09.08.2013 Views

François Ier, l'Islam et la mer - CESM

François Ier, l'Islam et la mer - CESM

François Ier, l'Islam et la mer - CESM

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Les différents auteurs de l’époque évoquent rarement l’état d’esprit des popu<strong>la</strong>tions côtières<br />

exposées au danger des razzias ou de celui des gens de <strong>mer</strong> qui vivent sous <strong>la</strong> menace<br />

permanente des corsaires.<br />

La littérature, <strong>et</strong> particulièrement <strong>la</strong> littérature française, fait souvent allusion ou référence au<br />

problème barbaresque. À titre d'exemple, s’agissant du « Bourgeois gentilhomme » de<br />

Molière ou du « Pédant Joué » de Cyrano de Bergerac, c’est sur le mode de <strong>la</strong> comédie, avec<br />

<strong>la</strong> mise en scène de faux turcs. Dans les « Fourberies de Scapin », il s’agit d’un faux<br />

enlèvement. Pour Voltaire, il s’agit de faire une critique déguisée de <strong>la</strong> religion catholique.<br />

Rien ne fait ressortir l’impact psychologique sur les popu<strong>la</strong>tions vivant sous <strong>la</strong> menace. Il<br />

apparaît un découp<strong>la</strong>ge total entre <strong>la</strong> perception des auteurs, qui vivent dans le microcosme de<br />

<strong>la</strong> cour <strong>et</strong> de Paris, bien loin des dangers, <strong>et</strong> celle des popu<strong>la</strong>tions rurales <strong>et</strong> maritimes des<br />

côtes de France qui les subissent.<br />

Le seul moyen d’évaluer le niveau de perception du danger, passe par l’analyse des mesures<br />

prises localement pour s’en prémunir. Elles sont de trois types: les fortifications, l’adaptation<br />

de l’habitat, l’organisation des mesures d’alerte <strong>et</strong> <strong>la</strong> défense active.<br />

Toutes les côtes méditerranéennes d’Europe s’équipent très tôt de tours <strong>et</strong> de forteresses. Ce<strong>la</strong><br />

ne se fait pas en un jour, en raison des dépenses considérables que ce<strong>la</strong> représente <strong>et</strong> qui ne<br />

s’arrêtent pas à leur simple édification. Pour rester efficaces, elles doivent être sans cesse<br />

adaptées à l’évolution de <strong>la</strong> menace <strong>et</strong> modernisées. Fernand Braudel étudie <strong>la</strong> défense des<br />

côtes d’Espagne <strong>et</strong> d’Italie, plus exposées que les côtes de France. Il relève qu’en 1563,<br />

l’adaptation des vieilles tours de Valence à l’imp<strong>la</strong>ntation d’artillerie est étudiée ; qu’en 1536<br />

des gu<strong>et</strong>teurs signalent des voiles ennemies à Majorque, ce qui signifie qu’il existait des tours<br />

à c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong>, sans que l’on sache depuis quelle date. Il cite également l’organisation d’une garde<br />

côtière à Valence à partir de 1519-1520, avec des « montres » <strong>et</strong> des services d’alerte. En<br />

1576, les fortifications de Carthagène sont encore à l’état de proj<strong>et</strong>, alors qu’existe un service<br />

de garde des côtes à Grenade en 1579. Il y a également des proj<strong>et</strong>s détaillés de fortification de<br />

<strong>la</strong> Sardaigne en 1574. Des tours y sont construites vers 1587 16 .<br />

En Corse, <strong>la</strong> décision d’élever une ceinture de tours littorales remonte à 1532. Afin de<br />

pourvoir à leur construction l’impôt sur le sel est augmenté, c<strong>et</strong>te taxe étant jugée <strong>la</strong> plus<br />

universelle <strong>et</strong> <strong>la</strong> moins lourde 17 . La construction débute c<strong>et</strong>te même année. L’île est en eff<strong>et</strong><br />

très exposée. Selon Michel Vergé-Franceschi, dans <strong>la</strong> région du cap Corse il n’y a guère de<br />

16 BRAUDEL, T. II p. 180<br />

17 VERGE-FRANCESCHI, Histoire de Corse, p. 153<br />

12

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!