approche pluridisciplinaire d'un système de production ... - IRD
approche pluridisciplinaire d'un système de production ... - IRD
approche pluridisciplinaire d'un système de production ... - IRD
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Répartition <strong>de</strong>s espèces dans<br />
les biotopes fluviaux<br />
* LES GRANDS TYPES DE MILIEUX<br />
Parmi les poissons du Niger Sup&ieur, peu d’espèces<br />
paraissent totalement ubiquistes comme $ynodontis<br />
schall, Labeo senegalensis, Distichodus rostratus,<br />
Hemisyodotztis membrauaceus, etc., migrateurs<br />
abondants dans tous les milieux.<br />
La répartition <strong>de</strong> la majorité <strong>de</strong>s autres espèces exclut<br />
certains milieux. Par exemple, Hydrocyzus forxkalii,<br />
Etttropizw- iziloticus, Micralestes acuti<strong>de</strong>ns fréquentent<br />
<strong>de</strong>s milieux permanents, fluviaux ou lacustres<br />
lorsqu’ils existent mais ne se rencontrent pas dans les<br />
zones saisonni?rement inondées. D’autres espèces<br />
évitent les gran<strong>de</strong>s étendues d’eaux libres comme les<br />
Barbus et la plupart <strong>de</strong>s Cichlidae (Tilapia,<br />
Oreochromis et SarothetrJdon).<br />
Il convient egalement <strong>de</strong> citer les espèces montrant<br />
une préférence pour les zones palustres telles que<br />
Clarias, Ctenopoma, Brienorryrus nager, et qui sont<br />
dotées d’adaptations respiratoires éthologiques, physiologiqurs<br />
ou anatomiques pour faire face aux<br />
anoxies fréquentes dans ces milieux.<br />
a l’oppost; <strong>de</strong> ces espèces, largement répandues dans<br />
le bassin, il en est d’autres dont kd présence caractérise<br />
<strong>de</strong>s milieux très particuliers. Ainsi, Leptoqprik niloticus<br />
n’est pêché que sur les bancs <strong>de</strong> sable fluviaux,<br />
Petrocephalrrs sirnus, Nannocharax fasciatus,<br />
~~1-‘lz«~hiitisfilnmLr?toslls affectionnent plus particulièrement<br />
les substrats durs (rochers ou bancs d’huîtres),<br />
Protopterw ne fréquente que les zones inondables, etc.<br />
Cependant, une très forte dépendance vis-a-vis <strong>de</strong><br />
milieux précis est relativement rare et <strong>de</strong> nombreuses<br />
observations effectuées dans différents bassins montrent<br />
que la majorité <strong>de</strong>s espèces citées et toutes<br />
celles exploitées par lzd pêche sont susceptibles d’être<br />
observees, en plus ou moins gran<strong>de</strong> abondance dans<br />
n’importe quelle portion fluviale.<br />
l LA MOSAïQUE DES BIOTOPES<br />
Le long d’un cours d’eau, les conditions environne-<br />
mentales sont hétérogènes : une zone <strong>de</strong> courant suc-<br />
&<strong>de</strong> à une zone d’herbier qui, jouxte, elle-même, une<br />
zone <strong>de</strong> bancs <strong>de</strong> sable, etc. A une échelle plus vaste<br />
le lit principal, les bras vifs, les bras morts, les exten-<br />
sions du lit majeur comme les lacs Débo et Walado<br />
constituent autant d’ensembles <strong>de</strong> biotopes distincts.<br />
Les milieux naturels ne sont pas <strong>de</strong>s entités auto-<br />
nomes que l’on étudie indépendamment les unes <strong>de</strong>s<br />
autres sans se soucier <strong>de</strong> ce qui se passe autour<br />
78<br />
d’elles. La réalite est tout autre, les milieux sont toujours<br />
plus ou moins morcelés, hétérogènes et changeants<br />
(Blon<strong>de</strong>l, 1986).<br />
Cette complexité structurale <strong>de</strong>s milieux entraîne plusieurs<br />
conséquences majeures vis-à-vis <strong>de</strong> la faune<br />
ichtyologique.<br />
* Aucune espèce n’étant vmiment cosmopolite, chacune<br />
a <strong>de</strong>s préférences et, lorsqu’elle en a le choix, colonise<br />
plus volontiers tel ou tel type <strong>de</strong> biotope. Chaque<br />
espèce aura donc tendance à se répartir au sein <strong>de</strong> la<br />
mosaïque et à constituer <strong>de</strong>s sous-populations distinctes<br />
(Den Boer, 1968,. Cette répartition <strong>de</strong>s espèces<br />
conduit, au sein <strong>de</strong> chaque motif <strong>de</strong> la mosaïque, à<br />
l’établissement d’une organisation trophique plus ou<br />
moins indépendante <strong>de</strong>s organisations voisines.<br />
0 Par ailleurs, l’hétérogénéité spatiale contribue à<br />
diversifier la vul&rabilité individuelle <strong>de</strong>s proies<br />
vis-à-vis d’un prédateur. Cette vulnérabilité n’est alors<br />
plus uniquement liée à la <strong>de</strong>nsité résiduelle <strong>de</strong>s<br />
proies comme dans les modèles homogènes tel que<br />
celui <strong>de</strong> Lotka-Vokerd mais dépend également <strong>de</strong><br />
l’hétérogénéité <strong>de</strong>s abris que les proies fréquentent<br />
pour se protéger. A mesure que la <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong>s proies<br />
diminue sous l’effet <strong>de</strong> la prédation, les refuges<br />
<strong>de</strong>viennent <strong>de</strong> plus en plus sûrs et les proies <strong>de</strong><br />
moins en moins wlnérables. En accroissant la difficult6<br />
d’accès à la ressource 3 mesure que la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
s’accroît, l’hétérogénéité spatiale contribue à stabiliser<br />
les relations prédateurs-proies et contribue donc au<br />
maintien <strong>de</strong> la richesse specifique.<br />
* En outre, l’effet mosaïque permet <strong>de</strong> mieux comprendre<br />
la coexistence d’espèces potentiellement<br />
compétitrices. Chacune d’entre elles pour éviter la<br />
compétition directe peut soit modifier sa fonction au<br />
sein <strong>de</strong> la structure trophique où elle se trouve, soit<br />
se déplacer vers une autre structure trophique où ses<br />
compétiteurs sont peu ou pas représentés. Le hasard<br />
<strong>de</strong> la colonisation <strong>de</strong> chüque biotope joue ici un rôle<br />
important. Par une sorte d’effet fondateur, les premières<br />
espèces installées influenceront davantage la<br />
composition et h structure du peuplement que les<br />
espèces s’implantant tardivement (Levin, 1974).<br />
On voit bien que pour une pério<strong>de</strong> donnée correspondant<br />
à une certaine structur$ion du milieu, les<br />
espèces peu mobiles se répartiront en groupes d’individus<br />
plus isolés <strong>de</strong>s autres groupes que les esp&es à<br />
gran<strong>de</strong> mobilité. Cependant, les bancs <strong>de</strong> sable se<br />
déplacent, les herbiers sont submergés par la crue, les<br />
plaines s’inon<strong>de</strong>nt périodiquement et la redistribution<br />
<strong>de</strong>s habitats et <strong>de</strong>s peuplements qui les colonisent<br />
sont en perpétuel <strong>de</strong>venir.<br />
La notion d’h&&ogénéité spatiale est évi<strong>de</strong>mment a rap-<br />
procher <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> polymorphisme. Comme les évè<br />
nements peuvent &re variables d’un endroit à I’autre, les<br />
sous-populations d’une même espke peuvent prksenter<br />
<strong>de</strong>s dynamiques démographiques différentes (Blon<strong>de</strong>l,