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Vol. 35 – 2009 - Ecologia Mediterranea - Université d'Avignon et des ...

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SEGHIR HADJADJ AOUL, MOHAMED CHOUIEB, ROGER LOISEL<br />

28<br />

hydrique <strong>et</strong> trop exposés, ils se <strong>des</strong>sèchent <strong>et</strong><br />

ne dépassent pas le cap du premier été.<br />

Des observations similaires ont été faites pour<br />

Pinus halepensis dans le sud-est français par<br />

Loisel (1967), pour Pinus pinea en Italie par<br />

Mass<strong>et</strong>i <strong>et</strong> Mencuccini (1991), pour Quercus<br />

suber en Tunisie par Hasnaoui (1991) <strong>et</strong> pour<br />

Quercus suber <strong>et</strong> Quercus pubescens en Sicile<br />

par Di Pasquale <strong>et</strong> Garfi (1998).<br />

Entre les arbustes, c’est-à-dire parmi la végétation<br />

basse (cistes, romarin <strong>et</strong> lavan<strong>des</strong>,<br />

tableau 6), la germination semble mieux se<br />

réaliser que dans les vi<strong>des</strong> <strong>et</strong> les p<strong>et</strong>ites clairières<br />

où le sol est presque à nu. En eff<strong>et</strong>, ce<br />

type de couvert vient atténuer sensiblement le<br />

<strong>des</strong>sèchement <strong>des</strong> surfaces (évaporation du<br />

sol) <strong>et</strong> perm<strong>et</strong> ainsi aux semences de trouver<br />

une certaine humidité <strong>et</strong> de germer. En fait,<br />

c’est sous l’arbre lui-même à l’abri de la<br />

cépée, c’est-à-dire sous un léger feuillage, que<br />

l’on observe le maximum de régénération. Ce<br />

couvert paraît idéal à la reprise <strong>des</strong> plantules<br />

puisque le feuillage peu dense du thuya de<br />

Berbérie perm<strong>et</strong> à ses plantules d’avoir assez<br />

de lumière mais aussi assez d’ombre au cours<br />

de la journée.<br />

Les résultats obtenus montrent que la régénération<br />

du thuya présente de bonnes potentialités<br />

mais subit aussi <strong>des</strong> contraintes. Parmi<br />

ces contraintes, celles qui ressortent le plus de<br />

notre analyse, sont la litière <strong>et</strong> le pâturage.<br />

Ces facteurs agissent à <strong>des</strong> temps différents.<br />

Concernant la litière, la mortalité <strong>des</strong> jeunes<br />

plantules semble être liée, au moins en partie,<br />

à l’épaisseur de l’horizon A0 mais aussi à la<br />

nature de c<strong>et</strong>te litière. Dans ce cas-ci, c’est<br />

son abondance résultant soit de la végétation<br />

en place, soit <strong>des</strong> reboisements de pin d’Alep,<br />

soit <strong>des</strong> deux à la fois qui semble bloquer le<br />

développement normal de la germination.<br />

L’épaisseur de la litière fait que les jeunes<br />

plants ne possédant pas de racines suffisamment<br />

développées ne peuvent atteindre l’horizon<br />

A1 plus humide (Tan <strong>et</strong> Bruckert 1992).<br />

Une litière trop importante freinerait ainsi<br />

l’enracinement de la plantule au sol. Pour cela<br />

« aux États-Unis d’Amérique, on a coutume<br />

avant régénération naturelle, d’éliminer par<br />

“brûlage contrôlé” la litière trop épaisse »,<br />

d’après Alexandrian <strong>et</strong> al. (1980).<br />

Nous avions remarqué par ailleurs que la<br />

reprise <strong>des</strong> jeunes plantules est bonne autour<br />

<strong>et</strong> sous le chêne kermès (région de Frenda).<br />

Cela n’est pas le cas sous le pin d’Alep c’està-dire<br />

sur la litière formée d’aiguilles, litière<br />

qui reste sèche en été (El Hamrouni 1978).<br />

Là, les semences du thuya ne trouvent pas<br />

assez d’humidité pour démarrer leur germination.<br />

La nature chimique de la litière du pin<br />

d’Alep pourrait jouer un rôle dans la germination<br />

<strong>des</strong> graines de thuya. Ainsi, le reboisement<br />

en pin d’Alep qui est à l’origine de c<strong>et</strong>te<br />

litière constituée essentiellement d’aiguilles<br />

freinerait la régénération du thuya. De même,<br />

l’absence de litière sur un sol nu peut tout<br />

aussi bien inhiber la régénération. C’est le cas<br />

<strong>des</strong> clairières où le sol est tassé ou lorsque la<br />

plantule, ne disposant pas d’abri, se <strong>des</strong>sèche.<br />

Par ailleurs, le pâturage semble agir de deux<br />

manières sur la régénération. Tout d’abord, il<br />

participe au tassement du sol, ce qui comprom<strong>et</strong><br />

l’ancrage <strong>des</strong> radicules <strong>des</strong> plantules.<br />

D’autre part, le troupeau broute les jeunes<br />

plantules encore tendres <strong>et</strong> décapite les bourgeons<br />

terminaux <strong>des</strong> jeunes plants, ce qui<br />

bloque leur croissance en hauteur. Aussi, il<br />

n’est pas rare de voir <strong>des</strong> « touffes » de thuya<br />

de 30-50 cm de haut, résultat d’un pâturage<br />

répété.<br />

Nous citerons en contre-exemple une très<br />

belle régénération que nous avons observée<br />

sur le bas côté d’un virage aux abords d’un<br />

nouveau tracé de route reliant Ouled Mimoun<br />

à Chouly dans les monts de Tlemcen. C<strong>et</strong>te<br />

position dangereuse car mauvaise visibilité<br />

pour les conducteurs a toujours été contournée<br />

par les bergers <strong>et</strong> leurs troupeaux. Cela a<br />

permis le développement très dense d’une<br />

centaine de plants de 50 cm de haut environ<br />

sur quelques mètres carrés à proximité de<br />

vieux semenciers (200-300 ans environ) préservés<br />

par un ancien tracé de route. Ce site est<br />

situé à 750 m d’altitude, en limite semi-ari<strong>des</strong>ubhumide<br />

tempéré, en exposition nord <strong>et</strong> le<br />

sol est constitué par un remblai de tuf. C<strong>et</strong>te<br />

observation vient confirmer si besoin est, la<br />

nécessité pour les plantules de trouver un sol<br />

meuble bien aéré dans une « aire mise en<br />

défens ».<br />

Conclusion<br />

Si la faculté de rej<strong>et</strong>er de souche a été salvatrice<br />

dans le maintien <strong>des</strong> tétraclinaies jusqu’à<br />

présent, il n’en reste pas moins que ce sera la<br />

régénération par semis (naturelle ou artificielle)<br />

qui sera nécessaire pour que le thuya<br />

reprenne son aire <strong>et</strong> pour le renouvellement<br />

<strong>des</strong> souches centenaires voire millénaires. Il<br />

restera à m<strong>et</strong>tre en œuvre <strong>des</strong> mesures pour la<br />

ecologia mediterranea <strong>–</strong> <strong>Vol</strong>. <strong>35</strong> <strong>–</strong> <strong>2009</strong>

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