Vol. 32 – 2006 - Ecologia Mediterranea
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MOHAMED BOUKHEMZA, NABILA BOUKHEMZA-ZEMMOURI, JEAN-FRANÇOIS VOISIN, BELKACEM BAZIZ<br />
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raison, en Allemagne, elle capture en<br />
moyenne 1,6 proie par minute, et jusqu’à 24<br />
par minute lorsque la nourriture est très abondante<br />
(Lohmer et al. 1980 in Pinowska &<br />
Pinowski 1989). Selon Struwe & Thomsen<br />
(1991), toujours en Allemagne, l’effort de<br />
capture varie d’un mois à un autre et en fonction<br />
des milieux. À titre d’exemple, le nombre<br />
de proies capturées/mn est de 9,1 dans les<br />
prés et prairies (soit 7,1 g/mn). En Allemagne<br />
du Nord, le succès de capture des proies était<br />
le plus élevé sur les prés fauchés et les terres<br />
ouvertes mais ce type d’habitat n’est disponible<br />
que temporairement et ne permet pas de<br />
couvrir les besoins alimentaires durant toute<br />
la période de reproduction (Thomsen 1995 ;<br />
Thomsen & Struwe 1994). Selon Carrascal et<br />
al. (1990), le « peck success » est de 60 %.<br />
Dans le Dannenberger Marsch en Basse Saxe,<br />
la Cigogne blanche consomme en moyenne<br />
dans les prairies humides environ 5 g de<br />
proies par mn (Dziewiaty 1992).<br />
Les variations de l’effort de capture en fonction<br />
des biotopes chez le Héron garde-bœufs<br />
montrent que les biomasses ingérées les plus<br />
élevées sont prises dans les labours, et les<br />
moins élevées dans les terrains fauchés et les<br />
milieux humides. Les milieux qui permettent<br />
des biomasses ingérées moyennes pour un<br />
effort de capture moyen sont les terrains fauchés.<br />
L’effort de capture exprimé par le<br />
nombre de pas est maximal dans les friches.<br />
L’efficacité de chasse exprimée par le pourcentage<br />
d‘échecs est maximale dans les<br />
labours et minimale dans les milieux humides.<br />
Les seules données existantes pour les besoins<br />
alimentaires du Héron garde-bœufs proviennent<br />
du travail de Siegfried (1969) réalisé en<br />
Afrique du Sud sur des oiseaux captifs. Ces<br />
oiseaux nourris de viande fraîche ont consom -<br />
mé en moyenne sur 114 jours : 68 g/jour/individu,<br />
ce qui représente une consommation<br />
journalière correspondant à environ 18 % du<br />
poids de l’oiseau. Taux voisin de celui<br />
observé chez les oiseaux captifs ayant peu de<br />
dépenses énergétiques. Le maximum de<br />
consommation correspond comme on devait<br />
s’y attendre à l’hiver (pour des oiseaux<br />
n’ayant pas de jeunes à nourrir). Si l’on transcrit<br />
cette consommation moyenne en calories,<br />
on arrive à une ingestion de 105 kcal/jour/<br />
individu, ce qui est logiquement nettement<br />
supérieur aux valeurs du métabolisme basal<br />
que l’on peut calculer d’après la formule proposée<br />
par King & Farner in Bredin (1983) et<br />
qui donne un métabolisme basal de 36 kcal/<br />
jour/oiseau.<br />
Les résultats de l’étude permettent de formuler<br />
certaines recommandations à appliquer<br />
pour la conservation des habitats de la<br />
Cigogne blanche et du Héron garde-bœufs en<br />
Algérie, à l’instar de ce qui est fait pour la<br />
Cigogne blanche au Danemark (Skov 1991).<br />
En Suisse, la conservation de la Cigogne est<br />
soutenue par une politique régionale s’étendant<br />
au paysage tout entier : extensification de<br />
l’agriculture et constitution de réseaux de biotopes<br />
; entretien ou exploitation extensive des<br />
surfaces naturelles, mesures de compensation<br />
écologique ; revitalisation écologique de parcelles<br />
appartenant à l’État ; promotion de<br />
l’agriculture biologique ; intégration de la<br />
revitalisation de surfaces cultivées et des<br />
cigognes blanches dans le cadre d’exploitations<br />
sélectionnées (Zingg 1995). En Algérie,<br />
les ressources alimentaires doivent également<br />
être disponibles continuellement dans les<br />
environs immédiats des nids ; pour remplir<br />
ces conditions, il faut une mosaïque de petites<br />
parcelles de prés exploités en continu durant<br />
toute la saison de reproduction ; l’inondation<br />
périodique de prairies extensives doit être réalisée<br />
à proximité de sites de reproduction des<br />
batraciens ; un réseau de friches et d’autres<br />
structures fonctionnant comme réservoir de<br />
proies variées doit être réalisé. À ce propos,<br />
Hafner et al. (1997) ont montré que la distribution<br />
des colonies d’oiseaux d’eau n’était<br />
pas le fruit du hasard ; elle dépend de l’étendue<br />
et de la qualité des zones propices à l’alimentation.<br />
C’est dans ces zones que l’on doit<br />
veiller au maintien et à la gestion des bosquets<br />
et des bois utilisés traditionnellement par les<br />
Ardéidés. C’est pour cela que la protection et<br />
la gestion des sites de reproduction sont des<br />
mesures importantes. Dans certains secteurs<br />
méditerranéens, des plantations pourraient<br />
s’avérer nécessaires à moyen terme, comme<br />
cela se fait déjà avec succès en Italie et<br />
ailleurs (Fasola & Alieri 1992 ; Hafner &<br />
Fasola 1997 ; Kushlan & Hafner 2000).<br />
Bibliographie<br />
Boukhemza M., 2001. Étude bio-écologique de la<br />
Cigogne blanche (Ciconia ciconia L., 1775) et du<br />
Héron garde-bœufs (Bubulcus ibis L., 1775) en<br />
Kabylie. Analyse démographique, éthologique et<br />
essai d’interprétation des stratégies trophiques.<br />
Thèse de doctorat d’État, Institut national agronomique<br />
d’El Harrach, Alger. 189 p.<br />
Boukhemza M., Doumandji S. & Bentamer N., 1997.<br />
Sur l’importance des insectes dans le spectre alimentaire<br />
de la Cigogne blanche Ciconia ciconia L.,<br />
ecologia mediterranea <strong>–</strong> <strong>Vol</strong>. <strong>32</strong> <strong>–</strong> <strong>2006</strong>