LE PÈRE NOËL - Racines et Traditions en Pays d'Europe - Free

lumineuse”. Dans le Nord, l’adjectif est tombé et le nom à évolué en Holle 3 . Dans le sud,
c’est au contraire l’adjectif qui a disparu, on est alors passé de perahta à Perchta/ Berchta 4 .
La toponymie apporte ici sa confirmation : la ville de Berchtesgaden littéralement “Jardin
de Berchta”, s’appelait autrefois Bertholdsgaden.
« Dans le cadre du cycle de Noêl, elle patronne l’échange des dons (cf. la Rune* du
“Don des Dieux” ) n , elle contribue à la distribution des cadeaux. À cet égard, elle n’est
pas sans rapport avec (saint 5 ) Nicolas ou Knecht Ruprecht en Bavière. Parfois elle joue
même le rôle d’accompagnatrice de Nicolas (cf. étymologie de Nick, Nickele, Nixe in art.
R&T : Sorcières*) n . La date de sa venue varie : ce peut être le 13 décembre, jour de
(sainte) Lucie, ou le 24 décembre, jour de Noël. Mais souvent c’est le 6 janvier 6 qu’elle fait
son apparition (épiphania, cf. art. R&T : Fêtes*) n , au moment où la lumière de l’année
nouvelle à déjà commencé à briller.
« Il existe un nombre considérable de récits et de contes populaires dont Frau Holle
est l’héroïne. Le conte de Grimm qui porte le nom de Dame Holle est probablement le plus
célèbre de tous. Il fait apparaître notemment le rôle à la fois bénéfique (récompense) et maléfique
(sanction) de Frau Holle.
« Frau Holle apparaît comme une figure de la troisième fonction*, suivant la classification
définie par Dumézil. Elle patronne en effet tous les domaines qui concernent la fertilité,
la fécondité, l’abondance* – souvent associée pour cette raison à Freyja. Intervenant
dans la vie rurale, elle protège les paysans et aide aux récoltes. La charrue lui est consacrée.
Elle joue aussi un rôle essentiel dans les naissances. On dit que c’est elle qui fait naître les
bébés ; les nouveaux-nés proviennent des eaux de son étang (ou de quelque autre lieu secret
où elle habite). Elle favorise les accouchements ( ) n et donne aux femmes la santé.
Elle protège et accompagne les âmes des enfants non encore nés. D’une façon générale,
tout ce qui a trait au secteur féminin et enfantin lui est rapporté. Mais Frau Holle, en bonne
Terre-Mère, patronne aussi bien la vie que la mort. C’est auprès d’elle, en particulier, que
vont les enfants morts en bas-âge.
« Holle/ Perchta, dite la “fileuse”, est aussi associée à Frigg, la Grande Déesse des
Germains*, épouse d’Odhin/ Wotan* et archétype* de la Mère, dont l’attribut était la quenouille
de la fileuse. Ce symbolisme* renvoit aux Nornes (les trois fileuses de la Destinée*)
et notamment à la plus ancienne d’entre elles, Urd, qui ramène aux origines du monde et de
chaque choses de cette terre. On dit qu’elle met à l’épreuve les fileuses, récompense les méritantes
et emmêle le chanvre ou le lin des négligentes (surtout si elles s’avisent de filer pendant
la période de Jul, où cette activité était proscrite il y a peut de temps encore dans l’Allemagne
paysanne. Pendant cette période, le filage était l’apanage des seules Nornes qui filaient
le destinée de l’année à venir) : cette coutume est très souvent celle de Frau Holle
dans de nombreux récits allemands.
« Enfin, il arrive aussi qu’elle participe à la Chasse Sauvage d’Odhin, et même
qu’elle la conduise. Pendant l’épiphanie, elle quitte alors la troupe pour descendre sur terre
distribuer des cadeaux.
« Pour conclure, il est intéressant de revenir brièvement sur l’association de Holle à
Freyja d’une part et à Frigg d’autre part. Certains spécialistes ont depuis longtemps relevé
entre elles de nombreux points communs qui interpellent. Il y a tout d’abord le nom, celui
que porte Frigg a la même étymologie* que celui de Freyja. Ensuite, on attribue parfois à
Freyja un mari absent du nom de Odhr (l’un des trois constituants du trinêtre nordique) n .
De plus certains surnoms de Frau Holle, Freen, Vrin, Frau Frecke semblent pouvoir s’appli-
3 Holle : même racine indo-européenne que le grec Héllé dans le nom des Héllènes… (R&T)
4 Bercht, Brecht : “brillant” racine germanique présente dans de nombreux prénoms et noms de famille,
tels Albert, Berthe(a), Gilbert, Robert, Colbert, Dagobert, Lambert, etc. cf. Dict. prénoms, De Benoist.
5 (saint) : puisque ce sont originellement des fêtes païennes* que l’Église* a provisoirement colonisées,
nous avons mis l’usurpateur, inventé comme écran, entre parenthèse en attendant que “Vatican III” le condamne
à l’oubli, s’il y arrive mieux que pour les Mages de Zarathoustra : c’est peu sûr…