Revue internationale d'écologie méditerranéenne International ...
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exempte de constructions pastorales anciennes ou actuelles.<br />
Ces différences concernent les teneurs en phosphore et carbone<br />
totales qui sont encore significativement plus fortes<br />
là où ont eu lieu des concentrations de troupeaux. La composition<br />
floristique aussi reste différente, tout comme la<br />
richesse en espèces végétales, qui est significativement plus<br />
grande dans les bergeries abandonnées dès l’Antiquité et<br />
au cours des XVIII e -XIX e siècles que dans la steppe témoin<br />
et les bergeries en cours d’exploitation ou abandonnées<br />
récemment. Ces résultats sont à rapprocher de l’existence<br />
d’un gradient de fertilité en liaison avec la concentration<br />
ancienne des troupeaux autour des bergeries et la viabilité<br />
des graines de certaines espèces plusieurs dizaines d’années<br />
à plusieurs siècles dans le sol (Verbascum sinuatum<br />
par exemple). Ces résultats montrent l’impact « quasi irréversible<br />
» de certaines perturbations (surpâturage) et confirment<br />
que la composition, la richesse et la structure de la<br />
végétation pseudo-steppique actuelles seraient issues d’une<br />
dynamique extrêmement lente, en liaison avec un processus<br />
d’appauvrissement des sols en matière organique après<br />
les défrichements néolithiques et la pratique multiséculaire<br />
du pâturage en troupeaux gardés.<br />
En conclusion, rien n’indique dans nos résultats que la<br />
végétation de type pseudo-steppique de la plaine de La<br />
Crau soit issue de défrichements de forêts dominées par<br />
Quercus Ilex au Néolithique ni qu’elle constitue un stade<br />
ultime de développement, qui n’évoluerait pas vers un<br />
stade forestier dans les conditions climatiques actuelles,<br />
même en l’absence de pâturage. Il semblerait cependant<br />
que son origine soit à rechercher dans le défrichement d’un<br />
matorral, concomitant avec la mise en place du climat<br />
méditerranéen et d’un sol rouge méditerranéen tronqué<br />
antérieurement à l’anthropisation. La pérennité de cette<br />
végétation herbacée au fil des millénaires a conduit à la<br />
création de ce paysage steppique qui s’étend sur plusieurs<br />
centaines de km 2 et qui serait lui-même à l’origine de sa<br />
persistance, en dépit d’éventuelles phases d’abandon du<br />
pâturage. La composition, la richesse et la structure de la<br />
végétation pseudo-steppique actuelle peuvent également<br />
trouver leur origine dans le long processus d’appauvrissement<br />
et d’érosion du sol qui a suivi les premiers défrichements<br />
néolithiques.<br />
Dans le cadre des changements d’usages passés et actuels<br />
(mise en culture, constructions militaro-industrielles) et des<br />
changements climatiques prédits, il importe de poursuivre<br />
nos investigations sur cet écosystème en diversifiant les<br />
marqueurs paléoécologiques (pollen, macrorestes) pour<br />
mieux appréhender l’origine de ce type de végétation aux<br />
échelles locales et régionales. De plus, nos expérimentations<br />
devraient porter maintenant sur les turn-over d’espèces<br />
en fonction des cycles climatiques et des systèmes<br />
de pâturage, afin de comprendre la dynamique fine de la<br />
végétation sur le long terme et de mieux prédire les conséquences<br />
des changements d’usage et climatiques sur cet<br />
écosystème, mémoire fragile de 6 000 années de pratiques<br />
pastorales dans un contexte édapho-climatique unique en<br />
Europe.<br />
ecologia mediterranea – Vol. 36 (1) – 2010<br />
Résumés de thèses<br />
Annabelle RIVOAL 2010<br />
Caractérisation des formations<br />
arbustives <strong>méditerranéenne</strong>s<br />
pour l’amélioration de la prévision<br />
de la pollution à l’ozone<br />
187 p.<br />
Thèse d’université soutenue le 5 mars 2010 à l’université de<br />
Provence (Aix-Marseille, France), centre de Saint-Charles,<br />
IMEP, Case 4, université de Provence, 3, place Victor Hugo,<br />
13331 Marseille cedex 03, France.<br />
Jury – Catherine FERNANDEZ (P r université de Provence), président.<br />
Serge RAMBAL (CEFE-CNRS, Montpellier), rapporteur. Valérie SIMON<br />
(ENSIACET, Toulouse), rapporteur. Vanina PASQUALINI (P r université<br />
de Corse), examinateur. Philip ROCHE (D r Cemagref), codirecteur.<br />
Bruno VILA (maître de conférences, université de Provence), codirecteur.<br />
Laurence GALSOMIES (ADEME), membre invité.<br />
Mots clés : matorral, garrigue, maquis, formation arbustive<br />
<strong>méditerranéenne</strong>, composés organiques volatils biogènes,<br />
cartographie, biomasse, ozone, ciste.<br />
Depuis plusieurs décennies, la pollution à l’ozone est<br />
devenue un sujet majeur de préoccupation pour la<br />
santé et l’environnement. En présence d’oxydes d’azote<br />
(NOx ), principalement émis par les activités anthropiques,<br />
les composés organiques volatils biogènes (COVb) émis par<br />
la végétation, favorisent la pollution à l’ozone lorsque les<br />
conditions climatiques sont favorables. La prévision de la<br />
pollution à l’ozone passe donc par une estimation précise<br />
des émissions de COVb par la végétation. En région PACA,<br />
les formations arbustives <strong>méditerranéenne</strong>s (ou matorrals)<br />
occupent une grande surface et sont fortement émettrices<br />
de COVb. Cependant, la répartition, la biomasse et les facteurs<br />
d’émission de COV des différentes espèces arbustives<br />
sont mal connus et mal quantifiés. En conséquence, les<br />
matorrals n’étaient pas correctement pris en compte dans<br />
le modèle de chimie transport CHIMERE, utilisé pour la prédiction<br />
des épisodes de pollution à l’ozone. L’objectif de<br />
ce travail a été d’améliorer leur prise en compte en précisant<br />
la répartition des espèces arbustives et de leur biomasse<br />
foliaire ainsi que leur facteur d’émission. Cette étude<br />
se focalise sur les départements des Bouches-du-Rhône et<br />
du Var qui sont les départements français les plus touchés<br />
par la pollution à l’ozone.<br />
Un premier travail a consisté à quantifier la variabilité spatiale<br />
de la composition floristique des matorrals sur la base<br />
de relevés de flore et de structure de la végétation. Ces données<br />
ont été utilisées pour rechercher une typologie des formations<br />
arbustives permettant une cartographie des matorrals<br />
par classification supervisée d’images satellites. La<br />
typologie retenue est basée sur la dominance ou la codominance<br />
d’espèces arbustives. Le département du Var présente<br />
une grande diversité de matorrals caractérisés par des<br />
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