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1 - Ecologia Mediterranea

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Chaïeb Comportement biologique comparé d'Astragalus armatus subsp. tragacanthoïdes<br />

ment de la partie aérienne des individus de R. suaveolens<br />

indique l'arrêt de sa croissance. Un effort considérable<br />

de reproduction est également à signaler chez<br />

cette espèce dans les mêmes conditions écologiques<br />

puisque nous avons pu inventorier jusqu'à 1500 fleurs<br />

par individu adulte (moyenne de 500 fleurs par individu).<br />

Dans une steppe à Rhanterium suaveolens dégradée,<br />

la phytomasse aérienne produite est essentiellement<br />

le fait d'Astragalus armatus, avec une production<br />

de 1900 kg de matière fraîche par hectare, soit 71% de<br />

la phytomasse fraîche totale. La phytomasse aérienne<br />

sur pied de Rhanterium suaveolens n'atteint dans ce<br />

même type de steppe que 650 kg (24% de la phytomasse<br />

totale), tandis que la phytomasse des espèces<br />

compagnes ne représente que 5% (figure 5).<br />

Dans les conditions de l'expérience, l'importance<br />

de la phytomasse accumulée sur pied par Astragalus<br />

armatus au moment où les réserves hydriques du sol<br />

sont faibles, s'explique en partie par sa spinescence<br />

qui la protège contre la dent du bétail. Chez cette<br />

espèce, à la chute des folioles, le rachis se lignifie et<br />

devient une épine très acérée.<br />

DISCUSSION - CONCLUSION<br />

L'abondance d'Astragalus armatus dans la steppe à<br />

Rhanterium suaveolens est favorisée par la dégrada­<br />

tion consécutive à une forte pression animale et favorisée<br />

par la succession de plusieurs années de sécheresse.<br />

Le même phénomène a d'ailleurs été constaté en<br />

zone aride syrienne par Sankary (1987). Cet auteur<br />

signale en effet "la colonisation" des formations végétales<br />

dégradées par Astragalus spinosus, espèce de<br />

morphologie très comparable à celle d'A. armatus.<br />

L'installation d'Astragalus armatus sous de telles<br />

conditions de perturbation est pour partie due à sa<br />

protection naturelle contre le broutage excessif et à ses<br />

performances écophysiologiques, notamment ses<br />

aptitudes germinatives. Cette espèce est susceptible de<br />

germer à un potentiel hydrique du sol inférieur à -2,0<br />

MPa, potentiel très peu toléré par la plupart des espèces<br />

autochtones de la zone aride en phase de germination<br />

(Grouzis, 1988). Les exigences germinatives d'A.<br />

armatus n'avaient pas auparavant été étudiées. Il faut<br />

en outre signaler que nos résultats relatifs à la faible<br />

germination de R. suaveolens en conditions de laboratoire<br />

corroborent ceux de Neffati (1994), pour la<br />

même espèce.<br />

Astragalus armatus est capable de développer des<br />

racines superficielles et très longues, lui permettant de<br />

tirer bénéfice des précipitations même faibles. Ce<br />

50<br />

caractère est couramment observé chez d'autres xéro­<br />

phytes par Dodd et al. (1984) en zone aride australienne<br />

et par Kummerow et al. (1977, 1981) en zone<br />

aride nord-américaine. Killian et Lemée (1956) donnent<br />

de nombreux exemples de la grande vitesse de<br />

croissance de racines des xérophytes, en tant que mécanisme<br />

adaptatif pour lutter contre la sécheresse et<br />

augmenter les capacités de compétition. Il faut en<br />

outre signaler chez cette espèce l'importante taiIle de<br />

la majeure partie des racines (chevelu racinaire souvent<br />

absent), ce qui constitue l'indice d'une absorption<br />

de l'eau du sol retenue à de fortes énergies. Selon<br />

Sankary (1987), Astragalus spinosus supporte un<br />

potentiel hydrique du sol de -4,0 MPa, et ceci corrobore<br />

les propos de White (1979) et de Walker et al.<br />

(1981) concernant la résistance des xérophytes à des<br />

plus faibles potentiels hydriques du sol.<br />

Par ailleurs, les tiges d'Astragalus armatus, ensevelies<br />

par le sable éolien (micro-nebkhas), sont capables<br />

d'émettre des racines adventives leur permettant<br />

d'extraire les réserves hydriques superficielles, et de<br />

bénéficier par conséquent des faibles précipitations,<br />

fréquentes en zone aride (Button & Ben-Asher, 1983).<br />

La structure du système racinaire d'Astragalus armatus<br />

lui confère donc un avantage dans la compétition<br />

vis-à-vis des autres espèces, et en particulier de<br />

Rhanterium suaveolens. Une meilleure utilisation des<br />

réserves hydriques du milieu permet à ce taxon de<br />

devenir physionomiquement dominant dans la végétation<br />

pérenne steppique (couvert végétal élevé, forte<br />

production, densité importante). De teIles caractéristiques<br />

sont fréquentes chez les chamaephytes des zones<br />

. désertiques (Shmida & Burgess, 1988). En plus de ses<br />

performances écologiques, l'aptitude de cette espèce à<br />

fixer l'azote atmosphérique constitue un atout supplémentaire.<br />

Cette aptitude à la fixation de l'azote atmos­<br />

phérique a d'ailleurs été signalée pour la même espèce<br />

par Jeder et al. (1996) qui signalent la présence des<br />

nodules fusiformes lobés.<br />

L'abondance d'Astragalus armatus sur la steppe<br />

dégradée à Rhanterium suaveolens, notamment dans la<br />

zone de Menzel Habib, contribue par la fixation du<br />

sable à atténuer les risques réels de désertification.<br />

Cette espèce participe de fait à garantir un certain<br />

niveau de résilience au sein de ces steppes. Quand la<br />

dégradation dépasse un ou plusieurs seuils d'irréversibilité,<br />

un tel milieu doit être soit abandonné, soit réhabilité<br />

à grands frais, soit encore réaffecté à d'autres<br />

activités non pastorales (Aronson et al., 1993).<br />

Si Astragalus armatus présente un pouvoir compétitif<br />

élevé vis-à-vis de certaines espèces, sa présence<br />

ecologia mediterranea 23 (3/4) - 1997

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