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Earned Value Management

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Avant-propos<br />

<strong>Earned</strong> <strong>Value</strong> <strong>Management</strong><br />

Pierre Bonnal — HEG Genève<br />

09005 1.0 1<br />

Nombreux sont les chefs de projet qui pratiquent le management de projet par la valeur acquise<br />

sans le savoir. Mais avant d’aller plus de l’avant dans la compréhension de ce qui ce cache<br />

derrière ce concept, précisons tout d’abord que cette approche de gestion de projet n’est pas autosuffisante<br />

en soit, contrairement à des approches telles CCPM 1 ou GDPM 2 par exemple. Non,<br />

elle vient plus modestement compléter les démarches classiques de management de projet — tout<br />

particulièrement celles promues par les associations professionnelles de management de projet :<br />

l’AFITEP 3 , l’IPMA 4 ou le PMI 5 — en leur donnant un cadre plus formel pour rendre compte de<br />

l’avancement d’un projet.<br />

Le lecteur est donc prévenu, il ne trouvera pas dans les pages qui suivent la description d’une<br />

technique de management de projet à proprement parler, mais celle d’un système qui, lorsque<br />

adjoint au cadre de planification temporelle et économique du projet, permet à l’équipe de projet de<br />

savoir où elle en est d’une part, et de présenter aux parties prenantes des rapports rendant<br />

fidèlement compte de la situation d’avancement du projet par rapport à ce qu’elle devrait être.<br />

Persistons à paraphraser Monsieur Jourdain : nombreux sont les chefs de projet qui pratiquent le<br />

management de projet par la valeur acquise sans le savoir ! C’est peut-être que ce concept est<br />

connu sous différents noms ? Et c’est effectivement le cas.<br />

Un petit peu d’histoire. Ce qui se cache derrière le management de projet par la valeur acquise est<br />

né aux États-Unis d’Amérique à la fin des années 60. Forcé de constater bien trop tardivement de<br />

fâcheuses dérives dans la réalisation de grands projets militaires, à cette époque, le Département<br />

de la défense américain a décidé d’imposer un cadre de rapportage formel à tous projets<br />

bénéficiant d’un important financement public. Ce système de maîtrise de l’avancement imaginé<br />

par des économistes à reçu le nom de : C/SCSC, pour Cost/Schedule Control System Criteria.<br />

L’idée à la base de ce système est simple et judicieuse : avant que le projet démarre, l’équipe de<br />

projet est invitée à décrire la manière avec laquelle la valeur sera acquise tout au long du<br />

déroulement du projet ; une fois que le projet a démarré, l’équipe de projet rend compte de<br />

l’avancement réalisé en rapportant un avancement physique valorisé d’une part, et un montant de<br />

coûts encourus d’autre part. À l’analyse de cette performance instantanée, les parties prenantes<br />

disposent d’une appréciation de la santé du projet. Le cas échéant, elles peuvent prendre des<br />

décisions : revoir le mandat confié à l’équipe de projet, accorder une allocation budgétaire<br />

supplémentaire, revoir l’échéancier du projet… voire dans certaines circonstances, mettre<br />

carrément fin au projet ! L’objet de ce livret est justement d’expliciter tout cela.<br />

Jusqu’à la fin des années 80, l’usage du C/SCSC dans les projets est resté relativement<br />

confidentiel. Seuls les grands projets publics américains l’ont utilisé, pour la simple raison qu’ils y<br />

étaient contraints par leurs donneurs d’ordres. Pourquoi si peu de projets l’ont utilisé alors que<br />

cette technique est qualifiée de simple et judicieuse dans la paragraphe précédent ? Plusieurs<br />

raisons à cela, parmi lesquelles :<br />

1 CCPM : Critical Chain Project <strong>Management</strong>, approche connue en français sous le nom de Chaîne critique.<br />

2 GDPM : Goal Directed Project <strong>Management</strong>, et en français : <strong>Management</strong> de projet orienté objectifs.<br />

3 AFITEP : www.afitep.fr .<br />

4 IPMA : www.ipma.ch .<br />

5 PMI : www.pmi.org .


09005 1.0 2<br />

• Les standards militaires américains, et particulièrement ceux dévolus à la gestion, sont<br />

généralement perçus comme lourds de mise en œuvre et contraignants d’usage.<br />

• Plus généralement, toute activité de gestion est perçu comme coûteuse et non génératrice de<br />

valeur.<br />

• Les acronymes utilisés, tant en anglais que dans leur traduction française, prêtent facilement à<br />

confusion (cf. les deux tableaux ci-après).<br />

Acronyme Dénomination<br />

BCWS Budgeted Cost of the Work Scheduled<br />

BCWP Budgeted Cost of the Work Performed<br />

ACWP Actual Cost of the Work Performed<br />

Tableau 1. Principaux paramètres de C/SCSC.<br />

Acronyme Dénomination<br />

CBTP Coût budgété du travail planifié<br />

CBTE Coût budgété du travail effectué<br />

CRTE Coût réel du travail effectué<br />

Tableau 2. Principaux paramètres de C/SCSC dans leur traduction française.<br />

• Sur la base du principe « pour vivre heureux, vivons cachés », pourquoi faire œuvre de<br />

transparence et voir les parties prenantes s’immiscer dans les affaires des équipes de projets…<br />

Un soubresaut dans la démocratisation de C/SCSC s’est fait ressentir à la fin des années 80 avec<br />

l’avènement des progiciels de gestion de projet pour PC.<br />

En 1996, le standard militaire américain est passé sous le giron de l’ANSI — l’American National<br />

Standard Institute, l’équivalent américain de l’AFNOR française — et l’Electronic Industry Alliance<br />

américaine. Du même coup, un certain nombre de changements a été opéré :<br />

• le nom du concept C/SCSC a été rebaptisé <strong>Earned</strong> <strong>Value</strong> <strong>Management</strong> et popularisé sous<br />

l’acronyme EVM aux États-Unis 6<br />

• les trois principaux paramètres d’EVM ont reçu une dénomination plus facilement mémorisable<br />

et bien moins ambiguë (cf. le tableau ci-après).<br />

Acronyme Dénomination Traduction<br />

PV Planned <strong>Value</strong> Valeur prévisionnelle<br />

EV <strong>Earned</strong> <strong>Value</strong> Valeur acquise<br />

AC Actual Cost Coût encouru<br />

Tableau 3. Principaux paramètres d’EVM.<br />

À notre connaissance, aucune traduction française officielle de ces nouveaux acronymes n’a été<br />

formalisée. Aussi, celles données dans la troisième colonne du Tableau 3 le sont elles à titre<br />

purement informatif. Dans un souci de clarté, nous avons pris le parti de n’utiliser que les<br />

acronymes d’origine anglo-américaine. À partir de ce point et dans les pages qui vont suivre,<br />

6 <strong>Earned</strong> <strong>Value</strong> Criteria (EVA) au Royaume-Uni.


09005 1.0 3<br />

l’expression « management de projet par la valeur acquise » ne sera plus utilisée ; l’acronyme<br />

EVM lui sera préféré par pur souci de commodité.<br />

Depuis le milieu des années 90, EVM est une méthodologie de rapportage de projet qui a reçu<br />

beaucoup d’attention de la part d’organisme de standardisation et d’association professionnelles.<br />

Les deux principaux standards sont les suivants :<br />

• American National Standards Institute/Electronic Industries Alliance (1998) <strong>Earned</strong> <strong>Value</strong><br />

<strong>Management</strong> Systems. (ANSI/EIA-748-A-1998, rev. 2, reaffirmed August 28, 2002) American<br />

National Standards Institute, Washington DC, USA.<br />

• PMI Standard Committee (2005) Practice standard for <strong>Earned</strong> <strong>Value</strong> <strong>Management</strong>. Project<br />

<strong>Management</strong> Institute, Newton Square, PA, USA.<br />

Le présent livret se veut une interprétation raisonnée de ces deux documents normatifs. Ces<br />

standards se veulent généraux, aussi un effort particulier a été porté à la mise en application de<br />

ceux-ci à contextes de projets divers.<br />

Ce livret est constitué de quatre chapitres. Le premier présente le concept EVM dans ses lignes<br />

générales ; le responsable d’un projet simple devrait trouver dans ce chapitre de quoi satisfaire ses<br />

besoins en matière de mise en œuvre d’EVM.<br />

Les 32 critères d’EVM dont le respect facilite la mettre en place un système EVM exempt d’écueils<br />

(autant que faire se peut), sont énumérés dans le deuxième chapitre de ce livret. Quelques<br />

préconisations supplémentaires sur la constitution d’un portefeuille d’activités cohérent et équilibré<br />

ainsi que sur la prise en compte de la gestion des modifications complètent ce chapitre.<br />

Le troisième chapitre présente une mise en œuvre d’EVM dans un contexte de projet orienté<br />

livrables. La problématique abordée dans ce chapitre correspond aux préoccupations rencontrées<br />

par celles et ceux amenés à gérés des projets de moyenne à grande envergures, projets pour<br />

lesquels les responsabilités sont plus fortement distribués.<br />

Le quatrième et dernier chapitre présente des concepts avancés d’EVM : prise en compte du<br />

caractère spéculatif inhérent à tout projet, et tout particulièrement présent dans les projets de<br />

grande ampleur, risques techniques, programmatiques, économiques… L’accent est<br />

particulièrement porté sur le management des réserves requises pour faire face à l’aléa. Il va de<br />

soi qu’une bonne maîtrise des concepts des chapitres 1 et 2 est nécessaire pour aborder ce<br />

chapitre efficacement.<br />

EVM, concepts de base<br />

L’objet de ce premier chapitre est donc de présenter EVM. Cette section s’adresse tout<br />

particulièrement au lecteur qui découvre ce concept et souhaite en faire usage très simple dans les<br />

projets dont il a la charge — projets de taille plutôt modeste.<br />

EVM repose sur un principe plein de bon sens :<br />

• avant que le projet ne démarre réellement : présenter de cadence avec laquelle le projet va (ou<br />

devrait) acquérir de la valeur ; autrement dit, donner les avancements physiques prévisionnels<br />

qui devraient être obtenus aux prochaines dates de rapportage<br />

• alors que le projet est en cours de réalisation, rendre compte de la valeur effectivement<br />

acquise, et la comparer à celle prévisionnelle.<br />

L’expérience a montré que ces seules informations n’étaient pas suffisantes pour rendre compte<br />

efficacement de la situation d’avancement d’un projet. Il peut en effet y avoir des situations pour<br />

lesquelles le projet se trouve en avance, ce qui peut apparaître tout à fait satisfaisant, mais que ce<br />

rythme résulte de coûts particulièrement élevés, ce qui n’est pas satisfaisant du tout !


09005 1.0 4<br />

Pour conserver un œil bienveillant sur ce genre de dérive possible, EVM prend aussi en compte<br />

les coûts encourus ; autrement dit, les dépenses de toutes natures effectuées pour atteindre la<br />

valeur acquise rapportée.<br />

Le passage du principe à la pratique procède essentiellement de la formalisation du vocabulaire.<br />

Valeur prévisionnelle<br />

Avant que le projet de démarre, le chef de projet va donc définir la cadence avec laquelle le projet<br />

va avancer. Pour ce faire il va établir la courbe PV de son projet.<br />

PV est un acronyme anglo-américain signifiant Planned <strong>Value</strong>, c’est-à-dire valeur prévisionnelle 7 .<br />

PV n’est pas une valeur constante. C’est une valeur qui évolue dans le temps. Aussi est-il<br />

certainement plus rigoureux mathématiquement de la formuler comme une fonction : PV(t).<br />

Tant que le projet n’a pas commencé, cette valeur est égale à zéro. Une fois que le projet est<br />

terminé, elle est égale au budget alloué au projet ; plus spécifiquement, à une valeur particulière<br />

qui dans le jargon d’EVM reçoit le nom de budget à achèvement, BAC (Budget at Completion en<br />

anglo-américain). On aura l’occasion de revenir sur ce concept un peu plus loin dans ce chapitre.<br />

La courbe PV(t) est une courbe cumulée : la valeur acquise sur une période s’ajoute à celles<br />

acquises sur les périodes précédentes. Aussi cette courbe est croissante. Dans des circonstances<br />

particulières des petites décroissances sont possibles ; cette spécificité est explicitée dans le<br />

deuxième section.<br />

Le profil de la courbe PV(t) ressemble généralement à un « S », d’où le nom de courbe en S qui lui<br />

est parfois donné.<br />

Dans les premiers instants du projet, la courbe PV(t) croit plutôt lentement. C’est logique : la mise<br />

en route du projet ne peut que s’effectuer que progressivement ; les indispensables besoins de<br />

coordination imposent que les ressources humaines — les contributeurs au projet —affectées au<br />

projet le soit graduellement, au fur et à mesure du besoin !<br />

Dans un deuxième temps, cette courbe voit sa pente croître. C’est normal : tôt ou tard l’activité du<br />

projet doit battre son plein ; chaque contributeur au projet ayant pris connaissance du travail que<br />

l’on attend de lui, il peut s’affairer à sa tâche. Cette plus forte croissance s’explique ensuite par le<br />

fait que plusieurs contributeurs peuvent travailler de concert.<br />

Lorsque le projet est proche de son achèvement, il faut passer à l’intégration des diverses<br />

contributions, et peut-être aussi à la mise en service de l’ensemble. Les besoins de coordination<br />

nécessaires à l’intégration et à la mise en service font que la pente de la courbe PV(t) décroit à<br />

nouveau.<br />

La Figure 1 ci-après illustre tout ce qui vient d’être dit. Le temps s’écoule de la gauche vers la<br />

droite ; la valeur cumulée est exprimée en unité de ressources sur l’axe vertical. Suivant la nature<br />

du projet, il pourra s’agir d’unités de charges (heures, personne·jour, personne·semaine,<br />

personne·mois…) ou d’unités monétaires (euros, dollars, francs suisses…) (cf. page 8 et suivantes<br />

pour plus de détails sur cet aspect).<br />

Sur cette figure, Dprojet marque la date de début prévisionnelle du projet, Fprojet marque la date de fin<br />

prévisionnelle du projet.<br />

7 Relativement aux motivations pour lesquelles l’acronyme anglo-américain a été préféré, se référer à l’Avant-propos.


Figure 1. Courbe PV(t).<br />

09005 1.0 5<br />

Mais dans la pratique, comment cette courbe PV(t) est elle établie ? Dans son Discours de la<br />

méthode, Descartes écrivait : « Le second [principe], de diviser chacune des difficultés que<br />

j'examinerais, en autant de parcelles qu'il se pourrait, et qu'il serait requis pour les mieux<br />

résoudre ». C’est la même démarche qui s’impose au chef de projet :<br />

• décomposer le projet en activités élémentaires 8<br />

• attribuer une fonction PV(t) à chacune des activités élémentaires du projet<br />

• agréger ces fonctions élémentaires — les ajouter les unes aux autres — pour obtenir la courbe<br />

PV(t) du projet dans sa totalité.<br />

Les fonctions PV(t) attribuables aux activités élémentaires sont généralement de trois types (cf.<br />

Figure 2). Di et Fi sont les dates prévisionnelles respectivement de début et de fin de l’activité i à<br />

laquelle on associe une fonction PV(t).<br />

Figure 2. Types de fonctions PV(t) attribuables aux activités élémentaires.<br />

Il n’existe pas de règle absolue quant au choix d’un type de fonction PV(t) plutôt qu’un autre. C’est<br />

une affaire de bon sens. Quelques exemples illustratifs néanmoins :<br />

• Soit une activité d’études pour laquelle le budget est constitué d’heures d’études pour<br />

l’essentiel ; les ressources humaines affectées à la réalisation de cette activité enregistreront<br />

les temps passés périodiquement (tous les vendredis après-midi par exemple). Pour une telle<br />

activité, une fonction PV(t) de type linéaire est certainement la plus appropriée.<br />

• Soit une activité de construction sous-traitée à un tiers qui fera parvenir sa facture une fois le<br />

travail accompli ; donc, une fois l’activité terminée. Pour une telle activité, c’est définitivement<br />

une fonction PV(t) à échelon à l’achèvement qui est à préférer.<br />

8 Dans le contexte EVM, les termes activité élémentaire, tâche élémentaire, lot de travaux, unités de travaux sont<br />

synonymes. Le terme activité (activity en anglo-américain) semble avoir la préférence des instances de<br />

standardisation. C’est ce terme là qui est donc préféré et utilisé dans ce livret.


09005 1.0 6<br />

• Enfin, soit une activité de fabrication pour laquelle l’essentiel du budget sera utilisé pour<br />

l’acquisition de matières d’œuvre dans les tous premiers instants de l’activité. Pour celle-ci,<br />

c’est une fonction PV(t) à échelon à l’enclenchement qui est préférable.<br />

Et si l’on ne peut caractériser aussi systématiquement le type de fonction PV(t) à attribuer à une<br />

activité, que faire ? De deux choses l’une :<br />

• L’activité en question n’est pas suffisamment élémentaire, auquel cas le chef de projet peut<br />

envisager de la découper en activités plus élémentaires.<br />

• Ou bien, il faut utiliser un modèle plus précis, donc plus élaboré. Celui décrit au chapitre 3 rend<br />

plus facile la modélisation du projet. En contrepartie, il est aussi plus laborieux à mettre en<br />

œuvre !<br />

La Figure 3 illustre le principe d’agrégation de fonctions PV(t) élémentaires pour établir la courbe<br />

PV(t) du projet. Le lecteur aura remarqué que toutes les fonctions PV(t) élémentaires de cet<br />

exemple sont de type échelon.<br />

Figure 3. Principe d’agrégation de fonctions PV(t) élémentaire pour établir la courbe PV(t) du projet.<br />

Budget à achèvement<br />

Le budget à achèvement, BAC (Budget at Completion en anglo-américain) est un autre concept<br />

propre à EVM. Il est important et mérite que l’on s’y attarde un tant soit peu.<br />

En préalable à l’introduction de cette notion, rappelons ce qu’est un projet : l’AFITEP [AFITEP91] le<br />

défini comme un système complexe d’intervenants, de moyens et d’actions, constitué pour<br />

apporter une réponse à un besoin. Le terme « complexe » a très certainement été choisi à dessein<br />

pour traduire le caractère intrinsèquement spéculatif d’un projet. Les cybernéticiens tiennent les<br />

choses complexes pour des entités pouvant être décrites dans leur globalité, mais pour lesquelles<br />

il est impossible d’affecter des propriétés précises et absolues aux éléments qui les constituent. Le<br />

concept de « boite noire » a justement été avancé pour rendre compte de la difficulté de décrire<br />

leur contenu, tout comme les liens en nature et en quantité unissant les éléments constitutifs les<br />

uns aux autres pour former ce tout qu’est le système complexe.<br />

Un projet est donc spéculatif par nature. Il contient nécessairement une part d’aléatoire que<br />

l’ensemble des protagonistes ont l’obligation de gérer. C’est l’objet du management des risques<br />

dans les projets que de prendre en compte cette part d’aléa pour éviter que des évènements<br />

imprévus de viennent mettre en péril le projet (plus de détail sur cette question, cf. [Bon06b])<br />

Les promoteurs d’EVM ont bien sûr pris cela en compte, en considérant qu’une équipe qui reçoit<br />

un mandat de projet, autrement dit le soin de la réalisation d’un objectif physique ou intellectuel


09005 1.0 7<br />

dans des contraintes budgétaire et temporelle, se doit de constituer une réserve budgétaire et/ou<br />

temporelle pour faire face à l’imprévu.<br />

L’importance à donner à ces réserves est ensuite fonction du caractère plus ou moins spéculatif du<br />

projet. Une réserve budgétaire de 5% des ressources allouées au projet pourront suffire pour un<br />

projet faiblement spéculatif. Ce pourcentage pourra être porté à 50% pour des projets fortement<br />

spéculatifs.<br />

Comment dimensionner cette réserve ? L’exercice n’est pas très simple, et rares sont les auteurs<br />

qui d’ailleurs se risquent sur ce terrain ! L’expérience montre que quelques prérequis s’avèrent<br />

indispensables pour dimensionner correctement ces réserves.<br />

Il est primordial que toutes les parties prenantes, donneurs d’ordre 9 et maîtres d’œuvre 10 d’un<br />

projet soient pleinement conscients :<br />

• qu’un projet est par nature un activité comprenant une part d’imprévu<br />

• que pour mener un projet à son terme l’équipe de projet doit disposer de réserves, tant sur le<br />

plan budgétaire (les ressources allouées au projet) que temporel (les échéances calendaires à<br />

respecter)<br />

• que ces réserves sont là pour être consommées, partiellement ou en totalité, si cela s’avère<br />

nécessaire<br />

• que l’équipe de projet doit avoir autorité quant à l’utilisation appropriée d’une partie de ces<br />

réserves — dans certaines limites : la confiance n’excluant pas le contrôle de la par du donneur<br />

d’ordres<br />

• que des règles de répartition des montants restants doivent être définies en début de projet —<br />

50% au donneur d’ordres et 50% à l’équipe de projet par exemple.<br />

Ces quelques considérations peuvent apparaître comme relever du simple bon sens. Mais force<br />

est de constater que les parties prenantes de projets qui se préoccupent effectivement de ces<br />

questions au moment opportun sont une infime minorité.<br />

Les promoteurs d’EVM ont donné un nom à toutes ces valeurs :<br />

• le montant de toutes les ressources affectées à la réalisation du projet est le budget total alloué<br />

au projet, TAB (Total Allocated Budget en anglo-américain)<br />

• la part du TAB réservée pour faire face à l’imprévu est la réserve de management, PMR<br />

(Project <strong>Management</strong> Reserve en anglo-américain)<br />

• le budget à achèvement, BAC, est la part du TAB affectée aux activités identifiées et<br />

approuvées.<br />

Retenons ceci :<br />

TAB = BAC + PMR<br />

La Figure 4 ci-après reprend et complète la Figure 1 de la page 5.<br />

9 Autrement dit, le mandant, parfois le maître d’ouvrage.<br />

10 Autrement dit, l’équipe chargée de réaliser le projet.


Figure 4. Courbe PV(t), BAC, PMR et TAB.<br />

09005 1.0 8<br />

Pour être exact, les promoteurs d’EVM ont vu les choses de manière un peu plus élaborée en<br />

introduisant plusieurs natures d’activités :<br />

• les lots de travaux (work packages en anglais) qui sont des activités élémentaires, précisément<br />

définies programmées sur le court ou moyen terme<br />

• les travaux prévisionnels (planned packages en anglais), qui sont des macro-activités de<br />

nature déterministe, programmés sur le plus long terme.<br />

Cette complication n’est pas abordée dans ce chapitre ; elle l’est au chapitre 2.<br />

Nature de ressources<br />

La nature des ressources, et par là même, la manière dont elles sont quantifiées, sont de première<br />

importance dans un contexte EVM.<br />

Les ressources d’un projet sont généralement de deux natures : les ressources humaines et les<br />

ressources matérielles et financières.<br />

Ressources humaines<br />

Il s’agit des personnes physiques appelées à coordonner ou exécuter les activités du projet. Ce<br />

sont les contributeurs du projet. Elles sont par nature renouvelables (!), c’est-à-dire qu’elles<br />

redeviennent disponibles une fois les activités auxquelles elles contribuent terminées.<br />

Elles sont quantifiées en unités de charges (heures, personne·jour, personne·semaine,<br />

personne·mois…).<br />

Ressources matérielles et financières<br />

Ce sont toutes les ressources requises qui ne sont pas des ressources humaines qui forment<br />

l’équipe de projet. Il pourra s’agir de :<br />

• Moyens matériels : outillages, équipements, locaux… que l’équipe de projet pourra acquérir (et<br />

revendre en fin d’usage), louer, emprunter… Il peut s’agir aussi de matières premières ou<br />

d’utilités (de l’énergie électrique par exemple).<br />

Ces ressources peuvent être renouvelables (des locaux mis à disposition par exemple), ou non<br />

(des kWh d’énergie électrique), voire les deux (un outillage spécifique loué tel un engin de<br />

chantier).<br />

Unités : des unités périodes pour les ressources renouvelables, des kWh pour de l’énergie<br />

électrique, des m pour de l’eau ou de l’assainissement de chantier…


09005 1.0 9<br />

• Moyens financiers : pour acquérir des matières premières, des fournitures… pour passer des<br />

contrats de toutes natures, pour les débours divers de l’équipe de projet (services généraux,<br />

frais d’intendance, logistique…).<br />

Ces ressources sont par essence non renouvelables. Une fois la dépense faite, le montant n’est<br />

en principe pas récupérable ! Ces ressources sont données en unités monétaires (euros,<br />

dollars, francs suisses…).<br />

Il est du ressort de l’équipe de projet que d’apprécier la nature des ressources entrant en jeu dans<br />

le projet dont elle a la charge, ainsi que de les prendre en compte de manière correcte dans le<br />

BAC et le TAB.<br />

Si plusieurs natures de ressources sont nécessaires pour mener à bien le projet, il peut alors<br />

s’avérer nécessaire d’agréger plusieurs natures budgétaires en une seule. Les pratiques varient<br />

fortement d’un projet à l’autre.<br />

Certaines équipes de projet n’ont pas d’état d’âme et utilisent le salaire brut du collaborateur pour<br />

convertir une charge de travail en une valeur monétaire. D’autres mettent en place des taux<br />

génériques par catégorie de personnel. D’autres enfin préfèrent maintenir distinctes la courbe<br />

PV(t) des ressources humaines, de celle des ressources matérielles et financières.<br />

La Figure 4 de la page 8 donne la situation de principe d’un système de rapportage EVM en début<br />

de projet, autrement dit, avant que le projet ne débute effectivement.<br />

Précisons qu’une courbe PV(t) doit être établie avant que le projet ne débute vraiment.<br />

Typiquement, pendant la phase de planification du projet. Il est possible aussi d’établir des<br />

courbes PV(t) par ressource, par groupe ou nature de ressources, ou encore par groupe ou nature<br />

d’activités. Dans un contexte de projet d’envergure, de telles courbes pourront s’avérer utiles pour<br />

circonscrire un problème de retard ou de dépassement budgétaire.<br />

Considérons que le projet a débuté ; que les premières activités — les plus précoces — sont encours,<br />

certaines même achevées ; que les premières dépenses sont enregistrées. La tâche du<br />

chef de projet et de son équipe consiste à rendre compte de cela en superposant ces informations<br />

relatives au réalisé, à la courbe PV(t), ou aux diverses courbes en S établies à fin d’analyse. Au<br />

droit de la date de rapportage, dite aussi date de situation d’avancement, les informations<br />

reportées sont la valeur acquise d’une part, les coûts encourus d’autre part.<br />

Valeur acquise<br />

La valeur acquise, EV (<strong>Earned</strong> <strong>Value</strong> en anglo-américain) est définie comme la valorisation<br />

budgétaire du travail effectivement réalisé à la date de situation d’avancement.<br />

Tout comme la valeur planifiée est fonction du temps, la valeur acquise l’est aussi ; il conviendrait<br />

alors de la noter EV(t). C’est la dénomination donnée à la courbe obtenue point par point.<br />

Appelons T la date à laquelle la situation d’avancement est établie. Parce que cette courbe est<br />

obtenue par positionnement de points successifs (à des dates d’avancement successives), on<br />

préfère noter EVT la valeur acquise du projet à la date T. , en référence aux points successifs qui<br />

sont positionnés au coté de la courbe PV(t). EVT est obtenu par agrégation des EVi T de chacune<br />

des activités i du projet.<br />

Au niveau des activités élémentaires, trois cas peuvent se rencontrer :<br />

• soit l’activité i est terminée ; auquel cas la valeur acquise de l’activité est égale à son budget à<br />

achèvement : EVi T = BACi<br />

• soit l’activité i n’a pas débutée ; auquel cas sa valeur acquise est égale à zéro : EVi T = 0


09005 1.0 10<br />

• soit l’activité i est en-cours ; auquel cas sa valeur acquise est proportionnelle à l’avancement<br />

physique (appelons-le ) de l’activité : EVi T = i BACi<br />

L’avancement physique d’une activité est une valeur comprise entre 0 et 1, ou plus<br />

communément sous la forme d’un pourcentage compris entre 0% (une activité qui n’a pas<br />

commencé) et 100% (une activité terminée).<br />

De manière plus synthétique, la valeur acquise du projet à l’instant T s’obtient ainsi :<br />

La Figure 5 présente ce résultat.<br />

Figure 5. Courbes PV(t) et EV(t) du projet.<br />

EVT = EVi T = i T BACi<br />

Une fois EVT reportée auprès de la courbe PV(t), trois situations peuvent se rencontrer :<br />

• soit EVT est confondu avec les points de la courbe PV(t), autrement dit, EVT = PV(T) ; le projet<br />

n’est ni en avance, ni en retard, il est juste à l’heure<br />

• soit EVT est en dessous de la courbe PV(t), autrement dit, EVT < PV(T) ; le projet est alors en<br />

retard : la valeur acquise est inférieure à la valeur planifiée<br />

• soit EVT est en dessus de la courbe PV(t), autrement dit, EVT > PV(T) ; le projet est alors en<br />

avance : la valeur acquise est supérieure à la valeur planifiée.<br />

L’avance ou le retard peut être quantifié en faisant la différence entre EVT et PV(T). Dans le jargon<br />

d’EVM, cette différence a pour nom l’écart 11 planning, SV (Schedule Variance en angloaméricain)<br />

:<br />

SVT = EV – PV(T)<br />

Si cet écart est positif, cela signifie que le projet est en avance. Si il est négatif, le projet est alors<br />

en retard (cf. Figure 6).<br />

11 Attention, « écart » et non « variance » en français car ce dernier terme à une signification bien particulière en<br />

statistique (le carré de l’écart-type) qui n’a strictement rien à voir avec ce qui est mesuré là.


Figure 6. Écart planning SVT.<br />

09005 1.0 11<br />

Notons que cet écart est donné dans la même unité que EV et PV, une charge de travail ou une<br />

valeur monétaire (suivant l’unité choisie), alors qu’on attendrait plutôt qu’une avance ou un retard<br />

soient donnés dans une unité temporelle (jours, semaines, mois…).<br />

Les promoteurs d’EVM ont souhaité exprimer cet écart d’une seconde manière :<br />

SPIT = EVT / PV(T)<br />

SPI est appelé indicateur de performance planning (Schedule Performance Index en angloaméricain).<br />

Si cet indicateur est supérieur à 1, cela signifie que le projet est en avance. Si il est<br />

inférieur à 1, le projet est alors en retard.<br />

Pour être complet, précisons qu’une fois le projet achevé : SV = 0 et SPI = 1.<br />

Le lecteur perspicace aura noté la trivialité de l’approche. L’expérience montre que si difficulté il y<br />

a, celle-ci se situe dans l’appréciation de l’avancement physique des activités en cours. Quelques<br />

observateurs ont qualifié de « syndrome du 90% » le biais qui perturbe le bon fonctionnement de<br />

ce système (cf. [For03]).<br />

Se biais se manifeste si on laisse à l’entière initiative du responsable de l’activité le soin d’évaluer<br />

le pourcentage d’avancement d’une activité en cours. L’expérience montre que l’avancement<br />

physique rapporté sera proportionnel à l’avancement temporel tant que les 90% d’avancement<br />

physique ne sont pas atteints, ensuite, il stagne à ce niveau là sur une période dépassant<br />

largement les 10% de l’avancement temporel restants. La Figure 7 illustre cela.


Figure 7. Symptômes du « syndrome du 90% ».<br />

09005 1.0 12<br />

Tant que T est inférieur à Di + 90% de la durée de l’activité i, les courbes PV(t) et EV(t) sont<br />

confondues (cf. fig. (b)). Dès que T est supérieur à Di + 90% de la durée de l’activité i, les courbes<br />

PV(t) et EV(t) divergent (cf. fig. (c)). Alors que T est supérieur à Fi la courbe EV(t) n’a pas encore<br />

convergé avec la courbe PV(t) ! (cf. fig. (d)).<br />

Comment contourner cette difficulté. Plusieurs solutions sont possibles :<br />

• impliquer une tierce personne dans l’appréciation de l’avancement physique d’activités en<br />

cours ; le chef de projet par exemple<br />

• définir, préalablement (!), des règles du jeu très précises pour l’appréciation de l’avancement<br />

physique de chacune des activités du projet<br />

• lors de l’établissement de la courbe PV(t) du projet, opter systématiquement pour des fonctions<br />

PV(t) à échelon à l’achèvement, puis enregistrer l’avancement physique en tout ou rien :<br />

– 100% pour les activités achevées<br />

– 0% pour les autres activités, qu’elles soient en cours ou non encore commencées<br />

• opter pour un modèle EVM plus élaboré, tel celui orienté livrables présenté dans le chapitre 3.<br />

Coûts encourus<br />

Les coûts encourus, AC (Actual costs en anglo-américain) sont définis comme les dépenses<br />

effectives ou engagées à la date de situation d’avancement.<br />

Pour enregistrer cette information, le projet doit disposer d’un moyen de prise en compte de toutes<br />

les dépenses imputables au projet (cf. page 8 au sujet des diverses natures de ressources à<br />

prendre en compte, et donc de dépenses).<br />

Dépenses monétaires<br />

L’enregistrement des dépenses monétaires ne pose généralement pas de problème. On serait<br />

tenté de dire qu’il suffit de demander au service Comptabilité le montant cumulé des coûts<br />

encourus imputables au projet. Encore faut-il que le système comptable de l’entreprise permette<br />

de faire cette extraction.


09005 1.0 13<br />

Les projets qui se réalisent dans des entreprises bien organisées se voient généralement attribuer<br />

un code budgétaire spécifique. Ainsi, l’extraction dont il est fait mention dans le paragraphe<br />

précédent est facile à faire.<br />

Les projets mieux organisés encore (d’une certaine ampleur) peuvent recevoir du service<br />

Comptabilité un jeu de codes budgétaires ayant une certaine structure. Cette structure budgétaire<br />

permet ensuite une analyse de la situation du projet plus fine : par natures d’activités, par<br />

systèmes… Les promoteurs d’EVM préconisent la mise en place d’une telle structure de code<br />

budgétaire (voir aussi chapitre 2 à ce sujet).<br />

D’aucuns diront de s’épargner l’établissement de telles structures budgétaires et d’imputer les<br />

dépenses au niveaux des activités du projet elles-mêmes. L’expérience montre qu’une telle<br />

initiative est généreuse, mais s’avère trop souvent plus lourde de mise en œuvre que bénéfique. Il<br />

y a plusieurs raisons à cela :<br />

• les systèmes comptables des entreprises ne permettent pas toujours la création de structures<br />

budgétaires complexes : nécessité de structures évolutives, quantité de codes budgétaires<br />

disponibles, étalement de projets sur plusieurs exercices comptables…<br />

• factures provenant de tiers imputables sur plusieurs activités (de trop nombreuses activités)<br />

• lourdeur du travail d’imputation des dépenses…<br />

Temps passés<br />

Toutes les entreprises ne disposent pas d’un système d’enregistrement des temps passés. Auquel<br />

cas, l’équipe de projet doit s’en doter d’un.<br />

Si l’entreprise dispose d’un tel système, l’équipe de projet à tout intérêt à s’appuyer sur le système<br />

existant — à moins qu’elle n’y soit d’ailleurs obligée.<br />

En quoi consiste un système d’enregistrement des temps passé ? Il s’agit d’un outils qui réclame<br />

régulièrement aux collaborateurs de l’entreprise ou du projet de donner pour la période écoulée les<br />

projets et/ou activités sur lesquels ils ont travaillés, ainsi que les temps qu’ils ont passés sur<br />

chacun d’eux.<br />

Là encore, il n’existe aucune règle générale. Les pratiques dépendent fortement des cultures<br />

d’entreprises, du domaine d’activités de l’entreprise (industrie, ingénierie, construction,<br />

informatique, distribution, services…), de la place des projets dans l’entreprise, des exigences des<br />

mandataires des projets…<br />

Les périodicités d’enregistrement des temps passés peuvent être quotidiennes, hebdomadaires ou<br />

mensuelles.<br />

Si la périodicité est quotidienne (enregistrement en fin de journée, ou le lendemain matin par<br />

exemple), les temps passés seront enregistrés en heures, en pourcentage de la journée écoulée.<br />

Certaines entreprises et certains projets attendent de leurs collaborateurs qu’ils enregistrent les<br />

temps passés au quart d’heure près ; d’autres au dixième de journée près !<br />

Si la périodicité est hebdomadaire, on attend généralement une précision à la demi-journée ; si elle<br />

est mensuelle, à la journée.<br />

Alors que pour des raisons de commodité les dépenses monétaires sont généralement<br />

enregistrées au niveau de codes budgétaires, la granularité des activités d’un projet (si elle n’est<br />

pas trop fine) peut être utilisé comme base à l’enregistrement des temps passés.<br />

Cela étant dit, comment les coûts encourus sont-ils pris en compte dans le système EVM ?


09005 1.0 14<br />

Si T demeure la date à laquelle la situation d’avancement est établie, le point ACT est obtenu par<br />

simple report des montants extraits des systèmes comptables et/ou d’enregistrement des temps<br />

passés, et celà à l’instant T.<br />

La Figure 8 présente ce résultat.<br />

Figure 8. Courbes PV(t), EV(t) et AC(t).<br />

Une fois ACT reportés auprès des courbes PV(t) et EV(t), trois situations peuvent se rencontrer :<br />

• soit ACT et EVT sont confondus, autrement dit, ACT = EVT ; le projet n’est, à l’instant T, ni<br />

déficitaire ni bénéficiaire ; le réalisé l’a donc été au coût escompté<br />

• ACT < EVT ; le projet est plutôt bénéficiaire : le réalisé a coûté moins cher qu’escompté<br />

• ACT > EVT ; le projet est déficitaire : le réalisé a coûté plus cher que prévu.<br />

La santé économique du projet peut être quantifiée en faisant la différence entre EVT et ACT. Dans<br />

le jargon d’EVM cette différence a pour nom l’écart coûts, CV (Cost Variance en anglo-américain) :<br />

CVT = EVT – ACT<br />

Si cet écart est positif, cela signifie que le projet est bénéficiaire. S’il est négative, le projet<br />

présente alors un déficit (cf.Figure 9).<br />

Figure 9. Écart coûts CVT.<br />

Là encore, les promoteurs d’EVM ont souhaité exprimer cet écart d’une seconde manière :<br />

CPIT = EVT / ACT


09005 1.0 15<br />

CPI est l’indicateur de performance coûts (Cost Performance Index en anglo-américain). Si cet<br />

indicateur est supérieur à 1, cela signifie que le projet est bénéficiaire, donc en bonne santé<br />

économique. S’il est inférieur à 1, le projet se trouve alors dans une situation déficitaire.<br />

Astuce mnémotechnique : quelque soit l’écart (SV ou CV), on retranche quelque chose à la valeur<br />

acquise : EV est dans le premier membre de l’une comme l’autre des deux différences. Quelque<br />

soit l’indicateur de performance (SPI ou CPI), EV est au numérateur.<br />

Contrairement à SV et SPI, à l’issue du projet, l’écart CV peut être positif, négatif ou nul ; quant à<br />

lui, l’indicateur CPI peut être supérieur, inférieur ou égal à 1.<br />

Tout comme la valeur acquise peut comporter un biais, l’information transportée par les coûts<br />

encourus peut aussi être biaisée.<br />

Pour que l’interprétation de CV ou de CPI soit bonne, il est nécessaire que EV et AC soient<br />

correctement synchronisés. Ce n’est pas toujours le cas. Prenons un deux exemples pour illustrer<br />

ce propos.<br />

Premier exemple : soit une activité de fabrication d’un constituant d’un projet, confiée à un tiers par<br />

l’intermédiaire d’un contrat à obligation de résultats. Tant que l’activité n’est pas terminée aucune<br />

dépense n’est encourue. Dès que le constituant est livré, l’activité est réputée achevée :<br />

EV = BAC. La facture peut être envoyée par le sous-traitant, mais à cet instant : AC = 0. Si on<br />

s’intéresse à l’écart coûts : CV = EV – AC = BAC. Il est positif, traduisant une situation bénéficiaire.<br />

Mais il n’en est rien ! Fausse joie : la facture finira bien par arriver, tant bien même qu’elle soit<br />

payable à 30 jours, il faudra l’acquitter !<br />

Comment contourner cette difficulté ? Encore une fois, plusieurs manières de procéder :<br />

• considérer que les coûts engagés sont des coûts encourus (là c’est le défaut inverse qui peut<br />

se présenté !)<br />

• « pré-imputer EV », autrement dit faire en sorte que AC soit a minima égal à EV pour les<br />

activités réalisées par des tiers, tant qu’une valeur plus précise de AC n’est pas connue<br />

• comparer EV à PV, mais AC à des flux monétaires prévisionnels comme le proposent Bonnal,<br />

De Jonghe et Ferguson dans un article [Bon06a]. Cette approche alternative est présentée en<br />

supplément à la présente partie.<br />

Second exemple : soit une activité d’ingénierie ne nécessitant comme ressources que des<br />

collaborateurs de l’entreprise qui enregistrent les temps passés à réaliser l’activité au moyen de<br />

relevés périodiques. Si l’activité dont il est question couvre plusieurs périodes, le ou les<br />

contributeurs auront l’occasion d’enregistrer les temps passés sur cette activité à plusieurs<br />

reprises. Mais il se peut très bien que par la nature même de l’activité, l’avancement physique soit<br />

seulement enregistrable en tout ou rien. Auquel cas, à un instant donné alors que l’activité est en<br />

cours, les coûts encourus seront non nuls alors que la valeur acquise sera nulle.<br />

D’aucuns essaieront peut-être de contourner ce biais en synchronisant artificiellement EV sur AC.<br />

C’est un tort. Il faut admettre qu’un écart coûts légèrement positif ne signifie pas forcément un<br />

début de dérive budgétaire. Un système EVM s’appuie sur un modèle, autrement dit une<br />

représentation simplifiée de la réalité ; simplification nécessaire pour la rentre compréhensible et<br />

maîtrisable. La part d’imprécision mise en évidence résulte de cette nécessaire volonté de<br />

simplification. Il est indispensable de l’admettre !<br />

Estimation à achèvement<br />

Disposer à un instant donné d’une information sur la santé programmatique du projet : avance ou<br />

retard, situation économique bénéficiaire ou déficitaire, peut s’avérer effectivement bien utile, tant


09005 1.0 16<br />

pour les donneurs d’ordres que pour les maîtres d’œuvre dans leurs processus de prises de<br />

décisions.<br />

Être en retard à un instant donné ne signifie pas forcément que celui-ci va s’accroître<br />

inexorablement jusqu’à la fin du projet ! De même une situation économique légèrement<br />

préoccupante en amont du projet ne compromet pas obligatoirement le succès final du projet !<br />

Rappelons que les réserves de management (PMR) sont conçues pour faire face à l’imprévu, pour<br />

atténuer les conséquences de la survenue d’évènements non désirés.<br />

Les estimations à achèvements, EAC (Estimate at Completion en anglo-américain) ont justement<br />

pour objet de dessiner la situation finale qui risque d’être obtenue, par extrapolation des situations<br />

d’avancement successives.<br />

Les estimations à achèvement peuvent être obtenues de trois manières.<br />

La première consiste à dire que ce qui est fait est fait, et que la meilleure façon d’apprécier le reste<br />

à faire est de l’estimer analytiquement ou de le ré-estimer, étant entendu qu’il doit avoir déjà été<br />

estimé ! L’estimation à achèvement se détermine alors ainsi :<br />

EACT = ACT + RTCT<br />

Expression dans laquelle ACT sont les coûts encourus à la date de situation d’avancement T et<br />

RTCT est le reste à faire (Remaining to Complete en anglo-américain) à cette même date de<br />

situation d’avancement.<br />

Estimer le reste à faire consiste à inventorier toutes les activités requises pour mener le projet<br />

jusqu’à son terme, échéancer ces activités dans le temps, les valoriser une à une pour reconstruire<br />

par agrégation une nouvelle courbe PV(t) du projet. Cette nouvelle courbe a pour point de départ<br />

le point ACT, et aboutit à un point d’ordonnée 12 RTCT. L’abscisse 13 de ce point pourra être plus<br />

précoce ou plus tardive comparativement à la date prévisionnelle de fin du projet (cf. Figure 10).<br />

Figure 10. Estimation à achèvement obtenue à partir du reste à faire.<br />

L’estimation à achèvement EACT ainsi obtenue à de bonnes chances d’être précise. Mais elle<br />

nécessite un important travail d’analyse du reste à faire ; pour cette raison, elle est réputée<br />

relativement onéreuse à obtenir !<br />

Les deux manières suivantes permettent d’obtenir des estimations à achèvement bien plus<br />

12 Position du point suivant l’axe vertical.<br />

13 Position du point suivant l’axe horizontal.


09005 1.0 17<br />

rapidement. Elles s’appuient sur l’hypothèse que la « performance passée » a de bonne chance de<br />

perdurer. Ces deux manières de calculer sont aussi plus sujettes à caution !<br />

De ces deux manières, la plus simple permet de calculer EACT ainsi :<br />

EACT = BAC / CPIT<br />

Expression dans laquelle BAC est le budget à achèvement du projet, et CPIT est l’indice de<br />

performance coûts à la date de situation d’avancement T.<br />

Cette manière de calculer ne prend aucunement en compte la valeur acquise. Elle part de<br />

l’hypothèse que la performance économique applicable aux activités futures sera la même que<br />

celle réalisée jusqu’à la date de situation d’avancement !<br />

L’autre manière de calculer EACT se formule ainsi :<br />

EACT = ACT + ( BAC – EVT ) / ( CPIT SPIT )<br />

Expression dans laquelle BAC est le budget à achèvement du projet, ACT sont les coûts encourus,<br />

EVT est la valeur acquise, et CPIT et SPIT sont respectivement les indices de performance coûts et<br />

planning à la date de situation d’avancement T.<br />

Cette dernière prend en compte le réalisé : les coûts encourus ; la performance passée vue<br />

comme le produit CPIT SPIT ne s’applique qu’au reste à faire établi comme la valeur totale du<br />

projet BAC qui n’est autre que la valeur planifiée du projet à sa date prévisionnelle d’achèvement,<br />

à laquelle on retranche la valeur déjà acquise EVT.<br />

De ces deux dernières manières d’estimer EACT, laquelle est la meilleure ? À ce jour, aucune<br />

étude convaincante n’a été menée relativement à cette question. Le praticien pragmatique calcule<br />

EACT au moyen de ces deux expressions et pressent que la vérité est quelque pqrt entre ces les<br />

deux valeurs !<br />

Que cherche-t-on à montrer consécutivement à la détermination des estimations à achèvement :<br />

que EACT < TAB. Autrement dit, que la dérive économique du projet est absorbée par la réserve<br />

de management : EACT – BACT < PMR.<br />

Les promoteurs de l’approche EVM ont pensé à d’autres indicateurs. Ils sont plus difficiles à<br />

justifier et requièrent une effort de calcul plus intense. Qui plus est, les systèmes d’information de<br />

management de projet ne les proposent généralement pas. Aussi arrêterons-nous cet introduction<br />

des concepts EVM à ce point.<br />

Représentations graphiques supplémentaires<br />

Le lecteur attentif aura noté la place importante faite aux représentations graphiques dans<br />

l’approche EVM. En plus de la courbe en S représentée à plusieurs reprises dans les figures de ce<br />

chapitre, quatre autres graphiques peuvent s’avérer utiles pour rendre compte de la santé<br />

programmatique d’un projet :<br />

• la courbe d’évolution de l’estimation à achèvement, la courbe PMR(t)<br />

• les courbes d’évolution des écarts SV et CV<br />

• les courbes d’évolution des indicateurs de performance SPI et CPI<br />

• le diagramme dit « œil de bœuf ».<br />

Courbe d’évolution<br />

de l’estimation à achèvement<br />

Avec la seule courbe en S du projet telle que présentée ci-avant dans ce chapitre, il n’est pas<br />

facile de rendre compte de l’évolution de EACT aux diverses situations successives d’avancement


09005 1.0 18<br />

T. La Figure 11 présente une manière de représenter l’évolution des EACT au fur et à mesure que<br />

des situations d’avancement sont établies.<br />

Les dates des situations d’avancement sont représentées en abscisse ; les valeurs d’EACT figurent<br />

en ordonnées. Deux droites horizontales sont ensuite tracées : la plus basse à la valeur BAC, la<br />

plus haute à la valeur TAB.<br />

Figure 11. Évolution de l’estimation à achèvement.<br />

Une tendance peut être tirée de ce graphe en prolongeant linéairement (ou quadratiquement) la<br />

courbe EACT(t). L’interprétation de cette tendance doit être faite avec précaution !<br />

Courbes d’évolution des écarts SV et CV<br />

Il est aussi possible de pointer périodiquement les écarts SVT et CVT (cf. Figure 12) sur un<br />

graphique. De manière semblable, les dates des situations d’avancement sont en abscisse et les<br />

valeurs de SVT et CVT en ordonnées. On ajoute à ce graphe une courbe en S rendant compte<br />

d’une limite. Cette courbe n’est autre que la courbe PV(t) du projet normalisée à la valeur PMR.<br />

Autrement dit, la courbe PV(t) à laquelle on a appliqué un coefficient de réduction de valeur PMR /<br />

BAC, conjoint à une symétrie axiale horizontale.<br />

Tant que les points CVT sont au dessus de cette courbe en S, il n’y a pas réellement lieu à être<br />

préoccupé. Le franchissement de cette courbe peut signifier la mise en place d’un programme de<br />

rétablissement de la performance : révision de l’assiette technique du projet, négociation de<br />

rallonges budgétaires, ré-échéancement du projet…<br />

Figure 12. Évolution des écarts SVT et CVT.


09005 1.0 19<br />

Sur ce graphique : l’écart planning de ce projet est plutôt bon, la courbe SVT(t) est toujours<br />

positive. L’écarts coûts CVT(t) est quant à lui toujours négatif ! Pour le deuxième rapport<br />

d’avancement, CVT semblait pointer au delà de la limite ; la situation semble rattrapée.<br />

Courbes d’évolution des indicateurs de performance SPI et CPI<br />

Un troisième graphique peut lui aussi s’avérer utile pour rendre compte de la situation<br />

d’avancement et d’une tendance (cf. Figure 13). Les dates des situations d’avancement sont<br />

toujours en abscisse et les valeurs des indicateurs SPIT et CPIT en ordonnées. Deux droites<br />

horizontales (y = 1 et y = 0,8) sont tracées pour délimiter trois zones :<br />

• un SPIT ou un CPIT pointant au dessus de la droite y = 1 signifie que la performance est bonne ;<br />

rien à signaler<br />

• un SPIT ou un CPIT pointant au dans la zone délimitée par les droites y = 0,8 et y = 1 signifie<br />

qu’il faut faire attention<br />

• un SPIT ou un CPIT pointant au dessous de la droite y = 0,8 signifie peut-être la mise en place<br />

d’un programme de rétablissement de la performance.<br />

Figure 13. Évolution des indicateurs de performance SPIT et CPIT.<br />

Le constat qui ressort de ce graphique est le suivant : d’un point de vue de la performance<br />

planning, celle-ci est satisfaisante ; du point de vue de la performance coûts elle est moins bonne<br />

dans être toutefois préoccupante.<br />

Diagramme « œil de bœuf »<br />

Le diagramme « œil de bœuf » est un peut déroutant pour celui qui le découvre. Il est constitué de<br />

deux axes orthogonaux se croisant au point de coordonnées (1, 1). Les valeurs de CPIT sont<br />

reportées sur l’axe des abscisses ; les valeurs de SPIT sur l’axe des ordonnées. À chacune des<br />

dates de situation d’avancement, on positionne sur ce graphique un point de coordonnées (CPIT,<br />

SPIT) (cf Figure 14).<br />

Tant que les points se trouvent dans le quadrant Nord-Est : rien à signaler. Si l’évolution montre<br />

une dérive vers l’un des trois autres quadrants, l’équipe de projet devra prendre les dispositions<br />

qui s’imposent (cf. les commentaires formulés ci-avant).<br />

Tout comme pour le graphique présentant l’évolution des SPIT et CPIT, on peut délimiter des zones<br />

d’alerte. Celles données sur la Figure 14 n’ont rien de prescriptif.


Figure 14. Diagramme « œil de bœuf ».<br />

09005 1.0 20<br />

L’analyse de ce graphique conduit à l’interprétation suivante :<br />

• 1 e situation d’avancement : retard et bénéficiaire<br />

• 2 e situation d’avancement : retard non rattrapé, mais situation économique déficitaire<br />

• 3 e situation d’avancement :<br />

nouveau bénéficiaire<br />

retard légèrement aggravé, mais situation économique à<br />

• 4 e situation d’avancement : tous les indicateurs au beau fixe !<br />

Exemple numérique<br />

Utilisons un exemple numérique très simple pour illustrer le fonctionnement d’un système EVM.<br />

Soit un projet, appelons le P, constitué de 5 activités : A1, A2, A3, A4 et A5 dont les durées et les<br />

ressources requises sont à leur exécution sont données dans le Tableau 4. Les durées des<br />

activités sont déterminées sur la base de considérations techniques externes à cet énoncé. Les<br />

ressources sont de deux types : des collaborateurs de l’entreprise P1 et P2, dont les contributions<br />

sont données en unité de charge de travail, en personnes·semaines (P·S) en l’occurrence ; des<br />

ressources financières RF données en milliers d’euros. La valorisation des ressources humaines<br />

se fait sur la base de mille euros par semaine. Considérons que les ressources en personnels<br />

accumulent de la valeur linéairement, alors que les ressources financières produisent de la valeur<br />

une fois l’activité terminée (fonction PV(t) à échelon à l’achèvement). L’allocation totale (TAB)<br />

octroyée à l’équipe de projet est de 27 kEUR, toutes ressources confondues.<br />

Activité Durée Préd. Ressources BAC<br />

A1 2 sem. —<br />

A2 2 sem. A1<br />

A3 3 sem. A1<br />

A4 3 sem. A2<br />

A5 1 sem. A3<br />

P1 [2 P·S]<br />

P2 [1 P·S]<br />

RF [2 kEUR]<br />

P1 [1 P·S]<br />

RF [5 kEUR]<br />

P2 [3 P·S]<br />

RF [3 kEUR]<br />

P1 [1,5 P·S]<br />

RF [3 kEUR]<br />

P2 [1 P·S]<br />

RF [2 kEUR]<br />

Tableau 4. Données relatives au Projet P.<br />

5 kEUR<br />

6 kEUR<br />

6 kEUR<br />

4,5 kEUR<br />

3 kEUR


Le diagramme de Gantt du Projet P est représenté sur la Figure 15.<br />

Figure 15. Diagramme de Gantt du Projet P.<br />

Construction de la courbe PV(t) du Projet P<br />

09005 1.0 21<br />

La courbe PV(t) du projet est la somme des courbes PV(t) de chacune des ressources du projet.<br />

C’est aussi la somme de chacune des activités du projet.<br />

Commençons par construire les courbes PV(t) des ressources P1 et P2 (cf. Figure 16). La manière<br />

la plus simple de procéder consiste tout d’abord à tracer l’histogramme de charge de chacune des<br />

ressources ; puis, à en déduire la charge période par période ; enfin à accumuler ces charges<br />

périodiques. La charge accumulée d’une période est la somme de la charge accumulée de la<br />

période précédente (case de gauche) et de la charge de la période en question (case du dessus).<br />

Les courbes PV(t) des ressources sont faites de segments ; les points d’inflexion correspondent à<br />

des hausses ou des baisses de charge. Les unités de l’axe vertical sont des personnes·semaines<br />

et des kiloeuros de manières égales (1 P·S = 1 kEUR).


Figure 16. Histogrammes de charge et courbes PV(t) des ressources P1 et P2.<br />

09005 1.0 22<br />

La construction de la courbe PV(t) des ressources financières est légèrement différente, car<br />

l’accumulation de valeur se fait par échelon, à l’achèvement de l’activité. Préalablement au tracé<br />

de la courbe on peut remplir un tableau (cf. Figure 17) dans lequel on fait figurer le BAC de l’activité<br />

dans la case qui correspond à la période qui suit la période de fin de l’activité. L’accumulation de<br />

valeur est faite sur la dernière ligne.


Figure 17. Courbes PV(t) des ressources financières.<br />

09005 1.0 23<br />

Une fois ces courbes établies individuellement, il ne reste qu’à les agréger pour obtenir la courbe<br />

PV(t) du projet (cf. Figure 18). Il résulte de cet exercice que le budget à achèvement (BAC) de ce<br />

projet est de 24,5 kEUR. L’allocation globale octroyée au projet étant de 27 kEUR, la maîtrise<br />

d’oeuvre dispose d’une réserve de management (PMR) de 2,5 kEUR.


Figure 18. Courbes PV(t) du projet P.<br />

Rapportage à l’issue de la deuxième semaine<br />

09005 1.0 24<br />

Disons que le projet a débuté. À l’issue de la deuxième semaine, le chef de projet doit rendre<br />

compte de l’avancement du projet dont il a la responsabilité.<br />

Les informations qu’il doit obtenir pour produire se rapport sont les avancements physiques des<br />

activités d’une part pour déterminer la valeur acquise ; les temps passés à la réalisation d’activités<br />

ainsi que les dépenses effectuées afin de déterminer les coûts encourus. Le Tableau 5 et le<br />

Tableau 6 fournissent ces informations.<br />

Activité Avancement BAC EV<br />

A1 80% 5,0 kEUR 4,0 kEUR<br />

A2 0% 6,0 kEUR 0 kEUR<br />

A3 0% 6,0 kEUR 0 kEUR<br />

A4 0% 4,5 kEUR 0 kEUR<br />

A5 0% 3,0 kEUR 0 kEUR<br />

Tableau 5. Avancements physiques et valeurs acquises des activités du Projet P (semaine 2).<br />

Seule l’activité A1 enregistre un avancement physique. Cela ne signifie pas pour autant que cette<br />

activité est la seule qui a commencé. Cela ne nous dit pas non plus si l’activité a démarré à<br />

l’heure, en avance ou en retard !<br />

La valeur acquise de cette première activité est obtenue ainsi :<br />

EVA1 = A1 BACA1 = 80% 5 kEUR = 4 kEUR. La valeur acquise du projet à la fin de la deuxième<br />

période est obtenue en faisant la somme des valeurs acquises par chacune des activités :<br />

EVProjet P = 4 kEUR.


Res. Activité Sem. Tps. Passé AC<br />

P1 A1<br />

P2 A1<br />

1 4 jours 0,8 kEUR<br />

2 5 jours 1,0 kEUR<br />

1 — 0 kEUR<br />

2 3,5 jours 0,7 kEUR<br />

RF — — — 0 kEUR<br />

Tableau 6. Temps passés et dépenses effectuées (semaines 1 et 2).<br />

09005 1.0 25<br />

Les coûts encourus du projet sont la somme des temps passés valorisés et des dépenses faites,<br />

en l’occurrence : ACProjet P = 2,5 kEUR. Remarquons qu’à la fin de cette deuxième semaine aucune<br />

dépense n’a été imputée au Projet P. EV et AC connues on peut reporter ces points sur le<br />

graphique EVM (cf. Figure 19).<br />

Figure 19. Courbes PV(t), EV(t) et PV(t) du projet P (semaine 2).<br />

Qu’apprend-on ? Que le projet est en retard :<br />

SV = EV – PV = 4 – 5 = -1 kEUR.<br />

Que les dépenses sont inférieures à celles prévues :<br />

CV = EV – AC = 4 – 2,5 = 1,5 kEUR.<br />

L’activité responsable de ces écarts est A1. Une analyse des dépenses montre que la ressource<br />

P2 a commencer à contribuer à la réalisation de cette activité avec une semaine de retard.<br />

Le diagramme d’évolution des écarts complète ce premier rapport d’avancement EVM (cf. Figure<br />

20).


Figure 20. Diagramme d’évolution des écarts du Projet P (semaine 2).<br />

Rapportage à l’issue de la cinquième semaine<br />

09005 1.0 26<br />

Le projet continue son bonhomme de chemin ! Les avancements enregistrés depuis le début du<br />

projet sont donnés dans le Tableau 7.<br />

Activité Avancement BAC EV<br />

A1 100% 5,0 kEUR 5,0 kEUR<br />

A2 75% 6,0 kEUR 4,5 kEUR<br />

A3 50% 6,0 kEUR 3,0 kEUR<br />

A4 0% 4,5 kEUR 0 kEUR<br />

A5 0% 3,0 kEUR 0 kEUR<br />

Tableau 7. Avancements physiques et valeurs acquises des activités du Projet P (semaine 5).<br />

L’activité A1 est terminée ; les activités A2 et A3 enregistrent de l’avancement. La valeur acquise<br />

du projet à la fin de la cinquième semaine est EVProjet P = 12,5 kEUR. Cette valeur acquise est à<br />

comparer à la valeur prévisionnelle à cette même date : PVProjet P = 17,5 kEUR. D’où : SV = 17,5 –<br />

12,5 = -5 kEUR. Le projet continue de prendre du retard !<br />

Res. Activité Sem. Tps. Passé AC<br />

P1<br />

P2<br />

Cumul semaine 2 9 jours 1,8 kEUR<br />

A1 3 2 jours 0,4 kEUR<br />

A2<br />

3 3 jours 0,6 kEUR<br />

4 5 jours 1,0 kEUR<br />

5 3 jours 0,6 kEUR<br />

A4 5 1,5 jour 0,3 kEUR<br />

Cumul semaine 2 3,5 jours 0,7 kEUR<br />

A1 3 4 jours 0,8 kEUR<br />

A3<br />

3 0,5 jour 0,1 kEUR<br />

4 5 jours 1,0 kEUR<br />

5 5 jours 1,0 kEUR


RF<br />

A1 — — 2,2 kEUR<br />

A2 — — 1,5 kEUR<br />

Tableau 8. Temps passés et dépenses effectuées (semaines 3 à 5).<br />

09005 1.0 27<br />

À la fin de la semaine 5, les coûts encourus se montent à ACProjet P = 12 kEUR. L’écart coût est de<br />

0,5 kEUR. Il demeure légèrement positif, signifiant qu’on dépense un peu moins que prévu.<br />

Figure 21. Courbes PV(t), EV(t) et PV(t) du projet P (semaine 5).<br />

Figure 22. Diagramme d’évolution des écarts du Projet P (semaine 5).<br />

Sur le diagramme d’évolution des écarts de la Figure 22, on se rend compte du caractère fortement<br />

croissant du retard pris par le projet.<br />

L’avancement physique du projet est d’environ 50% ; on peut essayer d’estimer son coût à<br />

achèvement EAC en appliquant deux des formules données dans une section Estimation à<br />

achèvement (page 15) 14 :<br />

14<br />

Les formules données ci-avant ont été remaniées parce que dans cet exemple numérique, le parti a été pris de ne<br />

pas calculer les indicateurs CPI et SPI.


Première formule :<br />

Deuxième formule :<br />

09005 1.0 28<br />

Le résultat donné par l’application de la deuxième expression est supérieur au TAB du projet ! Des<br />

actions correctives s’imposent : amélioration de la performance…<br />

Rapportage à l’issue de la huitième semaine<br />

Le projet touche à sa fin. Les avancements enregistrés depuis le début du projet sont donnés dans<br />

le Tableau 9.<br />

Activité Avancement BAC EV<br />

A1 100% 5,0 kEUR 5,0 kEUR<br />

A2 100% 6,0 kEUR 6,0 kEUR<br />

A3 100% 6,0 kEUR 6,0 kEUR<br />

A4 100% 4,5 kEUR 4,5 kEUR<br />

A5 80% 3,0 kEUR 2,4 kEUR<br />

Tableau 9. Avancements physiques et valeurs acquises des activités du Projet P (semaine 8).<br />

Exception faite de l’activité A5, toutes les activités sont terminées. La valeur acquise du projet à la<br />

fin de la huitième semaine est EVProjet P = 23,9 kEUR, à comparer à la valeur prévisionnelle à cette<br />

même date : PVProjet P = 24,5 kEUR. D’où : SV = 23,9 – 24,5 = -0,6 kEUR.<br />

Res. Activité Sem. Tps. Passé AC<br />

P1<br />

P2<br />

Cumul semaine 5 23,5 jours 4,7 kEUR<br />

A2 6 1 jour 1,0 kEUR<br />

A4<br />

6 4 jours 0,8 kEUR<br />

7 4 jours 0,8 kEUR<br />

Cumul semaine 5 18 jours 3,6 kEUR<br />

A3<br />

A5<br />

6 5 jours 1,0 kEUR<br />

7 2 jours 0,4 kEUR<br />

7 3 jours 0,6 kEUR<br />

8 3 jours 0,6 kEUR


A1 — — 2,2 kEUR<br />

RF<br />

A2<br />

A3<br />

—<br />

—<br />

—<br />

—<br />

6,0 kEUR<br />

3.1 kEUR<br />

A4 — — 3.2 kEUR<br />

Tableau 10. Temps passés et dépenses effectuées (semaines 6 à 8).<br />

09005 1.0 29<br />

Les coûts encourus à la fin de la huitième semaine sont ACProjet P = 28,0 kEUR. L’écart coût est<br />

cette fois négatif : CV = 23,9 – 28,0 = -4,1 kEUR.<br />

Figure 23. Courbes PV(t), EV(t) et PV(t) du projet P (semaine 8).<br />

Le graphique EVM est parlant : EV et PV convergent. La courbe AC(t) présente une situation<br />

préoccupante : les coûts encourus sont supérieurs à l’allocation globale octroyée au projet. Les<br />

10% de réserve de management n’ont pas suffit à faire face à la survenue d’évènements<br />

imprévus. La Figure 24 rend compte de l’évolution des écarts. SV s’approche de l’axe horizontal : il<br />

en est ainsi à la fin de tous les projets où SV = 0. Par contre, CV s’inscrit hors de la zone<br />

d’équilibre économique du projet !


Figure 24. Diagramme d’évolution des écarts du Projet P (semaine 5).<br />

09005 1.0 30<br />

Cet exemple illustratif aura montré au lecteur qu’un système EVM ne rend compte que d’une partie<br />

de l’information utile au décideur. Des informations telles que les dates de début et de fin effectives<br />

des activités sont indispensables pour que des dispositions correctives appropriées puissent être<br />

prises.<br />

Mise en place d’un système EVM<br />

L’objectif donné au premier chapitre est la présentation des concepts de base d’EVM ; c’est chose<br />

faite. L’utilisation d’EVM requiert la mise en place d’un environnement de management de projet<br />

approprié : suffisamment simple pour demeurer gérable et réactif, tout en étant suffisamment<br />

élaboré pour intégrer la complexité intrinsèque de la réalité. Quelles sont les dispositions à prendre<br />

pour qu’un système fonctionne de manière satisfaisante ? C’est l’objet de ce deuxième chapitre.<br />

Ne nous le cachons pas ! Les écueils qu’une équipe de projet peut rencontrer dans l’utilisation<br />

d’EVM sont nombreux. D’ailleurs, les standards EVM ont évolué pour éviter que certains effets<br />

indésirables ne se produisent de manière systématique. Pour éviter ces écueils, ces standards<br />

donnent des cadres prescriptifs précis. Ce sont par exemple les 32 critères du standard<br />

ANSI n° 748, hérités du C/SCSC. Ces 32 critères sont énumérés et commentés dans l’Annexe 1<br />

de l’ouvrage de Fleming et Koppelman [Fle00].<br />

Soit dit en passant, il s’agit d’un ouvrage qui fait vraiment référence en la matière. Une synthèse<br />

de ces critères est donnée dans les quelques pages qui suivent. Il s’agit d’une « adaptation<br />

honnête » 15 des 32 critères de Fleming et Koppelman. Les quelques uns marqués d’une<br />

astérisque (*) ne sont guère applicables qu’au contexte des projets publics américains. Dans la<br />

perspective de ce livret, ils peuvent être laissés de coté.<br />

La seconde partie de ce chapitre donnera quelques prescriptions pour constituer un portefeuille<br />

d’activités cohérent, ainsi que quelques indications pour prendre en compte la gestion des<br />

changements dans un système EVM. Cette seconde partie vient compléter la première — les 32<br />

critères EVM — en établissant un lien plus étroit avec deux constituantes fondamentales de tout<br />

système de management de projet que sont la gestion du contenu d’une part et le management<br />

des risques d’autre part.<br />

15 Une traduction littérale n’aurait peut-être pas eu de sens dans le contexte de ce livret.


Les 32 critères EVM<br />

Critères organisationnels<br />

09005 1.0 31<br />

Critère n° 1. Établir une liste structurée et dûment autorisée des activités du projet —<br />

l’organigramme des activités (Work Breakdown Structure, WBS en anglais).<br />

Critère n° 2. Doter le projet d’un organigramme fonctionnel (Organization Breakdown Structure,<br />

OBS en anglo-américain) incluant le cas échéant les tiers qui ont la responsabilité de sous<br />

ensembles du projet (sous-traitants, partenaires…) ; assigner un responsable unique à chacune<br />

des activités.<br />

Critère n° 3. Mettre en place un système d’information de management de projet unique, afin<br />

d’intégrer dans un même outil l’ensemble de l’information programmatique : liste des activités,<br />

planifications calendaire et budgétaire…<br />

* Critère n° 4. Mandater une personne pour exercer un contrôle sur les dépenses indirectes.<br />

Critère n° 5. Mettre en place une structure intégrative permettant de mesurer la performance —<br />

enregistrer l’avancement physique réalisé — au niveau des constituants de base des<br />

organigrammes des activités et fonctionnel du projet.<br />

Critères de planification<br />

Critère n° 6. Ordonnancer les activités — planification calendaire — en respectant les contraintes<br />

de dépendance entre activités.<br />

Critère n° 7. Identifier les constituants physiques du projet, les jalons, les objectifs de<br />

performance technique ainsi que tout autre indicateur utilisable pour la mesure de l’avancement<br />

physique.<br />

Critères n° 8 à n° 10. Établir et échéancer un budget (coûts directs) pour le projet ; prévoir des<br />

provisions budgétaires pour des activités autorisées mais non encore ordonnancées.<br />

Critère n° 11. S’assurer que toutes les activités autorisées disposent d’allocations budgétaires<br />

appropriées et équilibrées.<br />

Critère n° 12. Identifier les activités dites « à niveau d’effort » pour lesquelles aucun mécanisme<br />

de mesure de la performance n’est possible (pour plus de précisions sur ces activités, cf. section<br />

Constitution d’un portefeuille d’activités, page 32).<br />

Critère n° 13. Établir et échéancer un budget (coûts indirects) pour le projet.<br />

Critère n° 14. Constituer les réserves pour faire face à l’imprévu (la PMR, Project <strong>Management</strong><br />

Reserve dont il a été question à plusieurs reprises dans le chapitre précédent).<br />

Critère n° 15. S’assurer que l’allocation budgétaire affectée aux activités (coûts directs et<br />

indirects) et le montant des réserves s’inscrivent dans l’enveloppe budgétaire totale allouée au<br />

projet (le TAB, Total Allocated Budget dont il a aussi été question le chapitre précédent).<br />

Critères comptables<br />

Critère n° 16. Enregistrer les dépenses en cohérence avec les structures mises en place pour<br />

gérer le projet : organigrammes des activités et fonctionnel, codes budgétaires.<br />

Critères n° 17 et n° 18. Utiliser l’organigramme des activités pours imputer les dépenses sur les<br />

activités ; proscrire la ventilation des dépenses sur plusieurs activités.<br />

Critère n° 19. Enregistrer les dépenses indirectes.


09005 1.0 32<br />

* Critère n° 20. Lorsque cela est approprié, identifier les coûts unitaires, les coûts unitaires<br />

équivalents et les coûts par lots.<br />

Critère n° 21. Extraire du système comptable de l’entreprise et/ou du système d’information de<br />

management projet, les coûts encourus et avancements physiques réalisés, toujours en cohérence<br />

avec les structures mises en place pour gérer le projet.<br />

Critères d’analyse<br />

Critère n° 22. Comparer périodiquement (sur une base mensuelle a minima) les valeurs planifiées<br />

et les valeurs acquises d’une part, les coûts encourus et les valeurs acquises d’autre part.<br />

Critère n° 23. Si écart il y a, identifier les causes de ces écarts ; s’ils le demandent, porter à la<br />

connaissance des mandants les raisons de ces écarts.<br />

* Critères n° 24 et n° 25. S’ils le demandent, rendre compte aux mandants des coûts encourus<br />

imputables à des dépenses indirectes.<br />

Critère n° 26. Le cas échéant, mettre en œuvre les actions correctives prises par le management<br />

pour reprendre la main sur des dérives.<br />

Critère n° 27. Réévaluer les estimations à achèvement en prenant en compte les niveaux de<br />

performance atteints aux dates de situation d’avancement.<br />

Critères de configuration<br />

Critère n° 28. Intégrer au système d’information de management de projet les modifications<br />

autorisées.<br />

Critères n° 29 et n° 30. Le cas échéant, procéder à des ajustements budgétaires et/ou à des<br />

corrections dans la limite des activités et modifications autorisées.<br />

Critère n° 31. S’assurer qu’aucun ajustement n’a été fait, exception faite des modifications<br />

autorisées (!).<br />

Critère n° 32. Documenter toutes les modifications ayant eu des conséquences sur la réserve de<br />

management (PMR).<br />

Les promoteurs d’EVM tiennent ces critères pour pragmatique, cela va sans dire ! Comment<br />

opérationnellement les mettre en place, c’est l’objet des deux prochaines sections. L’une traite de<br />

la constitution d’un portefeuille d’activité, l’autre de la gestion des changements.<br />

Constitution d’un portefeuille d’activités<br />

D’aucuns l’auront compris, la clé de voute d’un système EVM est un portefeuille d’activités<br />

cohérent. Que doit-on entendre par cohérent :<br />

• Ni trop d’activités, ni trop peu :<br />

– Trop d’activités rend leur gestion difficile. Il ne faut pas perdre de vue qu’un portefeuille<br />

d’activités est un formidable outil de coordination et de communication. Il est primordial qu’il<br />

soit facilement appréhendable par tout un chacun, afin que tous les contributeurs du projet<br />

se l’approprient.<br />

– Trop peu d’activités s’avère préjudiciable à la bonne coordination du projet.<br />

Combien d’activités alors ? Pour un petit projet, une vingtaine d’activités peut parfois suffire.<br />

Pour un grand projet, 200 ou 300 activités — comprendre « activités non achevées » ; cette<br />

nuance prend tout son sens dans les lignes qui suivent — apparaissent être un maximum.<br />

Certains diront que 300 activités, pour un projet de quelques milliards d’euros sur une demidouzaine<br />

d’années, ce n’est vraiment pas beaucoup. Les promoteurs d’EVM ont prévu de quoi


09005 1.0 33<br />

contourner cette difficulté en distinguant les activités sur le court terme, des macro-activités sur<br />

le plus long terme.<br />

La Figure 25 donne une illustration du fonctionnement de cet aménagement — disons-le, plutôt<br />

approprié aux projets d’une certaine ampleur —. En tout début de projet, seules les activités<br />

programmées à court terme sont des « activités » au sens d’EVM. Celles sur le long terme sont<br />

gérées comme des macro-activités. Activités + macro-activités sont moins que 300. Au fur et à<br />

mesure que le projet avance, les macro-activités qui se profilent sur le court terme sont<br />

converties en activités. Lorsque le projet touche à sa fin, le portefeuille d’activités ne contient<br />

plus aucune macro-activités. Entendons-nous bien, une fois le projet terminé, le nombre total<br />

d’activités qui auront été gérées peut allègrement dépasser le milliers.<br />

Figure 25. Activités à court terme vs. macro-activités à plus long terme.<br />

• Des activités de durées ni trop courtes, ni trop longues :<br />

– Un portefeuille constitué d’activités aux durées trop courtes a pour conséquence une inflation<br />

du nombre des activités, ce qui est préjudiciable à l’efficacité du système de management de<br />

projet.<br />

– Une activité de durée trop longue se traduit par une perte de contrôle sur l’activité (la<br />

manifestation du « syndrome du 90% » par exemple).<br />

Qu’elle est alors une durée appropriée pour une activité ? Personne ne se risquerait à affirmer<br />

qu’il existe une réponse ferme et définitive à cette question ! Il n’existe pas de valeur minimale.


09005 1.0 34<br />

Concernant une valeur maximale, la règle suivante permet certainement de garantir une<br />

cohérence au système de management de projet : la durée maximale d’une activité doit être<br />

inférieure à 10% de l’enveloppe temporelle allouée au projet.<br />

Pour être correctement gérable, un projet d’une année (12 mois) doit être constitué d’activités<br />

de durées d’au plus 1,2 mois — arrondissons à 5 semaines !<br />

Un projet de 5 mois (une vingtaine de semaines) doit être constitué d’activités d’au plus 2<br />

semaines.<br />

Si pour des raisons pratiques un petit nombre d’activités fait exception à cette règle, rien de<br />

bien grave !<br />

Quid d’un projet de 5 ans ? Des activités ne dépassant pas 6 mois ? Non ! Le management de<br />

projet perdrait vite le contrôle de la situation. Une seconde règle se substitue à la première dès<br />

que le projet s’étale sur plus de 3 ans : la durée maximale doit être inférieure à 3 mois.<br />

D’aucuns diront que c’est déjà passablement long !<br />

En application de ces deux règles, comment intégrer dans un portefeuille la ou les activités de<br />

direction et de gestion de projet ? Le chef de projet — et peut-être aussi quelques uns de ses<br />

proches collaborateurs — ne travailleront-ils pas sur le projet du premier jour jusqu’au dernier ?<br />

Les promoteurs d’EVM ont décidément tout prévu ! C’est justement l’objet des activités à<br />

niveau d’effort (level-of-effort activities en anglo-américain) dont il a été question<br />

précédemment dans ce chapitre (cf. Critère n° 12).<br />

Les activités à niveau d’effort dérogent à ces deux règles : aucune contrainte de durée<br />

ne s’impose à elles. L’écueil serait qu’il y en ait de trop, d’où cette troisième règle : pas<br />

plus d’une ou deux activités à niveau d’effort par centaine d’activités + macro-activités.<br />

Le contrôle de la quantité et de la durée n’est pas une condition suffisante pour assurer la<br />

cohérence d’un portefeuille d’activités de projet. Il faut que la définition de chacune des activités<br />

satisfasse quelques autres règles :<br />

• Une activité doit être placée sous l’autorité d’une et une seule personne. Une responsabilité<br />

pluricéphale ne pose aucun problème quand tout va pour le mieux, mais des que des<br />

problèmes apparaissent, il n’y a généralement plus personne pour en revendiquer la paternité !<br />

Si une activité semble avoir une responsabilité bicéphale, alors il faut faire en sorte de la<br />

partager en deux activités. C’est parfois plus facile à dire qu’à faire ; l’expérience montre que<br />

cet effort de coordination amont est très souvent justifié.<br />

• Tout comme un projet, une activité doit avoir une date de début et une date de fin. Cela semble<br />

aller de soi, mais dans certains contextes de projet (activités externalisées à obligation de<br />

résultats notamment), la date prévisionnelle de début comme celle réelle de début ne sont pas<br />

toujours faciles à discerner.<br />

• Une activité doit consommer des ressources. Quelque soit la nature de l’activité — activité au<br />

sens d’EVM, macro-activité, activité à niveau d’effort, mais aussi activité d’études, de<br />

fabrication, d’intégration… —, un budget doit lui être alloué. Si aucun budget n’est requis, c’est<br />

certainement que l’activité n’en n’est pas une. Auquel cas, ne serait-ce pas tout simplement un<br />

délai ?<br />

• Une activité doit produire un résultat qui doit apporter de la valeur — dans le sens d’EVM — au<br />

projet. Une activité qui requiert des ressources mais n’apporte aucune valeur au projet doit sans<br />

aucun doute être éliminée du portefeuille d’activités du projet !<br />

• Enfin, le résultat ou les résultats attendus d’une activité doivent être mesurables. À un instant<br />

donné, le responsable de l’activité en question doit pouvoir dire objectivement la part du travail


09005 1.0 35<br />

qui est réalisée. Ce dernier point peut sembler trivial, mais l’expérience montre qu’il n’est pas<br />

toujours facile d’obtenir une « métrique » de qualité pour chacune des activités du projet.<br />

Pour terminer et pour résumer tout ce qui vient d’être dit au sujet du portefeuille d’activités, qu’estce<br />

qui distingue une activité, d’une macro-activité, d’une activité à niveau d’effort. Ces deux<br />

dernières répondent aux mêmes exigences que la première aux deux exceptions suivantes près :<br />

• la contrainte de durée ne s’applique pas aux macro-activités et activités à niveau d’effort<br />

• pour l’une comme pour l’autre, il n’est pas requis de spécifier une « métrique » pour une<br />

appréciation objective de l’avancement physique.<br />

Les activités à niveau d’effort ne possédant pas en soi de quoi apprécier leur avancement<br />

physique, celui-ci est évalué comme proportionnel aux ressources dépensées, si bien que pour<br />

une telle activité i :<br />

CVi T = EVi T – ACi T = 0 jusqu’à ce que EVi T = BACi.<br />

Gestion des changements<br />

Comme nous avons pu le rappeler à plusieurs reprises, un projet est par nature une activité<br />

spéculative. Des évènements plus ou moins prévisibles peuvent affecter son bon déroulement. La<br />

survenue de tels évènements à toujours une conséquence sur le système EVM : difficultés<br />

techniques, mauvaise coordination, retards, surcoûts, perte de valeur, réorganisation… Les<br />

conséquences de ces évènements doivent être répercutées dans le système de management de<br />

projet, afin de les entériner, de faire en sorte que la planification du reste à faire les intègre, et cela<br />

pour deux raisons : faciliter la coordination et répartir au mieux les ressources restantes.<br />

Le système de gestion des changements est le sous-ensemble du système de management de<br />

projet qui formalise la prise en compte de tout ou partie des conséquences de la survenue<br />

d’évènements non planifiés.<br />

Les règles de gestion appliquées à ce sous-ensemble sont simples dans leur formulation. La<br />

pratique montre toutefois que les suivre n’est pas toujours chose aisée.<br />

La question qui se pose aux parties prenantes d’un projet est de savoir, parmi les écarts qui se<br />

manifestent tout au long du déroulement du projet, quels sont ceux qu’il faut prendre en compte et<br />

ceux qu’on peut ne pas considérer.<br />

Sur le principe, deux approches s’affrontent :<br />

• L’une consiste à dire qu’un écart est un écart, et qu’il faut le gérer ainsi jusqu’à l’achèvement du<br />

projet, sans à aucun moment tenter à l’intégrer à la référence. Un peu à la manière d’un contrat<br />

et de ses avenants.<br />

En fin de projet, l’influence des écarts peut s’avérer importante. Si ceux-ci n’ont pas été pris en<br />

compte dans le planning de coordination par exemple, il y a fort à parier que ce document de<br />

coordination non actualisé finisse par s’avérer totalement inutile !<br />

• L’autre, diamétralement opposée consiste à considérer qu’un projet est spéculatif par nature,<br />

que les incidents qui risquent de l’émailler peuvent être nombreux, et que pour faciliter la<br />

coordination du projet, il faut que les écarts constatés soient au plus vite intégrés à une<br />

référence actualisée.<br />

Si à tout instant la référence est mise à jour, les indicateurs EVM deviennent muets<br />

(SVT = CVT = 0 et SPIT = CPIT = 1). Ils sont alors d’aucune utilité !<br />

La vérité se trouve bien entendu entre ces deux extrêmes : les écarts mineurs, peu préjudiciables<br />

à la coordination, peuvent être omis. Ceux plus importants, susceptibles d’affecter plus gravement<br />

la coordination du projet doivent être rapportés aux mandants, puis, avec l’assentiment des parties<br />

prenantes peuvent être intégrés à référence.


09005 1.0 36<br />

Pratiquement : tout écart doit donner lieu à une fiche d’écart (fiche de demande de modification,<br />

fiche de changement… peu importe la dénomination), fiche qui doit être instruite avant d’être<br />

approuvée, et intégrée au système de management de projet.<br />

La tâche de rédaction de cette fiche consiste en la description de l’écart, en la proposition d’une ou<br />

de plusieurs solutions, en l’estimation des conséquences techniques, financières et<br />

programmatiques (aménagements à prévoir sur le planning de coordination), sans omettre<br />

l’inventaire des actions à entreprendre afin d’intégrer l’écart en question dans le système de<br />

management de projet.<br />

Vient ensuite l’instruction proprement dite qui consiste à soumettre la fiche d’écart à discussion<br />

afin d’apprécier au mieux les conséquences qui en résultent et de rechercher la solution optimale.<br />

En fonction de la nature de l’écart, mandants, parties prenantes et/ou experts externes peuvent<br />

être sollicités. Une fois cette instruction faite, les protagonistes clés peuvent décider d’approuver<br />

— d’entériner, de viser, de valider… peu importe le terme — la modification, et donc donner ordre<br />

à faire évoluer la référence en conséquence. Il peuvent aussi estimé que la demande de<br />

changement n’est pas recevable ou justifiée, et la rejeter.<br />

Lorsque toutes les actions identifiées sont faites, la fiche d’écart est réputée soldée, et archivée<br />

comme telle. Les contributeurs peuvent dès lors œuvrer suivant les dispositions de la référence<br />

ainsi actualisée, sans grand risque de coordination.<br />

En résumé, seuls les changements substantiels — critère à l’appréciation des parties-prenantes (!)<br />

— approuvés par le mandant peuvent être intégrés à la référence.<br />

Afin de ne pas semer la confusion dans l’interprétation des rapports d’avancement, quelques<br />

règles s’appliquent quant à la manière de répercuter les changements sur les courbes en S.<br />

Suivant la périodicité de rapportage choisie pour le projet et la proximité qu’entretiennent<br />

mandants et équipe de projet, les pratiques peuvent différer. Sauf incident majeur, les demandes<br />

de changements sont soumises au mandant en annexe du rapport d’avancement. Dans ce<br />

rapport, l’information EVM (PV, EV, AC…) rend compte de l’impact des derniers incidents de<br />

parcours suivant une référence qu’on pourrait qualifier d’antérieure aux évènements suscitant les<br />

demandes de modification de la référence. Cette référence est antérieure d’au moins une période<br />

d’avancement. La Figure 26 ci-après illustre ce propos.<br />

Figure 26. Actualisation de la référence.<br />

Les courbes AC(t) et EV(t) ont été volontairement omises sur cette figure pour en facilité la lecture.<br />

Quelle interprétation doit-on en faire ? À la date T-1, les parties prenante on décidé d’entériner des<br />

changements, avec effet à la date T. Ces changements affecte la courbe PV(t). Une nouvelle


09005 1.0 37<br />

courbe PV(t) est établies. À la date T, une discontinuité s’opère pour passer de la courbe PV(t)<br />

initiale à la courbe PV(t) révisée. Ce « petit saut » (quick chez les anglais) peut être soit positif,<br />

mais il est plus souvent négatif (!), comme dans notre exemple. Les coûts encourus et valeurs<br />

acquises sont toujours comparés à la courbe PV(t) de référence qui apparaît en trait continu sur la<br />

Figure 26 : la courbe PV(t) initiale jusqu’à la date T (exclue) ; la courbe PV(t) révisée à partir de la<br />

date T (inclue).<br />

La question qui se pose en suite concerne l’usage de la réserve de management par l’équipe de<br />

projet, ou plus précisément de quelle marge de manœuvre dispose l’équipe de projet ? Peut-elle<br />

l’utiliser comme bon lui semble et en toute circonstance ?<br />

Oui, dans la mesure où le chef de projet doit absolument disposer d’une marge de manœuvre pour<br />

exercer son entière responsabilité dans la conduite du projet. Un chef de projet qui ne dispose pas<br />

d’une marge de manœuvre n’est pas un chef de projet ! Il peut s’agir d’un coordinateur, d’un<br />

facilitateur, d’un émissaire… mais pas d’un chef de projet dans le sens donné à cette fonction par<br />

les diverses associations professionnelles de management de projet.<br />

Juste un bémol peut-être pour rappeler que le chef de projet doit rendre compte du bon usage qu’il<br />

en fait ! La confiance n’exclut pas le contrôle.<br />

EVM, concepts intermédiaires<br />

Imaginons que vous venez d'être promu à la tête d'un tout nouveau projet. Animé d'une volonté<br />

inconditionnelle de mener ce projet à bien, votre première démarche consiste indubitablement à<br />

produire le sacro-saint organigramme des tâches du projet, la fameuse WBS. Qui plus est,<br />

supposons que vous êtes une personne charismatique, à la fibre résolument analytique, doué<br />

d'excellentes capacités de modélisation. Ces qualités font de vous un excellent candidat pour<br />

produire un organigramme des tâches digne de ce nom : pragmatique, consensuel et autant que<br />

faire se peut, exhaustif.<br />

La phase de planification achevée, le projet débute. Votre équipe se met très rapidement et très<br />

sérieusement à l'ouvrage, en respectant scrupuleusement les plans établis. Jusque là, tout va très<br />

bien. Le projet semble se réaliser conformément aux plans ; les indicateurs d'avancement et de<br />

performance sont au beau fixe. Néanmoins en tant que chef de projet soucieux et prévoyant, vous<br />

commencez à vous préoccuper du caractère réellement effectif de ces indicateurs.<br />

Votre mandant ne tarde pas non plus à se poser les mêmes questions : quel est le vrai<br />

avancement de votre projet. En tant que personne responsable, vous obtempérez, et ôtez<br />

temporairement votre casquette de chef de projet pour prendre celle de l'auditeur. Ce à quoi vous<br />

vous attendiez n'était pas qu'un mauvais pressentiment ! En vous vous attardant sur l'avancement<br />

réel de chacune des activités en cours ou tout juste achevée, vous vous rendez compte que le<br />

chemin parcouru est effectivement plus court que celui annoncé ! Pour vous mettre dans une<br />

situation encore plus embarrassante vis-à-vis de votre mandant, vous vous apercevez que des<br />

indications laissaient déjà apparaître un avancement non conforme aux plans. C'est vraiment à<br />

regret que vous vous trouvez contraint de reconnaître que votre projet rencontre des difficultés, et<br />

que ces difficultés étaient latentes depuis quelque temps déjà.<br />

Comment avez-vous pu vous laisser piéger ainsi ? Après avoir rassemblé toutes vos observations,<br />

vous vous rendez compte que la chausse trappe à l'origine de vos problèmes est votre mode de<br />

management de projet. Celui-ci s'intéresse essentiellement aux tâches à accomplir, autrement dit,<br />

les processus, délaissant complètement les livrables. Vous vous êtes abusivement laissé porté par<br />

l'hypothèse que si les processus vont, les livrables suivent.


09005 1.0 38<br />

Ce mauvais rêve est trop souvent réalité et nombreux sont les chefs de projet qui ont eu à aller<br />

aux travers de telles épreuves. Un système EVM est-il d’un quelconque secours pour ne pas avoir<br />

à éprouver de telles situations ? Disons, plutôt plus que moins !<br />

Pas suffisamment si le modèle EVM de votre projet est orienté processus : le modèle décrit dans<br />

les chapitres 1 et 2. Plus vraisemblablement si le modèle EVM est orienté livrable. C’est ce modèle<br />

qui est décrit dans les pages qui suivent.<br />

Disons d’emblée que le concept EVM sur lequel repose ce qui est exposé dans ce troisième<br />

chapitre est inchangé, les concepts présentés ans ce court chapitre portent essentiellement sur le<br />

portefeuille des activités du projet, sur la nature de l’information qui le constitue.<br />

Orienté processus vs. orienté livrables<br />

Les approches traditionnelles de management de projet s’intéressent principalement aux<br />

processus : le sacro-saint organigramme des tâches en est le parfait exemple.<br />

La notion de « produit » est bien sûr prise en compte : l’organigramme technique (appelé PBS<br />

pour Product Breakdown Structure ou Project Breakdown Structure outre-Manche ou outre-<br />

Atlantique) en est la preuve. Rappelons l’objet de cette structure arborescente : la description de<br />

l’objectif (physique ou intellectuel) final du projet en systèmes, sous-systèmes, composants, souscomposants…<br />

ou de manière plus générique, en composants. Tout comme il n’existe pas de<br />

démarche vraiment formelle pour élaborer un organigramme des tâches, il n’en existe pas non<br />

plus pour construire un organigramme technique.<br />

Autant il est possible — voire préconisé — de maintenir une lien entre les organigrammes des<br />

tâches et fonctionnel : la matrice de responsabilité du projet, autant les praticiens ne cherchent pas<br />

vraiment à faire le lien entre « produits » et « activités ». Et pour cause, il n’est pas facile à faire<br />

par manque d’un intermédiaire. Le « livrable » peut justement jouer ce rôle d’intermédiaire !<br />

Donc, les approches traditionnelles de management de projet s’intéressent principalement aux<br />

processus. Les modèles de données préconisés s’intéressent pour l’essentiel : aux activités, aux<br />

ressources de toutes natures qui leur sont allouées, aux dates, aux contraintes techniques et<br />

logistiques. Les préconisations faites pour gérer une « métrique d’avancement » sont pour le<br />

moins sommaire.<br />

Le management de projet orienté livrables part du principe que l’objectif final est pour le mandant<br />

plus important que le projet lui-même. L’équipe de projet n’a-t-elle pas obligation de résultat ?<br />

Autrement dit, le livrable est plus important que le processus de réalisation de celui-ci.<br />

Cette règle pleine de bon sens à l’échelle du projet doit s’appliquer de manière identique à l’échelle<br />

des activités du projet : les livrables constituant le résultat de la réalisation de chacune des<br />

activités est plus important que l’activité en tant que processus.<br />

Pour qu’un système de management de projet orienté livrables fonctionne, il faut qu’il lien existe<br />

entre activités et livrables. Il faut donc que la notion de livrable soit intégrée au modèle de donnée.<br />

Que disent les détracteurs de cette approche ? Généralement ils font la remarques que de<br />

manière intrinsèque, les approches traditionnelles sont orientées livrables. Ce qui est tout à fait<br />

exact. Ce qui distingue l’approche traditionnelle de l’approche livrables, c’est juste une<br />

formalisation de cet état de fait.<br />

Qu’est-ce qu’un livrable ?<br />

Une définition formelle pourrait être : un « livrable » est un « produit » caractérisé par un niveau de<br />

finition.


09005 1.0 39<br />

Prenons un exemple simple : une brouette. Une brouette est un produit. Par contre : une brouette<br />

étudiée, une brouette spécifiée, une brouette fabriquée, une brouette livrée à son client, sont<br />

plusieurs livrables associés à un même produit.<br />

Une forme substantive suffit à décrire un produit. Il faut associer un qualificatif de finition à cette<br />

forme substantive pour qu’elle ait la syntaxe d’un livrable.<br />

Prenons un autre exemple : soit un projet simple constant à rédiger un rapport. La réalisation de ce<br />

rapport passe par plusieurs étapes : se mettre d’accord sur le contenu du rapport ; produire une<br />

première épreuve du rapport ; soumettre cette première épreuve à relecture ; produire une<br />

seconde épreuve du rapport ; soumettre cette seconde épreuve à approbation ; procéder à<br />

l’édition finale du rapport ; envoyer une copie du rapport aux destinataires. Se dessinent là les<br />

activités — séquentielles — d’un projet éditorial.<br />

Les livrables associables à ces activités pourrait être formulés ainsi : contenu du rapport établi ;<br />

première épreuve produite ; première épreuve relue ; seconde épreuve produite ; seconde épreuve<br />

approuvée ; édition finale du rapport faite ; copies envoyées aux destinataires.<br />

Pour apporter de la précision à l’exercice de planification, on pourrait apporter plus de détail dans<br />

la définition des activités : une vingtaine d’activités au lieu de sept ! En agissant ainsi, on<br />

apporterait de la précision au modèle, mais aussi de la lourdeur de gestion.<br />

On peut aussi plus simplement, formuler d’autres livrables et les associées aux activités déjà<br />

décrites : une activité peut donc se voir associer plusieurs livrables. Et c’est justement là l’idée<br />

forte du management de projet orienté livrables : maintenir un portefeuille d’activités de taille<br />

raisonnable afin qu’il puisse être géré facilement, associer un ou plusieurs livrables à chacune des<br />

activités pour suivre leur avancement avec finesse, pour doter chacune des activités du projet<br />

d’une « métrique » d’avancement fiable.<br />

Reprenons : un produit est un constituant définit en tant que tel, à ce titre, il est indépendant du<br />

temps. Un livrable est dépendant du temps : pour un produit donné, on dénombrera donc un<br />

ensemble de livrables correspondants aux états d’achèvement transitoires. Il existe aussi des<br />

livrables qui sont indépendants des constituants de l’objet final. Ça peut être le cas d’outillages<br />

requis, de documents de gestion de projet ou d’ingénierie nécessaires à la bonne gestion et<br />

coordination du projet.<br />

Un libellé de livrable satisfaisant est une formulation pour laquelle on peut affirmer sans ambiguïté<br />

si elle est vraie ou fausse (livrable de type booléen), ou quelle quantité (livrable de type<br />

numérique) a été réalisée. Par quantité, il peut il peut s’agir d’unités, de mètres, de mètres carrés,<br />

de mètres cubes, de kilogrammes, de tonnes…<br />

Exemple d’un livrable de type booléen : « réunion d’enclenchement tenue ». Tant que la réunion<br />

en question n’a pas eu lieu, l’état de ce livrable sera faux (ou non, 0, 0%). Dès que cette réunion a<br />

eu, l’état de ce livrable devient vrai (ou oui, 1, 100%).<br />

Exemple d’un livrable de type numérique : soit une activité qui consiste à fabriquer 10 équipements<br />

identiques. Une seule activité peut suffire pour identifier le processus de fabrication en question.<br />

Un unique livrable de type numérique est associé à cette activité : « 10 équipements fabriqués »<br />

qui a pour métrique 10 unités. Tant qu’aucun équipement n’est fabriqué, l’avancement physique de<br />

l’activité sera : 0 unité / 10 unités = 0%. Si, alors que l’activités n’est pas encore terminée, 8<br />

équipements sont fabriqués, alors l’avancement physique deviendra : 8 unités / 10 unités = 80%.<br />

Et ainsi de suite.<br />

Trois types d’activités<br />

Alors que les approches traditionnelles de management de projet ne distinguent qu’un seul type<br />

d’activité — trois dans un contexte EVM en incluant dans cette typologie les activités à niveau


09005 1.0 40<br />

d’effort et les macro-activités —, trois types d’activités sont distinguées dans la démarche orientée<br />

livrables :<br />

• les activités standards<br />

• les activités externalisées<br />

• les activités complexes<br />

auxquelles il faut ajouter :<br />

• les activités à niveau d’effort<br />

• les macro-activités (assimilables à l’un des trois types cités ci-avant).<br />

Les activités standards<br />

Ce ne sont ni plus ni moins que les activités élémentaires de l’approche traditionnelle de<br />

management de projet. Sur un diagramme de Gantt, elles sont généralement représentées au<br />

moyen d’une barre horizontale. Une activité standard devrait posséder deux livrables, mais dans la<br />

pratique, afin de pouvoir suivre au travers des livrables l’ensemble des évènements affectant le<br />

projet, et notamment les débuts et fins de ces activités standards, il est plus judicieux de leur<br />

attribuer deux livrables :<br />

• le premier correspond à la date de début prévisionnelle de l’activité, il marque donc son<br />

commencement ; le passage de l’état d’activité programmée à celui d’activité en cours<br />

• le second correspond à la date de fin prévisionnelle de l’activité, il marque donc son<br />

achèvement et donc la livraison d’un livrable.<br />

C’est par abus de langage qu’on qualifie ce premier jalon de livrable, étant donné qu’aucune<br />

livraison de quoi que ce soit lui est affecté. À moins que ne soit l’autorisation donnée au<br />

responsable de l’activité de commencer l’activité.<br />

Ce premier livrable est généralement de type booléen. Son libellé doit être formulé de telle sorte<br />

qu’il devient vrai dès que l’activité a démarrée. « Étude de détail de la brouette commencée »<br />

pourrait être un libellé de premier livrable approprié pour le début de l’activité « Faire une étude de<br />

détail de la brouette ».<br />

Le fait d’avoir obtenu un tel livrable ne signifie pas pour autant que de la valeur aura été acquise.<br />

C’est la raison pour laquelle on lui attribue un poids nul. On verra un peu plus loin ce qu’on entend<br />

par poids d’un livrable.<br />

Le second livrable est associé à l’achèvement du lot de travaux. Afin d’éviter que le « syndrome du<br />

90% » ne se manifeste avec les conséquences que l’on sait, il est important de formuler son libellé<br />

de manière non ambiguë ainsi que de lui attribuer une métrique adaptée.<br />

Toujours pour en revenir au libellé, sincèrement, des libellés tels que « Étude de détail de la<br />

brouette effectuée » ou « Caisse de la brouette finie » sont à proscrire car trop imprécis. Une étude<br />

peut être faite sans pour autant donner satisfaction ; qu’est ce que signifie « fini » ? Des libellés<br />

tels que « Étude de détail de la brouette soumise à approbation » ou « Étude de détail de la<br />

brouette approuvée » ou « caisse de la brouette peinte et réceptionnée » sont des libellés de<br />

livrables bien moins ambigus. Le fait d’approuver, de réceptionner formellement quelque chose<br />

laisse penser qu’on ne va pas revenir en arrière. L’affirmation de l’obtention du livrable a ainsi une<br />

plus grande valeur.<br />

La Figure 27 donne une représentation d’une activité standard à deux livrables. Le petit graphique<br />

de la partie supérieure de cette figure présente la manière avec laquelle cette activité devrait<br />

acquérir de la valeur : les 100% devraient être atteints à l’achèvement de l’activité.<br />

L’expression mathématique qui permet de déterminer la valeur d’avancement physique est donnée<br />

dans la partie inférieure de la figure. L’avancement physique de l’activité est une valeur intrinsèque


09005 1.0 41<br />

à l’activité, qui ne fait pas intervenir des concepts économiques tels que le budget à achèvement<br />

par exemple. L’avancement physique de l’activité est la moyenne pondérée des avancements<br />

physiques de livrables associés. Les poids associés aux livrables ont pour objet la pondération des<br />

livrables les uns par rapport aux autres.<br />

Dans le cas d’une activité standard, comme on souhaite que l’avancement physique de l’activité<br />

dépende totalement du second livrable et nullement du premier livrable, on donne un poids nul au<br />

premier livrable, et un poids de un — on aurait pu prendre n’importe quelle autre valeur non nulle<br />

— au second livrable.<br />

Figure 27. Activité standard à deux livrables.<br />

Les activités externalisées<br />

Les grands projets récents sont caractérisés par le fait que de nombreuses activités sont confiées<br />

à des entités externes à l’entreprise, au travers de contrats industriels ou d’accords de partenariat.<br />

Lorsqu’une firme est tenue à réaliser une partie de l’assiette technique du projet dans le cadre d’un<br />

contrat à obligation de résultats, d’un point de vue calendaire, le titulaire du contrat ne s’engage<br />

que sur des dates de mise à disposition, autrement dit sur des dates de fin d’activités. Les dates<br />

de début de ces activités peuvent bien sûr être communiquées, mais elles ne le sont généralement<br />

qu’à titre d’information. L’expérience montre que cette information est bien souvent de piètre<br />

valeur. Aussi, n’est-il vraiment pas nécessaire d’encombrer le système de management de projet<br />

avec des informations fantaisistes !<br />

Une activité externalisée est une activité qui n’a qu’un seul livrable : celui qui sanctionne<br />

l’achèvement de l’activité (cf. Figure 28). La caractérisation qui vient d’être faite d’une activité<br />

externalisée peut laisser penser qu’il y a divergence sur un point avec la définition donnée à une<br />

activité dans le précédent chapitre. Pour mémoire, une activité doit avoir une date de début et une<br />

date de fin. Malgré le fait qu’on serait tenté de la représenter sous l’apparence d’un jalon sur un<br />

diagramme de Gantt, une activité externalisée est bien une activité. Sauf que sa date de début<br />

n’est pas suffisamment bien connue pour la prendre en compte dans le système d’information du<br />

projet.


Figure 28. Activité externalisée à un seul livrable.<br />

Les activités complexes<br />

09005 1.0 42<br />

Un grand projet comporte toujours une part de complexité. Il ne peut raisonnablement être que<br />

l’agrégation d’activités relativement simples, constituées de un ou deux livrables. Typiquement, les<br />

activités intervenant en début du cycle de vie du projet (études d’ingénierie), ou en fin de cycle de<br />

vie (mise en service) sont bien souvent d’une nature plus complexe que celles rencontrées en<br />

phase de matérialisation, lorsque la pente de la courbe PV(t) est la plus forte.<br />

Les activités que l’on peut qualifier de complexes conduisent généralement à l’identification de<br />

plusieurs livrables, et la mesure de l’avancement physique s’appuie sur leurs obtentions. Par<br />

exemple, une activité d’études conduit à la production d’un dossier d’études constitué de plusieurs<br />

documents et dessins techniques ; ces documents, à leurs divers stades d’achèvement —<br />

épreuve, document ou dessin approuvé par l’équipe de projet — peuvent constituer des livrables<br />

de cette activité d’études. Même si ces documents et dessins doivent être préparés suivant une<br />

séquence particulière, des itérations successives et points de décision jalonnent indubitablement le<br />

processus de production de ceux-ci. Les promoteurs de l’approche DSM (Design Structure Matrix,<br />

cf. [Bro99], [Epp97], [Ste81], par exemple) se sont penchés sur cette question ; leurs investigations<br />

ont apporté d’intéressantes explications aux difficultés généralement rencontrées pour planifier des<br />

activités d’études.<br />

Un autre argument plaidant en la faveur d’une agrégation des activités d’études et de mises en<br />

service, est la difficulté d’estimation des ressources requises pour la réalisation de chacun des<br />

livrables. Le fait d’affecter des ressources à des activités complexes de manière plus globale<br />

conduit à de bien meilleures estimations.<br />

Une illustration d’une activité complexe est donnée sur la Figure 29.<br />

Figure 29. Activité complexe à plusieurs livrables.


Les activités à niveau d’effort<br />

09005 1.0 43<br />

Les activités à niveau d’effort sont d’une certaine manière le résultat de la volonté d’adopter une<br />

démarche de management de projet orientée livrables. Dans un projet, quel qu’il soit, il est des<br />

activités qui ne produisent pas des livrables tangibles. C’est typiquement le cas de l’activité qui<br />

consiste à diriger le projet, l’activité à laquelle la ressource chef de projet — et certainement celles<br />

de quelques uns de ces collaborateurs — est associée. D’où la raison d’être de quelques lots de<br />

travaux à niveau d’effort dans un portefeuille d’activités de projet cohérent. Comme il est difficile<br />

d’établir une métrique objective d’enregistrement de l’avancement physique, on considère celui-ci<br />

proportionnel au temps passé.<br />

Figure 30. Activité à niveau d’effort.<br />

Construction de la courbe PV(t)<br />

La courbe PV(t) est construite par agrégation des courbes PV(t) de chacune des activités, tous<br />

types confondus, du projet.<br />

Enregistrement des coûts encourus<br />

Les coûts encourus sont enregistrés dans le système comptable de l’entreprise — ou directement<br />

dans les système d’information de management de projet si ce dernier n’est pas interfacé au<br />

système comptable — et imputés au projet, suivant la structure budgétaire, d’une manière tout à<br />

fait identique à celle décrite dans les deux premières sections.<br />

Enregistrement de la valeur acquise<br />

Si différence il y a entre un environnement EVM classique et un environnement orienté livrables,<br />

c’est au niveau de l’enregistrement de la valeur acquise, puisque celle-ci se fait au niveau de<br />

l’ensemble des livrables du projet et non au seul niveau des activités. Au lieu de s’interroger sur<br />

l’état d’avancement physique d’une activité — non commencée, en cours ou terminée —, on<br />

s’interroge sur le franchissement des livrables : non encore franchi, partiellement franchi ou<br />

totalement franchi !<br />

Le lecteur exigeant trouvera dans l’expression ci-après une manière formelle de calculer la valeur<br />

acquise d’un projet à un instant t donné. Pour les livrables de type booléen, QTj = 1.


EVM, concepts avancés<br />

09005 1.0 44<br />

Qu’entend-on par les concepts avancés d’EVM ? Essentiellement ceux qui ne sont pas<br />

indispensables à celle ou celui qui n’a pas à gérer un projet d’une certaine ampleur, ou fortement<br />

externalisé, ou encore fortement spéculatifs.<br />

Les idées qui sont présentées dans ce quatrième chapitre portent essentiellement la prise en<br />

compte des risques économiques et commerciaux dans les projets.<br />

EVM et l’inflation<br />

Il n’aura échappé à personne que l’appréciation de la valeur d’un projet s’exprime en unités<br />

monétaires. Chacun sait aussi que l’inflation agit sur la valeur des choses. Aussi, même si<br />

intrinsèquement elle est la même, la valeur d’un même projet évaluée à quelques années<br />

d’intervalle conduira à des BAC différents.<br />

L’inflation agit à l’intérieur même d’un projet. Deux activités en tous points identiques doivent se<br />

voir attribuer la même valeur ; elles doivent recevoir le même budget à achèvement BAC ! Et cela<br />

même si leurs périodes de réalisation sont espacées de plusieurs mois ou de quelques années.<br />

Par ailleurs, il apparaît parfaitement normal à tout un chacun que la plus précoce de ces deux<br />

activités coûte moins cher que la plus tardive. Il n’y a aucune raison pour que le management de<br />

projet puisse déroger aux principes fondamentaux de la finance !<br />

Deux approches d’estimation<br />

Il existe deux approches pour d’estimation : celle qui consiste à dire que toutes les dépenses sont<br />

données dans la monnaie du jour de la émission de l’estimation, et ce, quelque soient les dates<br />

d’échéances auxquelles ces dépenses seront acquittées. La seconde approche consiste à<br />

échéancer les dépenses estimées, et à appliquer à celles-ci un coefficient qui correspond à<br />

l’application de l’inflation aux dates des échéances en question.<br />

Illustrons chacune de ces deux situations au moyen d’un exemple. Soit un projet planifié pour<br />

couvrir une période de trois ans ; l’estimation amène à quatre échéances de paiement : une<br />

première immédiatement, les trois autres à la fin de chacune des trois années. Les temporalisation<br />

de ces échéances est donnée sur la Figure 31.<br />

Figure 31. Projet illustratif. Échéancier des paiements des dépenses estimées.<br />

En application de la première approche, il s’en suit que le coût estimé est de 300 kEUR.<br />

L’application de la seconde méthode conduit à un montant estimé différent : 311,4 kEUR dont


09005 1.0 45<br />

l’obtention est détaillée dans le Tableau 11. Dans cet exemple, l’inflation prévisionnelle est de 2,5%<br />

par an ; elle est constante sur les trois années.<br />

Échéance<br />

Estimation<br />

initiale<br />

Coefficient Estimation<br />

corrigée<br />

0 50 kEUR 1,000 50,0 kEUR<br />

1 100 kEUR 1,025 102,5 kEUR<br />

2 100 kEUR 1,051 105,1 kEUR<br />

3 50 kEUR 1,077 53,8 kEUR<br />

Total 311,4 kEUR<br />

Tableau 11. Projet illustratif. Calcul de l’estimation en prenant en compte l’inflation.<br />

À la lecture de ces deux résultats, lequel choisir pour fixer un budget et construire la courbe PV(t)<br />

du projet ? La réponse est fonction de ce que l’on inclut dans la réserve de management.<br />

Mais avant de voir dans la forme comment ce facteur économique peut être inclus dans un<br />

système EVM, discutons sur le fond de chacune de ces deux approches.<br />

La première approche suppose que le projet vit dans un environnement exempt d’inflation, ce qui<br />

n’existe pas. Si les parties prenantes du projet décident de se lancer dans le projet sans<br />

dimensionner la réserve de management pour faire face aux effets de l’inflation, la santé<br />

économique du projet risque d’en être affectée. Lorsque les premiers symptômes de cet oubli se<br />

manifesteront, qui du donneur d’ordre ou du maître d’œuvre acceptera d’en couvrir les<br />

conséquences ?<br />

La seconde approche suppose qu’on est en mesure d’estimer l’inflation sur les années couvrant la<br />

plage de réalisation du projet. Constatant que les experts en conjonctures économiques ont de la<br />

peine à donner des indices d’inflation un tant soit peu précis et fiables sur deux à trois années —<br />

qui se risquerait à avancer le coût du pétrole dans 12 mois ? —, comment un analyste de projet<br />

peut-il raisonnablement prévoir les coefficients de la troisième colonne du Tableau 11 pour<br />

plusieurs années ?<br />

L’une comme l’autre de ces deux approches pose des problèmes. Ces effets économiques sont un<br />

fait qu’il faut prendre en compte. En plus de celle qui consiste à ne rien faire (!), satisfaisante pour<br />

les projets peu ou pas affectés par ce phénomène — les projets dont la durée est inférieure ou<br />

égale à deux ans ; les projets qui ne consomment pas de ressources financières —, il existe trois<br />

manières d’aborder la question et de la prendre en compte dans un système EVM.<br />

Provision pour inflation<br />

Commençons par celle qui consiste à ne rien faire, ou plutôt à constituer une provision pour<br />

inflation.<br />

L’approche la plus simple consiste donc à estimer les coûts du projet en les considérant comme<br />

actuel. Les effets de l’inflation sont laissés de coté. Ils peuvent le cas échéant être envisagés sous<br />

la forme de provision dans la réserve de management.<br />

Un préalable est la prise de conscience du donneur d’ordre et le maître d’ouvrage quant aux effets<br />

de l’inflation sur le projet. Ensuite, de deux choses l’une :<br />

• Soit ils se mettent d’accord, et le donneur d’ordre alloue une enveloppe budgétaire spécifique, à<br />

porter aux provisions (PMR), pour faire face à l’inflation.<br />

• Soit ils se mettent d’accord pour revoir régulièrement la dotation totale attribuée au projet<br />

(TAB), et compenser la part de l’écart CV due à l’inflation.


09005 1.0 46<br />

Dans l’hypothèse où l’équipe de projet aurait son mot à dire pour choisir une approche plutôt<br />

qu’une autre, il va de soi que la seconde est à préférer.<br />

Estimation de l’inflation<br />

La deuxième approche consiste à estimer l’inflation, à l’appliquer aux dépenses et donc au budget<br />

les coefficients appropriés. Les courbes PV(t) alors établies prennent donc en compte les effets de<br />

l’inflation.<br />

Par la suite, lorsqu’une facture est reçue, elle peut être enregistrée comme un coût encouru ACT<br />

au sens d’EVM, et comparer à EVT pour apprécier l’écart CVT.<br />

Cette approche est particulièrement appréciée outre-Atlantique, notamment par les projets<br />

bénéficiant d’un financement public. L’administration américaine publie 16 les taux à appliquer aux<br />

estimations (cf. Tableau 12).<br />

Tableau 12. Taux d’inflation prévisionnels publiés en janvier 2004 par le DOE américain.<br />

L’administration américaine distingue cinq catégories de projets, et impose des taux différents pour<br />

chacune d’elles. C’est cinq catégories sont :<br />

• projets dans les domaines de la construction<br />

• projets dans les domaines de l’environnement (EM)<br />

• projets dans les domaines des technologies de l’information (IT)<br />

• projets dans les domaines de l’exploitation et de la maintenance (O&M)<br />

• projets dans les domaines de la recherche et du développement (R&D).<br />

Les colonnes rate donnent les taux d’inflation prévisionnels annuels ; les colonnes index, les<br />

coefficients à appliquer aux coûts estimatifs.<br />

La difficulté de mise en œuvre de cette approche tient dans la qualité des taux d’inflation<br />

prévisionnels appliqués aux estimations ! L’inflation est intégrée aux budgets. Le risque<br />

économique est — en principe — à la charge du maître d’œuvre.<br />

Si on considère que le risque économique est un risque externe sur lequel l’équipe de projet n’a<br />

que peu de contrôle, ce n’est pas un partage des risques équilibré entre donneur d’ordre et<br />

maîtrise d’œuvre.<br />

Un deuxième inconvénient tient dans la relative imprécision des budgets affectant les<br />

comparaisons entre valeurs acquises et coûts encourus.<br />

16<br />

Après avoir rendu public ces taux d’inflation prévisionnels pendant plusieurs dizaines, il semble que l’administration<br />

fédérale américaine a arrêté de les publier.


09005 1.0 47<br />

L’avantage que le praticien du management de projet peut trouver dans cette approche est, qu’une<br />

fois les budgets établis, il n’y a aucune raison de les réviser pour des motifs de conjoncture<br />

économique. Les contributeurs du projet peuvent plus facilement se les approprier.<br />

Le risque économique étant à la charge de l’équipe de projet, elle a alors tout intérêt à accélérer le<br />

rythme du projet, car plus les engagements sont faits précocement, moins ceux-ci coûtent au<br />

projet.<br />

Il semble que, hormis ceux qui sont parties prenantes dans des grands projets bénéficiant de<br />

financement publics pour lesquels cette approche est prescrite, peu de praticien l’ont adoptée.<br />

Comptabilité en deux bases<br />

Cette troisième approche trouve ses origines dans l’ingénierie. Les ingénieurs n’étant pas des<br />

économistes, ils préfèrent s’appuyer sur de l’information pertinente et laisser à d’autres le soin de<br />

la spéculation économique.<br />

Le budget du projet est établi comme si tout était acquis à la date d’établissement de ce budget.<br />

On dira que le budget est établi dans la monnaie de l’année correspondant à cette date. Une<br />

estimation faite en 2008 sera dite établie en euros de 2008 par exemple. Cette monnaie est<br />

souvent appelée monnaie initiale par les praticiens du management de projet.<br />

Ce budget pourra être revu pour des raisons techniques ou programmatiques. Il ne sera jamais<br />

révisé pour intégrer l’inflation.<br />

Si l’inflation n’est pas prise en compte au niveau du budget, c’est quelle l’est ailleurs : dans les<br />

coûts encourus. Chaque fois qu’une facture est reçue, son montant, donné en monnaie courante,<br />

est converti dans la monnaie initiale du projet. Cette opération consiste à défalquer les taux<br />

d’inflations successifs, afin que ce montant puisse être comparable à l’allocation budgétaire<br />

correspondant à la dépense.<br />

Exemple : soit une activité dont le budget alloué est de 50 kEUR de 2005 (monnaie initiale).<br />

L’activité en question est terminée et les montants des dépenses imputables à cette activité sont<br />

de 52 kEUR de 2008 (monnaie courante). Disons que l’inflation annuelle a été de 3%. L’écart coûts<br />

est-il positif ou négatif ?<br />

Si on ne prend pas garde il semble négatif :<br />

CV = EC – AC = 50 – 52 = -2 kEUR.<br />

L’erreur commise dans ce calcul d’écart est l’amalgame fait entre monnaies courante et initiale !<br />

En prenant en compte les chiffres de l’inflation sur les 3 années, il est possible d’exprimer les coûts<br />

encourus en monnaie initiale :<br />

AC = 52 kEUR de 2008<br />

= 52 / (1 + 0,03) 3<br />

= 47,6 kEUR de 2005<br />

Il s’en suit le calcul de l’écart coûts :<br />

CV = EC – AC = 50 – 47,6 = 2,4 kEUR, et est positif !<br />

Même si l’écart est positif, marquant un effort louable du projet à contenir les dépenses, il n’en<br />

demeure pas moins que les 4,6 kEUR de l’exemple devront être pris en compte d’une manière ou<br />

d’une autre.<br />

En donnant mandat à l’équipe de projet de le réaliser pour une montant donné exprimé en<br />

monnaie initiale, le donneur d’ordre sait que l’inflation n’est pas prise en compte. Il sait qu’il lui<br />

faudra débourser plus. Les droits et devoirs des divers protagonistes sont :<br />

• gestionnaire de projet : exprimer tous les coûts encourus en monnaies coutante et initiale


09005 1.0 48<br />

• donneur d’ordre : sur demande du gestionnaire de projet, accroître le budget alloué du projet<br />

d’un montant égal aux différences entre dépenses exprimées en monnaies courantes et initiales<br />

• avant que le projet ne démarre, les parties prenantes concernées doivent se mettre d’accord<br />

sur la provenance de l’information de conjoncture économique.<br />

Alors que dans la précédente approche le risque économique se trouve dans le giron de l’équipe<br />

de projet, dans cette approche, c’est le donneur d’ordre qui a à le gérer.<br />

Il est des secteurs économiques où les indices sont négatifs ! Auquel cas, l’équipe de projet doit<br />

jouer le jeu et rembourser les écarts correspondants au donneur d’ordre.<br />

L’inconvénient de cette approche est qu’il faut, pour chacun des coûts encourus enregistré dans le<br />

système d’information de management de projet, disposer de montants exprimés dans deux<br />

bases : en monnaies courante et initiale.<br />

Les avantages sont nombreux :<br />

• stabilité de l’information budgétaire<br />

• absence de spéculation sur la conjoncture économique<br />

• comparaisons entre EV et AC fiables.<br />

Actualisation des budgets<br />

On pourrait aussi qualifier cette quatrième approche d’approche hybride. Tant elle s’inspire des<br />

précédentes :<br />

• des enregistrements comptables en une seule base<br />

• pas de spéculation sur la conjoncture économique.<br />

Le budget du projet est établi comme si tout était acquis à la date d’établissement du budget. Des<br />

revues de budget périodiques — annuelles, semestrielles, trimestrielles — voire continuelle sont<br />

menées pour en réviser les montants d’un point de vue strictement économique.<br />

Ce sont généralement les entreprises qui ne sont pas très familière avec les techniques éprouvées<br />

de gestion de projet qui optent pour cette approche.<br />

Elle a l’avantage d’être simple : pas de comptabilité en deux bases, pas de nécessité d’estimer<br />

l’inflation, risque économique géré par le mandant du projet, comparaisons AC et EV relativement<br />

fiable, simplicité de mise en place.<br />

Le principal défaut qu’on lui trouve, ce sont les incessants réajustements budgétaires à opérer<br />

pour rendre les comparaisons AC et EV précises. Les contributeurs des projets utilisant cette<br />

approche de gestion se rendent vite compte de ces manœuvres budgétaires qu’ils ne<br />

comprennent pas toujours. Il s’en suit qu’ils se désintéressent de la gestion économique du projet,<br />

et cela au détriment de l’intérêt du projet !<br />

EVM et les activités externalisées<br />

Dès que les projets prennent une certaine ampleur, les entreprises qui ont la charge de les réaliser<br />

se trouvent dans l’obligation de faire appel à des tiers. Il peut s’agir de sous-traitants ou de<br />

partenaires.<br />

Des entreprises sous-traitantes peuvent se voir confier la réalisation de parties plus ou moins<br />

conséquentes du projet. Elles peuvent intervenir de deux manières : par l’intermédiaire de contrat<br />

à obligation de résultats ou par l’intermédiaire de contrat à obligation de moyens.<br />

Les contrats à obligation de moyens avaient peut-être la préférence des projets jusque dans les<br />

années 80 ou 90. Même s’ils demeurent très présents, les contrats à obligation de résultats ont


09005 1.0 49<br />

largement pris le pas sur les contrats à obligation de moyens, en particulier dans le cadre de<br />

grands projets industriels et scientifiques. Il y a plusieurs raisons à cela : la volonté des entreprises<br />

à focaliser leurs ressources sur leur cœur de métier ; la place grandissante prise par les projets<br />

dans les entreprises ; dans un marché de l’emploi difficile, l’assimilation des contrats à obligation<br />

de moyens à un délit de marchandage…<br />

Contrats à obligation de moyens<br />

Qu’entend-on par contrat à obligation de moyens ? Il s’agit de l’entreprise qui entreprend un projet,<br />

qui ne dispose pas en interne de toutes les ressources humaines nécessaires pour constituer<br />

l’équipe et qui utilise les services de société de travail temporaire pour obtenir de la part de cette<br />

dernière qu’elle mette à la disposition du projet des personnels compétents sur des périodes de<br />

plus ou moins longue durée. Les renforts en personnels ainsi acquis sont alors intégrés aux<br />

équipes de projet. L’entreprise et la société de travail temporaire sont unies par l’intermédiaire d’un<br />

contrat à obligation de moyens : la société de travail temporaire a pour obligation de mettre à la<br />

disposition de l’équipe de projet les ressources compétentes sur des périodes temporelles bien<br />

déterminées. À la rigueur, peu importe si ces personnels sont utilisés à bon ou moins bon escient,<br />

c’est à l’équipe de projet de faire les résultats produits par ces ressources externes soient<br />

optimaux.<br />

D’un point de vue EVM, la prise en compte de ressources externalisées est relativement simple : la<br />

responsabilité de la performance des activités demeure interne à l’entreprise. L’intégration de<br />

personnels en renfort requiert des moyens financiers, donc des budgets. Les factures reçues des<br />

sociétés de travail temporaire constituent une partie des coûts encourus imputables aux activités<br />

qui ont eues recours à ces renforts externes.<br />

Contrats à obligation de résultats<br />

Une équipe de projet qui ne dispose ni des moyens, ni de la compétence requis pour entreprendre<br />

la réalisation de certaines activités peut faire appel aux services d’un tiers : un sous-traitant —<br />

dénommés aussi : « contractants », « fournisseurs » ou « prestataires de services » suivant le<br />

contexte de projet et la nature du contrat — par le biais d’un contrat à obligation de résultat. Le<br />

sous-traitant se voit alors confier la réalisation d’une ou de plusieurs activités du projet. Un prix<br />

forfaitaire est convenu pour la réalisation de chacune de ces activités. Le sous-traitant est payé sur<br />

présentation de factures dès que des activités sont terminées et que les livrables attendus sont<br />

produits. Autrement dit, le sous-traitant est payé lorsque les résultats de son travail sont<br />

appréciables, et cela quelque soit l’effort consenti à la réalisation de ce travail.<br />

La prise en compte d’activités de cette nature dans un système EVM ne pose pas de problème<br />

particulier si ce n’est un peu de complication. Les difficultés rencontrées sont d’ordre économique<br />

et commercial.<br />

Première difficulté : les prix des contrats ne sont connues que lorsque ceux-ci sont négociés avec<br />

les sous-traitants retenus, donc après que le projet a démarré. Les budgets à achèvement alloués<br />

aux activités étant définis en début de projet sur la base d’estimation, il se peut qu’il existe un écart<br />

entre les BAC des activités externalisées et les prix négociés. Cet écart est qualifié de risque<br />

commercial.<br />

Comment cet écart doit-i être pris en compte ? Doit-on revoir les allocations budgétaires des<br />

activités concernées, ou s’en tenir aux allocations initiales et rendre compte des écarts entre BAC<br />

et prix par l’intermédiaire de l’écart coût CV ? L’expérience montre qu’il est plus raisonnable de<br />

revoir les allocations budgétaires des activités concernées par l’attribution d’un nouveau contrat.


09005 1.0 50<br />

Pour soutenir cette approche, on peut s’interroger sur la nature du risque commercial. Appartient-il<br />

aux risques programmatiques au même titre que des risques de d’estimation ou de gestion du<br />

projet ? Oui dans la mesure où les budgets allouées dépendent des estimations faites. La<br />

survenue du risque serait alors de la responsabilité de l’équipe de projet. Non dans la mesure où le<br />

prix d’un contrat dépend de la conjoncture économique. Il s’agit alors d’un risque externe qui doit<br />

être assuré par les parties prenantes.<br />

En effet, les projets font souvent appel à des sous-traitants dont l’activité économique s’exerce<br />

dans des environnement oligopolistiques : peu d’acteurs économiques sur un même marché. Il<br />

s’en suit que lorsque les carnets de commande sont bien remplis, les prix des offres sont plutôt<br />

élevés. Lorsque la conjoncture est moins favorable, les soumissionnaires sont plus enclins à faire<br />

des efforts commerciaux pour augmenter leurs chances de décrocher des contrats. La question<br />

qui résulte de cette situation est la suivante : dans quelle mesure l’équipe de projet est elle capable<br />

de faire de la prospective conjoncturelle pour ajuster au mieux budgets et prix des contrats. Il y a là<br />

matière à spéculation ; spéculations qui ne peut être que préjudiciable à l’une des deux parties :<br />

maîtrise d’ouvrage ou maîtrise d’œuvre.<br />

Dans la pratique, comment procéder ? Déjà, travailler à livre ouvert de la part de l’équipe de projet.<br />

Les parties prenantes doivent être informées des hypothèses retenues pour estimer les coûts des<br />

activités externalisées, et du caractère nécessairement imprécis de certains budgets.<br />

La question qui se pose ensuite concerne le dimensionnement de la réserve de management de<br />

projet pour faire face à ces risques commerciaux. De deux choses l’une :<br />

• Soit on tente d’estimer ce risque est on constitue une provision. Si la conjoncture évolue<br />

défavorablement (hausse des prix), l’écart budget-prix est compensé par prélèvement dans<br />

cette réserve. Si la conjoncture évolue favorablement (baisse des prix), c’est au bénéfice de<br />

l’équipe de projet et donc au détriment du maître d’ouvrage.<br />

• Soit on prend une posture attentiste en attendant que chacun des contrats soient négociés pour<br />

prendre les actions qui s’imposent. Si l’écart BAC – prix est négatif, c’est-à-dire si les activités<br />

externalisées coûtent plus chers que prévu, alors le donneur d’ordre compense cet écart en<br />

accroissant la dotation budgétaire totale du projet (TAB) d’un montant équivalent à cet écart. Si<br />

l’écart BAC – prix est positif, l’équipe de projet accepte de rétrocéder une partie de la TAB<br />

équivalente à ce montant.<br />

La seconde approche est certainement à préférer car bien moins spéculative. Sa contrepartie peut<br />

être l’implication des parties prenantes dans les négociations. L’équipe de projet ne possédant<br />

généralement pas de statut juridique, les maîtrises d’ouvrage sont de toute façon très impliquées<br />

dans l’attribution des contrats.<br />

À la vue des prix des contrats, les parties prenantes peuvent aussi être amenées à revoir l’assiette<br />

technique du projet, et plus globalement le mandant donné à l’équipe de projet. Lorsque la<br />

conjoncture économique évolue de manière trop défavorable, les parties prenantes peuvent<br />

décider de mettre fin prématurément au projet !<br />

Deuxième difficulté : la prise en compte de l’inflation. L’inflation se pose dans la relation entre le<br />

donneur d’ordre et l’équipe du projet, elle se pose aussi dans la relation entre l’équipe du projet et<br />

les sous-traitants, dès lors que les activités externalisées sont prévues durer quelques années.<br />

Si tel est le cas, il peut être décidé d’inclure une formule de révision de prix au contrat. Ces<br />

formules sont de la forme :


Expression dans laquelle :<br />

PT est le montant à payer à la date T<br />

P0 est le prix du contrat à la date de signature de celui-ci<br />

C, CL et CM sont trois coefficients ;<br />

L0 et M0 sont des indices économiques à la date t = 0<br />

LT et MT sont ces mêmes indices, mais à la date t = T<br />

09005 1.0 51<br />

Dans cet exemple de formule de révision de prix, L est un indice économique rendant compte de la<br />

hausse ou de la baisse du coût du travail. L’indice M quant à lui rend compte de l’évolution des<br />

matières première.<br />

Le niveau d’élaboration de la formule dépend de la nature du contrat. Si le contrat requiert<br />

essentiellement de la main d’œuvre, l’indice M est inutile. La formule sera de la forme :<br />

Si le risque économique est fortement lié au cours très évolutifs de quelques matières premières<br />

ou de sources d’énergie (dans l’exemple qui suit le cuivre (Cu), l’aluminium (Al) et le kWh<br />

électrique), l’indice L pourra être omis :<br />

Des divers coefficients C, CL et CM, c’est le coefficient C qui, dans la négociation entre le client —<br />

l’équipe de projet — et le contractant, est le plus important.<br />

Plus ce coefficient sera petit, donc proche de zéro, plus le risque économique sera transféré dans<br />

les mains du clients. S’il est proche de 1, c’est le contractant qui subira les conséquences de la<br />

hausse ou de la baisse des coûts. Le risque est également partagé si C = 0,5.<br />

Comment ceci peut-il être pris en compte dans un système EVM ? Les considérations mises en<br />

avant concernant le risque économique (cf. page 44 et suivantes) s’appliquent à de manière<br />

semblable. Si les partie prenantes ont décidé de gérer l’inflation suivant le principe de comptabilité<br />

à deux bases, il faudra alors en utiliser une troisième, intermédiaire entre la monnaie courante, et<br />

la monnaie initiale : la monnaie du contrat.<br />

Dans un tel système, l’enregistrement d’une dépense se fait de la manière suivante :<br />

• Le montant de la facture est enregistré dans le système en monnaie courante.<br />

• Ce montant est convertis dans la monnaie du contrat au moyen de la formule de révision de<br />

prix du contrat.<br />

• Pour obtenir le montant initial, on défalque à ce montant la part qui correspond à l’inflation sur la<br />

période allant du début du projet à la date de signature du contrat. Il s’agit bien de la date de<br />

signature du contrat et non de la date d’établissement de la facture !<br />

Un exemple numérique illustre ce mécanisme :<br />

Soit un projet ayant débuté au début de l’année 2003, dont une activité externalisée est estimée à<br />

50 kEUR et est prévue se réaliser en février 2007. Le contrat par le biais duquel cette activité est<br />

prévue être réalisée, est signé en 2005 ; la formule de révision de prix qui lui est associée est la<br />

suivante :<br />

L’indice L correspond au coût du travail. Cet indice était L2005 = 120 en 2005. En 2007, cet indice<br />

vaut L2007 = 132. Les indices d’inflation retenus par les parties prenantes pour les années 2003 et


09005 1.0 52<br />

2004 sont respectivement 2% et 2,2%. Le prix de cette activité, en monnaie de 2005, est de<br />

60 kEUR.<br />

Sachant que l’activité en question est terminée (EV = 50 kEUR) et que le montant de la facture uqi<br />

lui correspond est de 70 kEUR ; quel coût encouru AC doit être retenu pour calculer l’écart coût ?<br />

On commence par rechercher P0 connaissant PT :<br />

70 kEUR en monnaie courante correspondent à 67,4 kEUR dans la monnaie du contrat, c’est-à-dire<br />

en monnaie de 2005.<br />

On utilise ensuite les indices d’inflation pour passer de la monnaie de 2005 en monnaie initiale :<br />

67,4 kEUR de 2005 sont égaux à 64,6 kEUR de 2003.<br />

L’écart coût peut enfin être calculé :<br />

CV = EV – AC = 50 k – 64,6 k = -14,6 kEUR<br />

On peut alors conclure que l’activité en question accuse un surcoût de -14,6 kEUR.<br />

Partons du principe que le risque économique est compensé par le maître d’ouvrage. Lorsqu’il<br />

survient, il vient s’ajouter — ou se retrancher (!) — au TAB du projet. Quel est donc le montant à<br />

porter au TAB ?<br />

Il y a deux manières de calculer cette compensation en fonction des causes du surcoût. Si celui-ci<br />

est de nature programmatique, autrement dit, de l’entière responsabilité de l’équipe de projet, le<br />

maître d’ouvrage doit compenser le surcoût sur la base du budget à achèvement de l’activité en<br />

question. L’exercice consiste alors à appliquer les facteurs économiques au BAC de l’activité :<br />

Si la cause du surcoût est externe, il est normal que le maître d’ouvrage compense la totalité de<br />

l’écart économique qui est la différence entre le montant des coûts encourus exprimé en monnaie<br />

courante et le montant de ces mêmes coûts exprimés en monnaie initial : 70 k –<br />

64,6 k = 5,4 kEUR.<br />

Troisième difficulté : les contrats dont le prix est libellé dans une devise autre que la monnaie du<br />

projet. Même si l’avènement de l’euro dans bon nombre de pays européens a entrainé la<br />

disparition du risque de change, il n’en demeure pas moins que ce risque demeure présent dans<br />

bon nombre de situation. Comment le prendre en compte ?<br />

Disons d’abord que le prix d’un contrat se négocie. La devise dans lequel il est libellé aussi ! Si le<br />

contrat est libellé dans la devise du client, le risque de change est entre les mains du contractant,<br />

et vice versa. Pour partager ce risque, il est possible de libeller la moitié du prix dans la devise du<br />

client, l’autre moitié dans la devise du contractant.<br />

La prise en compte de l’effet du change rajoute un peu de complexité dans la comptabilité du<br />

projet, mains dans le principe est identique à la prise en compte des effets économiques.<br />

La situation la plus complexe intervient lorsque c’est un système EVM multi-bases qui a été choisi.


09005 1.0 53<br />

Reprenons l’exemple précédent pour illustrer la marche à suivre ; mais considérons que le<br />

montant de la facture reçue n’est pas de 70 kEUR, mais de 100 kCHF (cent mille francs suisses).<br />

Lors de la signature du contrat, le cours de la devise était : 1 EUR = 1,5 CHF, et à réception de la<br />

facture : 1 EUR = 1,6 CHF. Quel coût encouru AC doit être retenu pour calculer l’écart coût ?<br />

On commence par convertir le montant de la facture dans la monnaie du contrat :<br />

Notons que c’est le taux de change en vigueur à la date de signature du contrat (1 EUR = 1,5 CHF)<br />

qui est utilisé pour la conversion des francs suisses en euros.<br />

On continue en convertissant ce montant dans la monnaie initiale du projet :<br />

Il s’en suit le calcul de l’écart coût :<br />

CV = EV – AC = 50 k – 61,5 k = -11,5 kEUR<br />

On peut alors conclure que l’activité en question accuse un surcoût de -11,5 kEUR.<br />

Dans l’hypothèse où cet écart coût CV aurait des causes externes, le montant de la compensation<br />

s’obtient en faisant la différence entre le coûts encourus en monnaie courante — en devise en<br />

l’occurrence — et ces mêmes coûts exprimés dans la monnaie initiale du projet :<br />

Notons bien que c’est le taux de change en vigueur à la date de paiement de la facture qui est pris<br />

en compte pour le calcul de cet écart.<br />

Dans l’hypothèse où l’équipe de projet est entièrement responsable du surcoût :<br />

Notons que le taux de change qui évolue favorablement agit en réduisant le montant de la<br />

compensation. C’est la contrepartie d’un « risque » évoluant de manière favorable !<br />

Les partenariats<br />

De tous temps les bénéficiaires de projets potentiels ont cherché à s’associer entreprendre la<br />

réalisation de projets. Les raisons de ces associations sont multiples :<br />

• mutualisation des risques<br />

• augmentation du champs de compétences, de connaissances<br />

• plus grande répartition des coûts de développement…<br />

Quelques exemple ? Les industriels de l’automobile s’associent pour développer un nouveau<br />

moteur, pour développer un nouveau modèle. Les sociétés pétrolières s’associent pour la<br />

construire de plateformes pétrolières offshore. Les scientifiques s’associent pour se lancer dans<br />

des programmes de recherches toujours plus complexes et ambitieux. Etc.<br />

De point de vue qui nous intéresse, ces associations — que l’on peut qualifier de partenariats, de<br />

collaborations, de joint-ventures… — sont de deux types. Il y a les partenariats pour lesquels les


09005 1.0 54<br />

partenaires contribuent tous financièrement au projet. Il y a ceux pour lesquels les contributions ne<br />

sont pas financières mais en nature.<br />

Les partenariats du premier type ne posent aucun problème particulier : la TAB est constituée en<br />

accumulant les contributions — les seules promesses de contribution parfois (!) — des<br />

partenaires. L’enregistrement de la valeur acquise et des coûts encourus relèvent de l’entière<br />

responsabilité de l’équipe de projet.<br />

Les partenariats du deuxième type sont d’un point de vue EVM un peu plus délicat. Le projet est<br />

vu comme un ensemble de projets distincts mais fortement interdépendants les uns des autres. Ils<br />

sont distincts parce que chaque partenaire finance lui-même les activités dont il a la charge, et ne<br />

met dans le pot commun que les livrables qui sont le fruit de son travail. Ils sont fortement<br />

interdépendants car l’ensemble des activités des uns et des autres forment un vaste réseau<br />

d’activités : le démarrage des activités des uns dépend de l’achèvement d’activités réalisées par<br />

d’autres.<br />

Il y a deux niveaux de conduite de projet : au sein des projets distincts — les projets locaux — euxmêmes,<br />

et au niveau du projet global. La mise en place de systèmes EVM au niveau des projets<br />

locaux ne pose généralement pas de problème. Le problème se pose au niveau du projet global.<br />

En effet, les accords entre partenaires n’exigent pas de ceux-ci qu’ils rendent compte de ce que<br />

leur coûte effectivement les activités qui leur sont confiées. Dans bien des cas, cette information<br />

comptable doit absolument demeurer confidentielle ; le partenaire n’a aucun intérêt à la divulguer<br />

— même si parfois il s’agit de secret de polichinelle —. La raison à cela est simple : les bénéfices<br />

qui seront tirés du projet sont en général proportionnels aux contributions de chacun.<br />

Un partenaire qui réaliserait sa contribution à un coût bien moindre que le montant estimé de sa<br />

participation pourrait susciter de la suspicion de la part des autres partenaires, qui pourrait<br />

demander une révision des règles de répartition des bénéfices du projet.<br />

Un partenaire qui réaliserait sa contribution à un coût bien supérieur à celui escompté se trouverait<br />

affaibli. Les autres partenaires pourraient s’interroger sur sa capacité à exercer correctement et<br />

efficacement les responsabilités futures auxquelles il prétend de par sa contribution.<br />

C’est donc peine perdue que de vouloir mettre un système EVM en place au niveau du projet<br />

global. Généralement, les partenaires se satisfont d’un « système EVM dégradé », c’est-à-dire<br />

limité aux courbes PV(t) et EV(t), et aux quelques indicateurs qui vont avec.<br />

Un autre contexte de partenariat est celui organisé autour d’un partenaire principal, qui en plus de<br />

ses contributions spécifiques, a la responsabilité de la coordination globale du projet, et à se titre<br />

souhaite disposer d’un système EVM. Les partenaires secondaires apportent leurs contributions,<br />

financière pour certains, en nature pour d’autres.<br />

La question qui se pose est la même, comment obtenir des contributeurs en nature les coûts<br />

encourus de leurs activités ? Le problème posé est de même nature que celui exposé dans les<br />

quelques paragraphes précédents. La réponse apportée est différente. Mais parce qu’il est<br />

frustrant de devoir se contenter d’un « système EVM dégradé » alors qu’on dispose d’une part<br />

importante de l’information comptable, les équipes de projet préfère mettre en place un système<br />

EVM disposant de toute les fonctionnalités. L’aménagement qui est fait consiste à considérer que<br />

pour les activités réalisées par les contributeurs en nature, à défaut de pouvoir disposer des coûts<br />

encourus, on leur substituait la valeur acquise. Autrement dit, pour chacune des activités pour<br />

lesquelles l’information comptable ne peut être acquise : AC = EV.


Supplément : Modèle EVM alternatif<br />

09005 1.0 55<br />

Comparer valeur acquise et coûts encourus, en connaissance de leurs accroissements<br />

asynchrones, peut poser problème ! Affirmer qu’un projet présente un écart coût positif — valeur<br />

acquise de certaines activités enregistrée alors que les coûts encourus ne le sont pas pour cause<br />

de non réception de factures par exemple — en sachant pertinemment qu’il ne s’agit que d’une<br />

illusion due à la manière avec laquelle l’information a été modélisée dans le système EVM n’est<br />

par très honnête !<br />

Dès qu’on est amené à manipuler des modèles, et c’est souvent le cas dans les sciences de<br />

gestion, il ne faut jamais perdre de vue qu’un modèle est forcément et nécessairement une<br />

représentation simplifiée de la réalité. Forcément car la réalité est extrêmement complexe et bien<br />

malin celui qui prétendrait être capable de la décrire dans tous ces aspects. Nécessairement car<br />

l’objectif d’un modèle est de simplifier volontairement la réalité afin de pouvoir la comprendre et la<br />

maîtriser. On attend aussi des modèles que ceux-ci soient réactifs, autrement dit, moyennant la<br />

modification de quelques paramètres, le modèle doit rendre compte de la nouvelle situation, du<br />

nouveau comportement du système…<br />

Les promoteurs d’EVM ont souhaité que ce système soit le plus simple possible ; la contrepartie<br />

est qu’il comporte quelques biais tel celui mis en évidence ci-avant.<br />

Il y a bien sûr moyen de corriger ce biais. Il en résulte un système un peu plus sophistiqué, plus<br />

précis aussi, mais plus lourd à gérer car nécessitant une plus grande quantité d’information, et<br />

peut-être moins réactif.<br />

Le modèle EVM alternatif, brièvement exposé au moyen des quelques figures qui suivent, répond<br />

à cette recherche de précision accrue.<br />

Les figures vont deux par deux : le modèle EVM standard à gauche, c’est-à-dire le système de<br />

management décrit dans le standard ANSI #748 ; le modèle EVM alternatif à droite.<br />

La Figure 32 donne la situation initiale, c’est-à-dire les diverses courbes devant être tracées avant<br />

que le système de rapportage puisse entre lancer. Dans le contexte EVM standard, la courbe PV(t)<br />

suffit. Dans le contexte EVM alternatif, une deuxième courbe doit être établie, la courbe des flux<br />

monétaires prévisionnels PCF(t) (Planned Cash Flows en anglais). Cette courbe s’obtient de<br />

manière similaire à la courbe PV(t), mais en s’intéressant aux opérations comptables associées à<br />

chacune des activités du projet. La courbe PCF(t) est aussi une courbe en S ; elle se trouve<br />

souvent à droite de la courbe PV(t) car le paiement d’un travail intervient généralement après la<br />

sanction de l’achèvement de ce travail.<br />

Figure 32. Situation initiale.


09005 1.0 56<br />

Comme l’illustre la Figure 33, l’enregistrement de la valeur acquise EV et la détermination de l’écart<br />

planning SV ne pose pas de problème particulier car dans un cas comme dans l’autre, la<br />

comparaison s’effectue relativement à la courbe PV(t).<br />

Figure 33. Enregistrement de la valeur acquise et détermination de l’écart planning.<br />

Comme le montre la Figure 34, la détermination de l’écart coût suivant le modèle EVM alternatif est<br />

un peu plus délicate. Alors que suivant l’approche standard, il suffit de faire la différence EV – AC,<br />

suivant le modèle EVM alternatif il faut rechercher la valeur PCF(X), total des flux monétaires<br />

prévisionnels à la date X. Cette date X est la date à laquelle l’équipe de projet comptait atteindre la<br />

valeur EV(T), soit dans une formulation plus mathématique : la date X tel que PV(X) = EV(T). La<br />

marche à suivre pour déterminer cette date est la suivante : le point de départ est le point de<br />

coordonnées (T, EV(T)). L’intersection de la droite horizontale passant par ce point et la courbe<br />

PV(t) donne le point de coordonnées (X, PV(X). L’intersection de la droite verticale passant par ce<br />

nouveau point et la courbe PCF(t) donne le point de coordonnées (X, PCF(X). Suivant le modèle<br />

EVM alternatif, l’écart coût se calcule ainsi :<br />

CV*(T) = PCF(X | PV(X) = EV(T)) – AC(T)<br />

Figure 34. Enregistrement des coûts encourus et détermination de l’écart coût.<br />

Un exemple numérique complète ce supplément (cf. Figure 35). Soit un projet de BAC = 50 kEUR.<br />

À fin septembre, la situation d’avancement est la suivante :<br />

• valeur acquise EV = 23 kEUR<br />

• coûts encourus AC = 9 kEUR<br />

À cette même date, la valeur prévisionnelle est PV = 33 kEUR.


09005 1.0 57<br />

L’écart planning, identique pour les deux modèles, se détermine ainsi : SV = 23 – 33 = -10 kEUR,<br />

signifiant que le projet est en retard.<br />

Suivant le modèle EVM standard, l’écart coût vaut :<br />

CV = 23 – 9 = 14 kEUR, laissant penser que la situation économique est fortement bénéficiaire.<br />

Le calcul de l’écart coût suivant le modèle alternatif requiert quelques détermination préalable. En<br />

premier lieu la date X, date à laquelle PV(t) = 23 kEUR. Disons que cette date se situe au mois de<br />

juillet ; à cette date, les flux monétaires prévisionnels étaient de 11 kEUR. CV* se calcule ainsi :<br />

CV* = PCF – AC = 11 – 9 = 2 kEUR. Même si la situation économique est satisfaisante, l’excédent<br />

est bien moindre que celui présagé suivant l’approche standard !<br />

Figure 35. Modèle EVM alternatif ; exemple numérique.<br />

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