Jean-Christophe 06 - La Bibliothèque électronique du Québec

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« C’est honteux, c’est honteux ! Les misérables !... » Elle ne disait rien, elle souffrait en silence ; il la crut insensible à cette musique ; il lui dit : « Antoinette, mais est-ce que tu ne trouves pas cela beau, toi ? » Elle fit signe que oui. Elle restait figée, elle ne pouvait se ranimer. Mais quand l’orchestre fut sur le point d’entamer un autre morceau, brusquement elle se leva, soufflant à son frère, avec une sorte de haine : « Viens, viens, je ne veux plus voir ces gens ! » Ils partirent précipitamment. Dans la rue, au bras l’un de l’autre, Olivier parlait avec emportement. Antoinette se taisait. * Les jours suivants, seule dans sa chambre, elle s’engourdissait dans un sentiment, qu’elle évitait 184
de regarder en face, mais qui persistait, à travers toutes ses pensées, comme le battement sourd <strong>du</strong> sang dans ses tempes qui lui faisaient mal. À quelque temps de là, Olivier lui apporta le recueil des Lieder de <strong>Christophe</strong>, qu’il venait de découvrir chez un éditeur. Elle l’ouvrit au hasard. Sur la première page qu’elle regarda, elle lut en tête d’un morceau cette dédicace en allemand : À ma pauvre chère petite victime et une date au-dessous. Elle connaissait bien cette date. – Elle fut prise d’un tel trouble qu’elle ne put continuer. Elle posa le cahier, et, priant son frère de jouer, elle alla dans sa chambre et s’y enferma. Olivier, tout au plaisir de cette musique nouvelle, se mit à jouer, sans remarquer l’émotion de sa sœur. Antoinette, assise dans la chambre à côté, comprimait les battements de son cœur. Brusquement, elle se leva et chercha dans son armoire un petit carnet de notes de dépenses, pour retrouver la date de son départ d’Allemagne, et la date mystérieuse. Elle le savait d’avance : 185
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Romain Rolland Jean-Christophe Tome
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Jean-Christophe fut publié d’abo
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5 À ma mère
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saisons, des jours clairs ou voilé
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grosse figure rouge, marquée de la
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il avait facilement la larme à l
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de la loi, du devoir, des convenanc
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parloit ou qu’elle écoutoit. »
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êvait pendant des heures ; et apr
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puis, c’étaient les grands dîne
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croire très loin. Mais il se savai
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chaussures et ses bas, et de s’en
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comme un hanneton, ses bras maigres
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goûtait dans la confession une jou
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dessus de la maison, avec des ruban
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programme invariable des soirées,
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jouer - naturellement, en dépit du
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était devenu fou. La vieille bourg
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entouré d’amis, jouissant d’un
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Elle entendait bien faire son choix
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« Petit... », en lui pinçant la
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pour se donner le change, il le fai
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invitation à dîner, ou pour l’i
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moins exagérées. Il ne trouva poi
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qu’il serait assez temps pour les
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tirer toujours d’un mauvais pas,
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pour cacher son émotion. Les enfan
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des fleurs, avec un ronflement de p
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heure après dîner, jusqu’au mom
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evanche : « Laisse-moi tranquille
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ne leur laissa point le temps de pl
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L’enterrement eut lieu, lugubre,
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Le départ fut comme une fuite. La
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les boutiques des voisins fussent o
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larmoyants. Elle fut désolée de v
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par-dessus la barrière du wagon, m
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isque d’être écrasés ou éclab
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à déposer sa fierté : elle laiss
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sérieuses. L’insipide conversati
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d’œil échangés entre Poyet et
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pour apprendre, quand on ne l’a p
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qui avaient de bien autres titres q
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vivait toute l’année à la campa
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qu’il n’était pas tout à fait
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à les faire vivre. Il fallut vendr
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vit ce qui était, elle courut chez
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- Comment vivre ? Nous ne pourrons
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Antoinette obtint de remplacer sa m
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Il le comprenait bien. Lui aussi,
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morales et à ces fatigues une joui
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privèrent ; ils liardèrent sur le
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pas envie de sortir, et même que c
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concert et de l’espoir du prochai
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médiocres, pour se passer de la fo
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très simples, de vieilles mélodie
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lâche autour du cou - (sa sœur la
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maintenant elles n’accablaient pa
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que l’on consulta ensuite, confir
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jour sans remords. Olivier rentra d
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vivant, il n’y résista pas : il
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de la foule, en fuyant l’attentio
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glaciale, sentait le prix de l’in
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Recourir à la police ? Elle s’y
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l’avoir pas avertie plus tôt. An
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français, catholique et provincial
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dévouement qu’elle avait à dép
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