approche pluridisciplinaire d'un système de production ... - IRD

Avant-propos
Jacques DAGET
Professeur Honoraire du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris
La zone d’inondation du Niger, ou Delta Central du Niger, est une région bénie
des dieux, la plus attachante du Mali et peut-être de l’Afrique de l’ouest, du
moins pour ceux qui ne se laissent pas séduire par les vaines apparences et les
faux-semblants touristiques aussi irrésistiblement que des insectes nocturnes
attirés par la brillance d’une lampe. Aucun de ceux qui auront eu le privilège
de séjourner suffisamment longtemps dans ce pays pour le bien connaître et
apprécier la mentalité de ses habitants ne le contredira.
C’est d’abord une région de contrastes étonnamment accusés malgré la mono-
tonie d’une trompeuse uniformité. La saison sèche donne aux plaines un
aspect désertique, mais les pluies les transforment en lacs ou en marécages
selon une alternance immuable. L’exubérance de la vie végétale et animale
provoquée par les premières ondées, puis amplifiée par la crue du fleuve, suc-
cède à l’aridité sahélienne. Aux journées ensoleillées très chaudes font suite
des nuits relativement fraîches, sinon froides en décembre et janvier.
A cause de ces saisons, aussi marquées que l’été et l’hiver des zones tempérées,
le Delta Central du Niger est une région prospère, accueillante aux hommes et
à leurs troupeaux. Bien que la bilharziose et la malaria y sévissent à l’état endé-
mique et que la mortalité infantile y demeure très élevée, plusieurs graves mala-
dies tropicales, fléaux dans les pays constamment chauds et humides, y restent
inconnues. Les animaux domestiques, ânes, chevaux, bovins, ovins et caprins
peuvent y vivre sans risque de trypanosomiase. De grandes métropoles s’y sont
établies et développées au cours des siècles. Certaines subsistent encore, telles
Djenné et Tombouctou, dont le rayonnement religieux et culturel fut considé-