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L'Hercule terrassant l'Hydre de Lerne de Puget

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t 0 L -<br />

L'HERCULE<br />

TERRASSANT L'HYDRE DE LERNE<br />

DE<br />

PUGET<br />

PAR<br />

M. L'AB8 FORCE<br />

Curé <strong>de</strong> flournainville<br />

iSPECTEUfl DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE DARCIIÉOLOGIE<br />

BERNAY<br />

IMPRIMERIE VEUVE A. LEFÉVRE<br />

Bue <strong>de</strong>s Fontaines, 40<br />

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Document<br />

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r<br />

34<br />

L'HERCULE<br />

TERRASSANT L'IIYDIlE DE LERNE<br />

DE<br />

PUCET<br />

45<br />

/


•<br />

L'HERCULE.<br />

• TERRASSANT L'HYDRE DE LERNE<br />

DE<br />

PUGET<br />

PAR<br />

M,LABÉ POHÉE<br />

Curé <strong>de</strong> Bournainvilte<br />

INSPECTEUR DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE D'ARCHÉOLOGIE<br />

BERNAY<br />

IMPRIMERIE VEUVE A. lEFÊVRE<br />

• Bue <strong>de</strong>s Fontoi,Ies, -f0


Société libre d'Agriculture, Sciences, Arts et Belles-Lettres<br />

<strong>de</strong> l'Eure(Scction <strong>de</strong> l'arrondissement <strong>de</strong>lleraaq)<br />

SÉANCE DU 20 AVRIL 188<br />

L'HERCULE<br />

TERRASSANT L'HYDRE DE LERNE<br />

DE<br />

F U CET<br />

Le Musée <strong>de</strong> Rouen vient <strong>de</strong> s'enrichir d'une oeuvre<br />

sculpturale <strong>de</strong> la plus gran<strong>de</strong> valeur, l'hercule <strong>terrassant</strong><br />

l'hydre <strong>de</strong> Lente, <strong>de</strong> <strong>Puget</strong>. Les journaux tic Rouen ont salué<br />

avec enthousiasme l'entrée au Musée <strong>de</strong> ce groupe d'un effet<br />

grandiose. Une statue. <strong>de</strong> trois mètres <strong>de</strong> hauteur, dans<br />

laquelle on retrouve l'énergie, la puissance, la fougue j toutes<br />

les qualités inaitresses (lu sculpteur marseillais, certes, il y<br />

avait <strong>de</strong> quoi emboucher la trompette, et la presse a plus<br />

d'une Fois, à moindre compte, crié -merveille. S'il appartient<br />

aux cri tiq ues, aux experts d'apprécier la valeur artistique <strong>de</strong><br />

la statue et d'en faire ressortir la beauté fière et sauvage,<br />

nous pensons avoir qualité pour parler <strong>de</strong> l'oeuvre au pbint


-6—<br />

(le vue historique, et pouvoir; mieux que personne, raconter<br />

tes circop siances auxquelles on doit sa découverte, et pur<br />

suite sa présence au Musée <strong>de</strong> Rouen.<br />

Le 12 juillet 1882, M. l'abbé De la Balle, alors curé <strong>de</strong><br />

Saint-Ouen-du-Tilleul, me fit remarquer dans un enclos<br />

situé à une centaine <strong>de</strong> mètres <strong>de</strong> l 'ancien château <strong>de</strong> Là<br />

Lon<strong>de</strong>, (4) construit sous Louis XIII, trois énormes tronçons<br />

<strong>de</strong> pierre, gisant au milieu tics hautes herbes, et dans<br />

lesquels on pouvait à Première vue reconnaître un monstre<br />

ailé à la croupe repliée, et un toise alhlétique avec une<br />

peau (le lion jetée sur l'épaule. C'était plus qu'il n'en fallait<br />

pour désigner Hercule <strong>terrassant</strong> <strong>l'Hydre</strong> <strong>de</strong> Let-tic.<br />

La statue était affreusement mutilée la tête, les bras, une<br />

partie <strong>de</strong> la dépouille du lion manquaient, ainsi que les tôles<br />

<strong>de</strong> <strong>l'Hydre</strong>; niais 'ce qui subsistait révélait au premier coup<br />

d'oeil le ciseau d'un maître.<br />

Cette statue d'Hercule, en pierre (le Vernon d'un grain<br />

liés-lin, était formée <strong>de</strong> l]'Ois tronçons sciés ptrultèlenieiit,<br />

et se rajtlstant au moyen <strong>de</strong> tenons qui avaient disparu. Le<br />

premier tronçon, un peu enfoncé dans le sol, mesurait<br />

I in. 30 cent. <strong>de</strong> hauteur, (2) et comprenait <strong>l'Hydre</strong> terrassé<br />

et fi partie inférieure du corps d'Hercule, jusqu'au milieu<br />

(1) La Lori<strong>de</strong> , eau ton d Elbeuf, Seine-Iii Mn cure. - , Le. fief <strong>de</strong> La<br />

- ii. lAn<strong>de</strong>, appelé autrefois La Loa<strong>de</strong>-Comrn in, fut érigé en baronnie du<br />

n teins <strong>de</strong> Louis XII, et eu marquisat par t etl.res-pa lori tes du mois le<br />

« mai 1616, en faveur <strong>de</strong> François<strong>de</strong> lilgars. Le roi y unir aloi-s les fiefs,<br />

o terres et seigileuries dc 'I'oiin-ill e-la-C;iuntiague. d'Orival, <strong>de</strong> Sainr-Oueu,<br />

<strong>de</strong> Tuit-Itou<strong>de</strong>bert, <strong>de</strong> 'l'oubervitte et nitres. Toussaint .Dnplcssis.<br />

Description <strong>de</strong> la Haute-A'orrnandic. Il. 348.<br />

(2) Ces d mien sion s rie saurai eut Mie (I ' rifle p récisioi I mathématique<br />

cause <strong>de</strong>s difficultés que nous avions ii les prendre.<br />

1


I -<br />

<strong>de</strong>s cuises ;. le <strong>de</strong>uxième tronçon, du milieu <strong>de</strong>s cuisses<br />

auc mamelles, avait O m. 80 cent.; le troisième, <strong>de</strong>s<br />

inumelles au milieu du cou, poiLait . O ni. 10 cent.; en<br />

donnant â la tête cLan cou O m. 50 cent., on arrivait à une<br />

bantou' totale <strong>de</strong> 3 M. 30 cent. (1<br />

À en juger par la place qu'elle occupait dans l'enclos, cette<br />

statue avait (iii se trouver dans l'axe d'une avenue reliant le<br />

château <strong>de</strong> La Lon<strong>de</strong> an pare, dont les murs existent encore<br />

dans la môme direction, à <strong>de</strong>ux kilomètres <strong>de</strong> Hi, vis<br />

Saint-Ouen-dn-Tillenl. II est probable qu'à l'époque <strong>de</strong> la'<br />

dévastation du cMteau, pendant la Révolution, la statue fut<br />

brutalement renversée, les pierres <strong>de</strong> son soubassement bien<br />

équarries furent débitées par les i'apbces démoliss'eurs<br />

Quant t la statue, on la laissa là, par terre; sa forme,<br />

la dureté <strong>de</strong> la pierre ne permettant pas <strong>de</strong> l'employer<br />

commodément dans les assises d'une construction. C'est<br />

ainsi que nous expliquerions sa présence isolée au milieu<br />

d'un champ. -<br />

Mais quel était l'artiste qui avait exécuté cette grandiose<br />

(1) Si l'on cri croyait le Journal <strong>de</strong> Rouen du 21 mars 1884, nous<br />

l'ail rio" s retrouvé v( à La Land e, et siglialé â M. Le Breton, qu' lui bas (Io<br />

« groupe mi pierre. » Selon e Nouvelliste (lit môme jour, nous n'aurions<br />

parlé, au Congrès archéologique <strong>de</strong> Cacu, que « <strong>de</strong> fragments <strong>de</strong> statue n<br />

qui ne vous disaient pas grand'cliose, et ce sciait M. Le Breton qui aurait.,<br />

sur nos vagues indications, « reconnu le chef—d'oeuvre <strong>de</strong> Pugel . » En un<br />

mol, c 'est à M. Le Brelon que l'on fait l'honneur <strong>de</strong> la découverte <strong>de</strong><br />

ri I ercule, et. c'est d'après ces, données entièi'ement fausses, comme ce<br />

Mémoire le prouvera, 110e la presse tic Paris et ilus départements a parlé<br />

<strong>de</strong> l'Ilei'cule tic ltret. Nous protestons avec énergie contre d'aussi<br />

misérables mo yens nus en n\'re pour noirs Mur le iaériI le noue<br />

découverte, et dnuner le chance à l'opinion tIans lifte affaire où les rôles<br />

oui, été od iensentent renversés, bu peut, donc redire tille fois (le pins<br />

[(os etjo ve,'sicidos foc;, tutU aller honore,s'.<br />

S


V,_<br />

q<br />

figure comme on n'en rencontre aucune autrê dans nos -<br />

châteauxnormands? La recherche <strong>de</strong> cette paternité ne<br />

pouvait manquer <strong>de</strong> piquer notre curiosité. La face <strong>de</strong> la<br />

statue exposée â la pluie et au soleil, <strong>de</strong>puis bientôt un<br />

siècle, s'était couverte, çà et là, <strong>de</strong> lichens jaunes et gris<br />

mais en relournant , avec rai<strong>de</strong> (le mes compagnons<br />

d'excursion, <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> ces blocs énormes, nous vimes que, du<br />

côté du sol, la pierre avait conservé sa fraîcheur et son poli.<br />

Les dimensions colossales <strong>de</strong> ce groupe, la sévérité <strong>de</strong>s<br />

lignes, la science et la souplesse du ciseau nous faisaient<br />

soupçonner quelque.grand sculpteur du xvii 0 siècle. Evi<strong>de</strong>mmeut<br />

c'était une oeuvre <strong>de</strong> liant goût, et rien ne s'opposait it<br />

ce qu'on la siguàt d'un nom célèbre.<br />

Il me revint en mémoire qu'en 1659 et 4660, Pugêt avait<br />

exécuté, pour le château du Vaudreuil, <strong>de</strong>ux Islatues en<br />

p i e rre (le Vernon, tIc h ni t pieds et <strong>de</strong>mi tic I auteur, -I' u ne<br />

qui figurait Cybèle couronnant Janus d'olivier, et l'autre<br />

Hercule. (1) La présence <strong>de</strong> <strong>Puget</strong> en Norifiandie est un fait<br />

assez curieux pour étie brièvement expliqué.<br />

- La terre et seigneurie (lu Vaudreuil avait été aclielée, le<br />

22 décembre 4656, par messire Clau<strong>de</strong> Girardin, conseillersecrétaire<br />

du roi, à Charles (Je Raniljures, comte <strong>de</strong> Courtenay,<br />

pour la somme rie 2'0,000 livres. Inim&liatcment après,<br />

Antoine Le Pautre était chargé <strong>de</strong> ieconstiuiie le château,<br />

dépense qui s'éleva à 350,000 livres. Ces chiffres disent assez<br />

(r) « L'Ilcroile tnomnplianl représeulail. ni sculpteur Louis XIV,<br />

vainqu eur <strong>de</strong> l'Espagnol et <strong>de</strong>s longues factions (le la Fron<strong>de</strong>; et. la<br />

« Tenu counuu,anl jan115 liii représciilait la Xoijn;inidie, la Crês noriniau<strong>de</strong>.<br />

reinlarit grâces air roi (le la prix que lui allait loin,ier son nilariago tYCC<br />

FiltranteMaiie—'fldrôso. n (Ur Cri ENNEvIÊR};$.) Les <strong>de</strong>ntiers Cones <strong>de</strong><br />

Jcon <strong>de</strong> Falatec. Édit. loulet-Malassis. 1860, pagc 163.


-9-<br />

que 'Girardln l'ami du surintendant 1:ouquel, aimait à faire<br />

grand, et qu'il était liorume'à toutes ses fantaisies.<br />

C'en fut une, et dès plus heureuses, que (le faire venir <strong>de</strong><br />

Toulon au 'Yauclt'euH le statuaire chargé d'orner les avenues<br />

du parc. -<br />

Clan<strong>de</strong> Girardin avait sans douté entendu parler, clans ses<br />

ovaes dans le Midi, (1) d'un artiste, jeune encore, peintre<br />

déjà recherché, et <strong>de</strong> plus natihint l'baudhoir et le ciseau<br />

avec un entrain superbe. En 165, - les 'consuls <strong>de</strong> Toulon.<br />

l'avatérit chargé <strong>de</strong> sculpter les <strong>de</strong>ux car-Utti<strong>de</strong>s en pierre du<br />

balcon <strong>de</strong> l'Hôtel-<strong>de</strong>-Ville. Gir-ardin, grand ami <strong>de</strong>s ails,<br />

dut être frappé <strong>de</strong> l'effet prodigieux <strong>de</strong> ces allantes et<br />

comme il rie savait où trouver un sculpteur en Normandie, il<br />

attira Pierre <strong>Puget</strong> - il Paris, et (le lit l'emmena au Vaudreuil.<br />

Faute <strong>de</strong> renseignements plus précis, hissons la parole il<br />

l'un <strong>de</strong>s premiers biographes <strong>de</strong> <strong>Puget</strong>, au P. Bougerel.<br />

é L'année d'après (c'est-à-dire en 4659) <strong>Puget</strong> vint ii Paris,<br />

• attiré par, M. Girardin qui le mena à sa terre <strong>de</strong> Vaudreuil<br />

• en Normandie. Il y <strong>de</strong>meura jusqu'a:u 11 juillet 1660. Il y<br />

• fit <strong>de</strong>ux statues en pierre <strong>de</strong> Vernon <strong>de</strong> huit pieds et <strong>de</strong>mi<br />

é <strong>de</strong> hauteur l'wne représente Hercule et l'autre la Terre<br />

(t) Ou more, à vrai dire, coininei)t Girardin connut Pierre 11uget.<br />

Plusieurs écrivains ont avancé que, conirrie il érut intendant dc. 'lûtiliiri, la<br />

redcou tic avait (té tolite riait' relie, Mais cela ii 'est pas prouvé. L'uit cri il:i rit<br />

<strong>de</strong> 'loi lori, en 1659 ' étai t. l'unis<br />

is 'l'est ard <strong>de</strong> la Guette, O ri a prol jable lien I.<br />

erinfon lu Clau<strong>de</strong> Chardin avec Louis Ci rardi 'r dc .Yauvrav. s coi iseiller du<br />

« Rov pli SCS conseils, intendaut <strong>de</strong> la jus Ii cc, poli ce et flua uces (les<br />

s ni-urées navales <strong>de</strong> Sa Majesté ès fiers dii Levant, iéparIiors et<br />

Lori j fication s <strong>de</strong>s plice, 'Maritimes <strong>de</strong> Provence, » poste qu ' il occupa d<br />

1680 à 1i-15, louis Girardi,, du Vauvray fut en - relations suivies ac<br />

ve<br />

Pugel à l'occasion (111 Mi loti <strong>de</strong> Cro toue. \'oye Arch ives <strong>de</strong> /'ai'! français,<br />

IV, 227 cl siriv. . et Ln'uige. Pierre. /'nqc/. 188.


• avec un Janus qu'elle couronne d'olivier. Ellès furen t<br />

• eslimées 300 écus pièce.' (I) Il travailla encore au modèle<br />

• d'un - bas-relief. M. Lepautre, architecte renommé, trouva<br />

• ces ouvrages si beaux qu'il conseilla, t M. Foucquet<br />

• d'employer un si habile boniue pour les ornemens <strong>de</strong><br />

• Vaux-le-Vicomte » (2)<br />

En moins d'un an <strong>Puget</strong> avait fait jaillir (les entrailles <strong>de</strong><br />

la pierre <strong>de</strong>ux groupes <strong>de</strong> dimensions colossales. C'était<br />

la première fois, <strong>de</strong>puis les Cariati<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Toulon, qu'il<br />

-s'attaquait à <strong>de</strong> pareilles oeuvres. Mais il n'était pas homme<br />

à reculer pour si peu. « le me suis nourri aux grands<br />

« ouvrages, écrivait-il plûs tard je nage quand j'y travaille,<br />

« et le marbre tremble <strong>de</strong>vant moi, pour grosse que soit la<br />

« pièce. » (3) Son esprit fiévreux dut tressaillir d'orgueil en<br />

voyant celte belle pierre du nord, qu'il ne connaissait pas<br />

- encore, et qui avait presque la délicatesse et la blancheur du<br />

marbre, profiler dans la verdure <strong>de</strong>s grands arbres, sous la<br />

chau<strong>de</strong> lumière d'un soleil <strong>de</strong> juillet, les lignes grandioses<br />

<strong>de</strong> l'Hercule <strong>terrassant</strong> <strong>l'Hydre</strong> et <strong>de</strong> Cybèle déposant sur le<br />

double front <strong>de</strong> Janus la couronne d'olivier. Lorsque, dix<br />

ans plus tard, <strong>Puget</strong> lit pour Versailles son fameux Milon <strong>de</strong><br />

(1) Les <strong>de</strong>ux Cariati<strong>de</strong>s du 'l'eut ou avai en t (lé pavées 1,500 livres.<br />

Nous avons reche cl é dans les ni in !, les (lit - ta bel li ounage du Vaudreuil, tue<br />

nous n t râs-obl igeawuldul. cent uru liquées M O AI esui I. r, clair-e à Pou L-r el'Ai-die,<br />

s'il n'y avait pas eu <strong>de</strong> niarchil passé heur l'exécution <strong>de</strong> ces<br />

stal 0es - Nous a '01r5 h ion ' (mcci) ré, aux années 1659 et -1660, plusieurs rs<br />

ti-a,isaclions portant la signalure (le Clau<strong>de</strong> (,'i,-ardin ; limis aucune n'avait.<br />

Irait aux statues.<br />

(2) Bougerel - 3!é,i,oi,-es pour servir à /'his(oire, <strong>de</strong> plusieurs hommes<br />

iIbrslre rie Provence. Taris. 17,51 Pac -14-15.<br />

(3) Lettre (le Pu- D el à Louvois, (lit 0 oetolut 1683.


-Crotone, il se ressouvint certainement <strong>de</strong> son hercule .. du<br />

Vaudreuil'; car, en comparant ces <strong>de</strong>ux chefs-d'oeuvre, on<br />

retrouverait plus d'une similitu<strong>de</strong>, dans les pieds qui<br />

étreignent le sol, les jambes sèches et musculeuses, les<br />

épaules massives, la tète petite, telle qu'on la donnait aux<br />

athlètes (le l'antiquité. ilercule, la déification (le la force,<br />

triomphant <strong>de</strong> <strong>l'Hydre</strong>, Milon, le grand lutteur, vaincu dans<br />

sa vieillesse, <strong>de</strong>vaient tenter le génie iourmeùlé <strong>de</strong> <strong>Puget</strong>.<br />

Comme l'a tort bien remarqué Emêric-David, « il fallait ct<br />

« son ciseau un drame ou se manifestât une passion<br />

« véhémente ......•. si l'expression la plus. vive a dit éclater<br />

« an commencement, au milieu, â la fin <strong>de</strong><strong>de</strong> l'action, c'est<br />

« toujours cette crise qu'il a choisie. » (1)<br />

• Depuis que Dezallier d'Argenviile avait mentionné, en<br />

.1787, () les <strong>de</strong>ux groupes exécutés pour Clau<strong>de</strong> Girardin,<br />

en 4660, le silence s'était faitsur l'Hercule <strong>de</strong> .<strong>Puget</strong>. Le<br />

bouleversement qui marqua les <strong>de</strong>rnières années du<br />

xviii 0 siècle pouvait faire craindre que le groupe d'Hercule<br />

<strong>terrassant</strong> <strong>l'Hydre</strong> n'eut été détruit, comme tant d'autres<br />

chefs-d'oeuvre, ou tout au moins brisé, enfoui, perdu.<br />

En 1847, Ni. (le Chenueviéres-I'oinLel se rendit au<br />

Vaudreuil pour rechercher les peintures que ,Fehan Coste<br />

avait exécutées au xiv' siècle pour le château royal du<br />

Val-<strong>de</strong>-Rueil. Le chàÂeau goihique avait disparu. Pendant<br />

SOI) voyage, te jeune touriste- avait recueilli quelques<br />

(1) Eméric-David. Discours sur la vie et les Ouvrages- <strong>de</strong> l'ugo!.<br />

J'ag. 88.<br />

(2) <strong>de</strong>s plus fameux architectes et seulp!errs <strong>de</strong>pris la Rena/ssance<br />

eUs arts avec in <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> leurs nuira gos, par M. D... (d'Àrgcuville).<br />

Paris 1787, lI. 185.


légéh<strong>de</strong>, <strong>de</strong> date pUis iSfite, âyant trait au thMeaïi (lu<br />

maiqu.is (le Girardin, ainsi qu'aux €IetIX groupes d'Hercule et<br />

• <strong>de</strong> Cybèle, exécutés en 1660. Mais, hélas t il n'y avait pas<br />

plus trace (les oeuvres <strong>de</strong> Piiget que <strong>de</strong>s peintures (le Jeltan<br />

Coste. M. <strong>de</strong> Ctienncvières se dédommagea, et ses lecteurs<br />

lui en surent gré, en écrivant une charmante nouvelle,<br />

intitulée Suzanne oit la Terre no rman<strong>de</strong>, (tans taquet e il<br />

• faisait vraiment revivre, sous son style Colot é, Pûgel., son<br />

modèle <strong>de</strong> la Cybèle et le marquis <strong>de</strong> {uirardiu. Ou pouvait,<br />

en le lisant, se croire transporté au Vaudreuil, en plein<br />

xvir siècle. (1)<br />

Une nolice <strong>de</strong> M. ltenry ancien archiviste <strong>de</strong> la mairie<br />

<strong>de</strong> Toulon, publiée en 4853 dais les Mémoires <strong>de</strong> la. Soeiétd<br />

• <strong>de</strong>s Sciences, Arts et lieUes-Lettres <strong>de</strong> Toulon, produisil. sui-<br />

Pierre 1' uget ait ceitaiii n o n bru <strong>de</strong> documents inéd j t, et<br />

jeta un joli], nouven u sur te rôle (te P irget colonne seul ) Leur<br />

<strong>de</strong> décoration iidvale. L'oeuvre <strong>de</strong> M. Henry fut reprise au<br />

méme point <strong>de</strong> vire par M. Ma gr y, archiviste dit<br />

(le la. Marine, auquel OU (loi t ta publication, dari les A i'chives<br />

<strong>de</strong> l'Ait français, (2) (le plus <strong>de</strong> quatre-vingts lettres ou<br />

extraits (le lettres, adressés fi Colbert par les intendants (le<br />

la marine à Tonton. Aucun <strong>de</strong> ces Mémoires ne j)arlaït. (le<br />

l'Hercule le du Vaud reu il.<br />

M. Léon Lagrange, dans sa belle histoire <strong>de</strong> <strong>Puget</strong>, reprit<br />

la question et essaya (te t'éclaircir au moyen <strong>de</strong> quelques<br />

Irypoihéses ingénieuses. Après avoir cité le passage du<br />

(1) Les <strong>de</strong>ntiers Contas <strong>de</strong> Jean <strong>de</strong> F',,laisr. édit, t'otil&-Malhssis.<br />

153 i Il 7R, . .<br />

(2) Archives <strong>de</strong> l'Art français. IV. 225.


P. Bougerel où il est paré <strong>de</strong>s ouvrages <strong>de</strong> <strong>Puget</strong> pour le<br />

marquis <strong>de</strong> Girardin, il écrivait « Des <strong>de</strong>ux statues et du<br />

« bas-relief, point <strong>de</strong> nouvelles. Aucun <strong>de</strong>s historiens <strong>de</strong><br />

« <strong>Puget</strong> n'a décrit ces oeuvres <strong>de</strong> sculpture. Ils se bernent ï<br />

« reproduire le récit <strong>de</strong> Tournefort, copié presque sans.<br />

« changement par Bougerel. » (1) Dans le catalogue<br />

trè'détai] lé qu'il <strong>de</strong>mie (les oeuvres du ]naitre, le même<br />

écr'ivni:rI ajoute « N°' 59' et 60. Hercule et la Terre, en<br />

« pierre <strong>de</strong> Vernon, 4060, pour M. Girardin, au Vaudreuil<br />

« en Normandi; travail attesté par tous les historiens<br />

« <strong>de</strong>puis Tournefort et Florent le Comte, et qui subsiste<br />

« peut-èùe .quelque part. La terre cuite <strong>de</strong> M. fis <strong>de</strong> la<br />

« Salle (no 106 du catalogue Lagrange), pontait bien être<br />

« la maquette <strong>de</strong> cette statue d'Hercule. » (2)<br />

Selon l'listorien <strong>de</strong> <strong>Puget</strong>, cette terre cuite figurant,<br />

Hercule « assis sur un rocher, sa massue sous le bras droit,<br />

« le bras gauche ramené sur la massue, la tète et le corps•<br />

« tourné vers la gauche, » aurait ttê ou la première idée<br />

<strong>de</strong> l'hercule gaulois, idée complètement modifiée dans<br />

l'exécution, ou plutôt la maquette (le lllercule du Vaudreuil.<br />

« Je m'arrêterais plus volontiers, disait M. Lagrange, -à cette<br />

« <strong>de</strong>rnière hypothèse. » (3) -<br />

• ('I) Léon Lagenr,ge. Pierre Puqel. Page oici 59. le passage V le<br />

]'orrn,efort «Il (Pa gel) vint à Paris cri -1659, attiré par M. Cirardin qui<br />

« petuhi n t qnei r 1ue Écrus Foccupa dans sort chùt cari <strong>de</strong> Vaudreuil en<br />

No ruila n ii e. ii faire <strong>de</strong>ux glan<strong>de</strong>s frgi r tes Cri pierre <strong>de</strong> Ver, 'cri.<br />

w Le l'autre les trou, va si belles q ''i I conseilla<br />

Monsieur<br />

Ha à M o nsicrr r Foriqriet<br />

d'cnipinver -un si grand linir,r,rc pour les Énvaux <strong>de</strong> Voeux le Viconite.<br />

III o, r <strong>de</strong> Torr ru etc ut. 11cM (jeu dtrn, Voyage du- Lcr.'r, aV fa it pal ordre du<br />

Ioy» 1717. Pag. -li et 12.<br />

(2) l.én,, Lagrange. Pierre !'ugct. Page il-1<br />

(3) bleui Lagrarige.Pierivc !uget. Page. 384.


- 44 -<br />

Comue il n'existait, (le l'Hercule (le <strong>Puget</strong>, aucune<br />

<strong>de</strong>scription détaillée qui eût rendu l'i<strong>de</strong>ntification facile,<br />

nous dûmes appuyer nos suppositions sur d'autres données,<br />

plus restreintes quoique précises. II en est <strong>de</strong>ux qui nous<br />

ont semblé péremptoires, et qui, jointes au caractère<br />

sculptural <strong>de</strong> l'oeuvre, équivalent pour nous à la signature<br />

(le <strong>Puget</strong> que portait vraisemblablement autrefois la base<br />

in utilée (lui groupe. -<br />

l3ougerel dit que les statues exécutées par <strong>Puget</strong>, en 1060,<br />

ôtaient en pierre <strong>de</strong> Vernon et avaient huit pieds et <strong>de</strong>mi <strong>de</strong><br />

hauteur. Or, l'Hercule que nous trouvûnies â La Lon<strong>de</strong> était<br />

en pierre <strong>de</strong> Yer.non, et en mesurant la statue seule, nous<br />

arrivions précisément à cette dimension <strong>de</strong> huit pieds et<br />

<strong>de</strong>mi, c'est-à-dire 2 in. 80 cent. (1) L'J-lercule <strong>de</strong> La Lon<strong>de</strong><br />

ne pouvait être que l'Hercule .dit Vaudreuil, cC cette<br />

coïnci<strong>de</strong>nce (le <strong>de</strong>ux siatues -dû même hauteur, <strong>de</strong> même. -<br />

matière, figurant le même hérosny tiiol ogique, était tellement<br />

étrange, qu'elle ne trouvait <strong>de</strong> meilleure explication (lue<br />

dans l'existence d'une seule et même oeuvre.<br />

On peut se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r, il est vrai, comment l'Hercule a été<br />

I rouvé lion pas auVaudreuil, niais à six lieues <strong>de</strong> là, i<br />

La Lon<strong>de</strong>. Nous répondrons, à défaut d'un renseignement<br />

positif, que le domaine du Vaudreuil a été échangé ou aliéné<br />

cinq ou six fois en moins d'un siècle, et qu'il n'est pas<br />

impossible qu'au cours <strong>de</strong> l'une (le ces ventes, les oeuvres<br />

(l'att qui ornaient le cMteau aieril été dispersées et aient<br />

pris le chemin <strong>de</strong> quelque somptueuse rési<strong>de</strong>nce, telle que<br />

(-I) Noton s, en passai] t que le illiloi, <strong>de</strong> Crût on e m esure, 2 in. 70 cent. <strong>de</strong><br />

hauteur, les Cariati<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Tonton 3 in. 18 cciii. et le groupie <strong>de</strong> lkrséc<br />

délivrant Andromè<strong>de</strong> 3 n,. 20 cent.


- 45 -<br />

celle du marquis ïle La Loi<strong>de</strong>, qui trouvait peut-Mie lâ<br />

l'occsion <strong>de</strong> prendre une revanche <strong>de</strong> l'insuccès <strong>de</strong>s<br />

revendications <strong>de</strong> ses ancêtres sur le fief <strong>de</strong> la Salle du Bois,<br />

au Vaudreuil. (1) -<br />

Dit que j'eus tiflrouvé l'Hercule <strong>de</strong> <strong>Puget</strong>, je m'occupai<br />

<strong>de</strong> rechercher lotis les documen l.s qui Pouva i ent in'ai<strong>de</strong>i' à<br />

faire la lumière sur ce point. (le l'histoire (le l'ai -t français.<br />

D'abord, dans les <strong>de</strong>rniers jours d'octobre 4882, M. l'abbé<br />

De la Balte, qui prenait le plus vif intérêt il cette affaire,<br />

voulut bien se ' charger <strong>de</strong> faire i'emettre momentanément<br />

sut' pied la statue, et <strong>de</strong> bi faire photographier sous trois<br />

aspect-s. - -<br />

Je fis part <strong>de</strong> cette découverte à quelques personnes,<br />

(t) - I A correspondant (111 Norive/Iist e <strong>de</strong> Ho loir (2I mars 1881), d r r s<br />

l'ai-ri<strong>de</strong> intirrilé le 'Source,. d'une Statue, saris foule parce que l'auteur ne<br />

se proposait pas rie faire <strong>de</strong> l'irisreir'e hicil dir qrre te errrrteaii (le<br />

Vaudreuil retr il passa <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> La Loi nie, par tes Coign y , d airs - ta famille d<br />

niaréciral Sélsrstiarri. r' Le chroniqueururirait lrierr (tri citer te document<br />

ru avait, révélé cette rpparteniarice inédite. Les Bigars <strong>de</strong> La Lonrie<br />

n'ont- jamais possédé ta seigneurie du Vaudreuil, niais setiteniierit ta<br />

Sait e-d u-lloi s, quart (te ne f, et N aigreriiont, pieir, fief <strong>de</strong> ta ri ou varice du<br />

Vaud re r r il - En 1650, Nicolas Le di, Cordier Tr'orieq. ai at'qtris (1 p, La Lornl e<br />

dtr cl r cf rie sa femme Cat tier'irr e <strong>de</strong> li gars, fit opposition, tors du décret <strong>de</strong><br />

ta etrirtettenie tri Vaudrerrit. in i'irrscr-ipriorr du fief <strong>de</strong> ta salle-du-Bois pariai<br />

tes feuilles rrotr!es le la ctri<strong>de</strong>tteriie rlrr Varirtreuit, et tin-étendit que ta sierinie<br />

rie ha Salle et ie fief rte )lrigr'euarritrelevaient tri marquisat <strong>de</strong> La Limite.<br />

lais or] passa riirtre, Nir;otas Le Crirdier eut ira fils qui , mollit. te 2 octobre<br />

1601, rire partie du fief <strong>de</strong> ta Salie, il Louis Cirard <strong>de</strong> La CriOr' <strong>de</strong>s Bois,<br />

seigrrerir drn Varndreumit, et k roi, par<br />

do 1698. désuirit et<br />

itémnerrulun'a tic ce fret foules tes rlre,rrvarrces, ternures. ;rVCC basse-justice el.<br />

autres droits requis par Je sieur rie La Çrrrrr <strong>de</strong>s Unis. un sieur <strong>de</strong> La Lente.<br />

taris tes tiarisses rie Saint-Pierre et <strong>de</strong> Sairrt-Etierme-du-Varnvray et<br />

t rortejoir, et les irrr:Or'tiora il ta eliétehtennir et justice etu \'anntreriit. - La<br />

sei grrerrr'ie rtrr Vaudr-ermil. actuetée lu' f,trrute Grr-ai-diri le 22 rhéeernbre 16511,<br />

rr'étail pas rtr'rirerirée torigieirqrs entre ses rnrairrs. Ruiré par lit coasiructiors<br />

rie soir château, Ctarrute (1ir;rrdinr dut, dés te 4 sc1rterrnbr'e 1660, donner eA<br />

utuniairre cri paieinerrt <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>ttes ! pourr 350,000 lis-ces, il Arum (le


ICI -<br />

notamment à M. <strong>de</strong> Chennevières, directeur honoraire <strong>de</strong>s<br />

Beaux-Arts. Outre sa compétence exceptionnelle que je me<br />

plaisais il invoquer, l'auteur <strong>de</strong> Suza.nne <strong>de</strong>vait, me<br />

semblait-il, avoir la primeur (le cette bonne nouvelle. Yàiei<br />

ce qu'il nie répondit le 13 juin 1883 « Je vous remercie<br />

« beaucoup <strong>de</strong> l'envoi <strong>de</strong>vos <strong>de</strong>ux photographies représentant<br />

« les fragments du groupe d'Uercule <strong>terrassant</strong> <strong>l'Hydre</strong> <strong>de</strong><br />

« <strong>Lerne</strong>, et surtout <strong>de</strong>, la lettre qui m'explique voile<br />

« très-intéressante trouvaille.Jl n' y o rien dans la composition<br />

« et le mouvement tic la figure, ni même dans l'exécution (le<br />

« la sculpture (lui ne s'accor<strong>de</strong> avec l'attribution ftPugel. Ce<br />

• qu'on peu t juger, pli' la p ho Lograptm C, (les formes du torse,<br />

• du pied replié, et <strong>de</strong>s plis <strong>de</strong> la draperie et <strong>de</strong>s anneaux<br />

Villiers, veuve (te Pierre Cirarutin, sôui frère; alors remariée il Louis Cirard<br />

le La Cour <strong>de</strong>s Bois. Quelques aumu,ées après, ].il daine <strong>de</strong> La Coite <strong>de</strong>s<br />

13e s céda le Vaudreuil (il écli il lu sou 'e ei<br />

nu ri. Louise Cirant <strong>de</strong> Li Cour<br />

<strong>de</strong>s Rois épousa eu 1078 te présu<strong>de</strong>nt Nicotas-Louis <strong>de</strong> Ilaitteul. Le 3 avril<br />

4702, te prési<strong>de</strong>nt. ite Baillent veu,tit le Vaudreuil à son neveu, Louis Bose<br />

<strong>de</strong> Cuve, tour 236,000 livres. Ce <strong>de</strong>rnier, hué en Italie, :1 la tète le son<br />

ru}ldi nent , t0 23 août. '1706 laissait pour héritières sa sieur Hose-Ma<strong>de</strong>t aine<br />

Rose, épouse d'Antoine Portait, ivocat-géuiéral, et Luui'o <strong>de</strong> llaittetul. sa<br />

mère, reniariée ii .10,111 Auhrv, marquis <strong>de</strong> Vattaui. En 1712, une Iransaction<br />

fuit passée entre tes héritiers (le Louis Itose <strong>de</strong>, Cove, et le Vandrenit resta<br />

ail présidait Portail, lequel Illourtil Ir.3 min 't 736. Le 25 mai 1742,<br />

liose-Ma<strong>de</strong>teine llnse vendit ta nue-propriété (lu Vaudrenit nul riche financier<br />

.loeepli 1301itmier mais le '16 itée_enutire suivant. .Iean-Lonis Portait exerça la<br />

refuse <strong>de</strong> ta terre du \auidretui t à litre <strong>de</strong> retrait lignager. Vers 1758,<br />

Lu,uis-Cahriel, marquis <strong>de</strong> ContInus, épousa Antoirueth-i\ta<strong>de</strong>lei,iejeauj,ie<br />

Portail, itofu Louise-Marie, mariée en 1775 à François-Munie--c-:isiini i' (te<br />

Franquetot, marquis (le Coi gny . Le nuarquis <strong>de</strong> Conftuuis,seigluuslr lu<br />

Vaudreuil, mru uli t te, 26 février 1789, il li ge (te 53 ans. Sa litte, ta<br />

mn;u'quise. <strong>de</strong> Coigny. <strong>de</strong>meurée veuve, conserva te \'auulre,ut et maria si,<br />

tille, Jeanne-Fruuiçoise (le Funquîetot lIe Coign3', ail r_ointe Sétiastiaui <strong>de</strong>lla<br />

Porta, maréchaL <strong>de</strong> France. - Voir - P. Couj un. Histoire r/e /er G/u d(c//en je<br />

(/11 passim. Foudre_ui! À . Le Prevost, Mémoires et. Notes. li. 503.<br />

Cl in rpit ou et Caiesuai e, Dictionnaire historique ire <strong>de</strong> l'Eure, li. f51 4. e t Cul h.


- •l7 -<br />

« (le <strong>l'Hydre</strong>, rappelleraient bien la nianière.<strong>de</strong> l'artiste,<br />

« En tout cas, il serait bien intéressant que votre curieuse<br />

« trouvaille rencontrût un asile digne d'elle dans l'un <strong>de</strong> nos<br />

« musSées normands, celui <strong>de</strong> Rouen pat' exemple. On a<br />

« recueilli et réparé précieusement <strong>de</strong>s fragments <strong>de</strong> statues<br />

« antiques qui n'avaient pas soit au point <strong>de</strong> vue<br />

« <strong>de</strong> l'ait Une statue <strong>de</strong> Pugel, il n'y a qu'en Norimndie<br />

« que cela court les champs. C'est une très-bonne occasion<br />

« que celle du prochain Congrès archéologique <strong>de</strong> Caen pour<br />

« mettre au jour une si heureuse découverte, et je compte<br />

« bien me régaler <strong>de</strong> votre Mémoire dans le Bulletin que<br />

« publiera, à coup sik, ce Congrès. » (1)<br />

Unè telle lettre était <strong>de</strong> nature à vamcie mes <strong>de</strong>rnières<br />

hésitations, si j'en avais eu. De plus, M. Palustre, dirécteur<br />

<strong>de</strong> la Société française d'archéologie, que j'avais rencontré à<br />

Paris, ait d'avril 1883, au Congrès <strong>de</strong>s Sociétés<br />

savantes, m'avait fortement engagé 41 présenter au Congrès<br />

archéologique, (lui <strong>de</strong>vait tenir ses séances fi Caen en<br />

juillet!, un Mémoire relatif a l'Hei'culé <strong>de</strong> La Lon<strong>de</strong>. Ce fut<br />

o insi, en effet, qué j'intitulai la communication (lue JC fis au<br />

Congrès <strong>de</strong> Caen, le 18 juillet 1883(2) Les conclusions que<br />

je formulais, en attribuant à <strong>Puget</strong> l'Hercule <strong>de</strong> La Lon<strong>de</strong>,<br />

fuient fort applaudies et unanimement adoptées par le<br />

Congrès,<br />

(1) Lettre Ik M. le marquis dc du Cluciiuex'i&es 13 juin 4883. Le<br />

Nmwelli»i g <strong>de</strong> Rouen est d omw assez mal inspiré (le dire que ii M. <strong>de</strong><br />

u Cheminevières sera surpris d'apprendre que l'Hercule terrassait l'Hvili'e <strong>de</strong><br />

t <strong>Lerne</strong> est aujourd'hui la propriété <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Roueri. u M. <strong>de</strong><br />

Cheuuevièressav ait, <strong>de</strong>puis le trois <strong>de</strong> juin 1883, que lii ercule le <strong>Puget</strong><br />

était retrouvé.<br />

(2) lIa île? in 'non amen / o ai' mel 883, i' ' g e 662.


n<br />

- 4W—<br />

Il, (Jaslon Le Breton, directeur du Musc céramique <strong>de</strong><br />

Rouen, qui entendait pour la premiûre rois pa]el <strong>de</strong> l'Hercule<br />

trouvé ï U Lon<strong>de</strong>, s'empressa <strong>de</strong> inc <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r, à la fin (le<br />

la séance, s'il serait possible d'obtenir cette statue pour le<br />

Musée <strong>de</strong> Rouen. Je répondis, qu'habitant le département. <strong>de</strong><br />

l'Eure, je <strong>de</strong>vais proposer, d'abord l'acquisition au Musée<br />

d'Evreux ; nais que dans le cas oà Fvreux se désintéresserait<br />

<strong>de</strong> la question, mon concours lui était acquis d'avance pour<br />

faire entrer la statue au Musée <strong>de</strong> Rouen.<br />

Les démarches que je lis, à la fin cia mois d'août, (1) près<br />

<strong>de</strong> la Commission administrative du Musée municipal<br />

d'Evreux, <strong>de</strong>meurèrent infructueuses. On trouvait la statue<br />

trop mutilée; l'attribution que je donnais ne paraissait pas<br />

hi en éer (ai ne. Bref, je compris, à mon grand regret, que le<br />

Musée d'Evi'eux était fermé à l'Hercule <strong>de</strong> <strong>Puget</strong>.<br />

J'écrivis dcnc à M. Le - Breton, au commencement tic<br />

janvier 488t, pour lui dire que le champ était libre, et que<br />

M. labial De la Balle, qui s'était, soi , mes instances, rendu<br />

acquéreur rie la staCué dès le 27juillet 1883, (2) était prêt à<br />

entrer en négociation avec lui.•<br />

M. l'abbti De la Balle, mon compatriote, III généreusement<br />

don au Musée <strong>de</strong> tlouen <strong>de</strong> la statue dont il était possesseur;<br />

et M. Le Breton, dans nu voyage à La Lon <strong>de</strong>, le 13 Février<br />

188i, (3) trouva ['Hercule purs mutilé encore cIlle je iie<br />

(i) il Litre M. le t'r&i,lent <strong>de</strong> lit Coininissioii administrative dii Musée<br />

inuiucipal ,l'Evreux, 'lu 30 aoùl 1883.<br />

(2) lettie <strong>de</strong> lit. tablé oc la Balle, curé <strong>de</strong> Sairil-Oueu-du-TilleuÏ, du<br />

21 juillet -1883.<br />

(3) LelIre do, M. Gaston le Breton, In 14 février 188g.,


-19 -<br />

l'avais vu.. Des mains imbéciles avaient commencé à scier la<br />

Jambe gauche. Il hait donc grand temps <strong>de</strong> don ner un asile<br />

à cette précieuse épave artistique. Dans les fouilles qu'il fit<br />

exécuter clans l'un <strong>de</strong>s bassins du « légumier » du château,<br />

M. Le Breton retrouva la tête <strong>de</strong> la statue, complêtequeique<br />

brisée en morceaux, et. plusieurs fragments importants, dont<br />

la nature n'ôtait pas indiquée. (I) « Une restauration est<br />

« donc. nécessaire; mais lorsqu'elle sera accomplie par l'un<br />

« <strong>de</strong>s habiles praticiens du Louvre, l'Hercule se, dressera<br />

'a aussi superbe qu'il était, il y a <strong>de</strong>ux cents ans, <strong>terrassant</strong><br />

« <strong>l'Hydre</strong> dont la queue enroule ses flancs dans les <strong>de</strong>rnières<br />

« convulsions (le l'agonie. » (2)<br />

Il ne nous en coûte nullement (le reconnaître lue<br />

M. Gaslon Le Breton, directeur du Musée céramique, a plis,<br />

<strong>de</strong>puis le mois <strong>de</strong> janvier 188k, une part trés—activeà cette<br />

affaire menée à si heureuse fin pour le Musée .<strong>de</strong> fionen. (3)<br />

(1) Lettre <strong>de</strong> M. Gastou Le Breton, lu 19 niais 1884.<br />

(2) Nouvelliste <strong>de</strong> Ro,ren, . du 24 mars '1884.<br />

(3) Dans la .séau ce dit<br />

mu dciit du 28 mars 1 884, « M. hi<br />

« Maire le R ouei i, ;rpr?u n'ai I 'appel ii le (1 on fait an usk <strong>de</strong> la statue<br />

d't-lerc,rle,t proposé tic ilonuer h M. Gaston Le Breton, nique1 Ou toit<br />

« la propriété tte cette œus Fe, 1111e niédai le (t '0F lux aunes <strong>de</strong> la ville, e''<br />

I iSinuigiiag etic reconu aissan ce tour les omhreux iiservices Fer] dus par'<br />

lui. p - b ou o? rlr. flot, eu titi 30 mars 'J 884. Le i néine eoiuptc-renit ii<br />

ajoutait Des reruercienients soit[ adressés ii M. l'abbé De la Balle pour<br />

il Il tai t t ise par lui jans la cessioi' tic ]'reii\re du <strong>Puget</strong>.. Il ,l'est pas<br />

exact. ilo dire que M. l'at,hé 1)e la Batte ait t iris une part il la cession <strong>de</strong><br />

Pieuvre <strong>Puget</strong> z t il l'a généreusement donnée ru Musée <strong>de</strong> Boueu<br />

« es! flouec ii titi. plus cii core tjti'it M. Le Breto, i, que la ville t doit la<br />

iropri (té dc cette oeuvre, t Mais il sera dit que lori au ra poussé jusqu'au<br />

hou t Péquivoqtic, et que le douai eur <strong>de</strong> la statue <strong>de</strong> P uget., quc par<br />

patriotisme, ne l'a voulu laisser entrer que daais un Musée norulauli, aurit<br />

recir, pou' , 10111e récoinpcus.. ....... s dits reinerciciiïeuts t


- 20 -<br />

Mais nous croyons que son nurite eut grandi, aux yeux <strong>de</strong><br />

ses amis, s'il efit prévenu - les exagérations étranges<br />

auxquelles s'est laissée emporter la presse rouennaise.<br />

Pour nous, qui avions révé pour notre hercule (nous<br />

employons ii <strong>de</strong>ssein ce mot), une place d'honneur au Musée<br />

d'Evreux, nous n'avons point vu notre espoir se réaliser.<br />

Toutefois, nous éprouvons un légitime orgueil tï penser et. û<br />

(lire que sans notre découverte du n juillet 188, l'hercule<br />

<strong>de</strong> <strong>Puget</strong>, aujourd'hui tant admiré au Musée <strong>de</strong> Rouen,<br />

giserait encore ignoré à l'heure qu'il est, et sans doute pour<br />

longtemps, dans l'enclos abandonné <strong>de</strong> La Lon<strong>de</strong>.<br />

Beriiay - Impriineu'ie veuve A. LEFf:vaE.<br />

—4'<br />

e!<br />

-C

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