Vol. 32 – 2006 - Ecologia Mediterranea
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PIERRE GRILLET, MARC CHEYLAN, FRANÇOIS DUSOULIER<br />
68<br />
Processus de fragmentation<br />
à l’échelle locale<br />
L’analyse paysagère effectuée sur les sites de<br />
Paussac et de La Rochebeaucourt illustre la<br />
façon dont se font les pertes d’habitats sur le<br />
plan spatial.<br />
1) Site de Paussac (figure 3)<br />
Le site de Paussac s’étend sur environ 700 ha.<br />
En 1950, 44 % du site était constitué de<br />
pelouses ouvertes, le restant étant occupé par<br />
des cultures, des boisements et des villages.<br />
Ces pelouses s’organisaient autour de 5 taches<br />
principales de superficies relativement étendues<br />
pour au moins deux d’entre elles : respectivement<br />
170 ha (A), 100 ha (B), 20 ha (C)<br />
et deux autres taches plus petites (une vingtaine<br />
d’hectares pour D et E). Les taches A, B<br />
Figure 3 <strong>–</strong> Évolution des habitats favorables (en grisé) au Lézard ocellé,<br />
Lacerta lepida, sur Paussac entre 1950 et 1999. Les lettres<br />
indiquent les principaux noyaux favorables en 1950 (voir texte).<br />
Evolution of habitats (in gray) suitable for the Ocellated Lizard,<br />
Lacerta lepida, in Paussac between 1950 and 1999.<br />
Figure 4 <strong>–</strong> Évolution des habitats favorables (en grisé) au Lézard ocellé,<br />
Lacerta lepida, sur le site de La Rochebeaucourt entre 1950 et<br />
2001.<br />
Evolution of habitats (in gray) suitable for the Ocellated Lizard,<br />
Lacerta lepida, in the site of La Rochebeaucourt<br />
between 1950 and 2001.<br />
et C étaient alors quasi connectées étant<br />
donné la faible distance entre elles (moins de<br />
60 m) et l’occupation agricole de 1950<br />
(petites parcelles, cultures sèches). En 1977,<br />
les habitats favorables se sont nettement<br />
réduits et morcelés. La tache A s’est désagrégée<br />
en une dizaine de taches, la tache B s’est<br />
fortement réduite et morcelée et la tache C a<br />
quasi disparue. En 1999, les habitats favorables<br />
ne représentent plus que 6 % de la surface<br />
initiale. Les 5 noyaux se sont scindés en<br />
une cinquantaine de taches de superficie<br />
réduite (la plus importante au sud du secteur<br />
étudié couvre 6 ha, une douzaine sont comprises<br />
entre 1 et 3 ha ; les autres sont inférieures<br />
à 1 ha). Les distances et les obstacles<br />
aux déplacements sont plus importants, rendant<br />
délicats les échanges entre sous-populations.<br />
La connexion entre les taches est d’autant<br />
moins assurée que la perte des pelouses<br />
ouvertes s’est réalisée pour la plus grande partie<br />
au profit de surfaces boisées. Parallèlement,<br />
les parcelles agricoles ont été nettement<br />
agrandies, ce qui constitue un obstacle supplémentaire<br />
aux échanges entre taches.<br />
2) Site de La Rochebeaucourt (figure 4)<br />
Le site de La Rochebeaucourt s’étend sur<br />
environ <strong>32</strong>0 ha. En 1950, 140 ha étaient favorables<br />
au Lézard ocellé, le restant étant<br />
occupé par des cultures et quelques boisements.<br />
En 1980, cet ensemble quasi continu<br />
commence à se fragmenter, notamment dans<br />
sa partie nord-est. La faible distance entre<br />
taches (entre 10 et 100 m) et l’absence d’obstacles<br />
permettent toutefois d’envisager des<br />
échanges. En 2001, seuls 50 ha sont encore<br />
favorables. La fragmentation s’est considérablement<br />
amplifiée. Un ensemble de 35 ha<br />
subsiste à l’ouest, un autre de 11 ha à l’est. La<br />
distance entre ces deux taches principales<br />
s’est accrue : de 30 m en 1980, elle est passée<br />
à 500 m en 2001. Un obstacle supplémentaire<br />
aux échanges entre les sous-populations tient<br />
à la présence d’une route sur laquelle circulent<br />
de nombreux camions (carrières). Un<br />
petit aérodrome au niveau des pelouses ouest<br />
explique sans doute la relative préservation de<br />
cette zone.<br />
Évolution théorique de la population<br />
Sur la base d’une valeur théorique de 6 individus<br />
à l’hectare, et de l’évolution des superficies<br />
d’habitats favorables, il est possible<br />
ecologia mediterranea <strong>–</strong> <strong>Vol</strong>. <strong>32</strong> <strong>–</strong> <strong>2006</strong>