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UNIVERSITÉ DU QUÉBEC<br />

MÉMOIRE PRÉSE TÉ À<br />

L'U IVERSITÉ DU QUÉBEC À TROIS-RIVIÈRES<br />

COMME EXIGENCE PARTIELLE DE LA MAÎTRISE EN<br />

MATHÉMATIQUES ET INFORMATIQUE APPLIQUÉES<br />

PAR<br />

VINCENT GARANT-PELLETIER<br />

ENSEMBLES DE MANDELBROT ET DE JULIA REMPLIS CLASSIQUES,<br />

GÉNÉRALISÉS AUX ESPACES MULTICOMPLEXES ET THÉORÈME DE<br />

FATOU-JULIA GÉNÉRALISÉ<br />

Mars 2011


<strong>Université</strong> <strong>du</strong> <strong>Québec</strong> <strong>à</strong> <strong>Trois</strong>-<strong>Rivières</strong><br />

Service de la bibliothèque<br />

Avertissement<br />

L’auteur de ce mémoire ou de cette thèse a autorisé l’<strong>Université</strong> <strong>du</strong> <strong>Québec</strong><br />

<strong>à</strong> <strong>Trois</strong>-<strong>Rivières</strong> <strong>à</strong> diffuser, <strong>à</strong> des fins non lucratives, une copie de son<br />

mémoire ou de sa thèse.<br />

Cette diffusion n’entraîne pas une renonciation de la part de l’auteur <strong>à</strong> ses<br />

droits de propriété intellectuelle, incluant le droit d’auteur, sur ce mémoire<br />

ou cette thèse. Notamment, la repro<strong>du</strong>ction ou la publication de la totalité<br />

ou d’une partie importante de ce mémoire ou de cette thèse requiert son<br />

autorisation.


CE MÉMOIRE A ÉTÉ ÉVALUÉ<br />

PAR UN JURY COMPOSÉ DE:<br />

M. Dominic Rochon, directeur <strong>du</strong> mémoire<br />

Département de mathématiques et d'informatique<br />

M. Sébastien Tremblay, juré<br />

Département de mathématiques et d'informatique<br />

M. Alfred Michel Grundland, juré<br />

Département de mathématiques et d'informatique


ENSEMBLES DE MANDELBROT ET DE JULIA REMPLIS<br />

CLASSIQUES, GÉNÉRALISÉS AUX ESPACES MULTICOMPLEXES<br />

ET THÉORÈME DE FATOU-JULIA GÉNÉRALISÉ<br />

Vincent Garant-Pelletier<br />

SOMMAIRE<br />

Les fractales sont un domaine des mathématiques pour lequel la popularité ne cesse<br />

de grandir. Le plus souvent, c'est le ren<strong>du</strong> visuel de tels objets qui capte l'attention. En<br />

effet, les images de fractales sont riches en structure et intéressantes <strong>à</strong> explorer de par<br />

le caractère irrégulier et fragmenté de ces objets. Parmi les fractales les plus connues,<br />

on compte l'ensemble de Mandelbrot et les ensembles de Julia remplis.<br />

Historiquement, deux approches ont été utilisées pour définir ces ensembles: l'ap-<br />

proche de la dynamique et l'approche des familles normales de fonctions. Ce mémoire<br />

parcourera ces deux approches afin de montrer que les définitions d'ensemble de Julia<br />

rempli sont équivalentes. Les principales caractéristiques de l'ensemble de Mandelbrot<br />

et des ensembles de Julia remplis seront également démontrées en détails et on citera<br />

le théorème de Fatou-Julia qui est un résultat très important en dynamique complexe.<br />

Ce mémoire proposera également une généralisation de ces ensembles fractals aux<br />

espaces des nombres multicomplexes. On trouvera une généralisation <strong>du</strong> théorème de<br />

Fatou-Julia et on pourra visualiser certaines coupes tridimensionnelles des ces ensembles<br />

fractals généralisés.


CLASSICAL MANDELBROT AND FILLED-JULIA SETS,<br />

GENERALIZATION TO MULTICOMPLEX SPACES AND<br />

GENERALIZED FATOU-JULIA THEOREM<br />

Vincent Garant-Pelletier<br />

ABSTRACT<br />

Fractals are a domain of mathematics which is still gaining in popularity. Most of<br />

the time, it's t heir visual structure that is of first interest. In facts, the images of such<br />

objets have a broken and irregular structure that make them interesting to explore.<br />

Among the most famous fractals we have the Mandelbrot and filled-Julia sets.<br />

Historically, there have been two approaches to define these sets : the dynamical<br />

approach and the normal families approach. This master thesis will get trough these two<br />

approaches to show that the definitions obtained for the filled-Julia sets are equivalent.<br />

We will demonstrate in details the principal caracteristics of both the Mandelbrot set<br />

and the filled-Julia sets. We will also treat the Fatou-Julia theorem, an important result<br />

in complex dynamics.<br />

This thesis will also propose a generalization of these fractal sets to multicomplex<br />

spaces. There will be a generalization of the Fatou-Julia theorem, thus we will be able<br />

to visualize 3D slices of these generalized fractal sets.<br />

11


AVANT-PROPOS<br />

Durant mon baccalauréat, j'ai eu la chance de m'initier <strong>à</strong> la recherche en mathé­<br />

matiques. Ayant déj<strong>à</strong> <strong>à</strong> cette époque une passion pour l'analyse, il était naturel pour<br />

moi de choisir mon enseignant d'analyse, le Dr Dominic Rochon, comme directeur de<br />

recherche. Celui-ci m'a intro<strong>du</strong>it aux nombres bicomplexes de même qu'aux ensembles<br />

de Julia remplis et de Mandelbrot. Ça m'a immédiatement fasciné.<br />

Au début, il s'agissait uniquement de généraliser certains résultats <strong>du</strong> Dr Rochon.<br />

Ensuite, on a choisi d'inclure <strong>à</strong> ce mémoire les résultats dans le plan complexe. En effet,<br />

plusieurs volumes traitent l'ensemble de Mandelbrot et les ensembles de Julia remplis,<br />

mais rares sont ceux qui reprennent la démarche dans tous ses détails. On trouvait<br />

donc intéressant de présenter un ouvrage qui contiendrait une intro<strong>du</strong>ction complète<br />

<strong>à</strong> la dynamique complexe et plus particulièrement <strong>à</strong> l'ensemble de Mandelbrot et aux<br />

ensembles de Julia remplis. Bref, on voulait un ouvrage pour lequel l'étudiant débutant<br />

désirant connaitre la dynamique complexe pourrait se retrouver.<br />

Je tiens <strong>à</strong> remercier mon directeur de recherche, le Dr Dominic Rochon, d'une part<br />

pour tout le support qu'il m'a apporté <strong>à</strong> la rédaction de ce mémoire, mais également<br />

pour la parution d'un article dans la revue Fractals et pour l'expérience formidable qu'il<br />

m'a permis de vivre en allant en Grèce pour une conférence internationale.<br />

Je tiens également <strong>à</strong> remercier mon enseignant de mathématiques au centre d'études<br />

collégiales de Montmagny, M. Bernard Lapointe, qui a su réveiller ma passion des<br />

III


mathématiques et révéler mon potentiel.<br />

Un remerciement particulier <strong>à</strong> Alexandre Brizard pour son travail sur le logiciel<br />

d 'exploration de fractales 3D qui a permi la génération des images de fractales tridi­<br />

mensionnelles de ce mémoire.<br />

Finalement, je t iens ft remercier le Conseil de recherches en sciences naturelles ct<br />

en génie (CRSNG) <strong>du</strong> Canada pour l'aide financière qu'il m 'a apporté <strong>du</strong>rant mon<br />

baccalauréat et ma maitrÎse.<br />

IV


Table des matières<br />

Intro<strong>du</strong>ction<br />

1 Systèmes dynamiques complexes<br />

1.1 Points fixes et bassins d'attraction .<br />

1.2 Ensemble de Mandelbrot . . . . . .<br />

1.3 Ensembles de Julia remplis et théorème de Fatou-Julia<br />

1.4 Cardioïde principale de l'ensemble de Mandelbrot<br />

2 Familles Normales de fonctions<br />

2.1 Convergence normale, fonctions localement<br />

bornées et équicontinuité . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

2.2 Familles normales de fonctions holomorphes,<br />

théorème de Montel et critère fondamental de normalité.<br />

2.3 Familles normales de fonctions méromorphes<br />

2.4 Systèmes dynamiques . . . . . . . . . . . . .<br />

3 Nombres multicomplexes 59<br />

3.1 Construction des nombres multicomplexes 60<br />

3.2 Représentation idempotente . . . . . . . . 66<br />

3.3 Conjuguaison des nombres multicomplexes 71<br />

3.4 Nombres multicomplexes non inversibles . 84<br />

3.5 Les nombres multicomplexes comme une sous-algèbre d'une algèbre de<br />

Clifford .......... . ...... 86<br />

3.6 Sous-espaces des nombres tricomplexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90<br />

4 Dynamique multicomplexe : Ensembles de Mandelbrot, de Julia remplis<br />

et théorème de Fatou-Julia 93<br />

4.1 Ensemble de Mandelbrot généralisé . . 94<br />

4.2 Ensembles de Julia remplis généralisés 99<br />

4.3 Théorème de Fatou-Julia généralisé . . 103<br />

4.4 Coupes principales de l'ensemble de Mandelbrot tricomplexe 110<br />

4.5 L'ensemble de Mandelbrot tricomplexe au point de vue fractal 124<br />

Conclusion 131<br />

v<br />

1<br />

4<br />

5<br />

9<br />

19<br />

28<br />

34<br />

35<br />

44<br />

53<br />

56


Bibliographie<br />

Annexe : Suite diagonale<br />

VI<br />

133<br />

135


Liste des tableaux<br />

3.1 Pro<strong>du</strong>its des unités imaginaires bicomplexes<br />

3.2 Pro<strong>du</strong>its des unités imaginaires tricomplexes<br />

3.3 Table <strong>du</strong> groupe (t, 0)<br />

3.4 Table <strong>du</strong> groupe (+,0) ........... .<br />

vii<br />

61<br />

63<br />

74<br />

77


4.16 Exploration <strong>du</strong> Tétrabrot sur l'axe réel : on trouve une forme approchant<br />

celle <strong>du</strong> Tétrabrot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 129<br />

4.17 Exploration de la première coupe de l'ensemble de Julia rempli K3,-1.754878 130<br />

ix


Liste des symboles<br />

n À moins d'indication contraire, n est un domaine ouvert et connexe dans<br />

le plan complexe.<br />

E Désigne la fermeture de l'ensemble E.<br />

BE Désigne la frontière de l'ensemble E.<br />

U Désigne le disque ouvert de rayon unitaire centré <strong>à</strong> l'origine. L'ensemble U'<br />

désigne le disque U auquel on a enlevé l'origine.<br />

c Inclusion stricte (exclue la possibilité que les ensembles soient égaux).<br />

x


Intro<strong>du</strong>ction<br />

Les fractales sont un domaine des mathématiques pour lequel la popularité ne cesse<br />

de grandir. Le plus souvent, c'est le ren<strong>du</strong> visuel de tels objets qui capte l'attention. En<br />

effet, les images de fractales sont riches en structure et intéressantes <strong>à</strong> explorer de par<br />

le caractère irrégulier et fragmenté de ces objets. Parmi les fractales les plus connues,<br />

on compte l'ensemble de Mandelbrot et les ensembles de Julia remplis.<br />

Historiquement, deux approches ont été utilisées pour définir ces ensembles: l'ap­<br />

proche de la dynamique et l'approche des familles normales de fonctions. Cet ouvrage<br />

propose de parcourir ces deux approches.<br />

La première approche permettant d'obtenir l'ensemble de Mandelbrot et les ensembles<br />

de Julia remplis, celle des systèmes dynamiques, a d'abord été développée parallèlement<br />

par Gaston Julia et Pierre Fatou au début <strong>du</strong> 20 e siècle. Un peu plus tard, Benoît<br />

Mandelbrot apporte sa contribution et c'est <strong>à</strong> lui que l'on doit principalement l'éclosion<br />

de ce domaine des mathématiques.<br />

Le premier chapitre de ce mémoire est dédié <strong>à</strong> cette approche. On y donnera la<br />

définition, d'un point de vue dynamique de l'ensemble de Mandelbrot et des ensembles<br />

de Julia remplis. On démontrera également les propriétés fondamentales de ces en­<br />

sembles, notamment on présentera le théorème de Fatou-Julia, théorème fondamental<br />

<strong>à</strong> ce mémoire, caractérisant les ensembles de Julia remplis <strong>à</strong> partir de l'ensemble de<br />

Mandelbrot.


La deuxième approche permettant d'obtenir l'ensemble de Mandelbrot et les en­<br />

sembles de Julia remplis est celle des familles normales de fonctions. Cette manière<br />

d'obtenir les ensembles fractals a été développée, entre autre, par Schiff [24] <strong>à</strong> partir<br />

de la théorie sur les familles normales de fonctions développée principalement par Paul<br />

Montel au tout début <strong>du</strong> 20 e siècle. Le deuxième chapitre de ce mémoire portera sur<br />

cette approche. On y verra tout d'abord les familles normales de fonctions holomorphes<br />

et méromorphes, puis on tentera de retrouver les ensembles fractals présentés dans le<br />

premier chapitre <strong>à</strong> partir de ces concepts.<br />

En 1982, Norton [15] donne un tout premier algorithme pour générer et visualiser des<br />

fractales tridimensionnelles. Pour la première fois , on s'intéresse <strong>à</strong> l'itération de quater­<br />

nions, structure de nombres de dimension quatre [11], et Gomatam et al. [10] donnent<br />

une généralisation de l'ensemble de Mandelbrot pour cette structure de nombres. Cepen­<br />

dant, en 1995, Bedding et Briggs [2] établissent que l'intérêt au point de vue dynamique<br />

de cette approche avec des quaternions est limitée. En effet, les structures ainsi obtenues<br />

n'offraient pas la même richesse fractale que leurs homologues dans le plan complexe.<br />

L'objectif premier de ce mémoire est de généraliser les résultats de dynamique com­<br />

plexe <strong>à</strong> une structure de nombre encore peu utilisée, les nombres multicomplexes, afin<br />

d'en faire ressortir, contrairement <strong>à</strong> l'approche utilisant les quaternions, une structure<br />

fractale aussi riche que celle des ensembles fractals complexes. Ce genre de travail a été<br />

effectué pour les nombres bicomplexes par Rochon [18, 19] et il s'agit, dans le dernier<br />

chapitre de ce mémoire, de pousser l'exercice plus loin. Le résultat le plus important<br />

que l'on généralisera aux nombres multicomplexes est sans contredit le théorème de<br />

Fatou-Julia. Ça nous permettra de visualiser et d'explorer de nouvelles fractales tridi­<br />

mensionnelles.<br />

Finalement, avant de pouvoir généraliser les résultats de dynamique complexe, on doit<br />

aborder la structure des nombres multicomplexes. C'est l'objet <strong>du</strong> troisième chapitre<br />

2


de cet ouvrage. Les nombres multicomplexes sont encore très peu connus. En 1997,<br />

Rochon [20] développe les nombres bicomplexes, qu'il appelle alors tétranombres, <strong>à</strong><br />

partir desquels seront basés ses travaux subséquents. Avant Rochon, Price en 1991 [16]<br />

abordera également les nombres bicomplexes. Il poussera l'exercice plus loin et donnera<br />

quelques propriétés des nombres multicomplexes.<br />

En ce qui concerne ce mémoire, on présentera les propriétés les plus importantes<br />

des nombres multicomplexes, notamment la conjugaison et l'inversion de nombres mul­<br />

ticomplexes. On présentera cette structure de nombres comme une sous-algèbre d'une<br />

algèbre de Clifford et on donnera une représentation idempotente qui sera extrêmement<br />

utile dans le dernier chapitre.<br />

3


Chapitre 1<br />

Systèmes dynamiques complexes<br />

L'approche la plus naturelle lorsque l'on désire traiter des ensembles fractals tels<br />

que l'ensemble de Mandelbrot ou les ensembles de Julia remplis est celle des systèmes<br />

dynamiques. L'objectif de ce chapitre sera de présenter les résultats principaux issus de<br />

la dynamique complexe et portant sur ces ensembles fractals.<br />

On définira donc l'ensemble de Mandelbrot et les ensembles de Julia remplis d'un<br />

point de vue dynamique. On présentera également les caractéristiques les plus impor­<br />

tantes de ces ensembles telles le fait que ces ensembles sont bornés et fermés.<br />

Un résultat important en dynamique complexe et primordial <strong>à</strong> ce mémoire est le<br />

théorème de Fatou-Julia. Ce résultat fait un lien entre la connexité des ensembles de<br />

Julia remplis et les points de l'ensemble de Mandelbrot. Un des objectifs de ce mémoire<br />

est d 'offrir une généralisation de ce t héorème aux espaces mult icomplexcs, ce qui sera<br />

fait dans le chapitre 4. À ce point-ci, on s'assurera de bien exposer les implications <strong>du</strong><br />

théorème de Fatou-Julia dans le plan complexe.<br />

La dernière section de ce chapitre portera quant <strong>à</strong> elle sur une région particulière de<br />

l'ensemble de Mandelbrot, celle qui lui donne en grande partie sa forme: la cardioïde<br />

principale de l'ensemble de Mandelbrot.<br />

4


Avant de pouvoir définir l'ensemble de Mandelbrot et les ensembles de Julia remplis<br />

d 'un point <strong>du</strong> vue dynamique, on doit présenter un concept fondamental en dynamique,<br />

celui de point fixe.<br />

1.1 Points fixes et bassins d'attraction<br />

L'étude des systèmes dynamiques complexes est intimement liée <strong>à</strong> la notion de point<br />

fixe. Nous devons donc traiter ce concept, et par le fait même le concept de bassin<br />

d'attraction, avant de nous attaquer <strong>à</strong> l'ensemble de Mandelbrot et <strong>à</strong> ses propriétés.<br />

Avant d'aborder ces concepts et pour la suite <strong>du</strong> mémoire, il est nécessaire de rappeler<br />

quelques définitions et théorèmes issus de la topologie ainsi que de l'analyse complexe.<br />

On aurait pu rappeler plusieurs autres notions pertinentes telles que le concept de<br />

fonction holomorphe, cependant il aurait été interminable d'effectuer tous les rappels<br />

et donc on s'est concentré sur des notions qui seront importantes tout au long de ce<br />

chapitre et pour les chapitres subséquents (la plupart tirés de [8]). Le premier concept<br />

que l'on aimerait rappeler est celui de connexité simple.<br />

Rappel 1 Un ensemble connexe est dit simplement connexe si pour toute boucle <strong>à</strong><br />

l'intérieur de l'ensemble, tous les points <strong>à</strong> l'intérieur de la boucle sont aussi <strong>à</strong> l'intérieur<br />

de l'ensemble.<br />

Remarque: Une paramétrisation a est dite simple si et seulement si la fonction a<br />

restreinte <strong>à</strong> l'interval ouvert (a, b) est injective. On dira qu'il s'agit d'une boucle si<br />

a(a) = a(b).<br />

Lorsqu'une paramétrisation a est une boucle, on dit aussi que c'est une paramétrisa­<br />

tion fermée. Graphiquement , une boucle est représentée dans le plan complexe par<br />

une courbe fermée sur elle même qui ne se croise pas, c'est-<strong>à</strong>-dire que si x 0/= y, alors<br />

a (x) 0/= a(y), \Ix, y E (a, b).<br />

5


Graphiquement, un ensemble simplement connexe est un ensemble connexe qui ne<br />

possède pas de « trou ;$> <strong>à</strong> l'intérieur. Dans le cas d'un ensemble non connexe, on peut<br />

souvent séparer l'ensemble en parties connexes. Ces parties sont appelées composantes<br />

connexes.<br />

Rappel 2 Définissons une relation binaire rv dans un certain ensemble X par : x rv y<br />

si et seulement s'il existe un ensemble connexe C ç X tel que x et y sont dans C. Cette<br />

relation est réflexive, symétrique et transitive, c'est donc une relation d 'équivalence. Les<br />

classes d'équivalence de rv s 'appellent les composantes connexes de X.<br />

Cette définition, qui n'est pas très intuitive, nous indique que les composantes<br />

connexes d'ensembles non connexes sont les plus gros « morceaux ;$> connexes de l'en­<br />

semble. Dans le cas d'un ensemble connexe, la seule composante connexe est l'ensemble<br />

lui-même.<br />

Théorèm e 1.1 Si X est un ensemble ouvert dans le plan complexe alors les compo­<br />

santes connexes de X sont aussi des ensembles ouverts <strong>du</strong> plan complexe [17j.<br />

Intuitivement, on remarque que l'ensemble considéré sera en fait l'union de ses com­<br />

posantes connexes. On sait que l'union d'ensembles ouverts résultera en un ensemble<br />

ouvert. Inversement, si une des composantes connexes n'est pas un ensemble ouvert,<br />

alors l'ensemble lui-même ne pourra être ouvert. Les composantes connexes d'un en­<br />

semble ouvert sont donc des ensembles ouverts.<br />

Lorsque les composantes connexes d'un ensemble sont des singletons, alors l'en­<br />

semble est totalement non connexe. Un ensemble totalement non connexe auquel on<br />

va s'intéresser est l'ensemble de Cantor.<br />

D éfinition 1.1 Ensemble de Cantor<br />

Un sous-ensemble de]Rn compact, parfait et totalement non connexe est appelé ensemble<br />

de Cantor.<br />

6


FIGURE 1.1 - Ensemble de Mandelbrot, M<br />

La partie noire de la figure 1.1 représente l'ensemble de Mandelbrot. Le caractère<br />

fractal, c'est-<strong>à</strong>-dire irrégulier et fragmenté, de la frontière de l'ensemble saute immédiate­<br />

ment aux yeux. Il peut apparaitre surprenant que le processus d 'itération d 'un simple<br />

polynôme de degré deux résulte en un ensemble pour lequel la frontière est si irrégulière.<br />

On remarque aussi sur la figure que l'ensemble est symétrique par rapport <strong>à</strong> l'axe<br />

des réels et on note la structure autosimilaire de la frontière. L'autosimilarité est une<br />

caractéristique importante des objets fractals. Elle est discernable <strong>à</strong> toutes les échelles<br />

c'est-<strong>à</strong>-dire que peu importe l'agrandissement que l'on utilise pour visualiser une partie<br />

de l'ensemble, cette partie présentera une structure similaire <strong>à</strong> l'ensemble lui-même.<br />

La figure 1.2 montre l'ensemble de Mandelbrot ainsi que trois agrandissements diffé-<br />

\<br />

rents. Le premier agrandissement (image 2.) correspond au rectangle blanc dans l'image<br />

1. Le deuxième agrandissement (image 3.) correspond au rectangle blanc dans l'image<br />

2. et c'est la même chose pour le troisième agrandissement. La figure 1.3 correspond<br />

<strong>à</strong> l'encadré blanc de la 4 e image de la figure 1.2. On peut ainsi apprécier la structure<br />

11


autosimilaire <strong>à</strong> tous les niveaux de l'ensemble de Mandelbrot.<br />

FIGURE 1.2 - Exploration de l'ensemble de Mandelbrot<br />

L'ensemble de Mandelbrot possède plusieurs propriétés très intéressantes, que nous<br />

allons démontrer dans cette section. La première propriété nécessite le résultat suivant:<br />

Lemme 1.5 Soit Ici> 2, alors<br />

Preuve:<br />

IP;(O)I 2: Ici (Ici - It- 1 avec n 2: 1.<br />

Nous allons effectuer la preuve par in<strong>du</strong>ction. Pour n = 1, on a<br />

et donc la proposition est vraie pour n = 1. Supposons qu'elle soit vraie pour n = k,<br />

c'est-<strong>à</strong>-dire que<br />

IPck(O)1 2: 1c1(lcl- l)k-l.<br />

12


Cc dépend totalement <strong>du</strong> paramètre c. La figure 1.5 nous montre l'ensemble de Julia<br />

rempli associé au paramètre c = 0.36237 + 0.32i.<br />

FIGURE 1.5 - Ensemble de Julia rempli /CO.36237+0.32i<br />

On a vu précédemment un critère simple permettant de déterminer si un nombre<br />

complexe n'appartient pas <strong>à</strong> l'ensemble de Mandelbrot. Il existe un critère tout aussi<br />

simple pour les ensembles de Julia remplis.<br />

Théorème 1.13 Pour tout complexe z appartenant <strong>à</strong> l'ensemble de Julia rempli /Cc,<br />

on a Iz i ::; r := max{lcl, 2} .<br />

Preuve:<br />

Soit cE e et zE e tels que Iz l > max{l cl, 2}. Alors il existe un nombre E > 0 tel que<br />

Iz l = 2 + E. De plus, par l'inégalité <strong>du</strong> triangle,<br />

IZ2 1 = IZ2 + c - cl ::; IZ2 + cl + Ici.<br />

21


2. On peut t rouver le théorème de Fatou-Julia (pas nécessairement sous ce nom)<br />

dans [4] ou dans [14] et on peut trouver la preuve dans [5] .<br />

Bien que la preuve serait pertinente <strong>à</strong> présenter, on a fait le choix de l'omettre en<br />

raison de son niveau de difficulté.<br />

Dans le cas où l'ensemble de Julia rempli est connexe, on précise qu'il est alors<br />

simplement connexe.<br />

Théorème 1.17 Si la suite {P; (O)} est bornée, alors l'ensemble JCc est simplem ent<br />

connexe.<br />

Preuve:<br />

Supposons que la suite {P; (O)} est bornée c'est-<strong>à</strong>-dire que l'ensemble de Julia rempli<br />

JCc est connexe selon le théorème de Fatou-Julia. Comme P; (z) est un polynôme de<br />

degré n de la variable z, il s'agit d'une fonction holomorphe non constante sur C.<br />

Considérons le complément de l'ensemble de Julia rempli: C\JCc . Supposons qu'il existe<br />

une composante connexe E de C\K-c qui soit bornée dans C. L'ensemble K-c étant fermé<br />

(théorème 1.15), on a que l'ensemble C\JCc est un ensemble ouvert et donc, selon le<br />

théorème 1.1, la composante connexe E est également un ensemble ouvert. De plus,<br />

comme E est bornée, on a, selon le théorème 1.3, que P; (z ) atteint son mo<strong>du</strong>le maximal<br />

en un point Zo de BE et donc <strong>à</strong> l'extérieur de E puisqu'il s'agit d'un ensemble ouvert.<br />

Ainsi, Zo appartient <strong>à</strong> JCc c'est-<strong>à</strong>-dire que IP;(zo) 1 S; r = max{l cl, 2} . Or, c'est le mo<strong>du</strong>le<br />

maximal de P;(z) sur E c'est-<strong>à</strong>-dire que pour tout z EE, 1P;(z) 1 S; 1P;(zo) 1 S; r et<br />

donc z E K-c ce qui est une contradiction. Ainsi, C\K-c ne possède pas de composante<br />

connexe bornée et donc c'est un ensemble connexe. Donc, JCc est sans trou, et comme<br />

c'est un ensemble connexe, il est simplement connexe. 0<br />

Le théorème de Fatou-Julia s'interprète de la manière suivante: l'ensemble de Julia<br />

rempli K-c est connexe si et seulement si le complexe c appart ient <strong>à</strong> l'ensemble de<br />

Mandelbrot. Inversement, l'ensemble de Julia rempli JC c est totalement non connexe si<br />

24


0.8<br />

-o. .4<br />

FIGURE 1.8 - Cardioïde principale de l'ensemble de Mandelbrot<br />

Une cardioïde est plus souvent exprimée en coordonnées polaires et donc voici l'ex­<br />

pression de cette cardioïde en coordonnées polaires: p(e) = Hl-cos e) [3J. Le graphique<br />

de la figure 1.9 représente cette cardioïde obtenues <strong>à</strong> l'aide de la forme polaire. Remar­<br />

quons que cette cardioïde est centrée en (0, 0). Il faut donc lui faire faire une translation<br />

afin que le centre soit au point (1/4, 0) pour ainsi obtenir exactement la cardioïde C.<br />

-0.8<br />

-0.8 -0.6 -0.4 -0.2<br />

FIGURE 1.9 - Cardioïde principale de l'ensemble de Mandelbrot : p(e) = H l - cos e)<br />

30


En utilisant la paramétrisation suivante [3] :<br />

x(t)<br />

y(t)<br />

1 1<br />

= 2 cos t (1 - cos t) + 4'<br />

1<br />

= 2 sin t(l - cos t) ,<br />

on obtient la bonne cardioïde centrée au bon endroit comme en témoigne la figure 1.10.<br />

FIGURE 1.10 - Cardioïde principale de l'ensemble de Mandelbrot équations paramétriques<br />

Clairement, 0 E C (en effet, on a le point fixe Zc = 0 pour c = 0). En fait, la cardioïde C<br />

est incluse dans l'ensemble de Mandelbrot c'est pourquoi nous l'appelerons la cardioïde<br />

principale de l'ensemble de Mandelbrot.<br />

Proposition 1.19 La cardioide C := {c).<br />

l'ensemble de Mandelbrot. De plus, Be c M .<br />

Preuve:<br />

0.8<br />

-0.8<br />

>";2 - >..2/4 1>"1 < 1} est incluse dans<br />

Soit cEe. Alors, il existe un point fixe attractif Zc (de facteur multipliant >"c) de P c tel<br />

que<br />

lim P2(z) = Zc<br />

n--too<br />

pour tout z dans un certain disque D(zc,


fixes définis précédemment (1.1) et correspondent donc aux paramètres c de la cardioïde<br />

de l'ensemble de Mandelbrot. Les points périodiques de période supérieure <strong>à</strong> un corres­<br />

pondent quant <strong>à</strong> eux <strong>à</strong> des paramètres c sit ués dans les différents bulbes que l'on peut<br />

voir sur l'ensemble de Mandelbrot. La figure 1.11 montre les régions sur l'ensemble<br />

de Mandelbrot qui correspondent <strong>à</strong> des points périodiques de périodes 1, 2, 3 et 4.<br />

On peut trouver plus de détails sur la périodicité associée aux points de l'ensemble de<br />

Mandelbrot dans [3].<br />

FIGURE 1.11 - Régions de l'ensemble de Mandelbrot qui correspondent <strong>à</strong> des points<br />

périodiques de périodes 1, 2, 3 et 4.<br />

On a donc présenté les résultats les plus importants sur l'ensemble de Mandelbrot<br />

et les ensembles de Julia remplis. Historiquement, une autre approche a également été<br />

ut ilisée pour définir ces ensembles fractals importants : l'approche des familles normales.<br />

Le prochain chapitre a pour objectif de retrouver estles ensembles de Julia remplis <strong>à</strong><br />

partir de cette approche.<br />

33


Chapitre 2<br />

Familles Normales de fonctions<br />

Historiquement, une deuxième approche a été utilisée pour obtenir les ensembles<br />

fractals présentés au chapitre 1, celle des familles normales. L'étude de la normalité<br />

d'une famille de fonctions est un vast e sujet en soi et on en présentera seulement les<br />

grandes lignes. Le lecteur désirant trouver les preuves qui ont été omises les trouvera<br />

dans [24].<br />

La première section aura pour objectif de présenter différents concepts en lien avec<br />

les familles normales tels le concept de famille de fonctions localement bornée et celui<br />

d'équicontinuité. On présentera ensuite les familles normales de fonctions holomorphes<br />

puis de fonctions méromorphes en traitant dans les deux cas le théorème de Montel de<br />

même que le critère fondamental de normalité. Ces deux théorèmes sont centraux dans<br />

la théorie des familles normales.<br />

Ultimement, et c'est l'objectif principal de ce chapitre, on présentera les ensembles<br />

fractals présentés au chapitre 1 <strong>du</strong> point de vue des familles normales. On verra que les<br />

ensembles de Julia remplis ainsi obtenus sont exactement les mêmes qu'avec l'approche<br />

dynamique. Commençons tout d'abord par quelques notions préliminaires.<br />

34


les points de la sphère sur le plan complexe. Cette projection est conforme c'est-<strong>à</strong>-dire<br />

qu'elle préserve les angles.<br />

Définition 2.1 Soit Pl, P 2 sur la sphère de Riemann correspondant respectivement <strong>à</strong><br />

Zl, Z2 dans le plan complexe éten<strong>du</strong> Cu { 00 }. La distance euclidienne entre Pl et P 2, qui<br />

est la longueur de la corde reliant les deux points, définie une distance dans C U {oo} ,<br />

appelée distance de corde :<br />

et<br />

si Zl E C et Z2 = 00.<br />

En fait, si Zl f---7 Pl , Z2 f---7 P 2, alors on a IPI - P 2 1 = X(ZI, Z2 ) c'est-<strong>à</strong>-dire que X est une<br />

métrique dans C. En fait, c'est même une métrique dans Cu {(x)} contrairement <strong>à</strong> la<br />

norme euclidienne, d'où l'intéret de cette nouvelle métrique. Pour la suite, on référera<br />

<strong>à</strong> X en utilisant le terme métrique sphérique puique c'est le terme employé dans la<br />

majorité des ouvrages.<br />

De manière évidente, on a X(ZI, Z2 ) < IZI - z21, Zl, Z2 E C. De plus, cette métrique<br />

possède les propriétés suivantes :<br />

où Zl, Z2 ECU {oo}. La première propriété découle <strong>du</strong> fait que X(ZI,Z2) correspond<br />

<strong>à</strong> la distance euclidienne entre deux points se situant sur une sphère dont le diamètre<br />

est 1. La deuxième propriété se démontre rapidement en faisant quelques manipula­<br />

tions algébriques. On va donc, pour la suite, traiter de convergence en regard de cette<br />

métrique.<br />

36


Définition 2.2 Une suite de f onctions Un} converge (sphériquement) unifor­<br />

m ément vers une fonction f sur un ensemble E ç C si, pour tout E > 0, il existe<br />

un nombre no tel que n > no implique que<br />

pour tout z EE.<br />

If n(z ) - f(z )1 < E, [X(Jn(z ), f( z )) < E],<br />

La proposition qui suit fait le lien entre la convergence uniforme et la convergence<br />

sphérique uniforme. Par la suite, on redéfinira le concept de fonction continue en regard<br />

de la métrique sphérique.<br />

Proposition 2.1 Si la suite U n} converge uniformém ent vers une fo nction f sur un<br />

ensemble E ç C, alors U n} converge sphériquem ent uniformém ent vers f sur E.<br />

Inversement, si la suite {fn} converge sphériquem ent uniformém ent vers une fonction<br />

bornée f sur un ensemble E ç C, alors U n} converge uniformém ent vers f sur E .<br />

On remarque dans la deuxième partie de la proposition 2.1 qu'on a besoin que la<br />

fonction f soit bornée pour que la suite {fn} soit uniformément convergente, contrai­<br />

rement <strong>à</strong> la première implication de la proposit ion.<br />

Définition 2.3 Une fonction f est sphériquem ent continue au point Zo E C sz<br />

pour tout E > 0, il existe 8 > a tel que Iz - zol < 8 implique que X(J(z ), f(zo)) < t.<br />

Remarque: Une fonction [sphériquement] continue sur un ensemble compact est uni­<br />

formément [sphériquement] continue sur cet ensemble compact .<br />

Cette remarque nous amène vers un concept fondamental dans la théorie des familles<br />

normales, celui de convergence normale.<br />

Définition 2.4 Une suite de fonctions, U n}, converge [sphériquem ent} uniformé­<br />

ment sur les sous-ensembles compacts d 'un domaine n vers une fonction f si,<br />

37


famille de fonctions F est équicontinue sur les ensembles compacts de n. 0<br />

Bien enten<strong>du</strong>, une famille de fonctions équicontinue n'est pas nécessairement loca-<br />

lement bornée.<br />

On peut <strong>à</strong> partir de maintenant developper le concept de famille normale dans le cas<br />

des fonctions holomorphes. On verra entre autres le théorème de Montel ainsi que le<br />

critère fondamental de normalité qui nous donneront deux critères relativement simples<br />

pour déterminer si une famille de fonctions holomorphes est normale ou non.<br />

2.2 Familles normales de fonctions holomorphes,<br />

théorème de Montel et critère fondamental de<br />

normalité<br />

Nous allons maintenant présenter les résultats sur les familles normales de fonctions<br />

holomorphes. Le premier t héorème important de cette section est le théorème de Montel.<br />

Il nous donnera un critère simple pour déterminer la normalité d'une famille de fonctions<br />

holomorphes. L'autre résultat important de cette section est le critère fondamental de<br />

normalité, résultat également développé par Paul Montel [24]. Le critère fondamental<br />

de normalité a con<strong>du</strong>it <strong>à</strong> plusieurs résultats par la suite. Avant de présenter ces deux<br />

résultats, présentons tout d'abord la défini tion de famille de fonctions holomorphes<br />

normale.<br />

D éfinition 2.8 Une famille F de fonctions holomorphes sur un dom aine n ç C est<br />

normale dans n si pour chaque suite de f onctions U n} ç F , il existe soit une sous­<br />

suite qui converge unifo rm ém ent sur chaque compact de n vers une f onction f =1- 00,<br />

soit une sous-suite qui converge uniformément sur chaque compact de n vers 00.<br />

Remarque : Dans le cas où la sous-suite {fnk } converge uniformément vers 00, cela<br />

signifie que pour chaque compact K e n et pour chaque constante M > D, il existe<br />

44


Exemple 2.10 Soit S := {f 1 f est holomorphe et univalente dans U, f(O) = 0,1'(0) =<br />

l}. Ces fonctions sont connues comme les « fonctions de Schlicht normalisées» sur U.<br />

On a, pour z E U, que<br />

Izl<br />

If(z)1 ::; (1-lzl)2'<br />

Ainsi, S est localement bornée et donc normale.<br />

voir [24}.<br />

On peut trouver plusieurs autres exemples dans [24]. Avant de passer au concept de<br />

famille normale de fonctions méromorphes, on va présenter quelques résultats supplémen­<br />

taires, le plus important étant le critère fondamental de normalité. Tout d'abord,<br />

présentons le théorème de Vitali-Porter, résultat équivalent au théorème de Montel.<br />

Théorème 2.11 Vitali-Porter<br />

Soit Un} une suite de fonctions holomorphes localement bornée dans un domaine n telle<br />

que limn-too fn(z) existe pour tout z dans un certain ensemble E ç n qui possède un<br />

point d'accumulation dans n. Alors {fn} converge uniformément s'ur les sous-ensembles<br />

compact de n vers une fonction holomorphe.<br />

Théorème 2.12 Soit Un} une suite de fonctions localement bornée dans un domaine<br />

n telle que chaque sous-suite convergente de fonctions converge vers une fonction g.<br />

Alors {fn} converge uniformément sur les compacts vers g sur n et g est holomorphe.<br />

On peut maintenant énoncer le critère fondamental de normalité (FNT, de l'anglais<br />

Fundamental Normality Test).<br />

Théorème 2.13 Critère fondamental de normalité<br />

Soit F , une famille de fonctions holomorphes sur un domaine n qui ne prend pas deux<br />

valeurs fixes a et b de C. Alors, F est normale dans n.<br />

Lorsque l'on dit qu'une valeur a est prise par une fonction f , c'est qu'il existe au<br />

moins un point <strong>du</strong> domaine qui envoie f sur a. Lorsque l'on dit qu'une valeur a n'est<br />

pas prise par une famille de fonctions F , c'est que a n'est prise par aucune fonction f<br />

52


de F . Le FNT est au coeur de la théorie des familles normales. Il permet, entre autre,<br />

de démontrer le théorème de Picard.<br />

D éfinition 2.10 Une fonction <strong>à</strong> valeurs complexes est dites entière si elle est définie<br />

et holomorphe sur tout le plan complexe.<br />

Théorème 2.14 Théorèm e de P icard<br />

Une fonction entière non constante prends toutes les valeurs <strong>du</strong> plan complexe excepté<br />

au maximum une valeur.<br />

Remarque : Une formulation équivalente de ce théorème est la suivante:<br />

Si f est une fonction entière et s'il existe deux nombres complexes distincts qui ne sont<br />

pas pris par f , alors f est constante.<br />

La preuve originale de E. Picard en 1879 a été reprise par Montel en 1912, mais en<br />

utilisant plutôt le FNT. On peut trouver cette preuve, ainsi que d'autres conséquences<br />

importantes <strong>du</strong> FNT dans [24]. Dans la prochaine section, on s'intéressera <strong>à</strong> la normalité<br />

d 'une famille de fonctions, mais dans le cas de fonctions méromorphes.<br />

2.3 Familles normales de fonctions méromorphes<br />

Rappelons tout d'abord la définition de fonction méromorphe.<br />

D éfinition 2.11 Une fonction f est appelée méromorphe dans un domaine n s'il<br />

existe un ensemble A c n tel que<br />

1. A ne possède pas de point d'accumulation dans n,<br />

2. f est holomorphe dans n\A,<br />

3. f a un pôle <strong>à</strong> chaque point de A .<br />

Rappel 6 Soit Zo E C, un point singulier d 'une fonction f. Alors, Zo est appelé pôle<br />

de la fonction f si et seulement si limz-tzo 1 f (z) 1 = 00.<br />

53


La définition de fonction méromorphe n'exclue pas la possibilité que A = 0. Ainsi, si<br />

f est holomorphe dans n, elle est également méromorphe dans n. Aussi, l'ensemble A<br />

est au plus dénombrable. Le prochain théorème donne une défini tion équivalente, mais<br />

plus simple pour les fonctions méromorphes [22].<br />

Théorème 2.15 Une fonction f est méromorphe dans un domaine n si et seulement<br />

s 'il existe deux fonctions g et h holomorphes dans n telles que f = g/ h .<br />

L'étude de la normalité d'une famille de fonctions méromorphes se fait plus natu­<br />

rellement avec la métrique sphérique. Le dernier résultat avant de pouvoir définir la<br />

normalité d'une famille de fonctions méromorphes est plutôt intéressant, bien que peu<br />

intuit if.<br />

Proposition 2.16 Si f (z) est méromorphe dans un domaine n, alors f est sphérique­<br />

ment continue dans n.<br />

Donnons maintenant la définition de normalité dans le cas d'une famille de fonctions<br />

méromorphes.<br />

Définition 2.12 Une famille de fonctions méromorphes F dans un domaine n est<br />

normale dans n si chaque suite U n} ç F possède une sous-suite qui converge sphéri­<br />

quement unifo rmément sur les sous-ensembles compacts de n.<br />

Corollaire 2.17 Soit Un} une suite de fonctions méromorphes sur n qui converge<br />

sphériquement uniformément sur les sous-ensembles compacts de n vers une fo nction<br />

f . A lors f est soit méromorphe dans n, soit identiquement 00 .<br />

Ainsi, la différence entre la définition de famille normale de fonctions holomorphes<br />

et celle de famille normale de fonctions méromorphes réside dans la métrique qui est<br />

utilisée. En effet, dans le cas des familles de fonctions holomorphes, la sous-suite est uni­<br />

formément convergente sur les sous-ensembles compacts alors qu'elle est sphériquement<br />

uniformément convergente dans le cas des familles de fonctions méromorphes.<br />

54


La distinction entre les deux est importante. Lorsque l'on traitera de la normalité<br />

d 'une famille de fonctions méromorphes, on utilisera le terme convergence normale<br />

pour désigner la convergence sphérique uniforme sur les sous-ensembles compacts.<br />

Sans surprise, on peut substituer les fonctions méromorphes pour des fonctions ho­<br />

lomorphes dans le dernier corollaire et le résultat reste valide.<br />

Si la définition de famille normale de fonctions méromorphes est semblable <strong>à</strong> celle de<br />

famille normale de fonctions holomorphes, le théorème de Montel, quant <strong>à</strong> lui, ne trouve<br />

pas d'exacte réplique dans le cas des fonctions méromorphes. En effet, le concept de fa­<br />

mille localement bornée n 'est pas très intéressant dans le cas des fonctions méromorphes.<br />

On peut cependant le remplacer par l'équicontinuité sphérique et on optient le théorème<br />

suivant, analogue au t héorème de Montel, mais pour les fonctions méromorphes:<br />

Théorème 2.18 Une famille F de fo nctions méromorphes dans un domaine n est<br />

normale si et seulement si elle est sphériquement équicontinue dans n.<br />

Contrairement au cas des fonctions holomorphes où le théorème de Montel avait des<br />

limitations, ici l'implication est dans les deux sens, ce qui explique en partie le fait que<br />

les familles normales de fonctions sont plus naturellement étudiées dans le contexte des<br />

fonctions méromorphes.<br />

Le critère fondamental de normalité a lui aUSSI son analogue pour les fonctions<br />

méromorphes.<br />

Théorème 2.19 Critère fondamental de normalité<br />

Soit F une famille de fonctions mémmorphes dans un domaine n qui ne prend pas tmis<br />

valeurs distinctes a, b et c dans C. Alors, F est normale dans n.<br />

Remarquons que ce critère fondamental de normalité fonctionne également pour<br />

n ç Cu {oo}. Finalement, voici l'analogue <strong>du</strong> théorème de Vitali-Porter :<br />

55


Théorème 2.20 Soit Un} une suite appartenant <strong>à</strong> une famille de fonctions méromor­<br />

phes sphériquement équicontinue telle que limn-too fn (z) existe pour tout z dans un<br />

certain ensemble E ç st qui possède un point d'accumulation dans st. Alors, Un}<br />

converge sphériquement uniformément sur les sous-ensembles compacts de st.<br />

Finalement, la dernière section de ce chapitre, présentera les ensembles de Julia<br />

remplis en utilisant les familles normales de fonctions. Il s'agit d'une approche différente<br />

de celle présentée au chapitre 1, mais qui donne les mêmes ensembles.<br />

2.4 Systèmes dynamiques<br />

On a vu dans le chapitre 1 que l'ensemble de Julia est en fait la frontière de l'en­<br />

semble de Julia rempli qui lui correspond. On rappelle que l'ensemble de Julia rempli<br />

correspondant au paramètre cEe correspond <strong>à</strong> l'ensemble des points pour lesquels les<br />

itérés de la fonction Pe(z) := Z2 + c restent bornés. Il s'agit l<strong>à</strong> d'une définition d'un<br />

point de vue dynamique, mais on peut également définir ces ensembles fractals <strong>du</strong> point<br />

de vue des familles normales.<br />

Le point de départ pour pOUVOlr ensuite définir les autres ensembles fractals est<br />

l'ensemble de Julia.<br />

Définition 2.13 Ensemble de Julia<br />

Soit la fonction Pe(z) = Z 2 + c. On définit l'ensemble de Julia associé au paramètre c,<br />

noté Je, de la manière suivante :<br />

:le := {z E CI {P;} n'est pas normale en z}.<br />

L'ensemble de Julia associé au paramètre c est donc l'ensemble des points irréguliers<br />

de la famille de fonctions {P;-}.<br />

On a vu dans la section 1.3 que l'ensemble de Fatou associé au paramètre c est défini<br />

comme étant le complément de l'ensemble de Julia Je' Cette définition reste valide et<br />

on peut donc donner la définition suivante :<br />

56


Chapitre 3<br />

Nombres multicomplexes<br />

Dans ce chapitre, on présentera une généralisation des nombres complexes, encore<br />

peu connue de nos jours : les nombres multicomplexes. Cette structure de nombres<br />

est celle que l'on utilisera dans le prochain chapitre pour généraliser les ensembles de<br />

Mandelbrot et de Julia remplis.<br />

Dans la première section, nous allons faire une présentation générale des nombres<br />

bicomplexes (multicomplexes d'ordre n = 2), puis des nombres tricomplexes (multicom­<br />

plexes d'ordre n = 3), pour finalement présenter, de manière plus générale, les nombres<br />

multicomplexes d'ordre n . Pour les sections qui suivront, l'on présentera différentes pro­<br />

priétés importantes, respectivement pour les ordres 2,3 et n. Nous ne nous contenterons<br />

pas seulement de présenter les notions qui seront utilisées pour le chapitre suivant, nous<br />

allons également présenter plusieurs autres caractéristiques intéressantes de ces struc­<br />

tures de nombres.<br />

La dernière section, quant <strong>à</strong> elle, portera sur certains sous-espaces des nombres tri­<br />

complexes. Ces ensembles seront utiles dans le chapitre 4 lorsque viendra le temps<br />

de définir et de comparer les différentes coupes tridimensionnelles de l'ensemble de<br />

Mandelbrot généralisé. Commençons donc par présenter ce que sont les nombres mul­<br />

ticomplexes.<br />

59


(-1)( -1) = 1. L'addition et la multiplication de deux nombres bicomplexes sous leur<br />

Wl + W2 '- ( Zl + Z3 ) + (Z2 + z4)i2 ,<br />

W l . W2 '- (Zl Z3 - Z2 Z4 ) + ( Z l Z4 + Z2 Z3 )i2 .<br />

Aussi, comme on s'y at tend, on a W l = W2 si et seulement si Zl = Z3 et Z2 = Z4 . Ces<br />

propriétés sont vraies pour les nombres multicomplexes en général et donc nous ne les<br />

répétrons pas plus loin vu leur trivialité. Pour effectuer l'addition ou la multiplication de<br />

nombres bicomplexes sous la forme 3.2, on utilise les règles classiques de distributivité.<br />

Le résultat des divers pro<strong>du</strong>its entre les différentes unités imaginaires qui composent<br />

les nombres bicomplexes est décrit dans le tableau 3.1.<br />

TABLE 3.1 - Pro<strong>du</strong>its des unités imaginaires bicomplexes<br />

1 . Il il 1 i2 1 jl 1<br />

Il -1 JI -12<br />

i2 jl -1 -h<br />

JI -12 - 11 1<br />

Ces dernières propriétés permettent de remarquer que l'addition de même que la mul­<br />

tiplication de nombres bicomplexes sont associatives et commutatives.<br />

Remarque: Si on utilise l'unité hyperbolique jl plutôt que l'unité imaginaire h dans<br />

la définition des nombres complexes, on obtient l'ensemble suivant :<br />

définit comme ét ant l'ensemble des nombres <strong>du</strong>plexes ou hyperboliques [13] .<br />

(3.3)<br />

Comme nous avons pu le constater, les nombres bicomplexes sont, en quelque sorte,<br />

le résultat de la complexification des nombres complexes <strong>à</strong> l'aide de l'unité imaginaire<br />

h. Nous pouvons répéter le processus une autre fois afin d'obtenir une stucture de<br />

61


imaginaires de la façon suivante :<br />

M(3) := {( = Xo + x1h +X2i2 + X3 i3 + X4 i4 + x5h + x6h +x7h 1 Xi E M(O), i = 0, ... , 7} .<br />

(3.6)<br />

On remarque donc qu'un nombre tricomplexe possède un membre réel, quatre membres<br />

imaginares et trois membres hyperboliques. Les divers pro<strong>du</strong>its des unités imaginaires<br />

se retrouvent dans le t ableau 3.2.<br />

TABLE 3.2 - Pro<strong>du</strong>its des unités imaginaires tri complexes<br />

1 . Il h 1 i2 1 i3 1 i4 1 jl 1 h 1 h 1<br />

Il -1 JI J2 -J3 -i2 -i3 i4<br />

i2 jl -1 j3 -J2 -il 14 -13<br />

i3 h h -1 -jl 14 -Il -12<br />

i4 -h -h -jl -1 i3 12 Il<br />

JI -12 -Il i4 i3 1 -h -j2<br />

h -i3 i4 -il i2 -j3 1 -JI<br />

J3 14 -i3 -i2 Il -j2 -jl 1<br />

Lorsque l'on veut additionner ou multiplier deux nombres tricomplexes dans les<br />

représentations 3.5 ou 3. 6, on utilise les règles de distributivité de même que le tableau<br />

ci-dessus pour la multiplication. Tout comme pour les nombres bicomplexes, l'addition<br />

et la multiplication de nombres tricomplexes sont associatives et commutatives.<br />

Les nombres bicomplexes et tri complexes sont en fait des cas part iculiers de nombres<br />

multicomplexes. Nous nous att arderons ici sur la structure multicomplexe la plus généra­<br />

le : les nombres multicomplexes d'ordre n . En voici la notation classique :<br />

(3.7)<br />

Comme le pro<strong>du</strong>it d'unités imaginaires et le pro<strong>du</strong>it de nombres réels sont commuta­<br />

tifs, le pro<strong>du</strong>it de deux nombres multicomplexes d'ordre n est lui aussi commutatif. C'est<br />

une propriété que la plupart des systèmes de nombres hypercomplexes ne possèdent pas.<br />

Répétons maintenant le procédé de décomposition que l'on a utilisé pour les nombres<br />

63


L'addition de nombres mult icomplexes d'ordre n se fait toujours selon les règles ha­<br />

bituelles peu importe la représentation utilisée. Lorsqu'on mult iplie deux nombres mul­<br />

ticomplexes d'ordre n sous une représentation différente de celle présentée en 3.7, on<br />

utilise la distributivité ainsi que la règle de multiplication des unités imaginaires.<br />

Dans la prochaine section, nous allons traiter une autre not ation importante pour<br />

les nombres multicomplexes, soit la représentation idempotente. Cette représentation<br />

des nombres multicomplexes sera primordiale pour démontrer plusieurs résultats <strong>du</strong><br />

chapitre 4.<br />

3.2 Représentation idempotente<br />

Une notion fondamentale de la théorie des nombres multicomplexes est la représenta­<br />

tion idempotente. Un nombre ( E M(n) est appelé idempotent lorsque (2 = ( . On<br />

verra qu'il est possible d'exprimer les nombres multicomplexes comme une combinaison<br />

linéaire d'éléments idempotents. De plus, on définira un pro<strong>du</strong>it cartésien multicomplexe<br />

<strong>à</strong> partir de cette représentation idempotente. On sera <strong>à</strong> même de constater dans le<br />

chapitre 4 toute l'importance de la représentation idempotente de même que celle de<br />

ce pro<strong>du</strong>it cartésien.<br />

Comme on l'a fait lorsqu'on a présenté les nombres multicomplexes, l'on commencera<br />

par présenter la notation idempotente pour les nombres bicomplexes et tricomplexes en<br />

premier. Considérons les nombres bicomplexes suivants:<br />

'Yl := (3.9)<br />

Ces deux nombres ont les propriétés suivantes:<br />

66


La propriété a) est la propriété d'idempotence. La propriété c) est la propriété d'ortho­<br />

gonalité entre les nombres 'Y1 et 1 1. Ces deux nombres bicomplexes nous permettent de<br />

réécrire un nombre bicomplexe W = Zl + Z2i2 de la manière suivante:<br />

(3.10)<br />

Les propriétés d'idempotence et d'orthogonalité nous permettent de multiplier des<br />

nombres bicomplexes sous forme idempotente terme <strong>à</strong> terme. En effet, soit Wl =<br />

Zl + Z2i2 = (Zl - z2h h 1 + (Zl + Z2 i1)11 et W2 = Z3 + Z4i2 = (Z3 - z4h h 1 + (Z3 + z4h )11 '<br />

alors<br />

Il Y a également une représentation idempotente pour les nombres tricomplexes et, plus<br />

généralement, pour les nombres multicomplexes d'ordre n. Considérons les nombres<br />

tri complexes suivants :<br />

qui sont idempotent et orthogonaux par les propriétés suivantes:<br />

1- h<br />

2<br />

On peut alors réécrire un nombre tricomplexe ( = Wl + W2i3 de la manière suivante:<br />

(3.11)<br />

(3.12)<br />

De plus, on a Wl = Zl + Z2i2 et W2 = Z3 + Z4i2 ' Zl, Z2, Z3, Z4 E M(l). En remplaçant<br />

dans ( on obtient ( = (Zl + Z2i2 - ( Z3 + Z4i2 )i2h2 + (Zl + Z2i2 + (Z3 + Z4i2 )i2 )12 =<br />

(Zl + Z4 + (Z2 - z3) i2h2 + (Zl - Z4 + (Z2 + z3) i2)12, mais (Zl + Z4 + (Z2 - z3)h ) et<br />

(Zl - Z4 + (Z2 + z3) i2) sont des nombres bicomplexes c'est-<strong>à</strong>-dire que l'on peut les<br />

67


éécrire sous la forme idempotente:<br />

Zl + Z4 + (Z2 - z3 )i2<br />

Zl - Z4 + (Z2 + z3 )i2<br />

((Zl + Z4) - (Z2 - z3)i1){1 + ((Zl + Z4) + (Z2 - z3) h);;Yl ,<br />

((Zl - Z4 ) - (Z2 + z3 )i1){1 + ((Zl - Z4) + (Z2 + z3)h);;Yl'<br />

Ainsi, on a la représentation idempotente <strong>à</strong> quatre éléments idempotents d'un nombre<br />

tricomplexe :<br />

( = (( Zl + Z4) - ((Z2 - z3 )h){l1'2 + ((Zl + Z4) + ((Z2 - z3) h));;Yli2<br />

+ ((Zl - Z4) - ((Z2 + z3) h))'Yl;;Y2 + ((Zl - Z4) + ((Z2 + z3) h));;Yl;;Y2'<br />

Les nombres '1'1 'Y2, 'YI ;;Y2, ;;Y(Y2, ;;Yl;;Y2 sont idempotents et orth9gonaux deux <strong>à</strong> deux en<br />

vertue des propriétés énoncées précédemment. Établissons une notation abrégée pour<br />

cette représentation. Soit ( = Wl + W2i3 = Zl + Z2i2 + Z3i3 + z4h E M(2). On définit les<br />

nombres complexes suivants:<br />

W'Yl'Y2<br />

W'Y02<br />

W'Yl'Y2<br />

W'Yl'Y2<br />

'- (Zl + Z4) - (Z2 - z3)h,<br />

'- (Zl + Z4 ) + (Z2 - z3) h , (3.13)<br />

'- (Zl - Z4) - (Z2 + z3) h,<br />

'- (Zl - Z4) + (Z2 + z3) h.<br />

On remarque alors que le nombre tricomplexe ( peut s'exprimer en fonction de quatre<br />

éléments idempotents de la manière suivante :<br />

(3.14)<br />

Les représentations idempotentes 3.12 et 3.14 permettent, entre autre, d'additionner et<br />

de multiplier les nombres tricomplcxes terme <strong>à</strong> terme. Similairement <strong>à</strong> ce qu'on a fait<br />

avec les nombres bicomplexes et tricomplcxes, considérons les nombres multicomplexes<br />

d'ordre n suivants:<br />

qui sont idempotents et orthogonaux par les propriétés suivantes :<br />

68<br />

(3.15)


a)<br />

"12 - 'V •<br />

In-1 - rn-l,<br />

b) "(n-1 + 1n-1 = 1;<br />

-2 -<br />

"(n-1 = "(n- 1;<br />

c) "(n-11n-1 = 1n-1 "(n-1 = Q.<br />

On peut alors réécrire les nombres multicomplexes de la manière suivante:<br />

(3.16)<br />

Dans le cas des nombres tricomplexes, on a vu une décomposition en terme de quatres<br />

éléments idempotents. Bien enten<strong>du</strong> cette décomposition est également possible pour<br />

les nombres multicomplexes d'ordre n, n > 3. En fait, comme il y a une multitude<br />

de représentations possibles pour les nombres multicomplexes, il y a également une<br />

multitude de représentations possibles <strong>à</strong> l'aide d'éléments idempotents. Construisons<br />

n - 1 ensembles Sb ... , Sn-l, d'éléments idempotents:<br />

Sl '- {"(n-1,1n-d,<br />

S2 '- { "(i"fj l "(i E {"(n-2, 1n-2 } ,"(j E Sd '<br />

Sk '- { ,,(i"fj l "(i E {"(n-k,1n-k} ,"(j E Sk-d,<br />

(3.17)<br />

L'ensemble Sk contient 2 k éléments, chacun étant le pro<strong>du</strong>it de k nombres idempo-<br />

tents correspondant aux dimensions supérieures. Par exemple, pour n = 5, les éléments<br />

idempotents de l'ensemble S3 sont "(2"(3"(4, "(2"(314, "(213"(4, 12"(3"(4, "(21314' ... Les éléments<br />

de Sk sont tous idempotents et orthogonaux deux <strong>à</strong> deux. Ainsi, on pourra représenter<br />

( E M(n) comme une combinaison linéaire des 2 k nombres idempotents de Sk par des<br />

coefficients multicomplexes d'ordre n - k. Allons voir plus en détails la représentation <strong>à</strong><br />

l'aide de quatre nombres idempotents, c'est-<strong>à</strong>-dire celle correspondant <strong>à</strong> l'ensemble S2.<br />

Soit ( = (1 + (2in-l + (3in + (4.Ïn. Alors les éléments suivants:<br />

69


( Yn- 2'Yn- l .- ((1 + (4) - ((2 - (3)in- 2,<br />

('Yn-2'Yn-l<br />

('Yn 2'Yn-l<br />

.- ((1 + (4) + ((2 - (3)in- 2,<br />

.- ((1 - (4) - ((2 + (3)in- 2,<br />

('Yn-2'Yn- l .- ((1 - (4) + ((2 + (3)in- 2,<br />

(3.18)<br />

nous permettent de représenter 'fJ <strong>à</strong> l'aide des quatre éléments idempotents de 52 de la<br />

manière suivante:<br />

(3.19)<br />

Encore une fois, peu importe la représentation idempotente multicomplexe utilisée, on<br />

pourra effectuer la multiplication de deux nombres multicomplexes d 'ordre n terme <strong>à</strong><br />

terme.<br />

Un autre avantage de la représentation idempotente est qu'elle permettra de faire<br />

aisément les preuves de plusieurs résultats dans le prochain chapitre. Ce que nous<br />

allons utiliser le plus souvent est une sorte de pro<strong>du</strong>it cartésien multicomplexe.<br />

Définition 3.1 On dit que l'ensemble X ç M(n) est l'ensemble pro<strong>du</strong>it cartésien­<br />

M(n) déterminé par Xl, X 2 ç M(n - 1) si<br />

X:= Xlx 'Yn_lX2:= {(I+(2in E M(n) 1 (1+(2in = UOn-I+U2'Yn-l, (UI,U2) E X I XX2}.<br />

Ainsi, X = Xl X'Yn _ l X 2 représente l'ensemble des nombres multicomplexes d 'ordre<br />

n que l'on peut former en prenant un nombre multicomplexe d'ordre n - 1 dans Xl<br />

comme coefficient de Î'n- l et un autre dans X 2 comme coefficient de 'Yn-l. Il apparait<br />

alors que M(n) = M(n - 1) x'Yn- l M(n - 1). Aussi, si on a un ensemble X ç M(n),<br />

alors des ensembles Xl, X 2 E M(n - 1) tels que X ç Xl X 'Yn_ l X 2 existent. Remarquons<br />

également que l'application suivante:<br />

M(n)2 = M(n) x M(n) -'4 M(n) x'Yn- l M(n) = M(n + 1)<br />

((l, (2) f------7 (On-l + (2'Yn-l '<br />

70


constitue un homéomorphisme. Il s'agit l<strong>à</strong> d'une propriété que l'on utilisera pour mon­<br />

trer la connexité de l'ensemble de Mandelbrot généralisé ainsi que celle des ensembles<br />

de Julia remplis généralisés.<br />

Ce pro<strong>du</strong>it cartésien multicomplexe sera très utile dans le prochain chapitre. En<br />

général, on aura besoin de décomposer l'ensemble initial (multicomplexe d'ordre n) <strong>à</strong><br />

l'aide <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it cartésien multicomplexe une seule fois. Entre autres, on se servira des<br />

pro<strong>du</strong>its cartésiens bicomplexes (3.20) et tricomplexes (3.21).<br />

Xl X'Yl X 2 := { Zl + Z2i 2 E M(2) 1 Zl + Z2 i 2 = Ul'YI + U2'YI, (UI, U2) E Xl X X 2}, (3.20)<br />

X 3 X'Y2 X 4 := {WI +W2i 3 E M(3) 1 WI + W2i 3 = Ul'Y2 +U2'Y2, (UI, U2) E X 3 x X 4 }, (3.21)<br />

où Xl, X 2 ç M(l) et X 3 , X 4 ç M(2). On verra dans le chapitre suivant comment<br />

utiliser ce pro<strong>du</strong>it cartésien multicomplexe afin de démontrer les différents résultats de<br />

dynamique multicomplexe.<br />

3.3 Conjuguaison des nombres multicomplexes<br />

Nous avons vu dans les sections précédentes que la structure des nombres multi­<br />

complexes d'ordre n est associative et commutative sous l'addition et la multiplication.<br />

Les prochaines sections traiterons d'autres propriétés générales de cette structure de<br />

nombres en commençant par la conjugaison.<br />

Avec les nombres complexes est apparu la notion de conjugaison. Qu'advient-il lorsque<br />

l'on veut conjuguer les nombres multicomplexes? Considérons le nombre bicomplexe<br />

W = Zl +z2h. Ainsi, on peut utiliser la même méthode qui a été utilisée pour conjuguer<br />

les nombres complexes et définir un conjugué multicomplexe de la manière suivante :<br />

W = Zl + Z2i2 := Zl - Z2 i 2. Par contre, comme Zl et Z2 sont complexes, on peut également<br />

les conjuguer et donc on aurait pu définir la conjugaison d'un nombre bicomplexe de<br />

cette façon : W = Zl + Z2 i 2 := Zï + Z2 i 2 . Puis pourquoi ne pas utiliser les deux façons<br />

en même temps : W = Zl + Z2 i2 := Zl - z2h ? En fait ces trois façons de conjuguer<br />

71


un nombre bicomplexe possèdent les propriétés recherchées pour un conjugué. On les<br />

considérera donc comme trois manières différentes de conjuguer un nombre bicomplexe.<br />

Définition 3.2 Soit W = Zl + z2i2 E M(2) et Zl, Z2 les conjugués comple.us.<br />

1. On définit le conjugué bicomplexe de w selon h de la manière suivante:<br />

2. On définit le conjugué bicomplexe de w selon i2 de la manière suivante :<br />

3. On définit le conjugué bicomplexe de w selon h et i 2 de la manière suivante:<br />

Lorsque l'on écrit le nombre bicomplexe W avec des coefficients réels, on obtient<br />

Ces trois formes de conjugaison des nombres bicomplexes ont les propriétés suivantes:<br />

Proposition 3.2 Soit Wl, W2 E M(2). Alors on a<br />

a) (Wl ± W2)ti = Wl ti ± W2 ti ,<br />

b) (wti )ti = Wl,<br />

pouri=1, 2,3.<br />

Preuve:<br />

Pour chacune des trois propriétés, nous allons effectuer la preuve pour le troisième<br />

conjugués. Les preuves pour les deux autres conjugués sont similaires. Tout d'abord, on<br />

a Wl, W2 E M(2) , c'est-<strong>à</strong>-dire qu'il existe Zl , Z2, Z3 et Z4 E M(l) tels que Wl = Zl + z2i2<br />

et W2 = Z3 + z4i2.<br />

72


• (h = Wl t + W2 t i 3 ,<br />

• (b = Wl - W2i3 ,<br />

• (h = Wl t - W2 t i 3 ,<br />

où Wl t ,W2t représentent les conjugués de Wl et W2 dans M(2). Cependant, comme nous<br />

l'avons vu, il y a trois formes de conjugaisons dans M(2). Il en découle donc que les<br />

trois formes de conjugaisons énoncées précédemment ne sont pas complètes. Voici donc<br />

les sept formes de conjugaison dans M(3).<br />

Définition 3.3 Soit ( = Wl + W2i3 E M(3) et h, h, ts les trois conjuguaisons bicom­<br />

plexes. Il existe sept conjugués tricomplexes de ( :<br />

1. Çl:l := Wl- W2i 3 ,<br />

2. ç!:2 := Wlh + W2tIi 3,<br />

3. çl:J := Wlb + w2 bi 3,<br />

4. Çl:4 := Wlh + w2 h i 3,<br />

5. (h := Wlh - W2 tIi3,<br />

6. (t6 := Wlb- w2 b i 3,<br />

7. (h := Wlh- w2 h i3.<br />

Ces sept formes de conjugaisons possèdent également les propriétés propres aux conjugués.<br />

Proposition 3.5 Soit (1 , (2 E M(3). Alors on a :<br />

a) ((1 ± (2)ti = (lti ± (2 ti ,<br />

b) (di)ti = (1,<br />

c) ((1' (2)ti = (1 ti . (2 ti ,<br />

pour i = 1, ... , 7.<br />

Preuve:<br />

75


a) Démontrons la propriété a) pour le conjugué h Les autres conjugués se démontrent<br />

similairement. On a (1, (2 E M(3), c'est-<strong>à</strong>-dire qu'il existe Wl, W2, W3, W4 E M(2)<br />

tels que (1 = Wl + W2i3 et (2 = W3 + W4i3 ' Alors, ((1 ± (2):1:2 = (Wl + W2 i3 ± (W3 +<br />

W4i3 )):1:2 = (( Wl ± W3) + (W2 ± w4) i3):1:2 = (Wl ± W3) h + (W2 ± W4) h i3 par définition<br />

de :1:2- Ainsi, (Wl ± W3)h + (W2 ± W4) t1 i3 = (Wl h ± W3 h ) + (W2 h ± W4 h )i3 par la<br />

propriété a) de la proposition 3.2. Ainsi, ((1 ± (2)+2 = (Wl h + W2h i3 ) ± (W3 h +<br />

W4 t1 i3) = (1+ 2 ± (2+ 2 .<br />

b) Démontrons la propriété b) pour le conjugué +6. Les autres conjugués se démontrent<br />

similairement. On a (1 E M(3), c'est-<strong>à</strong>-dire qu'il existe Wl, W2 E M(2) tels que<br />

(1 = Wl + W2i3' Alors, ((1+ 6 )+6 = ((Wl + W2i3 )+6)+6 = (Wl h - W2h i3 )+6 = (Wl h)h +<br />

(W2h)h i3 = Wl + W2i3 = (1 par la propriété b) de la proposition 3.2.<br />

c) Démontrons la propriété c) pour le conjugué h- Les autres conjugués se démontrent<br />

similairement. On a (1, (2 E M(3), c'est-<strong>à</strong>-dire qu'il existe Wl, W2, W3, W4 E M(2)<br />

tels que (1 = Wl + W2i3 et (2 = W3 + W4i3' Alors, ((1 ' (2)+s = ((Wl + W2i3) . (W3 +<br />

W4i3 ))+5 = (((Wl 'W3)-(W2'W4))+(( Wl 'W4)+( W2'W3)) i3 )+5 = (( Wl'W3)-(W2'W4))h­<br />

((Wl 'W4)+(W2'W3))t Q3 par définition de h- Aussi, par les propriétés a) et c) de la<br />

proposition 3.2, ((Wl . W3) - (W2' w4))h - ((Wl . W4) + (W2' w3))h i3 = (Wl h . W3 h -<br />

w2h'W4h)_(Wlh'W4h+W2h'W3h)i3 = (wlh-W2h i3 )'(W3h-W4hi3) = (1+ 5 ·(2+s.<br />

o<br />

Tout comme pour les nombres bicomplexes, on définit un conjugué tricomplexe<br />

identité +0 comme suit: (+0 := (, ( E M(3). Les relations entre les conjugués tricom­<br />

plexes sont données par la proposition suivante:<br />

Proposition 3.6 Le résultat de la composition de deux conjugués tricomplexes est<br />

donné par le tableau suivant:<br />

76


Preuve:<br />

L'écriture et la comparaison des différentes tables de Cayley suffit <strong>à</strong> nous convaincre <strong>du</strong><br />

résultat. 0<br />

Si on exclu les conjugués identités, on a vu qu'il existe trois différentes formes de<br />

conjugaison pour les nombres bicomplexes et qu'il en existe sept pour les nombres<br />

tricomplexes. La proposition suivante nous indique combien il y en a dans le cas des<br />

nombres multicomplexes d'ordre n.<br />

Proposition 3.9 Il existe 2 n - 1 manières de conjuguer les nombres multicomplexes<br />

d'ordre n. Soit (l, (2 E M(n), alors les conjugués multicomplexes sont tels que<br />

i) ((1 ± (2)tn,i = (1 tn,i ± (2 tn ,i ,<br />

ii) (dn,i )tn,i = (l,<br />

iii) ((1' (2)tn ,i = (ltn,i . (2 tn,i,<br />

pour i = 1, ... , 2 n - 1.<br />

Remarque : Le symbôle tn,i signifie le ième conjugué d 'ordre n . L'ensemble des<br />

conjugués d'ordre n sera désigné par t n. Lorsqu'aucune dinstinction sur le conjugué<br />

n 'est nécessaire et lorsqu'il n 'y a pas matière <strong>à</strong> confusion, on utilisera également tn<br />

pour désigner un conjugué quelquonque d'ordre n.<br />

Preuve:<br />

Effectuons la preuve par in<strong>du</strong>ction. Pour n = 1, alors ( E M(I) = C et il existe une<br />

seule forme de conjugaison dans C, c'est-<strong>à</strong>-dire 2 1 - 1 = 1. De plus, le conjugué com­<br />

plexe possède les propriétés (i) , (ii) et (iii). Supposons que pour ( E M(k), il existe<br />

2 k - 1 façons de conjuguer (. Soit ( E M(k + 1). Alors ( = (1 + (2 ik+b (l, (2 E M(k).<br />

On peut donc conjuguer ( de trois façons:<br />

a) (tk+l,a = (lh + (2h ik+b<br />

b) (h+l,b = (1 - (2ik+b<br />

79


les conjugués multicomplexes d 'ordres supérieurs <strong>à</strong> trois où l'on n 'a pas pris la peine<br />

de les décrire formellement. On sait cependant combien il y en a et la structure qui<br />

régit leurs relations. On traitera dans la prochaine section des nombres multicomplexes<br />

inverses. On verra, entre autre, que les différents conjugués multicomplexes permettent<br />

de calculer ces inverses.<br />

3.4 Nombres multicomplexes non inversibles<br />

Un avantage de la structure des nombres multicomplexes est qu'il s'agit d'une struc­<br />

ture de nombres commutative sous la multiplication. C'est une propriété souvent ab­<br />

sente dans le cadre général des nombres hypercomplexes. Un inconvénient de cette<br />

structure de nombres est qu'il y a des diviseurs de zéro, c'est-<strong>à</strong>-dire des éléments qui<br />

ne possèdent pas d 'inverse multiplicatif. C'est l'objet de cette section. L'on aurait pu<br />

élaborer davantage sur le suj et, mais on tenait seulement <strong>à</strong> présenter le concept et les<br />

propriétés les plus importantes puisqu'il s'agit d'un sujet qu'on ne pouvait omettre de<br />

traiter. Rochon [20] de même que Price [16] fournissent plus de détails sur les éléments<br />

non inversibles des nombres multicomplexes.<br />

On dit qu'un nombre multicomplexe ( E M(n) est inver sible ou encore non singu­<br />

lier s'il existe un unique nombre multicomplexe rJ E M (n) tel que ( . rJ = 1. Le nombre<br />

rJ est appelé inverse m ultiplicatif, ou simplement inverse, <strong>du</strong> nombre multicomplexe (.<br />

L'ensemble des nombres multicomplexes d 'ordre n inversibles est donc<br />

M(n)-l := { ( E M(n) 1 :3! rJ E M(n), (. rJ = 1}. (3.22)<br />

Ainsi, l'ensemble des nombres multicomplexes d 'ordre n non inversibles est NC n :=<br />

On := (M(n) - l y = { ( E M(n) 1 ( . 1] =1- 1, V1] E M(n)}. La représentation idempotente<br />

nous aidera <strong>à</strong> caractériser les éléments non inversibles.<br />

84


élém ents idempotents (3. 13) et on obtient, sous la représentation idempotente (3.14),<br />

la réécriture ( = (4 + 4h )1'l1'2, c'est-<strong>à</strong>-dire qu 'on a trois coefficients qui sont nuls et<br />

donc ce nombre tricomplexe n'est pas inversible.<br />

Remarquons également que 0 0 C 0 1 C ... C On C ... , c'est-<strong>à</strong>-dire que les nombres<br />

multicomplexes d'ordre n qui ne sont pas inversibles ne sont pas plus inversibles lors­<br />

qu'on les considère dans le cadre des nombres multicomplexes d'ordre m 2 n, ce qui<br />

est conforme <strong>à</strong> ce qu'on attendait.<br />

Des derniers résultats, on peut dé<strong>du</strong>ire un autre critère pour les nombres bicomplexes.<br />

Corollaire 3.14 Soit w = Xl + x2 h + X3 i2 + x4.h E M(2). Alors, west non inversible<br />

si et seulem ent si (Xl = X4 et X2 = -X3) ou (Xl = -X4 et X2 = X3).<br />

Finalement, les conjugués multicomplexes nous permettent de calculer les nombres mul­<br />

ticomplexes inverses et nous fournissent donc également un critère pour vérifier qu'un<br />

nombre est inversible. En effet , soit ç = (1 + (2in un nombre multicomplexe d'ordre n<br />

et considérons, par exemple, le conjugué ( t = (1 - (2in. Ainsi, le nombre (t / (a + (n<br />

est l'inverse <strong>du</strong> nombre ( et il existe si et seulement si (r + a -=1 O. Le conjugué qu'on<br />

a utilisé ici est probablement la manière la plus simple de vérifier qu'un nombre multi­<br />

complexe est inversible. Remarquons qu'il est également possible de calculer l'inverse, et<br />

donc de trouver un critère d'inversion, <strong>à</strong> l'aide de chacun des conjugués multicomplexes.<br />

3.5 Les nombres multicomplexes comme une sousalgèbre<br />

d 'une algèbre de Clifford<br />

Afin de faire un lien avec une théorie bien connue, nous allons présenter les nombres<br />

multicomplexes comme une sous-algèbre d'une algèbre de Clifford réelle. Commençons<br />

tout d'abord par donner quelques notions préliminaires sur les algèbres de Clifford [23].<br />

Tout d'abord, considérons {el , e2, .. . , en }, la base canonique de l'espace vectoriel eu­<br />

clidien }Rn et Clo,n l'algèbre de Clifford réelle correspondante. Les unités ei, i = 1, ... , n,<br />

86


mentionnées plus haut (3.23). Définissons les unités imaginaires suivantes:<br />

h '- ele2,<br />

i2<br />

'- e3e4,<br />

13 ' - e5e6,<br />

jl '- ele2e3e4,<br />

h<br />

'- ele2e5e6,<br />

j3 '- e3e4e5e6,<br />

i4 ' - el e2e3e4e5e6 ·<br />

(3.24)<br />

Ainsi, la base {l, il> i2 , i3,jl>h,ja, i4} forme un sous-ensemble de la base de l'algèbre<br />

de Clifford réelle Clo ,6. De plus, en multipliant les éléments 3.24, les propriétés 3.23<br />

nous permettent de retrouver le tableau 3.2, c'est-<strong>à</strong>-dire que les éléments de cette<br />

base possèdent toutes les caractéristiques des unités imaginaires tricomplexes. Ainsi,<br />

les nombres tricomplexes sont une sous-algèbre de l'algèbre de Clifford réelle Clo,6.<br />

Dans le cas le plus général, les nombres multicomplexes d'ordre n sont en fait une<br />

sous-algèbre de l'algèbre de Clifford réelle Clo,2n'<br />

Proposition 3.15 La structure des nombres multicomplexes d'ordre n est une sous­<br />

algèbre de l'algèbre de Clifford r'éelle Clo,2n.<br />

Preuve:<br />

Pour démontrer la proposition, regardons tout d'abord l'algèbre de Clifford réelle Clo,2n.<br />

Les unités imaginaires de cette structure de nombres sont obtenues des combinaisons des<br />

éléments de {el, e2, ... , e2n }, où les éléments imaginaires ei possèdent les propriétés 3.23.<br />

Exprimons maintenant les n unités imaginaires simples des nombres multicomplexes<br />

d'ordre n <strong>à</strong> l'aide des 2n unités imaginaires ei :<br />

88


Ce résultat nous permet de situer les nombres multicomplexes dans le cadre bien<br />

connu des algèbres de Clifford.<br />

Les précédentes sections ont présenté les propriétés importantes et pertinentes, <strong>à</strong><br />

notre point <strong>du</strong> vue, de la structure des nombres multicomplexes. La dernière section,<br />

quant <strong>à</strong> elle, portera sur certains sous-espaces des nombres tricomplexes. Ces sous­<br />

espaces seront utiles lorsque viendra le temps de traiter les coupes tridimensionnelles<br />

principales de l'ensemble de Mandelbrot généralisé dans le chapitre suivant.<br />

3.6 Sous-espaces des nombres tricomplexes<br />

Avant de généraliser l'ensemble de Mandelbrot et les ensembles de Julia remplis <strong>à</strong><br />

la structure des nombres multicomplexes, nous allons traiter certains sous-espaces de<br />

l'espace des nombres tricomplexes. Les notions de cette section seviront exclusivement<br />

<strong>à</strong> la section 4.4 de ce mémoire qui portera sur les coupes tridimensionnelles principales<br />

de l'ensemble de Mandelbrot généralisé.<br />

Considérons l'ensemble des nombres tricomplexes représenté <strong>à</strong> l'aide de huit coeffi­<br />

cients réels (3.6).<br />

Définition 3.4 On définit l'espace M(ik, il ) comme étant l'ensemble des nombres tr't­<br />

complexes utilisant seulement les unités imaginaires ik, il E {il> i2 , i3, i4,jl,h ,h },<br />

ik =1- il , c'est-<strong>à</strong>-dire<br />

Par exemple, posons ik = i2 et il = h . On obtient alors l'ensemble<br />

M(i2 ,h ) '- {w = Xl + x2b + X3.Ï 2 + X4i2h 1 Xl, X2, X3, X4 E IR}<br />

{w = Xl + X2 i2 + X 3.Ï2 + X4 i4 1 Xl, X2, X3, X4 E IR}<br />

90


Remarquons que contrairement aux ensembles M(ik ' il ), les ensembles 1r(ik ' il , im)<br />

permettent la possibilité que l'une des unités imaginaires ik, il ou im soit égale <strong>à</strong> un.<br />

De plus, contrairement aux ensembles M(ik, il), les ensembles 1r(ik, il , im) ne sont pas<br />

fermés sous la multiplication. On remarque que 1r(ik, il , im) C M(ik, il ) si et seulement<br />

si ikil = ±im ou ia = 1, a E {k , l, m}. Cette inclusion signifie donc que la multiplication<br />

de nombres dans 1r(ik, il , im) demeurera toujours dans M(ik, il)' Lorsque l'inclusion n'est<br />

pas vérifiée, c'est-<strong>à</strong>-dire que ikil i= ±im et qu'aucune des unités ik, il ou im n'est un,<br />

alors la multiplication d'éléments de 1r(ik ' il , im) est dans M(3).<br />

Pour le moment, ces ensembles semblent peu intéressants, mais ils seront utiles dans<br />

le prochain chapitre lorsque viendra le temps de parler des coupes tridimensionnelles de<br />

l'ensemble de Mandelbrot tricomplexe. On est fin prêt <strong>à</strong> généraliser certains résultats<br />

<strong>du</strong> premier chapitre aux nombres multicomplexes.<br />

92


Chapitre 4<br />

Dynamique multicomplexe :<br />

Ensembles de Mandelbrot, de Julia<br />

remplis et théorème de Fatou-J ulia<br />

Dans ce chapitre, <strong>à</strong> l'aide de la structure des nombres multicomplexes vue dans le<br />

chapitre précédent, on généralisera les ensembles de Mandelbrot et de Julia remplis<br />

vus dans le chapitre 1. On va tout d'abord rappeler la généralisation faite par Rochon<br />

[18] pour les nombres bicomplexes. Ensuite, on poursuivra le travail en généralisant<br />

ces ensembles aux nombres tricomplexes, puis dans le cas le plus général, aux nombres<br />

multicomplexes d'ordre n.<br />

Le plus important résultat de ce chapitre, théorème central de ce mémoire, est le<br />

théorème de Fatou-Julia généralisé aux nombres tricomplexes. Ce théorème associe <strong>à</strong><br />

chaque point de l'espace multicomplexe un « degré de connexité » pour l'ensemble de<br />

Julia rempli multicomplexe qui lui est associé. Ce « degré de connexité » déterminera<br />

si le point appartient <strong>à</strong> l'ensemble de Mandelbrot généralisé ou non. Bien que moins<br />

intéressant, on présentera également la version la plus générale <strong>du</strong> théorème de Fatou­<br />

Julia, celle pour les nombres multicomplexes d'ordre n.<br />

Finalement, afin de visualiser l'ensemble de Mandelbrot généralisé aux nombres tri­<br />

complexes, qui est en fait de dimension huit, on caractérisera les coupes tridimension­<br />

nelles principales de l'ensemble de Mandelbrot généralisé. Certaines (trois) de ces coupes<br />

93


tridimensionnelles ont déj<strong>à</strong> été traitées par Rochon [19] dans le cas des nombres bicom­<br />

plexes. On verra qu'il existe en fait huit coupes fondamentales distinctes et qu'il est<br />

inutile de traiter le cas des nombres multicomplexes d'ordre supérieur puisqu'aucune<br />

nouvelle coupe tridimensionnelle ne pourrait être découverte.<br />

4.1 Ensemble de Mandelbrot généralisé<br />

Avant de généraliser l'ensemble de Mandelbrot aux nombres multicomplexes, don­<br />

nons la définition de bassin d'attraction <strong>à</strong> l'infini dans M(n) puisqu'il s'agit d'un en­<br />

semble qui sera utile tout au long de ce chapitre.<br />

D éfinition 4.1 Le bassin d 'attraction <strong>à</strong> l'infini de Pc est défini de la manière<br />

suivante:<br />

An,c(oo) := {( E M(n) 1 {p;n(()} -+ oo}.<br />

De plus, on définit de manière in<strong>du</strong>ctive l'ensemble<br />

comme étant le bassin d 'attraction fort <strong>à</strong> l'infini de la fonction Pc(() = (2 + c où<br />

SAn- I ,CI- C2 Î n _ l (00) et SAn- l,Cl +C2 În - l (00) sont des bassins d'attraction forts <strong>à</strong> l'infini<br />

de P CI-C2 În - l (() = (2 + (Cl - C2 in- l) et PCI +C2 Î n - l (() = (2 + (Cl + C2in- l) respectivement.<br />

Ainsi, le bassin d'attraction fort <strong>à</strong> l'infini SAn,c(oo) est fonction de tous les bassins<br />

d'attraction forts <strong>à</strong> l'infini des dimensions inférieures et <strong>à</strong> la fin il s'exprime comme une<br />

série de pro<strong>du</strong>its cartésiens multicomplexes de bassins d'attraction <strong>à</strong> l'infini complexes.<br />

Par exemple, les bassins d'attration <strong>à</strong> l'infini pour les nombres bicomplexes et tri­<br />

complexes sont respectivement<br />

A2 ,C(00) .- {w E M(2) 1 {P;(w)} -+ oo},<br />

A3,c(00) .- {( E M(3) 1 {P;(() } -+ oo},<br />

94<br />

(4.1)<br />

(4.2)


Maintenant, comme le lemme est valide pour tout n, on peut réécrire l'ensemble de<br />

Mandelbrot d'ordre n comme une suite de pro<strong>du</strong>its cartésiens multicomplexes de 2n-k<br />

ensembles de Mandelbrot multicomplexes d'ordre k et ultimement comme le résultat de<br />

n - 1 pro<strong>du</strong>its cartésiens multicomplexes de 2 n - 1 ensembles de Mandelbrot classiques.<br />

Mn Mn-l X'Yn _ l Mn-l<br />

(M n- 2 X 'Yn 2 M n- 2 ) X 'Yn 1 (Mn- 2 X'Yn 2 M n- 2 ) = ...<br />

On peut maintenant montrer que l'ensemble de Mandelbrot multicomplexe est<br />

connexe pour tout n.<br />

Théorème 4 .7 L 'ensemble de Mandelbrot multicomplexe d'ordre n est connexe.<br />

Preuve:<br />

Pour n = 1, on a Ml = M qui est un ensemble connexe tel que discuté dans le chapitre<br />

1. Supposons que l'ensemble de Mandelbrot d'ordre n = k est connexe pour k 2: 1 et<br />

vérifions ce qu'il en est pour n = k + 1. Du lemme précédent, on a<br />

Or, M k est connexe et donc M k+l est également connexe. Ainsi, on a montré par in­<br />

<strong>du</strong>ction que l'ensemble de Mandelbrot généralisé M n est connexe pour tout n 2: 1.0<br />

Il Y aurait d'autres propriétés de l'ensemble de Mandelbrot classique qui pourraient<br />

être intéressantes <strong>à</strong> généraliser aux espaces multicomplexes. On laissera ces propriétés<br />

<strong>à</strong> démontrer dans des publications futures.<br />

La prochaine section fournira la définition des ensembles de Julia remplis généralisés<br />

aux espaces multicomplexes.<br />

4.2 Ensembles de Julia remplis généralisés<br />

Tout comme on l'a fait pour l'ensemble de Mandelbrot, on peut donner une générali­<br />

sation des ensembles de Julia remplis aux nombres multicomplexes d'ordre n. Rappelons<br />

99


De cet te définition et de celle de bassin d'attraction <strong>à</strong> l'infini présentée en début de<br />

chapitre, on remarque que l'ensemble de Julia rempli Kn,c est en fait le complément <strong>du</strong><br />

bassin d'attraction <strong>à</strong> l'infini An,c(oo).<br />

De la dernière définition s'ensuit naturellement l'écriture de l'ensemble de Julia rempli<br />

Kn,c en terme de deux ensembles de Julia remplis multicomplexes d'ordre n - 1.<br />

Preuve:<br />

La preuve est similaire <strong>à</strong> celle <strong>du</strong> lemme 4.6.0<br />

Tout comme on l'a fait pour l'ensemble de Mandelbrot multicomplexe d'ordre n,<br />

le lemme est valide pour tout n, et donc on peut réécrire l'ensemble de Julia rempli<br />

multicomplexe Kn,c comme une suite de pro<strong>du</strong>its cartésiens multicomplexes de 2n-k<br />

ensembles de Julia remplis multicomplexes d'ordre k .<br />

Donnons maintenant la généralisation <strong>du</strong> théorème 4.11 pour les nombres multi­<br />

complexes d'ordre n.<br />

Théorème 4.13 cE M n si et seulement si Kn,c est un ensemble connexe.<br />

Preuve:<br />

On va effectuer la preuve par par in<strong>du</strong>ction. Pour n = 1, le théorème de Fatou­<br />

Julia complexe (1.16) nous assure que la proposition est vraie. Supposons qu'elle le<br />

soit aussi pour n = k, c'est-<strong>à</strong>-dire que C E M k si et seulement si K k,c est un en­<br />

semble connexe. Soit c = Cl + C2 ik+1 E M(k + 1), alors C E M k+l si et seulement si<br />

102


et de manière générale, pour n'importe quels A , B ç M(k), on a<br />

(A X1'k B)\(SAk,Cl-C2ik(OO) X1'k SAk,Cl+C2ik(OO)) (A\SAk,Cl-C2ik(OO)) X1'k B<br />

ou<br />

ou<br />

ou<br />

ou<br />

ou<br />

U A X1'k (B\SAk,Cl+C2ik(OO)).<br />

De plus, Kk+1,c = K k,Cl-C2ik X 1'k Kk,Cl +C2ik est non connexe, mais pas totalement si<br />

et seulement si<br />

1. Kk,Cl -C2ik ou Kk,Cl +C2ik est non connexe, mais pas totalement;<br />

ou<br />

2. Kk,Cl -C2i k est totalement non connexe et Kk,Cl +C2ik est connexe;<br />

ou<br />

3. K k,Cl+C2i k est totalement non connexe et K k,Cl - C2ik est connexe.<br />

Ainsi, 0 E Ak+l,c(OO)\SAk+l,c(OO) si et seulement si Kk+1,c est non connexe, mais<br />

pas totalement.O<br />

109


On a vu un peu plus tôt dans cette section une coupe tridimensionnelle de l'ensemble<br />

de Mandelbrot. Il s'agit en fait d'une manière de visualiser l'ensemble de Mandelbrot tri­<br />

complexe. Il existe d'autres coupes tridimensionnelles de M3 et donc d'autres manières<br />

de visualiser l'ensemble de Mandelbrot tricomplexe. C'est l'objet de la prochaine sec­<br />

tion.<br />

4.4 Coupes principales de l'ensemble de Mandelbrot<br />

tricomplexe<br />

On aimerait bien visualiser l'ensemble de Mandelbrot tricomplexe, M3 , qui est en<br />

fait de dimension huit. Pour ce faire, on devra fixer cinq des huit coefficients de la<br />

représentation des nombres tricomplexes 3.6. En faisant cela, on peut visualiser des<br />

coupes tridimensionnelles particulières de l'ensemble. On va se concentrer sur les coupes<br />

pour lesquelles les cinq coefficients fixés sont fixés <strong>à</strong> zéro. On dira de ces coupes tridimen­<br />

sionnelles de l'ensemble de Mandelbrot tricomplexe que ce sont les coupes principales.<br />

On verra également que le nombre de coupes tridimensionnelles principales de M 3<br />

est de huit alors qu'on aurait pu s'attendre <strong>à</strong> plus. Ce phénomène sera expliqué par le<br />

fait qu'il existe des symétries entre les différentes coupes et il en découlera que l'étude<br />

de l'ensemble de Mandelbrot multicomplexe d'ordre supérieur <strong>à</strong> trois sera <strong>à</strong> toute fin<br />

pratique initéressante.<br />

On a défini <strong>à</strong> la section 3.6 des sous-espaces des nombres tricomplexes. Comme ce<br />

sont ces espaces qui seront utilisés dans cette section, rappelons en les définitions.<br />

M(ik ' il) '- {w = Xl + X2ik + X3il + X4ikil 1 Xl, X2, X3, X4 E IR}, (4.5)<br />

1l'(ik, il, im) '- {xlik+X2il +X3iml xl,X2,X3EIR}. (4.6)<br />

Comme on vient de le mentionner, il y a huit coupes tridimensionnelles principales<br />

de l'ensemble de Mandelbrot tricomplexe. On distinguera deux cas. Le premier cas est<br />

celui des coupes pour lesquelles les itérés de la quadratique Pc( () = (2 + c pour des<br />

110


Ainsi,<br />

('P2 0 P C2 0 'P2 1 )(()<br />

('P2 0 'PlO PC) 0 'PlI 0 'P2 1 )(()<br />

(('P2 0 'Pl) 0 PC) 0 ('P2 0 'Pd- l )(()<br />

c'est-<strong>à</strong>-dire que 11 rv 73 et donc la relation rv est transitive.<br />

La relation rv est donc une relation d'équivalence. 0<br />

Pour le Tétrabrot, on a les symétries suivantes: 7(1, h , i2 ) rv 7(1, ik , id, V ik , il E<br />

{h, i2, i3, i4} , i k =1- il , et donc on peut tous les appeler Tétrabrot. Pour montrer que<br />

ces ensembles ont la même dynamique, on considère (sans perte de généralité) C =<br />

Cl + c2h + C3i2 E 1I'(1, h , i2), Cl = Cl + C2i3 + C3i4 E 1I'(1, i3, i4) et les deux fonctions<br />

suivantes:<br />

Pc : M(h , h ) -+ M(h , i2)<br />

w t--t w 2 + C<br />

Pc' : M(i3 , i4) -+ M(i3 , i4)<br />

Considérons maintenant l'application suivante:<br />

w t--t w 2 + Cl .<br />

'P : M(h , i2) -+ M(i3 , i4)<br />

Xl + X2i l + X3i2 + X4.ÏI t--t Xl + X2 i3 + X3i4 + X4.ÏI·<br />

113


FIGURE 4.5 - Quatrième coupe de M3 : T(h, i2,jl)<br />

correspondant <strong>à</strong> des ensembles de Julia remplis tricomplexes non connexes, mais pas<br />

totalement. Ces quatre coupes sont définies comme suit (respectivement les figures 4.6,<br />

4.7, 4.1 et 4.8) :<br />

avec les symétries suivantes :<br />

117<br />

( 4.11)<br />

( 4.12)<br />

(4.13)<br />

(4.14)


T (h , i 2 , i 3 )<br />

T (h , i 2,h )<br />

T(i1J i2, i4) "-J T (h , i3, i4) "-J T (i 2 , i3, i4),<br />

T (i1J i2,j3) "-J T (h , i3,jl) "-J T (i1 , i3,h ) "-J T (h , i4,jl) "-J T (i1J i4,h )<br />

T (i 2 , i3,h ) "-J T (i 2 , i3,j2) "-J T (i 2 , i4,jl) rv T (i 2 , i4,h ) rv T (i3 , i4,j2)<br />

T (i3 , i 4 ,h ),<br />

T (h,jl,h ) "-J T (i1J h ,j3 ) rv T (i2,jl,h ) "-J T (h,j1Jh) rv T (i2,h ,h )<br />

T (i3,jl,h ) "-J T (i3,jl,j3 ) "-J T (i3,h ,h ) "-J T(i4,jl,h ) rv T (i4,jl,h )<br />

T (i4 ,h ,h )·<br />

FleURE 4.6 - Cinquième coupe de M 3 : T (h , i 2 , i 3 )<br />

Au vu de ces coupes tridimensionnelles principales et avec les différentes symétries,<br />

on peut se demander pourquoi les coupes T (h , i 2,jd et T (h , i 2 ,h ) n'ont pas la même<br />

dynamique. C'est simplement en raison <strong>du</strong> fait que les itérés ne se situent pas dans<br />

le même espace. En fait, les itérés de nombres dans 1I'(h , i2,jl) restent dans M(h , i2)<br />

alors que ceux de nombres dans 1I'(i1J i2,h ) vont dans M(3). Cela s'explique par le<br />

118


F IGURE 4.7 - Sixième coupe de M 3 : T (h , i 2 ,h )<br />

fait que h = i1i 2 , mais h =1= i1i2 . Nous allons maintenant montrer que T(h , i3,jl) '"<br />

T(i 2 , i3,j l). Soit C = clh + C2 i3 + c3.h, c/ = cl i2 + C2i3 + Csj l et considérons les deux<br />

fonctions suivantes :<br />

Considérons maintenant l'application<br />

Pc : M(3) -----+ M(3)<br />

( f---7 (2 + C,<br />

PCI : M(3) -----+ M(3)<br />

( f---7 (2+C/.<br />

cp : M(3) -----+ M(3)<br />

Xl + x2h + X3i2 + X4i3 + X5i4 + X6jl + x7h + xs.Ï3<br />

f---7 Xl + x3h + X2i 2 + X4i3 + X5i4 + X6jl + xs.Ï2 + X7j3'<br />

Ainsi on a (cp 0 Pc 0 cp-l)(() = PC/(() et donc T (h , i3,jl) '" T (b , i3,j l)' Toutes les<br />

autres symétries pour les quatre coupes dont les itérés vont dans M(3) se démontrent<br />

119


FIGURE 4.8 - Huitième coupe de M 3 : T (h ,j2 ,h )<br />

en utilisant la même stratégie c'est-<strong>à</strong>-dire que l'application cp consiste en fait en une<br />

permutation des coefficients de ( = X l + X2ÎI + X3i2 + X4i3 + XSi4 + x6jl + x7h + xs.Ïa ·<br />

À ce point-ci, le lecteur avisé aura remarqué que toutes les possibilités de triplets<br />

d 'unités imaginaires tricomplexes ont été utilisés pour former les huit coupes tridimen­<br />

sionnelles principales de l'ensemble de Mandelbrot tricomplexe. Il n'existe donc pas<br />

d'autres coupes pour l'ensemble de Mandelbrot tricomplexe.<br />

Plus encore, les huit coupes tridimensionnelles principales définies dans cette section<br />

sont les seules que l'on retrouverait si l'on faisait la même étude pour les ensembles de<br />

Mandelbrot multicomplexes d'ordre supérieur <strong>à</strong> trois.<br />

Bien enten<strong>du</strong>, on peut appliquer la technique utilisée pour visualiser l'ensemble de<br />

Mandelbrot tricomplexe aux ensembles de Julia remplis tricomplexes. La figure 4.9<br />

correspond <strong>à</strong> la première coupe (celle où l'on conserve les unités 1, il et i 2 ) de l'ensemble<br />

de Julia rempli JC3,O.36237+0.32i 1 .<br />

120


FIGURE 4.9 - Première coupe de l'ensemble de Julia rempli K 3,o.36237+0.32il<br />

Tout comme pour l'ensemble de Mandelbrot tricomplexe, il existe huit coupe tridi­<br />

mensionnelles pour les ensembles de Julia remplis tricomplexes. La figure 4.10 corres­<br />

pond <strong>à</strong> la deuxième coupe (celle où l'on conserve les unités 1, h et jl) de l'ensemble de<br />

Julia rempli K 3,o.36237+0.32h.<br />

On pourrait également afficher les autres coupes pour cet ensemble de Julia rempli<br />

tricomplexe particulier, mais la plupart des autres coupes sont moins intéressantes.<br />

Allons voir la première coupe pour d'autres ensembles de Julia remplis tricomplexes.<br />

Les figures 4. 11 , 4. 12 et 4. 13 correspondent <strong>à</strong> la première coupe respectivement des<br />

ensembles<br />

K 3,- O.98357+0.26365i1 + O.00085i4 - O.00033js '<br />

K 3,o.3419+ 0.0777i1<br />

et K 3,- O.12+0.lil-0.415i2 -0.065is+ O.32i4 -0.19h - O.2j2+ 0.47js .<br />

121


FIGURE 4.10 - Deuxième coupe de l'ensemble de Julia rempli JC3,O.36237+0.32i 1<br />

FIGURE 4.11 - Première coupe de l'ensemble de Julia rempli JC 3,c avec c = -0.98357 +<br />

0.26365i1 + O.00085i4 - O.00033h<br />

122


FIGURE 4.12 - Première coupe de l'ensemble de Julia rempli K 3,0.3419+0.0777i 1<br />

Remarquons que l'ensemble de Julia rempli K 3,0.36237+0.32i 1 se décompose selon le co­<br />

rollaire 4. 10 de la manière suivante: ( KO.36237+0.32il X ")'1 KO.36237+0.32iJ X ")'2 (KO.36237+0.32h X ")'1<br />

KO.36237+0.32iJ, c'est-<strong>à</strong>-dire que les quatre ensembles de Julia remplis complexes qui le<br />

composent sont l'ensemble de Julia rempli de la fi gure 1. 5. Il est alors intéressant de<br />

constater les ressemblances graphiques entre cet ensemble de Julia rempli complexe et<br />

les deux premières coupes de K 3,0.36237+0.32h (figures 4.9 et 4.10).<br />

De manière similaire, on a<br />

et<br />

K3, -0.98357 +0.26365h +0.00085i4 -0.00033jg<br />

= (K- 0.98389+0.2645h X")'1 K - 0.98389+0.2645iJ X ,,),2 (K- 0.98324+0.2628h X")'1 K - 0.98324+0.2628iJ<br />

K 3,0.3419+0.0777i 1 = (KO.3419+ 0.0777il X ")'1 KO.3419+ 0.0777h) x ")'2 (KO.3419+ 0.0777h X ")'1 KO.3419+0.0777il)<br />

et on remarque également des ressemblances entre les figures 1.6 et 4.11 et entre les<br />

figures 1.7 et 4.12.<br />

123


FIGURE 4.13 - Première coupe de l'ensemble de Julia rempli J(3,c avec c = -0.12 +<br />

O.lil - 0.415i2 - 0.065i3 + 0.32i4 - 0.19jl - 0.2h + 0.47j3<br />

À l'opposée, l'ensemble de Julia rempli J(3,-O.12+0.1h -0.415b -O.065ia+O.32i4 -O.19jl -O.2h+0.47js<br />

a été construit en utilisant quatre ensembles de Julia remplis complexes différents et la<br />

coupe que l'on peut voir <strong>à</strong> la figure 4.13 ne ressemble pas <strong>à</strong> grand chose.<br />

On va conclure ce chapitre et par le fait même cet ouvrage par une discussion sur<br />

l'aspect fractal des ces ensembles tidimensionnels issus de la structure des nombres<br />

tricomplexes.<br />

4.5 L'ensemble de Mandelbrot tricomplexe au point<br />

de vue fractal<br />

Rappelons tout d'abord les propriétés fondamentales d'un objet que l'on qualifie de<br />

fractal. Tout d'abord, un objet fractal ou plus simplement une fractale doit avoir une<br />

forme irrégulière et fragmentée et ce <strong>à</strong> toutes les échelles, c'est-<strong>à</strong>-dire que l'on discernera<br />

toujours la forme irrégulière et fragmentée de l'objet peu importe l'agrandissement avec<br />

lequel on est en train de le regarder.<br />

124


Comme discuté au chapitre 1, une autre propriété intéressante des fractales est l'au­<br />

tosimilarité. Un objet présentant une structure autosimilaire est un objet pour lequel<br />

on retrouve, en agrandissant, des parties ayant une structure approchant celle de l'objet<br />

lui-même.<br />

L'ensemble de Mandelbrot classique et les ensembles de Julia remplis complexes<br />

sont des objets fractals très connus. On a dailleurs vu au chapitre 1 que ces fractales<br />

possèdent la propriété d'autosimilarité.<br />

On peut supposer, sans trop de craintes de se tromper, que l'ensemble de Mandelbrot<br />

généralisé aux nombres multicomplexes est également un ensemble fractal. On a vu que<br />

certaines des coupes principales de l'ensemble de Mandelbrot tricomplexe ne sont pas<br />

<strong>du</strong> tout fractales. Le Perplexbrot, par exemple, est un octaèdre régulier comme il a été<br />

démontré dans [9]. La coupe T(j l, j2,j 3) , quant <strong>à</strong> elle, ne semble pas non plus fractale.<br />

On peut supposer qu'il s'agit d'un tétraèdre régulier.<br />

Conjecture 4 .1 La coupe tridimensionnelle T(jl, j2, h ) de l'ensemble de Mandelbrot<br />

tricomplexe est un tétraèdre régulier.<br />

Ces deux coupes sont donc intéressantes puisqu'elle ne sont pas fractale alors qu'on<br />

aurait pu s'attendre <strong>à</strong> ce qu'elles le soient, mais l'intérêt s'arrête l<strong>à</strong>. Les autres coupes<br />

quant <strong>à</strong> elles sont vraissemblablement fractales et donc offrent un grand intérêt au<br />

point de vue de l'exploration. ous allons surtout nous concentrer sur le Tétrabrot<br />

puisque c'est, <strong>à</strong> notre point de vue, la coupe la plus intéressante. L'on tentera d'illustrer,<br />

<strong>à</strong> l'aide d'images appropriées, le caractère fractal et autosimilaire <strong>du</strong> Tétrabrot. L'on<br />

pourrait également utiliser les autres coupes tridimensionnelles principales de l'ensemble<br />

de Mandelbrot tricomplexe afin d'illustrer la chose.<br />

Rappelons tout d'abord que les points qui correspondent <strong>à</strong> des ensembles de Julia<br />

remplis connexe sont dans l'ensemble de Mandelbrot et ne sont donc pas visibles sur<br />

les coupes tridimensionnelles. Dans le cas <strong>du</strong> Tétrabrot (figure 4.2), la région noire<br />

125


correspond <strong>à</strong> des ensembles de Julia remplis non connexes, mais pas tot alement, où<br />

exactement deux des quatre ensembles de Julia remplis complexes (de la décomposition<br />

<strong>du</strong> corrollaire 4. 10) sont connexes et les deux autres sont totalement non connexes. La<br />

région bleue, quant <strong>à</strong> elle, correspond <strong>à</strong> des ensembles de Julia remplis tri complexes<br />

totalement non connexes.<br />

Explorons donc le Tétrabrot afin de voir plus clairement l'aspect fractal de cet en­<br />

semble. Tout d'abord, avant même d'approcher l'ensemble, on remarque que l'autosimi­<br />

larité de la fractale s'exprime d'une autre façon que dans le cas complexe. En effet, sur<br />

la figure 4.2, on remarque que les points correspondant <strong>à</strong> des ensembles de Julia remplis<br />

non connexe, mais pas totalement, ont une forme bien près de celle de l'ensemble de<br />

Mandelbrot complexe, comme s'il était tatoué sur le Tétrabrot.<br />

Aussi, lorsque l'on s'approche de la fractale et qu'on l'explore plus en profondeur, on<br />

retrouve de ce genre de tatous un peu partout comme en témoignent les figures 4. 14 et<br />

4. 15 qui sont toutes deux des explorations <strong>du</strong> Tétrabrot.<br />

Il ne s'agit pas l<strong>à</strong> de la seule manifestation de l'autosimilarité <strong>du</strong> Tétrabrot. En<br />

regardant attentivement les figures 4.14 et 4. 15, on peut voir que la structure semble se<br />

répèter lorsqu'on dirrige notre regard de l'avant vers l'arrière de la fractale. Une autre<br />

belle manifestation de l'autosimilarité en trois dimensions <strong>du</strong> Tétrabrot est représentée<br />

<strong>à</strong> la figure 4. 16. En effet, on trouve de petits Tétrabrots <strong>à</strong> l'intérieur de celui-ci lorsqu'on<br />

l'explore sur l'axe des réels.<br />

De manière générale, il est plus facile d'observer l'autosimilarité <strong>du</strong> Tétrabrot <strong>à</strong> l'aide<br />

d 'agrandissement successif d'un endroit de la fractale, un peu comme on a fait dans le<br />

chapitre 1 pour l'ensemble de Mandelbrot complexe.<br />

L'autre propriété des fractales que l'on aimerait distinguer sur les coupes tridimen­<br />

sionnelles de l'ensemble de Mandelbrot tricomplexe est le caractère irrégulier et frag­<br />

menté. Les figure 4.15 et 4. 16 illustrent très bien cette propriété chez le Tétrabrot.<br />

126


FIGURE 4. 14 - Exploration <strong>du</strong> T étrabrot un petit t atou en forme d 'ensemble de<br />

Mandelbrot<br />

En explorant les ensembles de Julia remplis tricomplexes, on remarque également<br />

l'aspect irrégulier, fragmenté et autosimilaire comme en témoigne la figure 4.17 qui est<br />

une exploration de la première coupe de l'ensemble JC3,-1.754878.<br />

À la lumière des quelques images présentées dans cett e section , on se rend compte<br />

de la richesse et de la diversité des coupes t ridimensionnelles de l'ensemble de Mandel­<br />

brot t ricomplexe ou des ensembles de Julia remplis t ricomplexes. On a seulement tenté<br />

d 'illustrer le caractère fractal de ces ensembles. Il y a nature <strong>à</strong> passer énormément<br />

de temps en exploration de ces ensembles, <strong>à</strong> la recherches de nouvelles structures<br />

intéressantes, de nouvelles images époustouflantes.<br />

127


FIGURE 4.15 - Exploration <strong>du</strong> Tétrabrot : en violet: plusieurs tatous dont la forme<br />

approche celle de l'ensemble de Mandelbrot<br />

128


FIGURE 4.16 - Exploration <strong>du</strong> Tétrabrot sur l'axe réel: on trouve une forme approchant<br />

celle <strong>du</strong> Tétrabrot<br />

129


FIGURE 4.17 - Exploration de la première coupe de l'ensemble de Julia rempli<br />

K:3, -1. 754878<br />

130


Conclusion<br />

Par ce mémoire, on a présenté des ensembles fractals très connus: l'ensemble de<br />

Mandelbrot et les ensembles de Julia remplis. On a présenté, <strong>à</strong> partir de l'approche<br />

des systèmes dynamiques, les principales propriétés de ces ensembles, notamment le<br />

théorème de Fatou-Julia stipulant qu'un nombre complexe appartient <strong>à</strong> l'ensemble de<br />

Mandelbrot si et seulement si l'ensemble de Julia rempli qui lui correspond est connexe.<br />

On a également traité l'approche des familles normales <strong>à</strong> partir de laquelle on peut<br />

également retrouver les ensembles de Julia, de Fatou et de Julia remplis et on a montré<br />

que ces deux approches nous amènent bel et bien vers les mêmes ensembles fractals.<br />

On a également présenté la structure des nombres multicomplexes qui est en fait une<br />

sous-algèbre d'une algèbre de Clifford réelle.<br />

Cette structure de nombres nous a permis de généraliser les ensembles fractals is­<br />

sus de la dynamique complexe de même que leurs principales propriétés. On a donné<br />

une généralisation <strong>du</strong> théorème de Fatou-Julia et on a vu que contrairement au cas<br />

complexe qui n'admet que deux possibilités pour les ensembles de Julia remplis, soit<br />

connexe ou totalement non connexe, les ensembles de Julia remplis multicomplexes<br />

d'ordre supérieurs <strong>à</strong> un offrent une troisième possibilité, celle d'être non connexe, mais<br />

avec des composantes connexes.<br />

Aussi, grâce <strong>à</strong> un logiciel de visualisation de fractales tridimensionnelles, on a pu<br />

visualiser des coupes de l'ensemble de Mandelbrot multicomplexe et des ensembles de<br />

131


Julia remplis multicomplexes. On a vu que l'étude de ces ensembles peut se limiter<br />

au cas tricomplexe puisqu'il n'y a pas vraiment de nouvelles structures intéressantes<br />

ressortant de l'utilisation des nombres multicomplexes d'ordre supérieur <strong>à</strong> trois. On a<br />

vu que les coupes tridimentionelles principales de ces ensembles sont au nombre de huit<br />

et que certaines d'entre elles sont fractales et offrent donc un grand intérêt au niveau<br />

de l'exploration alors que d'autres sont beaucoup plus régulières.<br />

On a entre autre suggéré que la huitième coupe tridimensionelle de l'ensemble de<br />

Mandelbrot tricomplexe est en fait un tétraèdre régulier, ce qui reste <strong>à</strong> démontrer.<br />

Aussi, l'approche qui a été utilisée pour généraliser l'ensemble de Mandelbrot et les<br />

ensembles de Julia rempli est l'approche dynamique. Il serait intéressant de refaire la<br />

démarche en utilisant plutôt l'approche des familles normales et d'unifier encore une<br />

fois ces deux approches.<br />

Finalement, bien que l'on aie généralisé plusieurs propriétés de l'ensemble de Mandel­<br />

brot et des ensembles de Julia remplis, plusieurs autres propriétés restent <strong>à</strong> démontrer.<br />

Entre autres, on pourrait répéter la démarche qui nous a permis d'obtenir la cardioïde<br />

principale de l'ensemble de Mandelbrot et voir ce que cela donnerait dans les espaces<br />

multicomplexes. Bref, il reste <strong>du</strong> pain sur la planche.<br />

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