Revue internationale d'écologie méditerranéenne International ...
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POTENTIEL HYDRIQUE ET PHÉNOLOGIE DE DEUX ARBUSTES DE LA TUNISIE SAHARIENNE ◆<br />
culièrement au mois de mars. Elle se poursuit au cours<br />
d’avril. La nouaison se produit au fur et à mesure et les<br />
gousses des premières fleurs apparaissent aussi en mars.<br />
Dans ce contexte, le maximum de fructification a lieu vers<br />
la fin du mois d’avril.<br />
La dissémination se déroule de mai à juin et le temps<br />
qui s’écoule entre l’apparition d’une gousse et sa maturation<br />
est d’environ deux mois.<br />
• Phénologie du Calligonum comosum<br />
Contrairement à Spartidium saharae, la durée de la<br />
croissance végétative annuelle du Calligonum comosum<br />
est relativement courte et ne se déroule pas toujours à<br />
la même période. Ceci est probablement lié au régime<br />
pluviométrique, en particulier aux faibles quantités des<br />
précipitations enregistrées durant la période des expérimentations<br />
(tableau 1). Ainsi au cours de l’automne et<br />
de l’hiver, ce taxon a subi une défoliation et a été privé<br />
d’une proportion non négligeable des rameaux de l’année.<br />
L’apparition des nouveaux rameaux a eu lieu en<br />
novembre pour l’année 1999 et en août pour l’année<br />
2000. En revanche, pour les trois cycles d’observation,<br />
l’allongement de ces rameaux a atteint son maximum<br />
vers le début du printemps pour régresser ensuite vers<br />
la fin de cette saison. La période estivale coïncide avec<br />
le dessèchement de la majorité des rameaux de l’année<br />
et de leur chute. L’apparition des bourgeons floraux a<br />
lieu vers la deuxième décade de février, immédiatement<br />
suivie par la floraison (fig. 5), qui atteint son apogée en<br />
mars. La fructification qui suit la nouaison des fleurs a<br />
eu lieu au fur et à mesure de leur apparition. Enfin, la<br />
dissémination des fruits débute dès la première décade<br />
d’avril pour s’achever vers la mi-mai. L’irrégularité du<br />
rythme des précipitations entraîne parfois une modification<br />
importante du rythme phénologique.<br />
DISCUSSION<br />
Le fait le plus remarquable est l’état hydrique de ces<br />
deux taxons sahariens caractérisés par des valeurs le plus<br />
souvent élevées, de leur Ψ H. En zone aride, les valeurs<br />
du potentiel hydrique des espèces végétales sont souvent<br />
plus faibles au cours de la période de stress hydrique.<br />
C’est le cas par exemple pour Prosopis glandulosa, arbuste<br />
du désert de Sonora, pour lequel Nilsen et al. (1981)<br />
signalent les valeurs du Ψ H minimum communément<br />
inférieures à - 4 MPa. Pour cette même espèce, Ansley<br />
et al. (1992) observent pour le Texas des valeurs du Ψ B<br />
et Ψ min comprises entre –1,6 MPa et –3,2 MPa. Arce et<br />
ecologia mediterranea, tome 29, fascicule 2, 2003, p. 165-178<br />
Balboa (1991) ont travaillé sur Prosopis chilensis, arbre des<br />
zones hyper-arides à semi arides de l’Amérique du sud. Ils<br />
observent un changement brusque du Ψ H qui régresse de<br />
–1,2 MPa durant la période favorable à –3,7 MPa durant<br />
la période défavorable. Ces valeurs se révèlent plus faibles<br />
que celles que nous avons mesurées, souvent supérieures<br />
à –2,5 MPa, alors que ces taxons sahariens sont logiquement<br />
censées avoir une valeur de Ψ H plus basse.<br />
Le même constat est à faire pour le Ψ B dont les<br />
valeurs souvent élevées, ne chutent pas en dessous de<br />
–1,3 MPa pour S. saharae et –2,3 MPa pour C. comosum,<br />
et ce pour toute la durée de l’étude. Ceci peut justifier<br />
l’architecture pivotante et traçante du système racinaire<br />
de S. saharae, apte à bien valoriser avec efficacité les eaux<br />
pluviales, ainsi qu’un probable ajustement de son transfert<br />
hydrique. Par contre, pour une espèce désertique<br />
comme Ephedra nevadensis, Smith et al. (1995) ont dans<br />
le désert de Mojave (U.S.A) enregistré des valeurs du<br />
Ψ B nettement plus faibles, puisque atteignant – 6,5 MPa.<br />
Selon Franco-Vizcaino (1994), en conditions de stress<br />
hydrique, il est généralement difficile de pouvoir mesurer<br />
le potentiel hydrique sur des espèces arbustives du désert<br />
du Sonora. Ceci ne semble pas s’appliquer pour le cas de<br />
nos taxons. Ces derniers se caractérisent par un potentiel<br />
élevé, même en période de stress et montrent donc une<br />
stratégie adaptative forte vis-à-vis de la sécheresse. Cette<br />
stratégie est signalée par Ritchie & Hinckley (1975), et<br />
elle consiste en un ajustement de leur transfert hydrique.<br />
Elle se vérifie d’ailleurs par l’amplitude de variation<br />
journalière du potentiel hydrique (ΔΨ=Ψ B - Ψ min) qui<br />
reflète l’aptitude de ces taxons à la fermeture stomatique<br />
et donc le contrôle de l’intensité transpiratoire (Aussenac<br />
& Granier, 1978). Il apparaît d’ailleurs que Calligonum<br />
comosum est plus apte à contrôler son transfert hydrique<br />
que Spartidium saharae. Les faibles valeurs du ΔΨ observées<br />
durant toutes les saisons pour Calligonum comosum<br />
(fig. 3) justifient sa faible activité biologique. Ceci est<br />
confirmé par la phénologie, et notamment la chute progressive<br />
de jeunes pousses, pouvant se poursuivre jusqu’à<br />
ce que la plante prenne une apparence blanchâtre, suite<br />
à l’abscission complète de toutes les ramilles.<br />
Spartidium saharae maintient pour la majeure partie<br />
de l’année une amplitude (ΔΨ) journalière moyennement<br />
élevée. L’activité somatique qui en découle est supposée<br />
être intense et traduit à son tour une forte activité photosynthétique,<br />
permettant une croissance végétative se<br />
poursuivant sur presque toute l’année (fig. 4). Chez S.<br />
saharae, cette activité photosynthétique, continue dans<br />
le temps, est a priori due soit à un possible ajustement<br />
osmotique, tel qu’il a été démontré par Ourcival (1992)<br />
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