Revue internationale d'écologie méditerranéenne International ...
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dron d’anciens prés-bois subalpins délaissés par les animaux<br />
domestiques.<br />
La zone actuelle d’interface subalpin-alpin, notamment<br />
dans les secteurs où la déprise pastorale est relativement<br />
ancienne, voit une régénération d’essences forestières<br />
qui donne lieu à un débat sur la limite supérieure<br />
des arbres :<br />
— soit cette implantation de mélèze, de pin sylvestre, de pin à<br />
crochets et même de sapin et d’épicéa sur les ubacs traduit<br />
une reconquête sur des territoires que les déboisements<br />
importants du Subatlantique (2800 avant J.-C.) avaient<br />
contribué à transformer en pelouses-parcours ;<br />
— soit cette implantation progressive est liée à une amélioration<br />
des conditions climatiques.<br />
Il est probable que les deux tendances agissent<br />
aujourd’hui. Certaines essences, comme l’arole rencontré<br />
en régénération jusqu’autour de 2 500 m dans l’Argentera-Mercantour,<br />
montrent en tout cas que les évolutions<br />
de la limite forestière supérieure dans ce secteur des Alpes<br />
du Sud n’en sont qu’à leur début. Mais il ne faut pas<br />
oublier non plus que de tels cycles d’amélioration thermique<br />
se sont produits durant l’Holocène, en particulier<br />
de 9000 à 6000 avant J.-C. (Boréal et début de l’Atlantique),<br />
période durant laquelle les températures estivales<br />
étaient de 2 à 3° plus élevées qu’aujourd’hui (optimum<br />
thermique). Dans les Alpes du Sud, de Beaulieu (1977)<br />
indiquait une remontée altitudinale forte des chênaies<br />
pubescentes (1 400-1 500 m) et des sapinières (2 000-<br />
2 100 m), traduisant bien un décalage vers le haut de<br />
l’ensemble de l’édifice végétal forestier que l’homme a<br />
attaqué durant le Suboréal final et tout le Subatlantique.<br />
On peut donc conclure qu’avec la baisse de la pression<br />
pastorale et les changements thermiques que les prévisionnnistes<br />
du climat intègrent dans leurs modèles, la<br />
remontée altitudinale de la frange forestière d’interface<br />
subalpin-alpin ne fera que s’accentuer au cours des prochaines<br />
décennies et des prochains siècles.<br />
LES ESPÈCES PATRIMONIALES<br />
Les régions de l’Ubaye er des Alpes maritimes françaises<br />
et italiennes constituent un des secteurs les plus<br />
remarquables pour la biodiversité végétale (2750 espèces<br />
environ) et représentent 60 % de la flore française. Cette<br />
diversité s’exerce particulièrement au niveau des plantes<br />
qualifiées souvent de patrimoniales, d’intérêt régional,<br />
national et européen. Cette diversité se retrouve dans<br />
tous les étages de végétation, sauf peut-être dans la zone<br />
ecologia mediterranea, tome 29, fascicule 2, 2003, p. 217-248<br />
CARTE DE LA VÉGÉTATION DU PARC NATIONAL DU MERCANTOUR ◆<br />
interne dont la caractéristique principale réside dans<br />
le maintien d’un certain nombre d’espèces steppiques<br />
d’intérêt écologique majeur (Astragalus alopecuroides en<br />
Ubaye-Bachelard). Une soixantaine d’espèces endémiques<br />
se rencontrent, dont de nombreuses paléoendémiques<br />
qui traduisent le rôle conservatoire de cette région<br />
en ce qui concerne les paléoflores, mais aussi la plasticité<br />
d’un nombre conséquent de néoendémiques capables<br />
de modifier leur patrimoine génétique pour identifier<br />
dans les Alpes maritimes des populations particulières.<br />
Certaines espèces prestigieuses comme Gentiana ligustica<br />
ont ainsi laissé des colonies relictuelles aux frontières du<br />
méso- et du supra-méditerranéen et peuvent également<br />
investir dans le massif du Marguareis les limites inférieures<br />
de l’étage alpin.<br />
Il faut aussi insister sur le rôle conservatoire des zones<br />
humides qui abritent des taxons originaux pour la flore<br />
des Alpes du Sud. Cette tendance est particulièrement<br />
affirmée en Haute-Tinée avec Juncus arcticus, Carex bicolor,<br />
Carex microglochin, Trichophorum pumilum ou encore<br />
Hierochloë odorata au Col de Larche, Potentilla fruticosa<br />
dans les Hautes Sagnes du Boréon, Tofieldia pusilla dans le<br />
Haut-Pesio, et Drosera rotundifolia dans des tourbières de la<br />
Haute-Roya (vallon de Fontanalba, vallée de la Ceva).<br />
Des découvertes récentes ont encore enrichi le patrimoine<br />
de cette région ; tel est le cas pour une mousse<br />
en disjonction d’aire, Ptilium crista-castrense au col de<br />
la Couillole, pour Buxbaumia viridis dans l’Estéron,<br />
Mollières et le Boréon, pour Lycopodium clavatum dans<br />
le Boréon ou encore Drosera rotundifolia dans les sagnes<br />
de la Ceva, Pinguicula hirtiflora en Roya de Fontan, et<br />
Dracocephalum austriacum à Saint-Dalmas-le-Selvage.<br />
Il restait intéressant dans ce travail de situer la répartition<br />
de ces végétaux d’intérêt patrimonial dans la zone<br />
cartographiée, en fonction des étages de végétation correspondants.<br />
Étage thermo-méditerranéen<br />
Pteris cretica, Silene badaroi, Papaver pinnatifidium,<br />
Sinapis pubescens, Ceratonia siliqua, Securigera securidaca,<br />
Coronilla valentina subsp. valentina, Cneorum tricoccon,<br />
Lavatera maritima, Lavatera punctata, Moricandia arvensis,<br />
Vitex agnus-castus, Nerium oleander, Teucrium fruticans,<br />
Stachys ocymastrum, Centaurea leucophaea subsp. controversa,<br />
Atractylis cancellata (zones littorales à l’Est du Var),<br />
Hyoseris scabra, Picris altissima, Drimia maritima, Allium<br />
chamaemoly, Leucojum nicaeense, Ruscus hypophyllum,<br />
Ampelodesmos mauretanica, Stipa capensis, Heteropogon<br />
contortus, Chamaerops humilis.<br />
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