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La Voix<br />

De la PRESSE<br />

PAGE 14<br />

Égypte<br />

Un soulèvement qui inquiète<br />

le pouvoir chinois<br />

Sans aller jusqu’à censurer totalement<br />

l’information sur les<br />

événements de Tunisie et d’Egypte,<br />

la presse chinoise a utilisé l’angle<br />

économique pour expliquer les<br />

troubles. Seuls quelques blogueurs<br />

posent des questions qui interpellent<br />

les autorités chinoises.<br />

Les médias chinois sont très prudents<br />

en ce qui concerne les manifestations<br />

qui ont eu lieu en Egypte et en<br />

Tunisie ces dernières semaines. Les<br />

grands portails d’information traitent<br />

surtout des sujets peu sensibles,<br />

comme le rapatriement des touristes<br />

chinois. Seuls quelques sites de réflexion<br />

et certains blogs font le lien entre<br />

la situation dans ces pays et en Chine.<br />

Dans la presse officielle, la question<br />

est abordée principalement sous l’angle<br />

de l’économie: en Tunisie comme<br />

en Egypte, les causes principales des<br />

soulèvements populaires seraient le<br />

chômage, la corruption et le népotisme.<br />

Le site officiel Renmin Wang critique<br />

ouvertement les médias occidentaux,<br />

ainsi que certains journaux<br />

chinois, qui ont selon lui utilisé abusivement<br />

les concepts de “liberté” et de<br />

“démocratie” pour décrire les soulèvements.<br />

Le site considère que cette attitude<br />

est hypocrite, car “les<br />

Occidentaux qui incitent les Egyptiens<br />

à descendre dans la rue ne les aideront<br />

pas à trouver un travail et ne<br />

partageront pas avec eux leurs privilèges”.<br />

Dans ces pays où le taux de<br />

chômage est monté en flèche ces<br />

dernières années, il ne sera pas facile<br />

de créer de nouveaux emplois, et “ce<br />

n’est pas des élections libres qui vont<br />

résoudre ce problème”, ajoute le site<br />

officiel. Pour le bimensuel<br />

économique Caijing, les multiples<br />

problèmes auxquels doit faire face la<br />

Tunisie indiquent que “la révolution<br />

du jasmin ne mènera pas forcément à<br />

la démocratie”. Premier coupable, le<br />

chômage: malgré le taux élevé de<br />

diplômés, environ 30 % des jeunes<br />

entre 15 et 29 ans sont dans l’inactivité.<br />

Au niveau économique, la Tunisie<br />

dépend excessivement de l’Europe: 80<br />

% des exportations tunisiennes sont<br />

destinées à l’Europe. Enfin, la corruption:<br />

une grande partie de la richesse<br />

tunisienne est concentrée entre les<br />

mains de quelques privilégiés. Sur la<br />

plate-forme d’information Zhongguo<br />

Xuanju Yu Zhili, le chroniqueur Ding<br />

Dong critique le système politique de<br />

ce pays qui, de par son immobilisme,<br />

n’est pas adapté au développement<br />

économique, particulièrement dans<br />

l’économie mondialisée actuelle. L’économiste<br />

Fang Shaowei fournit une<br />

analyse sur le même site en expliquant<br />

L’Amérique découvre<br />

le chômage de longue durée<br />

Si l’économie redémarre, la création<br />

d’emplois reste timide. Les<br />

chômeurs ont de plus en plus de mal à<br />

se réinsérer sur le marché du travail.<br />

Plus on reste longtemps sans travailler,<br />

plus il est difficile de retrouver<br />

un emploi. Cette problématique, la<br />

majeure partie des pays européens,<br />

avec leur contingent permanent de<br />

travailleurs privés d’emploi, ne la connaît<br />

que trop bien. Mais c’est une leçon<br />

que les Etats-Unis sont seulement en<br />

train d’apprendre. Le pays enregistre<br />

actuellement l’un des plus forts taux<br />

de chômage de longue durée (plus de<br />

six mois) de son histoire. Au total, 6,4<br />

millions d’Américains sont dans ce<br />

cas, tandis qu’à l’échelle nationale le<br />

taux de chômage s’élève à 9,4 %. Dans<br />

le même temps, la croissance de l’emploi<br />

a été désespérément lente et semble<br />

vouloir le rester. Par conséquent,<br />

les travailleurs inactifs depuis un moment<br />

vont probablement le rester dans<br />

un avenir proche. Tous ces chômeurs<br />

de longue durée risquent de rester à la<br />

recherche d’un emploi beaucoup plus<br />

longtemps que leurs homologues des<br />

récessions précédentes, réduisant ainsi<br />

encore leurs chances de trouver du<br />

travail même lorsque l’économie redeviendra<br />

robuste. “J’ai tellement peur<br />

qu’on me regarde et qu’on se dise: il<br />

n’est plus dans le coup”, confesse Tim<br />

Smyth, un producteur télé de 51 ans à<br />

la recherche d’un travail depuis 2008,<br />

malgré ses vingt ans d’expérience. Ses<br />

craintes ne sont pas infondées. De récentes<br />

statistiques du ministère du<br />

Travail montrent que les travailleurs<br />

sans activité depuis moins de cinq semaines<br />

ont trois fois plus de chances<br />

de retrouver un emploi dans le mois<br />

qui suit que ceux qui sont au chômage<br />

depuis plus d’un an. Ils présentent respectivement<br />

un taux de réemploi de<br />

30,7 % et de 8,7 %.<br />

Dans la même veine, plusieurs<br />

études économiques, souvent fondées<br />

sur la situation européenne en matière<br />

d’emploi, ont prouvé que les personnes<br />

éloignées du marché du travail ont<br />

plus de difficultés à être embauchées,<br />

probablement en raison d’un mélange<br />

de stigmatisation, de découragement<br />

et de détérioration de leurs compétences.<br />

Voilà l’un des défis majeurs<br />

auxquels doivent faire face les décideurs<br />

politiques américains dans la<br />

lutte contre le chômage. Le temps qui<br />

passe aggrave les choses, et plus le<br />

Congrès se chamaille sur la manière<br />

d’augmenter la création d’emplois, plus<br />

la situation devient inextricable. Ce<br />

qui signifie à son tour que, pour parvenir<br />

à ses fins, Washington devra<br />

mener des politiques plus agressives<br />

(et, d’une manière perverse, plus dif-<br />

La Voix de l’Oranie<br />

pourquoi le départ des “dictateurs” ne<br />

suffit pas toujours à transformer un<br />

régime dictatorial en démocratie. En<br />

Egypte, la mauvaise conjoncture de<br />

l’économie mondiale et la position des<br />

Etats-Unis, qui souhaitent “une démocratie<br />

et des élections mais pas de<br />

réelle liberté politique”, vont rendre la<br />

transition difficile, estime-t-il.<br />

Sur le site de gauche (dont l’argumentation<br />

se fait volontiers populiste)<br />

Wuyou Zhi Xiang (Utopia), le journaliste<br />

Sima Nan propose un parallèle<br />

entre l’Egypte et la Chine. Il rappelle<br />

aux hommes politiques chinois qu’ils<br />

devraient faire attention au destin du<br />

président égyptien, “car il n’a pas suffi<br />

à Moubarak d’être un bon partenaire<br />

des Etats-Unis pour être épargné<br />

d’une révolution colorée”. De plus, les<br />

problèmes de la société chinoise ne<br />

sont pas moins graves que ceux auxquels<br />

font face les Egyptiens, avertitil.<br />

Il faut aller sur la plate-forme<br />

my1510, basée à Hong Kong, pour lire<br />

le blogueur Edward Xia affirmant que<br />

“le glas a sonné pour la Chine”. “Tous<br />

les dirigeants politiques chinois se demandent<br />

comment une telle révolution<br />

a pu naître dans un pays dont la<br />

croissance économique est remarquable.”<br />

A son avis, la “révolution du<br />

jasmin” prouve encore une fois qu’on<br />

ne peut pas arrêter la démocratie.<br />

ficiles politiquement) en matière de<br />

créations d’emploi.<br />

Bien que les économistes se rejoignent<br />

généralement sur la nécessité<br />

de remettre les chômeurs de longue<br />

durée au travail pour les empêcher de<br />

devenir inemployables, les moyens d’y<br />

parvenir restent flous. La majorité des<br />

mesures de relance visent à créer des<br />

conditions favorisant la croissance, ce<br />

qui théoriquement encourage les entreprises<br />

à embaucher. Cependant,<br />

jusqu’à aujourd’hui, la production<br />

augmente lentement et n’a pas mené à<br />

la création de nombreux emplois. Il y<br />

a également eu des incitations indirectes,<br />

comme la diminution des taxes<br />

pour les entreprises qui engagent des<br />

chômeurs, mais leur efficacité n’a pas<br />

encore été prouvée.<br />

D’après certains économistes, les<br />

programmes directs d’emploi (comme<br />

la politique des grands travaux du<br />

New Deal ou de la Seconde Guerre<br />

mondiale) sont peut-être la meilleure<br />

manière de remettre les chômeurs au<br />

travail. Mais certains craignent que<br />

cela ne fasse que déplacer des travailleurs<br />

déjà en activité, plutôt que de<br />

favoriser l’embauche de chômeurs. De<br />

plus, cette approche, qui a pour certains<br />

des relents de socialisme, semble<br />

politiquement intenable pour le moment.<br />

N°3419 - SAMEDI 5 FÉVRIER 2011<br />

Humanitaire<br />

Des entreprises qui se<br />

partagent le monde<br />

De par leur puissance, certaines organisations non<br />

gouvernementales sont contraintes d’obéir aux<br />

logiques de l’économie de marché, déplore l’historien<br />

Patrick Gillard.<br />

Comme chacun peut le constater, nombre de<br />

grandes ONG, qui étaient de vraies organisations caritatives<br />

ou philanthropiques à leur création, sont devenues<br />

avec le temps d’énormes entreprises mues par<br />

des impératifs financiers, qui occupent une place<br />

croissante sur la scène internationale. Dans le monde<br />

en formation, ces ONG partageront de plus en plus le<br />

pouvoir dans une triade où, même si elles les<br />

représentent parfois, elles rivaliseront avec les<br />

grandes<br />

multinationales et des Etats en perte de vitesse.<br />

Armées d’une telle puissance, les grandes organisations<br />

humanitaires combattront-elles encore vraiment<br />

les inégalités sociales, dues notamment à<br />

l’expansion planétaire de l’économie de marché?<br />

Outre leur implication dans les conflits qui ensanglantent<br />

notre planète, que peut-on reprocher aux<br />

grandes ONG, qui sont un peu la bonne conscience<br />

de notre temps ? Sur la base de critères discutables,<br />

parfois plus liés aux richesses qu’aux besoins des pays<br />

bénéficiaires de l’aide humanitaire, leurs sièges administratifs<br />

tout-puissants choisissent les aires géographiques<br />

qui en bénéficieront, alors que des<br />

populations d’autres régions sont délibérément abandonnées<br />

à leur sort. La médiatisation de leur sélection<br />

géographique leur octroie le monopole de la<br />

charité mondiale - à défaut d’avancée dans le domaine<br />

de la justice sociale.<br />

Pour conserver leur pouvoir d’action et leurs parts<br />

de marché dans le grand bazar de l’humanitaire, ces<br />

organisations entrent souvent en concurrence les<br />

unes avec les autres - au risque de ruiner leurs propres<br />

interventions et sans tenir compte des vrais besoins<br />

locaux ni se soucier d’initier la population<br />

locale à son propre développement. Sans surprise, un<br />

représentant de l’ONU à Haïti “a dénoncé la<br />

république des ONG, la création de structures parallèles<br />

et le fait que certaines des 10.000 ONG sur place<br />

[c’est son chiffre !] faisaient un peu tout et n’importe<br />

quoi”. Cette regrettable concurrence s’explique en<br />

partie par le fait que les grandes ONG, comme<br />

d’autres secteurs d’activités jadis préservés des<br />

logiques mercantiles, tels la culture et le social,<br />

n’échappent plus à la contamination de ces impératifs<br />

commerciaux propagés par des multinationales<br />

désireuses d’investir dans les pays bénéficiaires de<br />

l’aide. Les grandes organisations humanitaires sont<br />

prêtes à tout pour conserver, voire pour augmenter<br />

le nombre de leurs bailleurs de fonds et donateurs -<br />

comme pour étendre leur couverture médiatique.<br />

Certaines d’entre elles n’hésitent pas à simplifier et<br />

même à tronquer la réalité politique et socioéconomique<br />

des pays où elles interviennent. Les<br />

“dérives de l’humanitaire” ne s’expliquent-elles pas en<br />

partie par le gigantisme et la permanence d’une partie<br />

des ONG? Pourquoi ces structures ne se limitentelles<br />

pas dans le temps et dans l’espace à l’action<br />

humanitaire qu’elles sont censées organiser dans le<br />

cadre d’une catastrophe bien spécifique? A partir<br />

d’une certaine taille, ces grandes organisations n’œuvrent-elles<br />

pas plus pour leur propre développement<br />

que pour celui des populations qu’elles devraient<br />

aider? Ici comme ailleurs, le slogan “Small is beautiful”<br />

– rendu célèbre par [l’économiste britannique]<br />

Ernst F. Schumacher dans les années 1970 - est plus<br />

que jamais d’actualité!

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