Vol. 32 – 2006 - Ecologia Mediterranea
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MOHAMED BOUKHEMZA, NABILA BOUKHEMZA-ZEMMOURI, JEAN-FRANÇOIS VOISIN, BELKACEM BAZIZ<br />
18<br />
directe à distance (transects en voiture) du<br />
nombre d’individus. Sur certains d’entre eux,<br />
une observation plus détaillée des proies<br />
consommées (converties en biomasses) et du<br />
nombre de pas effectués.<br />
Matériel et méthodes<br />
Cette étude a été menée dans la vallée de<br />
l’oued Sébaou, une région sublittorale caractérisée<br />
par une importante activité agricole,<br />
notamment dans la production d’agrumes et<br />
le maraîchage. On y trouve des prairies, des<br />
friches et des bosquets où pâture du bétail.<br />
Cette région a été décrite en détail par Boukhemza<br />
et al. (1995). Elle est comprise entre<br />
les parallèles 36 et 44o N et les méridiens 3 et<br />
5o E.<br />
L’échantillonnage des espèces proies des deux<br />
espèces étudiées a été conduit en cinq stations<br />
types bien représentatives des milieux fréquentés<br />
par ces oiseaux. Plusieurs techniques<br />
ont été utilisées. Les invertébrés vivant sur le<br />
sol, essentiellement les coléoptères, ont été<br />
échantillonnés avec des pièges de Barber dont<br />
10 étaient installés sur une surface de 10 m2 dans chaque station, et relevés au début de<br />
chaque mois. Les orthoptères ont été capturés<br />
au début de chaque mois, dans 10 carrés de<br />
10 m2 chacun situés sur chaque station (Voisin<br />
1986). Les insectes aquatiques ont été<br />
récoltés au filet troubleau à faible profondeur<br />
dans l’eau le long de la berge de l’oued<br />
Sébaou, en suivant les recommandations de<br />
Lamotte & Bourlière (1969). Les vertébrés<br />
ont été capturés par piégeage.<br />
Le régime étant fondé sur les prises alimentaires,<br />
la manière la mieux adaptée pour exprimer<br />
les ressources d’un milieu serait de les<br />
exprimer en « prises alimentaires disponibles<br />
» pour ces oiseaux, ce qui est d’autant<br />
plus difficilement réalisable que ces espèces<br />
sont éclectiques. Afin de nous en approcher le<br />
plus, nous avons utilisé « l’indice mensuel<br />
d’abondance des ressources » de Bredin<br />
(1983, 1984) en nous fondant sur nos prélèvements<br />
de proies. Cet indice correspond au<br />
pourcentage d’individus d’une espèce donnée<br />
capturés dans un milieu donné, rapporté au<br />
nombre total de captures. Il comprend quatre<br />
niveaux : absence (n % = 0), petit nombre<br />
(n % ≤ 10), abondance (10 < n % ≤ 50), abondance<br />
maximum (50 < n % ≤ 100).<br />
La fréquentation des différents milieux par la<br />
Cigogne blanche et le Héron garde-bœufs a<br />
été suivie sur trois itinéraires-échantillons<br />
longs de respectivement 10, 15 et 20 km. Ils<br />
ont été parcourus une fois par semaine à<br />
vitesse modérée (45 km/h), de janvier à août<br />
1995 en ce qui concerne la Cigogne blanche<br />
et de novembre 1994 à octobre 1995 pour le<br />
Héron garde-bœufs. Tous les groupes de<br />
Cigognes blanches et de Hérons garde-bœufs<br />
aperçus posés étaient dénombrés, éventuellement<br />
en faisant un arrêt. Il ne fut pas tenu<br />
compte des individus observés en vol. Les<br />
caractéristiques de chaque milieu fréquenté<br />
par les oiseaux (type de milieu, superficie et<br />
pratiques agricoles) ont été notées. L’indice<br />
de fréquentation d’un biotope donné est défini<br />
comme le quotient du nombre d’oiseaux<br />
recensés dans celui-ci par sa superficie en %<br />
de la superficie totale de la zone de référence<br />
fréquentée par ces oiseaux (Ellison et al.<br />
1977).<br />
Des observations directes sur l’activité de<br />
chasse et d’alimentation des deux échassiers<br />
ont été réalisées en suivant aux jumelles une<br />
Cigogne ou un Héron garde-bœufs et en<br />
notant attentivement les proies qu’il capturait.<br />
Ce travail a nécessité un certain apprentissage,<br />
car la détermination aux jumelles des invertébrés,<br />
proies essentielles de la Cigogne blanche<br />
et du Héron garde-bœufs, est délicate. Pour<br />
limiter cet inconvénient, nous avons recherché<br />
ces proies sur le terrain, entre autres lors<br />
des labours. De mars à juillet 1995, nous<br />
avons effectué 100 heures d’observation<br />
cumulées sur l’activité de chasse de chacune<br />
des deux espèces, correspondant à <strong>32</strong>0 observations<br />
avec une durée moyenne de 18 minutes<br />
pour chacune d’elles. Cette méthode a déjà<br />
été employée sur diverses espèces de hérons,<br />
dont le Héron garde-bœufs, notamment par<br />
Siegfried (1971), Grubb (1976), Voisin (1978,<br />
1991), Hafner et al. (1982) et Bredin (1983).<br />
En outre, une approche quantitative de l’activité<br />
d’alimentation de la Cigogne blanche et<br />
du Héron garde-bœufs, elle aussi fondée sur<br />
des observations directes, a été également<br />
abordée de mars à juillet 1995 en fonction des<br />
milieux trophiques fréquentés et des saisons.<br />
Cette approche partielle « coût-bénéfice » a<br />
pris en compte :<br />
<strong>–</strong> le nombre de proies capturées avec succès<br />
par minute et le poids sec ingéré (en g par<br />
minute) ;<br />
<strong>–</strong> le nombre d’échecs par minute et le nombre<br />
de pas effectués par minute.<br />
ecologia mediterranea <strong>–</strong> <strong>Vol</strong>. <strong>32</strong> <strong>–</strong> <strong>2006</strong>