approche pluridisciplinaire d'un système de production ... - IRD
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appellent la caractéristique essentielle <strong>de</strong> la région,<br />
celle d’une formation oro-hydrographique “anormale”<br />
ou du moins peu courante en milieu continental. Un<br />
<strong>de</strong>lta est en effet un dépôt d’alluvions apparaissant<br />
habituellement à l’embouchure d’un fleuve et la divisant<br />
en bras <strong>de</strong> plus en plus ramifiés. Le Delta Central<br />
correspond bien à ces différents critères puisqu’il est<br />
constitué par une forte accumulation <strong>de</strong> sédiments<br />
alluviaux au sein <strong>de</strong> laquelle les eaux du fleuve se<br />
ramifient pour se regrouper ensuite à la hauteur <strong>de</strong><br />
Tombouctou.<br />
Au sens géomorphologique, le mot “<strong>de</strong>lta” ne désigne<br />
pas la totalité <strong>de</strong> la cuvette intérieure mais la seule<br />
partie amont correspondant aux espaces d’accumulation<br />
du <strong>système</strong> fluvial Niger-Bani, et s’arrête donc<br />
au niveau du lac Débo. En amont, les COUTS fluviaux<br />
et leurs défluents sont hydrologiquement actifs, ils<br />
continuent à transporter et à déposer <strong>de</strong>s alluvions, ils<br />
présentent une dynamique spécifique <strong>de</strong> déplacement<br />
<strong>de</strong>s chenaux et <strong>de</strong> comblement <strong>de</strong>s cuvettes.<br />
L’ensemble est plat, entre l’altitu<strong>de</strong> 272 m environ à<br />
Ké-Macina et 262 m au lac Débo. En aval, le fleuve<br />
sinue entre les cordons dunaires <strong>de</strong> l’erg <strong>de</strong><br />
Niafounké qui se développe perpendiculairement au<br />
cours du Niger et auquel on attribue <strong>de</strong>puis Urvoy<br />
(1942) l’accumulation sédimentaire <strong>de</strong> la partie<br />
amont.<br />
Dans cette étu<strong>de</strong> sur la pêche, cette distinction<br />
géomorphologique n’est pas réellement pertinente.<br />
L’espace halieutique est engendré par la multiplication<br />
<strong>de</strong>s chenaux, l’étendue <strong>de</strong>s plaines inondables, la<br />
dissémination <strong>de</strong>s mares et <strong>de</strong>s lacs. Bien qu’il soit<br />
constitué <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux entités distinctes - le <strong>de</strong>lta proprement<br />
dit et la région dunaire inondée - cet espace est<br />
continu et cohérent sur le plan hydrologique, écologique<br />
et social. Nous le traitons donc dans son<br />
ensemble.<br />
Geographiquement, le Delta Central est défini par<br />
l’extension <strong>de</strong>s eaux <strong>de</strong> crue : définition généralement<br />
acceptée, mais théorique et mouvante parce que<br />
l’importance <strong>de</strong> l’inondation change chaque année.<br />
“Te plan <strong>de</strong>s hautes eaux varie dans le lit du Niger,<br />
selon les années, <strong>de</strong> plus d’un mètre, lapezte transversale<br />
<strong>de</strong>s plaines étant insensible, cette oscillation<br />
eutraîne <strong>de</strong>s d@lacements <strong>de</strong> rivage <strong>de</strong> plusieurs kilomètre.??<br />
(Gakdis, 1967).<br />
La délimitation <strong>de</strong> la zone <strong>de</strong>ltaïque par une “ligne <strong>de</strong><br />
rivage” inscrite sur les cartes est donc une indication<br />
pratique mais fausse le plus souvent. Elle est le résul-<br />
tat graphique d’une situation moyenne en pério<strong>de</strong><br />
hydrologique abondante (cartes IGN, 1955-1959).<br />
L’extension maximale <strong>de</strong> l’inondation dépend <strong>de</strong><br />
l’importance <strong>de</strong> la crue, elle est donc éminemment<br />
variable. Depuis une vingtaine d’année cette “ligne <strong>de</strong><br />
1.1 Envirotmemrnt <strong>de</strong>ltaïque<br />
rivage” qui définit chaque année les limites physiques<br />
<strong>de</strong> la crue est <strong>de</strong> très loin plus réduite (?f. carte h.t. 1).<br />
Nous distinguons pour l’ensemble précé<strong>de</strong>mment défini,<br />
quatre gran<strong>de</strong>s parties aux caractéristiques distinctes.<br />
l Le “baztt-<strong>de</strong>lta”s’étend <strong>de</strong> Ké-Macina - qui est son<br />
entrée - à une ligne schématique Ténenkou-<br />
Kouakourou-Sofas.<br />
L’essentiel du milieu hydrique s’organise autour <strong>de</strong>s<br />
grands troncs hydrographiques permanents ou semipermanents<br />
bien marqués : Bani, Souman Bani, Niger,<br />
Diaka, mayo Sogona.<br />
Pour Gallais (19671, la dynamique dominante dans les<br />
années cinquante était l’ablation <strong>de</strong>s matériaux par les<br />
grands cours fonctionnels du Niger et du Bani qui<br />
rongent leurs rives escarpées, et déblayent les dunes<br />
aplaties d’un erg méridional quasi disparu. Ce ne<br />
semble plus être le cas aujourd’hui. Les mesures <strong>de</strong><br />
matières en suspension effectuées à l’entrée du Delta<br />
(à Ké-Macina sur le Niger et à Douna sur le Bani)<br />
indiquent la prépondérance <strong>de</strong>s dépôts (Gourcy,<br />
Comm. pers.).<br />
Les chenaux sont larges et bien tracés, stabilisés entre<br />
<strong>de</strong> hautes berges constituées par les dépôts alluviaux<br />
anciens. Ceux-ci forment <strong>de</strong>s levées massives, exondées<br />
en permanence, à dominante sableuse. À<br />
Diafarabé, à l’effluence du Niger et du Diaka, le fond<br />
du fleuve est coté à 265 m (ABN, 1984) ; le bourrelet<br />
<strong>de</strong> rive gauche en amont <strong>de</strong> l’effluence, 3 272,50 m.<br />
soit plus <strong>de</strong> sept m&res <strong>de</strong> dénivelé avec le fond du<br />
fleuve. L’altitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s dunes aplanies <strong>de</strong> la rive ouest<br />
se situe entre 272 et 280 m.<br />
Ces levées encadrent par endroits d’anciens tracés <strong>de</strong>s<br />
cours principaux : c’est le cas au nord <strong>de</strong> Djenné, que<br />
le Bani a abandonné pour couler plus à l’est. La puissance<br />
ancienne <strong>de</strong> ces cours est marquée par les<br />
larges tressages <strong>de</strong>s dépôts alluvionnaires successifs,<br />
les uns fossiles (l’ancien tracé du Bani cité plus haut,<br />
auquel se surimposent les méandres <strong>de</strong> minces chenaux<br />
actuels, les autres récents, en bordure immédiate<br />
<strong>de</strong>s lits mineurs, alternant sur les rives concaves.<br />
Aucune indication <strong>de</strong> datation n’est actuellement disponible.<br />
En revanche, les grands cours d’eau actuels<br />
ont un tracé rectiligne, parfois coupé <strong>de</strong> cou<strong>de</strong>s nets :<br />
c’est le cas du Bani à l’est <strong>de</strong> Djenné, et du mayo<br />
Sogona à Koa quand il s’écarte enfin <strong>de</strong> la vallée du<br />
Niger CC~ carte h.t. 1).<br />
Les chenaux secondaires sont peu nombreux, encore<br />
moins les effluents tertiaires visibles. L’inondation <strong>de</strong>s<br />
grands cours d’eau se propage dans les inter-talus <strong>de</strong><br />
leurs alluvions récentes et dans la plaine inondable<br />
par <strong>de</strong>s trouées dans les bourrelets <strong>de</strong> berges. Gallais