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Vol. 32 – 2006 - Ecologia Mediterranea

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Évolution des habitats et changement climatique :<br />

quelles conséquences pour les populations de Lézard ocellé, Lacerta lepida (Saurien, Lacertidés), en limite nord de répartition ?<br />

d’estimer les effectifs sur quatre des sites analysés<br />

au cours du temps (figure 5).<br />

Sous l’hypothèse que les valeurs de densité<br />

retenues aient été effectives sur les 4 sites en<br />

1950, les effectifs initiaux devaient se situer<br />

entre 500 et 1 800 individus, soit des valeurs<br />

tout à fait satisfaisantes pour assurer le maintien<br />

d’une population. Dans les années 2000,<br />

ces valeurs ne sont plus que de 90 à 300 individus<br />

et, si l’on extrapole la tendance pour<br />

2020, seul le site de La Rochebeaucourt pourrait<br />

encore retenir une population de Lézard<br />

ocellé. Bien entendu, ces estimations ne sont<br />

que des ordres de grandeurs. Elles ne tiennent<br />

pas compte d’autres facteurs pouvant également<br />

agir sur l’évolution des effectifs : effet<br />

de la fragmentation, altération des habitats ou<br />

des ressources alimentaires, etc.<br />

Discussion<br />

Le Lézard ocellé semble une espèce en nette<br />

régression, notamment dans la partie nord de<br />

son aire de répartition. Cette régression<br />

s’illustre à la fois par la disparition de populations<br />

historiques (Cheylan & Grillet 2005)<br />

et par la forte réduction des populations<br />

contemporaines. Les 10 populations analysées<br />

entre le Lot et la Charente-Maritime montrent<br />

une perte des habitats favorables de 45 % au<br />

cours des 50 dernières années, perte qui s’accompagne<br />

d’un morcellement à l’intérieur de<br />

chaque station et d’un isolement croissant<br />

entre stations, au fur et à mesure que l’on se<br />

dirige vers le nord-ouest. Les risques d’extinction<br />

s’en trouvent accrus : facteurs stochastiques<br />

de nature démographique ou génétique,<br />

destruction de l’habitat, prélèvements.<br />

Cette régression résulte d’un abandon généralisé<br />

de l’élevage au profit d’un boisement<br />

naturel ou artificiel sur les sols peu profonds,<br />

et de l’ouverture de parcelles agricoles sur les<br />

terres les plus fertiles. Cette perte des milieux<br />

ouverts pâturés concerne également les départements<br />

de la Corrèze (GMHL 2000), de la<br />

Lozère (Destre et al. 2001), de l’Aveyron<br />

(Bernard 1997) et plus globalement, l’ensemble<br />

des départements situés à l’ouest du<br />

Massif central. Ce constat exprime une tendance<br />

générale de la forêt française qui a doublé<br />

en surface depuis le milieu du XIX e siècle<br />

(source : Inventaire forestier national) et qui a<br />

progressé de 40 000 ha pour la seule année<br />

<strong>2006</strong> (IFEN <strong>2006</strong>). Les départements du Lot,<br />

ecologia mediterranea <strong>–</strong> <strong>Vol</strong>. <strong>32</strong> <strong>–</strong> <strong>2006</strong><br />

Figure 5 <strong>–</strong> Évolution théorique des populations de Lézard ocellé, Lacerta<br />

lepida, sur 4 des 10 sites étudiés.<br />

Theoritical evolution of Ocellated Lizard, Lacerta lepida,<br />

populations on 4 of the 10 studied sites.<br />

de la Dordogne et de la Corrèze font partie<br />

des départements français les plus concernés<br />

par cette progression. Celle-ci s’accompagne<br />

d’un processus de fragmentation bien mis en<br />

évidence sur les sites de Paussac et de La<br />

Rochebeaucourt. Les difficultés d’échanges<br />

entre sous-populations s’en trouvent accrues<br />

ainsi que les risques d’extinction pour la<br />

population. Concernant les risques d’extinction,<br />

au moins 6 des 10 populations étudiées<br />

dans le cadre de ce travail occupent des sites<br />

isolés, avec peu ou pas de possibilités<br />

d’échanges avec l’extérieur (Cazillac, Chasteaux,<br />

Paussac, La Rochebeaucourt, Marsac,<br />

Bussac). Ces populations sont par ailleurs<br />

petites : quelques dizaines à quelques centaines<br />

d’individus tout au plus. Si le rythme<br />

de régression des habitats se maintient, on<br />

peut s’attendre à leur disparition au cours des<br />

vingt prochaines années. Au rythme actuel, la<br />

disparition du Lézard ocellé peut donc être<br />

envisagée à court terme (2020-2030) dans la<br />

région comprise entre le département du Lot<br />

et la Charente-Maritime.<br />

Plusieurs cas d’extinction en milieu insulaire<br />

nous renseignent sur les risques encourus par<br />

les petites populations de Lézard ocellé : l’île<br />

de Berlenga au Portugal, et les îles de Porquerolles<br />

et de Ratonneau en France. Sur<br />

Ratonneau (100 ha) l’espèce était connue au<br />

début du XX e siècle. Elle se serait éteinte suite<br />

à l’introduction de chats (Mourgue 1930). Sur<br />

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