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Revue internationale d'écologie méditerranéenne International ...

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238<br />

◆ M. BARBERO<br />

L’étage montagnard montre une grande diversité de<br />

situations avec, en particulier, l’extension importante d’un<br />

montagnard-méditerranéen très original dans toute sa<br />

séquence de pelouses écorchées, de garrigues à Juniperus<br />

hemisphaerica et de pinèdes de pin sylvestre localement<br />

infiltrées de pin à crochets. Les groupements qui se développent<br />

dans cet étage sont en tous points voisins de ceux<br />

de l’Espagne nord-occidentale et vicariants de ceux des<br />

montagnes des Balkans. Il faut insister sur la présence<br />

remarquable d’espèces très intéressantes du point de<br />

vue biogéographique (Eryngium spinalba, Knautia mollis,<br />

Sesleria argentea, Chamaecytisus polytrichus). Le montagnard<br />

interne est également caractérisé en Ubaye par des<br />

pinèdes à Ononis s’encartant dans les Pino-Juniperetea et<br />

des pelouses du Stipo-Poion xerophilae qui atteignent facilement<br />

1900 m d’altitude, avec notamment la présence<br />

de Astragalus alopecuroides.<br />

Quant au montagnard mésophile et méso-xérophile<br />

plus « classique » des Alpes, il apparaît, ici, bien caractérisé<br />

avec la diversité de ses pinèdes mésophiles riches<br />

notamment à Erica carnea dans les Alpes de Tende et dans<br />

les vallées Grana et Maira, ainsi que celle de la pessièresapinière<br />

caractérisée par ses niveaux intermédiaires. A<br />

noter en Ubaye, la timide expression dans les amonts des<br />

vallées latérales, en adrets, de pessières xérophiles internes<br />

à Arctostaphylos uva-ursi.<br />

L’étage subalpin offre une diversité tout aussi remarquable<br />

avec l’extension de sapinières à rhododendron<br />

dans le subalpin mésophile (surtout au nord de la chaîne),<br />

des pessières subalpines qui en sont le vicariant au sud.<br />

La série du cembro-mélèze revêt toute la diversité et le<br />

caractère multiforme qu’on lui connaît partout ailleurs<br />

dans les Alpes. Quant aux influences <strong>méditerranéenne</strong>s,<br />

elles restent bien marquées au sud de la chaîne avec les<br />

peuplements de la série méridionale du pin à crochets qui<br />

présentent, à leur niveau, l’extension de belles formations<br />

de pelouses écorchées et la remontée altitudinale d’espèces<br />

comme Lavandula angustifolia, Rhamnus saxatilis,<br />

Rhamnus alpina, Juniperus thurifera, Rosa montana, Rosa<br />

pimpinellifolia. De telles situations apparaissent aussi en<br />

zone continentale de l’Ubaye, dans la série interne du pin<br />

à crochets avec des associations où se mélangent jusque<br />

vers 2200-2300 m des caractéristiques de pelouses écorchées<br />

(Helictotrichon parlatorei, Astragalus sempervirens)<br />

et des espèces xérophiles internes (Carex nitida, Koeleria<br />

pyramidata, Helianthemum grandiflorum, Festuca valesiaca).<br />

Il est évident aussi qu’on ne saurait clore cette conclusion<br />

biogéographique sans faire référence à l’originalité de la<br />

série du pin mugho, vicariante de celle des Alpes orientales<br />

et des Balkans.<br />

Les tableaux récapitudatifs 1, 2 et 3 montrent les affinités<br />

biogéographiques des principales séries. Au delà des<br />

caractères biogéographiques originaux des Alpes maritimes,<br />

on insistera en conclusion sur les grandes tendances<br />

actuelles de la sylvigénèse en relation avec l’écroulement<br />

du système agro-sylvo-pastoral traditionnel ayant des<br />

effets sur la progression de la plupart des essences forestières<br />

et notamment, celle du pin sylvestre et du mélèze<br />

qui traduit bien ce phénomène.<br />

Les principales cultures avaient été étendues sur<br />

restanques dans les séries du chêne pubescent et même,<br />

assez nettement, dans la série supérieure du pin sylvestre,<br />

jusque vers 1 700-1 800 m dans les Alpes maritimes occidentales<br />

et à un moindre degré dans les Alpes tendasques.<br />

Ce système cultural d’adret était complété par un système<br />

pastoral, sur les terrains les plus ingrats de basse altitude<br />

et sur l’ensemble des sols à plus haute altitude, avec quasi<br />

élimination des conifères produisant des litières à mor<br />

(comme le pin sylvestre, le pin à crochets et l’arole) et<br />

qui avaient été épargnés dans des refuges situés dans les<br />

zones subrupicoles.<br />

Les mélézins, compte tenu de leur compatibilité avec<br />

l’existence d’une strate herbacée de qualité, avaient été<br />

traditionnellement bien protégés et étendus à basse altitude,<br />

dans les zones du sapin et de l’épicéa ; ils étaient<br />

souvent gérés en prairies de fauche avant de servir de<br />

parcours en automne. L’importance des faciès à mélèze<br />

dans différentes séries et des mélézins sur pelouses, dans<br />

la sous-série mésophile et dans la sous-série inférieure de<br />

la série du cembro-mélèze, traduit bien le poids que ces<br />

peuplements ont joué dans l’économie sylvopastorale de<br />

toutes les montagnes des Alpes maritimes.<br />

Un autre ensemble forestier avait été également privilégié<br />

au maximum dans les Alpes maritimes : la châtaigneraie.<br />

Cet écosystème était bien développé en Piémont,<br />

dans les stations mésoxérophiles et mésophiles, avec les<br />

châtaigneraies fruitières, cultivées ou fauchées, liées à la<br />

série acidophile du chêne sessile et les taillis, plus particulièrement<br />

liées à la série du charme. Au contraire, sur<br />

le versant sud, partout où les substrats siliceux affleurent<br />

en Roya, Vésubie et Tinée, les châtaigneraies fruitières ont<br />

été favorisées avec de savants systèmes d’irrigation allant<br />

chercher l’eau partout dans la montagne. A ce niveau, le<br />

noyer avait aussi été favorisé : la prairie de fauche associée<br />

au sous-bois répondait aux exigences de nourriture du<br />

bétail de somme.<br />

L’homme vivait en autarcie, sur des écosystèmes dans<br />

des montagnes isolées et manifestement beaucoup plus<br />

dégradées qu’aujourd’hui. D’ailleurs, la limite forestière<br />

avait été volontairement abaissée et des versants étaient<br />

ecologia mediterranea, tome 29, fascicule 2, 2003

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