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Revue internationale d'écologie méditerranéenne International ...

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218<br />

◆ M. BARBERO<br />

INTRODUCTION<br />

Une « série de végétation » représente l’ensemble des<br />

groupements végétaux se succédant, dans une même<br />

zone climatique et en fonction de caractéristiques édaphiques<br />

écologiques stationnelles, depuis des stades de<br />

pelouses jusqu’à un ou plusieurs stades forestiers d’équilibre,<br />

représentés par un groupement forestier qualifié de<br />

« potentiel ».<br />

Les cartographies des différents stades de la succession<br />

« pelouses – fruticées – forêts » constituent un moyen<br />

commode de représentation de la dynamique spatiale de<br />

la végétation. Mais, très souvent, des groupements intermédiaires<br />

très hétérogènes produisent des structures de<br />

transition qu’il est très difficile de distinguer à l’échelle de<br />

la carte. Un approfondissement particulier a cependant<br />

été recherché dans ce travail au niveau de la représentation<br />

des stades forestiers avec la distinction de deux<br />

groupes :<br />

♦ Les ensembles préforestiers représentant des structures<br />

transitoires de la dynamique forestière, destinés à<br />

être remplacés par les essences potentielles. Participent<br />

à ces groupements la plupart des conifères des modèles<br />

expansionnistes :<br />

— une partie des pinèdes de pin d’Alep à l’étage méditerranéen,<br />

— le pin sylvestre aux étages supraméditerranéen et montagnard<br />

sensu lato,<br />

— les peuplements de mélèze aux étages montagnard et subalpin.<br />

♦ Les ensembles forestiers potentiels peuvent être<br />

encore constitués par des essences expansionnistes<br />

comme le pin sylvestre et le mélèze (dans des situations<br />

de stress climatique : aire de continentalité, climat méditerranéo-montagnard<br />

d’adret, d’altitude), mais aussi par<br />

des essences caducifoliées (chêne, hêtre) ou des conifères<br />

plus exigeants quant à leur écologie (sapin, épicéa, pin de<br />

montagne s.l. ou arole).<br />

Il faut également noter que le groupement potentiel est<br />

caractérisé par une composition floristique relativement<br />

stable traduisant des conditions écologiques peu variables.<br />

Pour une même composition floristique, l’essence<br />

forestière peut être différente. Le cas le plus commun est<br />

celui de la hêtraie-sapinière avec ses types à sapin, à hêtre<br />

ou plus rarement à sycomore (Piémont), de la pessièresapinière<br />

avec ses types à sapin et à épicéa et surtout de la<br />

série du pin cembro et du mélèze avec ses types à mélèze,<br />

arole, pin à crochets, pin mugho.<br />

Dans ce travail, le terme de « faciès » a été généralement<br />

employé pour regrouper à la fois les stades transi-<br />

toires de séries et aussi les stades potentiels lorsqu’il s’agit<br />

de séries multiformes.<br />

La représentation cartographique des peuplements<br />

forestiers aux stades de « séries potentielles », beaucoup<br />

plus nombreux que les climax forestiers, se justifie<br />

d’autant plus :<br />

— que l’expression locale des facteurs topographiques, de<br />

l’exposition et de la nature des roches, conduisent à des<br />

pédogenèses très différentes, dans l’espace et dans le temps,<br />

dans des zones soumises aux mêmes caractéristiques climatiques<br />

générales ; ce qui a pour conséquence d’accentuer<br />

la diversité ;<br />

— que les études diachroniques, actuellement en cours sur<br />

l’ensemble des Alpes maritimes, montrent qu’une partie<br />

des groupements forestiers, considérés comme potentiels<br />

il y a 20 à 30 ans, sont en transformation, avec même dans<br />

certains cas des substitutions d’essences (remplacement, par<br />

exemple, d’une partie des pinèdes de pin sylvestre et des<br />

peuplements de mélèze par des essences plus exigeantes<br />

comme le sapin, l’épicéa, et l’arole).<br />

— qu’une bonne partie des forêts fruitières (comme les châtaigneraies)<br />

et des forêts parcourues (comme les mélézins)<br />

sont en abandon d’usages. Seule une étude floristique<br />

approfondie de leurs structures permet de définir quelques<br />

tendances qui sous-tendent la dynamique générale de ces<br />

formations.<br />

— qu’enfin beaucoup de systèmes préforestiers sont très jeunes<br />

(30 à 50 ans) et résultent d’une colonisation, plus ou moins<br />

rapide, de parcelles d’anciennes cultures sur terrasses ou de<br />

parcours dans des zones généralement colonisées par les<br />

espèces de fruticées.<br />

La rapidité de la sylvigénèse dans les Alpes maritimes,<br />

en relation avec les abandons d’usage permet de dégager<br />

des tendances phytodynamiques importantes :<br />

— développement de l’ostrya et du chêne pubescent dans<br />

l’étage supraméditerranéen,<br />

— développement du sapin et de l’épicéa à l’étage montagnard<br />

mésophile et ainsi que dans une partie du subalpin, développement<br />

du pin sylvestre sur les adrets xérophiles,<br />

— développement de l’arole dans le subalpin supérieur.<br />

Il est donc certain, qu’en l’absence de perturbation, la<br />

végétation a tendance à retrouver les grandes zonations qui<br />

étaient celles du Subboréal tardif (1500-800 av. J.-C.) :<br />

— développement de chênaies mixtes au collinéen : aujourd’hui<br />

beaucoup de chênaies piémontaises fraîches et abandonnées<br />

sont envahies par Tilia cordata, Ulmus montana, Acer<br />

div.sp. ;<br />

— développement de sapinières entre 600 et 1600 m d’altitude :<br />

une partie des pinèdes de pin sylvestre se sont étendues aux<br />

dépens du sapin ;<br />

— présence au subalpin, vers 1800 m jusqu’à 2200-2300 m,<br />

de sapinières surmontées par le pin cembro. L’extension<br />

subalpine du sapin, ainsi que celle de l’arole, est en cours<br />

au nord du Mercantour.<br />

ecologia mediterranea, tome 29, fascicule 2, 2003

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