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Revue internationale d'écologie méditerranéenne International ...

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VARIABILITÉS PHÉNOTYPIQUE ET GÉNÉTIQUE DE TROIS POPULATIONS NATURELLES D’ATRIPLEX HALIMUS ◆<br />

INTRODUCTION<br />

Atriplex halimus (Chenopodiaceae) est une xérohalophyte<br />

pérenne, indigène dans les régions <strong>méditerranéenne</strong>s<br />

arides et semi-arides. En condition naturelle,<br />

l’espèce se développe sous une tranche pluviométrique<br />

allant de 100 mm à 600 mm de précipitations annuelles<br />

moyennes, et une gamme thermique allant de 0 °C<br />

à 10 °C de moyenne des minima du mois le plus froid<br />

de l’année (m) (Le Houérou, 2000). Sur le plan édaphique,<br />

l’A. halimus s’accommode surtout de sols à texture<br />

limoneuse et il est généralement absent des sols lourds<br />

ou sableux. Du fait de sa palatabilité et son appétabilité<br />

très satisfaisantes, l’espèce constitue un fourrage<br />

très apprécié par les camélidés, les ovins et les caprins,<br />

particulièrement en période de sécheresse et de soudure<br />

(Kinet et al., 1998). Riche en protéines brutes, elle constitue<br />

une source importante pour le cheptel en matière<br />

azotée (Choukr-Allah, 1991 ; El Shatnawi & Mohawesh,<br />

2000). Dotée d’une biomasse aérienne et racinaire assez<br />

importante, l’espèce a été préconisée comme un outil<br />

efficace et relativement peu coûteux dans la lutte contre<br />

l’érosion et la désertification et dans la réhabilitation des<br />

terres dégradées (Le Houerou, 1992 ; Wills et al., 1990 ;<br />

Chisci et al., 1991). Pour ces raisons, l’Atriplex halimus<br />

a été utilisé dans plusieurs programmes d’aménagement<br />

et de restauration des parcours dégradés où le niveau de<br />

salinité excessive et l’aridité édaphique sont les principaux<br />

facteurs limitant la croissance de plantes et où il y a également<br />

un besoin de fournir à l’animal du fourrage, pendant<br />

la période de sécheresse (Le Houérou, 1992 ; Bajji et al,<br />

2002). En effet, l’espèce a été plantée sur plusieurs milliers<br />

d’hectares dans de nombreuses régions <strong>méditerranéenne</strong>s<br />

telles que la Syrie, l’Egypte, l’Arabie Saoudite, la Libye<br />

et la Tunisie (Le Houérou, 2000). Afin de préserver ses<br />

ressources génétiques et de valoriser les programmes de<br />

restauration des populations, la description de la variabilité<br />

génétique adaptative et neutre de l’espèce ainsi que la<br />

mise en place de marqueurs permettant de la discriminer<br />

sont actuellement une priorité.<br />

A. halimus a été souvent cité comme une espèce très<br />

polymorphe (Ferchichi et al., 1997 ; Chalbi et al., 1997 ;<br />

Kinet et al., 1998 ; Le Houérou, 2000), probablement en<br />

raison de sa grande amplitude écologique et de sa reproduction<br />

allogame dominante (Haddioui & Baaziz, 2001).<br />

Cependant, peu d’études ont porté jusqu’à présent sur<br />

l’évaluation de son polymorphisme. Les seules données<br />

disponibles ont concerné la variabilité iso-enzymatique<br />

de 9 populations naturelles situées dans deux contextes<br />

climatiques différents : aride et semi-aride (Haddioui<br />

ecologia mediterranea, tome 29, fascicule 2, 2003, p. 189-198<br />

& Baaziz, 2001). Cette étude a révélé l’existence d’une<br />

importante diversité génétique chez l’espèce et une structuration<br />

génétique en relation avec les distances géographiques.<br />

Cette structuration paraît aussi être corrélée avec<br />

les conditions climatiques des stations : les groupes de<br />

populations qui présentent une identité génétique importante<br />

sont généralement celles dont les stations présentent<br />

des conditions climatiques très proches. Cela suppose que<br />

cette variabilité génétique est en relation avec la diversité<br />

des habitats qui caractérise l’aire de répartition très large<br />

de l’espèce.<br />

Pour apporter une meilleure compréhension de cette<br />

variabilité, nous avons étudié sur la base de caractères<br />

morphologiques et iso-enzymatiques, trois populations<br />

naturelles d’Atriplex halimus situées dans trois contextes<br />

climatiques différents ; semi-aride, aride et saharien (Sidi<br />

Bouzid dans la région de Safi, Oudaya dans la région de<br />

Marrakech et Idelssen dans la région de Ouarzazate).<br />

L’étude morphologique a porté essentiellement sur les<br />

caractéristiques foliaires et sur l’importance de leur développement<br />

compte tenu de leur contribution à l’expression<br />

phénotypique et à la valeur fourragère de l’individu<br />

(Lapeyronie, 1982 ; Gorenflot, 1994).<br />

MATÉRIELS ET MÉTHODES<br />

Les populations d’A. halimus étudiées ont été choisies<br />

dans trois stations différentes selon un gradient d’aridité<br />

croissant et orienté nord-ouest/sud-est. Il s’agit de<br />

la station de Sidi Bouzid située dans la région de Safi<br />

à climat semi-aride, de la station de l’Oudaya dans la<br />

région de Marrakech à climat aride et de la station de<br />

Idelssen dans la région de Ouarzazate à climat saharien.<br />

Le tableau 1 donne les caractéristiques climatiques de<br />

ces stations.<br />

Dans le but d’évaluer la variabilité morphologique de<br />

ces populations, nous avons pris au hasard 28 individus<br />

dans la station Sidi Bouzid (Safi), 16 individus dans la<br />

station de l’Oudaya (Marrakech) et 16 individus dans la<br />

station de Idelssen (Ouarzazate). Sur chaque pied, 20<br />

rameaux feuillés (des deux dernières années) d’orientations<br />

différentes ont été prélevés. Ces rameaux ont<br />

été enroulés dans des bandes en jutes imbibées d’eau et<br />

placés dans des glaciaires afin de maintenir l’état hydraté<br />

des feuilles et des rameaux. Au laboratoire, la surface<br />

foliaire (SF), le rapport de la longueur de la feuille sur sa<br />

largeur maximale (RF) et la largeur moyenne des feuilles<br />

(lm) ont été déterminés. Ces données ont été obtenues<br />

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