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Revue internationale d'écologie méditerranéenne International ...

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INTRODUCTION<br />

ecologia mediterranea, tome 29, fascicule 2, 2003, p. 165-178<br />

POTENTIEL HYDRIQUE ET PHÉNOLOGIE DE DEUX ARBUSTES DE LA TUNISIE SAHARIENNE ◆<br />

Malgré de nombreux travaux (Killian, 1949 ; Le<br />

Houérou, 1959, 1969 ; Floret et al., 1978 ; Floret &<br />

Pontanier, 1982 ; Chaieb, 1989, 1993 ; Neffati, 1994),<br />

les connaissances relatives à la phénologie des espèces<br />

nord-africaines sont encore très fragmentaires. Ce constat<br />

est largement valable pour d’autres taxons des biomes<br />

sahariens et désertiques, à travers le monde (Nilsen et al.,<br />

1983). Dans ce contexte, les opérations de restauration<br />

suggérées (Aronson et al., 1993) ne peuvent qu’imparfaitement<br />

englober un potentiel phytogénétique mal<br />

connu bien qu’écologiquement adapté à ces milieux. En<br />

effet à l’heure actuelle, en milieu aride, on assiste à un<br />

processus continu de dégradation des écosystèmes, ainsi<br />

qu’une érosion phytogénétique accrue. La manifestation<br />

courante des phénomènes de désertification et de perte<br />

de la biodiversité dans le paysage naturel constitue l’un<br />

des soucis majeurs des spécialistes de ces régions. L’idée<br />

de la restauration artificielle par réintroduction d’espèces<br />

(Aronson et al., 1993) dans ces écosystèmes, pourrait<br />

atténuer ces phénomènes. Toutefois, le succès de telles<br />

actions de restauration nécessite le recours aux espèces<br />

locales (Chaieb et al., 1992 ; Ourcival et al., 1994), en<br />

raison de leur adaptation au contexte écologique des sites<br />

à réhabiliter. Si plusieurs études relatives au comportement<br />

hydrique des espèces des zones arides tunisiennes<br />

ont été réalisées (Floret & Pontanier, 1978 ; Le Houérou,<br />

1984 ; Monroy-Ata, 1989 ; Chaieb et al., 1992 ; Zâafouri,<br />

1993 ; Ourcival et al., 1994), les espèces sahariennes de<br />

ce pays demeurent par contre peu étudiées. Dans ce<br />

contexte, nous citerons parmi les espèces potentiellement<br />

intéressantes : Spartidium saharae, Henophyton desertii,<br />

Helianthemum confertum, Ephedra alata subsp.. alenda,<br />

Stipagrostis pungens, Calligonum polygonoides, subsp. comosum.<br />

Ces espèces présentent un grand intérêt écologique<br />

en zone saharienne, i.e. fixation du sable et lutte contre<br />

l’érosion éolienne, amélioration de la teneur du sol en<br />

matière organique, accroissement de la productivité biologique<br />

du milieu, etc. En effet, outre leur qualité pastorale,<br />

elles sont fixatrices de sable et donc susceptibles d’aider<br />

à la lutte contre la désertification. Par leur présence en<br />

milieu naturel, elles garantissent une nette amélioration<br />

du bilan hydrique du sol, en atténuant l’aridité édaphique<br />

(Floret & Pontanier, 1984), en particulier sous les touffes.<br />

Dans le même contexte, certaines Fabaceae normalement<br />

réputées comme étant fixatrices d’azote (Spartidium saharae,<br />

Retama raetam, Anthyllis sericea, Astragalus gombo, etc.)<br />

contribuent au maintien de la fertilité du sol (Belsky et al.,<br />

1993). Ces conditions permettent une nette amélioration<br />

de la productivité des herbacées sous couvert (Grouzis,<br />

1991 ; Grouzis et Akpo, 1996), ce qui constitue un excellent<br />

modèle de maintien de l’équilibre écologique.<br />

Compte tenu des multiples usages des espèces précitées,<br />

ce travail constitue une contribution à l’écologie de la<br />

restauration des écosystèmes dégradés en milieu saharien<br />

nord-africain en général, et tunisien en particulier. C’est<br />

aussi, une étude basée sur une approche écophysiologique<br />

de deux espèces clés de voûte (Aronson et al., 1993) des<br />

biotopes sahariens de Tunisie que sont Spartidium saharae<br />

(Fabaceae) et de Calligonum polygonoides subsp. comosum<br />

(Polygonaceae). L’intérêt de cette dernière espèce, couramment<br />

employée pour la fixation des sables et la lutte<br />

contre la désertification, fût aussi signalé en Libye par<br />

Gintzburger (1986) qui constata que ce taxon préfère<br />

plutôt les sables profonds et surtout les petites dunes dont<br />

il assure la fixation.<br />

Notre approche a donc pour objectif le suivi de la<br />

phénologie ainsi que l’état hydrique des deux taxons au<br />

sein de leur écosystème d’origine, le milieu saharien. Les<br />

connaissances acquises concernant leur comportement<br />

permettront d’améliorer l’efficacité des futurs programmes<br />

de restauration des écosystèmes dégradés, pour les<br />

milieux où ils seraient susceptibles d’être réintroduits. Ces<br />

expérimentations visent donc une meilleure connaissance<br />

de ces deux espèces, en particulier leur comportement<br />

écophysiologique en milieu saharien afin de pouvoir les<br />

considérer comme espèces candidates pour la restauration<br />

des écosystèmes, l’amélioration du couvert végétal et<br />

l’accroissement de la production pastorale, notamment en<br />

zones sahariennes. Enfin, en Tunisie ces espèces localisées<br />

au niveau du Grand Erg oriental (Le Houérou, 1959),<br />

sont recherchées par la population nomade et sédentarisée,<br />

en raison de l’excellente qualité de leur charbon<br />

de bois.<br />

MATÉRIEL & MÉTHODES<br />

• Site d’étude<br />

La présente étude a été menée in natura dans un site<br />

localisé à proximité de Nefta, Tunisie (figure 1), soit aux<br />

coordonnées géographiques 33°55’ Nord et 8°8’ Est. La<br />

station météorologique de référence est celle de Tozeur,<br />

distante de 28 km à l’est du site d’étude. Cette station<br />

bénéficie de longues séries d’observation des paramètres<br />

bioclimatiques (Le Houérou, 1959, 1969). Le bioclimat<br />

pour ce site est méditerranéen-saharien, sous-étage supé-<br />

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