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1 - Ecologia Mediterranea

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Rioux etai. Evaluation écoépidémiologique du « risque leishmanien »<br />

aride (Tunis) et en France subhumide (Marseille.<br />

Nice).<br />

Distribution des leishmanioses et changements<br />

climatiques<br />

Au demeurant. s'il est actuellement peu probable<br />

que les leishmanioses puissent pénétrer au Sahara<br />

atlantique. on peut s'interroger sur leur possible ins­<br />

tallation dans l'éventualité d'un "réchauffement glo­<br />

bal". conséquence pro pane de "l'effet de serre".<br />

Dans l'hypothèse haute où le doublement du CÛ2<br />

atmosphérique entraînerait une élévation de 3°C à<br />

l'horizon 2050 (Kellog et Schware, 1981). les phyto­<br />

géographes prévoient une "remontée des ceintures de<br />

végétation" de 500 m en altitude et de 500 km en<br />

latitude, dans la zone tempérée de l'hémisphère nord.<br />

Sur le pourtour méditerranéen, la désertisation gagne­<br />

rait les zones semi-arides. voire subhumides où les<br />

cultures céréalières extensives seraient remplacées par<br />

des cultures de bas-fonds et des cultures irriguées (Le<br />

Houérou, 1993). Transposant le scénario aux agents<br />

pathogènes à transmission vectorielle. les épidémiologistes<br />

envisagent l'extension des affections corres­<br />

pondantes à des territoires jusqu'alors indemnes<br />

(OMS. 1990; Rogers et Packer. 1993; McMichael.<br />

1995). Ainsi. les Glossines. vecteurs des trypanoso­<br />

moses humaines et animales, gagneraient les piedmonts<br />

des grands massifs africains (Rogers et Ran­<br />

dolf. 1993) et le paludisme retrouverait certains de ses<br />

foyers historiques euroméditerranéens (Martin et Letèbvre,<br />

1995 ; Martens et al.• 1995).<br />

Pour en revenir aux leishmanioses, aucun scénario<br />

comparable n'a été proposé à ce jour (PAHO. 1994;<br />

OMS. OMM, UNEP, 1996). Et cependant. dans l'Ancien<br />

Monde. les corrélations Phlébotomes-bioclimats<br />

sont établies avec suffisamment de précision pour<br />

permettre l'élaboration d'un premier "modèle d'hypo­<br />

thèses".<br />

En France. les LV et LC à L infantum déborde­<br />

raient au nord leurs limites méditerranéennes (Rioux<br />

et al.• 1969) pour s'installer en territoires continental et<br />

atlantique où quelques foyers "instables" sont déjà<br />

connus (Houin et al.• 1974). Dans le Haut-Atlas. les<br />

populations de P. sergenti trouveraient leur optimum<br />

de développement dans la strate occupée actuellement<br />

par la forêt subhumide de Chêne vert, permettant à L<br />

tropica d'atteindre les isohypses de 1200 à 1600 m. De<br />

même. certaines zones arides du centre et du nord-est<br />

marocain où L major est rare (Hauts-Plateaux) ou<br />

absent (Plaine de Marrakech). deviendraient des<br />

88<br />

foyers actifs et stables de LCZ grâce à l'accroissement<br />

des populations de P. papatasi (Cross & Hyams.<br />

1996). Le Sahara occidental. auquel se rattache le<br />

territoire étudié. ne subirait pas. semble-t-il, de telles<br />

transformations. D'abord en raison de son appartenance<br />

aux climats "hyperarides" pour lesquels seules<br />

les températures moyennes du mois le plus froid (m :<br />

Emberger. 1939; Sauvage, 1963) accuseraient une<br />

majoration sensible (Le Houérou, 1995 a et b). Alors<br />

qu'au nord du Haut-Atlas. la localité de Demnate passerait<br />

de l'étage subhumide à l'étage semi-aride. la<br />

ville de Layoun resterait dans le peraride ; seule une<br />

augmentation de m de 3°C transférerait cette station de<br />

la classe à hivers "très chauds" à celle à hivers "subtropicaux"<br />

(figure Il). La deuxième raison, la plus<br />

importante semble-t-il. tient à la situation juxtalittorale<br />

de la zone étudiée qui continuerait ipso facto à<br />

bénéficier de "l'effet tampon" lié à la masse océanique<br />

(Le Houérou. 1989, 1995 b; Bijlsma, 1996). De la<br />

sorte, les déterminants majeurs du climat local. c'est-àdire<br />

le courant canarien et le régime alizéen, n'en se­<br />

raient pas sensiblement modifiés. En tout état de<br />

cause, les opinions restent partagées et certaines réser­<br />

ves se perçoivent toujours dans les conclusions des<br />

experts (Le Houérou. 1993; Ihekkot. 1995). Dès lors.<br />

pour réduire l'incertitude. certains d'entre eux souhaiteraient<br />

resserrer leurs réseaux d'observations en tra­<br />

vaillant à des échelles plus grandes: méso voire<br />

micro-climatiques. Au Maroc. cette opportunité pourrait<br />

se concrétiser sous la forme d'un "Observatoire<br />

des changements climatiques régionaux et de leurs<br />

conséquences sociétales, économiques et sanitaires" :<br />

une structure pluridisciplinaire qui intégrerait non<br />

seulement les activités traditionnelles, c'est-à-dire<br />

agronomiques. pastorales. forestières. halieutiques,<br />

touristiques et industrielles. mais également les as­<br />

pects écopathologiques dans leurs relations dynamiques<br />

avec les bioclimats. Et précisément, en matière<br />

de Santé, les leishmanioses apparaissent, dès à pré­<br />

sent. comme des "indicateurs" sensibles et précis de<br />

tels changements.<br />

CONCLUSION<br />

Ainsi. la méthodologie écologique constitue, à n'en<br />

pas douter. l'un des meilleurs outils d'analyse de ces<br />

systèmes épidémiologiques complexes que sont les<br />

cycles leishmaniens. Conçue et expérimentée en vraie<br />

grandeur dans les années 1960. à l'occasion d'une<br />

étude sur les LVH, LVC et LCH du Midi de la France<br />

(Rioux et al., 1969), puis étendue aux principaux<br />

ecologia mediterranea 23 (3/4) - J997

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