<br />
En résumé, la Cour Européenne accepte<br />
que les services <strong>de</strong> <strong>jeux</strong> d’argent soient une<br />
activité économique “d’une nature particulière”<br />
pour laquelle il est parfaitement<br />
acceptable que les Etats maintiennent <strong>et</strong><br />
introduisent <strong><strong>de</strong>s</strong> (nouvelles) restrictions<br />
pour <strong><strong>de</strong>s</strong> raisons d’ordre public <strong>et</strong> afin <strong>de</strong><br />
prévenir les risques liés à l’addiction. <strong>Les</strong><br />
Etats sont autorisés à canaliser le désir <strong>de</strong><br />
jouer vers <strong><strong>de</strong>s</strong> opérateurs sélectionnés <strong>et</strong><br />
contrôlés qui n’offrent que <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>jeux</strong> considérés<br />
par l’Etat concerné comme étant<br />
moralement, politiquement <strong>et</strong> juridiquement<br />
acceptables. C<strong>et</strong>te offre <strong>de</strong> <strong>jeux</strong> peut<br />
s’étendre à <strong>de</strong> nouveaux domaines, utiliser<br />
<strong>de</strong> nouveaux formats si cela s’avère nécessaire<br />
à la mise en œuvre d’une politique effective<br />
<strong>et</strong> efficace <strong>et</strong> utiliser différentes approches<br />
mark<strong>et</strong>ing. <strong>Les</strong> Etats ont un grand<br />
pouvoir discrétionnaire dans le choix <strong>de</strong><br />
leur propre modèle, indépendamment <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
autres Etats, qu’il s’agisse d’un monopole<br />
ou d’un modèle <strong>de</strong> licence.<br />
Le Traité en soi ne fournit en eff<strong>et</strong> pas <strong>de</strong><br />
réponses complètes à la complexité <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
questions relatives aux <strong>jeux</strong> <strong>de</strong> hasard <strong>et</strong><br />
la Cour en est consciente. Le cas portugais<br />
du jeu <strong>de</strong> hasard sur Intern<strong>et</strong> a démontré<br />
l’ampleur <strong><strong>de</strong>s</strong> difficultés. Aucun <strong><strong>de</strong>s</strong> Etats<br />
Membres présents, <strong>et</strong> nombreux étaient<br />
les intervenants, ni la Commission, ne<br />
souhaitent que le marché du jeu <strong>de</strong> hasard<br />
soit gouverné par les forces du marché.<br />
L’avis rendu par l’avocat général BOT à<br />
la Cour européenne dans le cas portugais<br />
est utile pour comprendre exactement<br />
où est la limite entre ce que les États<br />
peuvent ou ne peuvent pas faire.<br />
Il soutient qu’il n’est pas obligatoire<br />
d’appliquer les normes du marché <strong>et</strong> du<br />
droit <strong>de</strong> la concurrence aux services <strong>de</strong><br />
jeu d’argent car le consommateur n’a aucun<br />
avantage à tirer d’un environnement<br />
concurrentiel. En cela, il rejoint l’Avocat<br />
Général Gulmann dans l’affaire Schindler.<br />
Toutefois, il indique clairement que l’attitu<strong>de</strong><br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> Etats est fondamentale à c<strong>et</strong><br />
égard. Si les Etats n’exploitent pas <strong>leurs</strong><br />
loteries comme <strong><strong>de</strong>s</strong> entreprises commerciales<br />
classiques <strong>et</strong> ne cherchent pas<br />
à maximiser <strong>leurs</strong> profits, ils peuvent<br />
échapper aux principes du marché. Si les<br />
Etats exploitent <strong>leurs</strong> loteries comme si<br />
elles étaient <strong><strong>de</strong>s</strong> activités économiques